jeudi 18 février 2021

La chair décevante de Jovette Bernier

 La chair décevante  Jovette Bernier


Résumé:
Jeune, Didi Lantagne a aimé.  De cet amour est né un fils, mais son père a préféré en épouser une autre, plus riche et mieux placée socialement.  Didi s'est battue bec et ongles pour garder son enfant, a trouvé un homme près à le prendre comme son propre fils, l'a vu grandir.  À l'âge où il s'envole de ses propres ailes, il entre, sans le savoir, dans le cabinet d'avocat de son père biologique et tombe amoureux de celle qui est sa demi-soeur.

Mon avis:
Ce roman, c'est de la poésie écrite en prose.  Certes, la structure, la manière de raconter est typique du roman, mais la plume elle, est par moment tellement proche de la poésie que j'ai l'impression que l'on peut parler de roman-poème.  

Le thème n'est pas neuf, celui de la fille-mère abandonnée par son amoureux.  Mais ici, le récit fait quasiment l'impasse sur l'homme pour se concentrer sur la femme abandonnée, mais qui ne finit par en pauvresse rejetée de tous.  Au contraire, Didi rebondit, même si c'est difficile et retrouve au fil du temps toute la respectabilité que son statut de fille-mère lui avait fait perdre.  Ce n'est pas une personne écrasée ou amorphe.  On sent que l'auteure avait un message à livrer à travers ce livre, ce qui n'est pas surprenant pour l'époque et ce message est celui-ci: la personne à blâmer dans ce genre d'histoire n'est pas la femme, mais l'homme.  Elle le fait de manière très habile, en montrant la situation sous l'angle de Didi et en laissant volontairement très peu de place au personnage du père.

Mais surtout, elle donne une vie complète à Didi.  Celle-ci n'est pas réduite à cette maternité, elle a une vie, elle voyage, elle tombe amoureuse, se demande si elle est trop vieille à trente-huit ans pour attirer les hommes.  C'est une femme normale, de son époque, qui a un vrai arc narratif.

On peut reprocher à l'auteure d'avoir été un peu trop mélodramatique.  Surtout vers la fin, elle en beurre quand même pas mal épais.  Il y a quelques maladresses dans la psychologie des personnages masculins qui sont pour la plupart assez unidimensionnels, y compris son fils, mais dans l'ensemble, on retrouve surtout toute la naïveté et la fraîcheur d'un premier roman, tant dans le positif que dans le négatif.

Pour un des premiers romans écrit par une femme au Québec, c'est quand même une réussite.

Ma note: 4.25/5

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