lundi 5 octobre 2015

La fin au début?

Salut!

Il y a quelques années (et je ne vais rajeunir personne qui a vu ce film au cinéma en disant cela) j'ai été voir au cinéma le film Mission impossible 3, un film qui avait la particularité de montrer au départ une scène complètement hors-contexte que l'on allait revoir vers la toute fin.  On savait donc une partie de la fin... au début.  J'avais lu dans une critique du film qui disait qu'à cette époque (c'était vraiment il y a dix ans???), les réalisateurs avaient tendance à commencer leurs films... par la fin.  Et c'est vrai que durant quelques temps, cette manie a pu être vue dans plusieurs films.  Beaucoup de gens n'aimaient pas, personnellement moi, j'adorais!  C'est un peu comme dans les Colombo: on sait qui est le meurtrier, mais le plaisir est de voir comment le célèbre inspecteur à l'éternel imperméable beige allait remonter les ficelles jusqu'à lui.

Et dans les livres?  Évidemment, certains auteurs ont déjà fait la tentative et il me semble que cette recette peut donner de bons résultats.  En fait, ça peut être un avantage, parce que le but, ce n'est pas de dévoiler le dénouement final, mais justement de nous montrer juste assez de la fin pour nous donner le goût de rejoindre ce moment en découvrant au fur et à mesure tout ce qui s'est passé entre cette scène et le moment où l'on nous introduit à l'histoire.  Étant donné que la scène de la fin est fournie sans contexte, de connaître celui-ci nous donne souvent la clé pour la comprendre, bien au-delà de ce qui s'y déroule.  Un personnage de la scène peut être un agent double, un traître, ou bien une entourloupe dont on ne sait rien peut avoir été mise en place plus tôt sans que l'on n'en sache rien.  Tout ceci nous mets sur les dents, nous donne envie de savoir.  C'est un procédé qui ne plaît pas à tous, mais disons-le, moi, j'adore.

Par contre, tout les genres ne s'y prête par d'une manière égale.  Prenons le policier.  Pour beaucoup de gens, le moteur pour tourner la page suivante, c'est justement de trouver le meurtrier.  Au fur et à mesure de l'intrigue, on prend mentalement note des différents indices que l'auteur nous glisse sous le nez pour trouver le responsable.  Personnellement et je l'ai déjà dit, ça m'énerve.  Je lis pour me détendre, avoir à me creuser la tête pour trouver qui a fait le coup...  ça me tape sur les nerfs!  Merdouille, dites aux flics de trouver le coupable et racontez-moi une bonne histoire à la place!  Par contre, je dois avouer que si je sais qui est le tueur et que je doive suivre l'inspecteur dans son enquête pour le trouver (un peu comme Colombo), ça, ça m'accroche.  Le processus n'est pas commun dans les romans policiers parce qu'il en est l'antithèse, mais c'est justement ce qui fait son charme à mes yeux.  On voit l'inspecteur passer par-dessus un indice et on se dit, non, regarde, il est LÀ, C'EST LUI!!!!!!  Chacun ses goûts, mais j'ai remarqué que ces précisément ces livres-là qui m'ont le plus plu dans le genre du policier, au point que j'ai eu plusieurs coups de coeur grâce à eux.

Dans le fantasy, honnêtement...  On sait que dans la très grande majorité des cas, ce sont les bons qui vont gagner, alors, ce n'est pas le fait de savoir qui va changer grand chose.  Par contre, de mémoire, j'ai lu peu de scène du genre.  Ce qui est nettement plus courant, c'est d'avoir une scène qui aura un énorme impact sur le personnage, mais complètement sortie de son contexte.  Un bon exemple est le début des livres Eragon, la scène où Arya envoie l'oeuf de dragon un peu nulle part pour ne pas que Galbatorix mette la main dessus.  Prise séparément, cette scène n'a aucun sens, mais c'est elle qui met l'action en marche.  Par contre, elle sera vite reliée au reste du livre parce que, et bien, si vous ne le savez pas, lisez le livre.  ;)  Ce genre de scène, même si elle n'est pas située à la fin, répond un peu aux mêmes critères parce qu'elle est hors-contexte et qu'on ne la comprendra qu'en lisant le livre.  C'est une autre utilisation, mais comme on ne la reverra pas plus loin dans le livre, c'est à la base autre chose, bien qu'étant proche des mêmes principes.

Dans le roman hors-genre, le roman ordinaire pourrait-on dire...  Quelle importance?  Cela ne devient qu'un simple jeu narratif.  Cela peut être utilisé, comme cela ne peut pas l'être.  Tout dépend alors de ce que l'auteur en fait.  Je ne connais pas beaucoup d'exemples, mais je sais que j'en aie déjà lu.  En fait, pour qu'une scène de fin placée au début aie un impact, il faut que la trame narrative du livre soit adaptée.  Et quand on raconte une grande histoire d'amour, de commencer par la scène où les amoureux se dévoilent me semble un peu...  euh, pétage de bulle?  Pourquoi lirait-on la suite, on sait déjà comment ça va finir!  Même chose pour les aventures d'un trentenaire qui quitte sa blonde en espérant mener une vie de débauche pour se rendre compte que ce n'est pas le cas (bonjour Stéphane Dompierre!): dans ce cas, l'anticipation de la fin n'est pas ce qui pousse en avant, on a avant tout du plaisir à suivre l'histoire avec le personnage.  Le plaisir, ce n'est pas le point d'arrivée, mais de parcourir le chemin.  C'est pourquoi de lire une scène de la fin au début ne fonctionnerait pas ou du moins, pas autant.

Commencer par la fin reste une astuce narrative, une façon de faire, de présenter une histoire.  Comme bien d'autres astuces, c'est un outil, il faut savoir bien s'en servir pour que cela soit efficace.  N'empêche, je trouve parfois des avantages à jouer avec l'ordre chronologique de façon non-linéaire.  Les allers et retours dans le temps sont une façon de nous pousser à nous interroger et à être plus attentif.  On sait comment cela va finir, alors comment l'auteur réussira-t-il à nous piéger quand même dans son livre?  C'est là que commence vraiment l'histoire.

@+ Mariane

2 commentaires:

Gen a dit…

C'est sûr que jouer avec la chronologie peut créer des effets très intéressants. Cela dit, des fois je trouve ça hautement agaçant de connaître le coupable dès le début d'un roman policier. Pas tant parce que j'aime me creuser la tête pour trouver le coupable (souvent on a pas vraiment assez d'indices), mais surtout parce que des fois on dirait que l'auteur fait juste multiplier les deus ex machina pour prouver à quel point les policiers ont été nuls et/ou malchanceux pour ne pas pogner le coupable. Quand y'a une occasion ratée dans le roman, ça passe, mais quand elles se multiplient, un moment donné je décroche.

Prospéryne a dit…

Je le vois plus dans l'optique de savoir la réponse, mais d'avoir à suivre le policier pour savoir comment lui, il va trouver la réponse. C'est le cheminement qu'il doit faire, comment il doit recouper les indices, comment il fait ses recherches qui est intéressant. Sans ça, je suis d'accord, les deus ex machina, c'est plutôt ennuyant... Surtout dans les (peu nombreux) romans policiers que j'ai lu où il y en avait.