mercredi 23 janvier 2013

L'interdit en lecture

Salut!

Je me rappelle m'être esclaffée toute seule sur mon divan, attirant une oeillade endormie d'une minette sommeillant au soleil.  C'était dans Un ange cornu avec des ailes de tôle, dans le chapitre consacré à Victor Hugo, où il racontait un moment mémorable: celui où l'un des pères enseignant du collège qu'il fréquentait se lance dans un discours implacable sur les livres à l'Index, donc interdit à la lecture, nommant de nombreuses oeuvres en les citant comme ne devant pas être lues.  Pendant ce temps, certains élèves... prenaient des notes!  Ben quoi!  Le pauvre père ne se rendait pas compte qu'en vitupérant contre certains livres et en leur donnant tous les défauts du monde, il se trouvait en train de leur faire une excellente pub, surtout du public d'adolescent avide d'interdit qui se trouvait devant lui...

L'Index.  Une looooooooonnnnnnnnnnnnngue liste de livres interdits de lecture par l'Église.  Sur la liste des auteurs qui sont interdit figure des noms aussi célèbre qu'Alexandre Dumas, George Sand, Jonathan Swift, Gustave Flaubert, Daniel Defoe et Honoré de Balzac, pour ne nommer que ceux-là.  (Bizarre, la liste sur Wikipédia ne mentionne pas le Marquis de Sade...  :P )  Des auteurs aujourd'hui reconnus comme les auteurs marquants de leur époque.  Trouver l'erreur!  N'empêche, pour les lecteurs de l'époque, ça devait être une sacrée liste de référence pour des idées de lecture.  La famille de Michel Tremblay, entre autres, ne se gênait pas pour lire des livres à l'Index!

Je repense à ces adolescents prenant des notes et je me dis que j'aurais sûrement fait comme eux.  Rien ne vaut le petit frétillement au coeur que provoque le fait de faire quelque chose d'interdit.  D'ouvrir un livre quand on en a pas le droit, pas celui-là.  Recommander un livre a un effet sur son nombre de lecteurs, mais de dire, ne lisez pas ça!, en a tout autant!  Parce que la saveur de l'interdit est irremplaçable.

Aujourd'hui, il n'y a plus d'Index.  L'Église catholique a cessé de produire cette liste en 1966.  C'est presque dommage.  Ça donnait de très bonnes idées de lecture!  Bon, peut-être pas toutes très catholiques (excusez le jeu de mots...), mais tout de même très intéressantes.  Il reste toujours les listes publiées par les groupes évangélistes aux États-Unis.  L'interdit en lecture est loin d'être mort! ;)

@+ Mariane

5 commentaires:

Hélène a dit…

Bien sûr, l'interdit pique la curiosité, c'est irrésistible. Ne reste qu'à savoir qui satisfera sa curiosité et qui obéira aux interdits. Moi aussi j'ose croire que j'aurais tenté une incursion du côté obscur, c'est trop excitant!

Sébastien Chartrand a dit…

Effectivement, et ça ne marche pas que pour la mise à l'index... il n'y a qu'a penser à la réaction qu'a engendré ce directeur d'école en retirant les romans de Sénécal de la bibliothèque: au salon du livre suivant, une pleine masse d'étudiants curieux !

Liceal a dit…

Il n'y a plus d'index mais toujours des interdits. Certains viennent du milieu scolaire parfois: ex ma nièce s'est vu interdire d'amener des Kid Paddle en classe et il me semble qu'une des commissions scolaires de Montréal ne veut pas dans les écoles de Ma vie ne sait pas nager d'Élaine Turgeon car il trait du suicide et certains craigent des effets boule de neige. Un roman magnifique pourtant...Lumineux, dur mais porteur d'espoir.
L'American Library Association publie chaque année, dans le cadre du Freedon to Read Statement et de la Banned Books week, la liste des ouvrages régulièrement "mis en danger.(http://www.ala.org/advocacy/banned/bannedbooksweek)

À ma connaissance, nous n'avons pas l'équivalent de cette liste ici. Je serai bien curieuse de voir ça..

L'index était constitué par une institution, de nos jours une autre forme de censure opère à un niveau "individuel". Quelques exemples de ce que j'ai vécu en librairie: une conseillère pédagogique retournant Lou (image mère monoparentale jouant à des jeux vidéos..), des témoignages de bibliothécaires aux prises avec des parents essayant de faire retirer Persépolis, des plaintes pour Mélusine, Petit Spirou, etc.

ClaudeL a dit…

J'ai visité le Musée des Ursulines à Québec il y a quelques semaines et j'i vu la liste à l'index en 18... c'était la même qu'en 1960 quand mon frère est arrivé au collège de Lévis. Mais comme mes parents étaient très ouverts, mon frère a lu sans interdit Alexandre Dumas, entre autres. À 15 ans, je lisais Simone de Beauvoir et j'ai adoré. Nous étions libres chez nous de choisir nos lectures, mais nos parents nous connaissaient et nous dirigeaient (disons nous orientaient, nous accompagnaient) dans le choix de nos lectures. Nos "interdits" en fait tenaient plutôt à nos goûts personnels et encore aujourd'hui.

Prospéryne a dit…

@Hélène, pareil pour moi, juste pour voir ce que ça fait! ;)

@Sébas, beau coup de pub! Au moins, pour une fois, c'est pour un bon auteur! :P

@Alice, la censure en jeunesse va toujours exister, les parents cherchent à protéger leurs enfants. Enfin, si je prends mon propre exemple, je dirais que ça m'a surtout poussée à lire des romans que ma mère ne voulait absolument pas que je lise... Et que j'ai lu quand même!

@ClaudeL, beaucoup de gens ne tenaient pas compte de l'Index. Ou en profitais pour piger des idées de lecture. L'Interdit n'a pas réussi à décourager les gens souvent! :P