jeudi 1 mai 2014

Eva et Ruda de Eva et Rudolph Roden

Eva et Ruda  Eva et Rudolph Roden  Les éditions du Passage  279 pages


Résumé:
L'histoire, à deux voix, d'Eva et Ruda Roden, survivants d'Auschwitz.

Mon avis:
Les récits racontant l'Holocauste se ressemble tous un peu.  Du journal d'Anne Frank à Primo Levi, ils montrent comment le parti nazi a réussi le miracle de désensibiliser la population face à une minorité, fut-elle aussi bien intégrée que la majeure partie des Juifs d'Europe de l'Ouest l'était à l'époque.  On suit Eva et Ruda, de la fin de leur adolescence à l'irruption de la guerre dans leur vie.  Tchèques, ils étaient nationalistes, croyaient en la démocratie, à la force de leur pays face à l'Allemagne.  Malheureusement, ils étaient aussi juifs.  Quand l'Allemagne a envahi leur pays, tout a changé.  Pas d'un coup, par petites touches.  Une nouvelle loi cette semaine, une nouvelle restriction deux semaines après...  On les voit passer en quelques mois de l'état d'humain à celui de non-humain.  Ce glissement se fait par petites doses, si bien que pour le commun des mortels, cela tombe dans la normalité et que le voisin devient d'abord un étranger, puis un ennemi.  Cependant, c'est surtout dans le récit de leur vie à Therezin, puis à Auschwitz que le livre devient intéressant.  Parce que dans les deux cas, ils montrent quelque chose que l'on ne pouvait pas imaginer: que malgré l'horreur, malgré la mort omniprésente, la vie existait et qu'elle pouvait même devenir quotidienne.  Que l'être humain s'habitue à tout, même à la vie dans de telles extrémités.  C'est à la fois la force et le côté dérangeant de ce récit.  On y parle de survivant.  De ceux qui n'ont pas été menés directement à la chambre à gaz, qui ont vécu dans les camps de travail.  De gens qui sont passé par cet enfer et qui en sont ressortis vivants.  C'est presque dérangeant quand on pense aux six millions de victimes des camps.  D'ailleurs, ils ne le cachent pas, ils se sont «organisés», mot gentil pour décrire le vol et l'achat de faveurs.  Jamais envers d'autres détenus, telle était la règle implicite de la survie dans les camps.  Le miracle est sans doute qu'ils aient tous les deux survécus, même séparés.  Et surtout qu'ils se soient retrouvés, après la guerre.  Eva a survécu à Bergen-Belsen, le même camp où est morte Anne Frank.  Elle a attrapé le typhus à l'arrivée des troupes britanniques.  Une chance, car elle a été soignée.  Tous les deux ont ensuite immigré à Montréal et ont refait leurs vies, loin de l'enfer des camps.  Dire que j'aurais pu les croiser dans la rue, sans rien savoir de leur histoire...

Ma note: 4.25/5

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