Salut!
J'écoute régulièrement l'émission Plus on est de fous, plus on lit! à Radio-Canada. Très bonne émission en passant (même s'ils ne couvrent pas beaucoup la SFF...) Dans l'un des segments, ils interrogent un auteur en lui posant une série de questions. Je guette toujours la réponse à l'une d'entre elle en particulier. Elle dit simplement: On ne parle que de soi: Commentez. Une question en apparence simple, mais les réponses ne le sont pas toujours.
La plupart des auteurs font une variation sur le mot oui. Oui mais ou Oui parce que ou encore Oui c'est sûr. J'ai peu de souvenirs de personnes ayant dit non. Ou j'ai peut-être loupé LA personne qui a répondu ça.
Cette question, honnêtement, elle me chicote. Parce que je suis sûre qu'elle contient une part de vérité. Forcément, les auteurs puisent en eux une partie de leur oeuvre. Rien du normal, les auteurs partent de ce qu'ils vivent pour écrire. Mais là vient le point qui me dérange un peu: et moi là-dedans?
Euh, ok, j'ai pas grand chose de publié, juste un texte, un seul et encore il est très court. Sauf qu'un de mes amis m'a traité de tueuse de singes volants, une autre m'a dit que c'était vraiment noir comme fin et euh bon, mes parents m'ont dit que c'était bon, mais est-ce vraiment une mesure fiable? Tous que je connais qui ont lu mon Régal gelé m'ont fait des commentaires dessus et... ben, ça parle pas du tout de moi ce texte-là! C'est une pure et totale fiction écrite sur le coin d'une table en moins d'une heure (au sens propre et au sens figuré!). Si les gens commencent à essayer de me psychanalyser là-dessus, ils vont avoir de quoi s'amuser.
Je connais quand même quelques auteurs, assez pour dire que je les connais leur oeuvre (toute personne qui écrit et qui lire ce texte de blogue peut se reconnaître dans ce paragraphe!). C'est vrai que ces personnes mettent beaucoup d'eux/elles-mêmes dans leurs textes. On reconnaît certaines marottes, des personnages qui ont des traits de caractères qui leur ressemble, des frustrations sublimées parce qu'imposée à un personnage. Des fois, je comprends certaines choses sur la personne en lisant un de ses livres. Plein de petites choses comme ça. Par contre, et sans doute parce que je n'ai aucun fan d'auto-fiction dans mon réseau de contact, je ne peux pas dire que je vois l'auteur(e) dans l'oeuvre. Je vois l'empreinte de l'auteur(e), je vois beaucoup de choses de lui ou elle, mais parlent-ils tant que ça d'eux-mêmes? Non, pas tant que ça.
Je repense aux nouvelles que j'ai écrite depuis un an (oui, il y en a quelques unes quand même!). Je ne parle pas de moi dedans. Nulle part je ne me reconnais. Certaines sont très très noires et pourtant, je ne suis pas du tout une personne négative dans la vie quotidienne. Par contre, on peut reconnaître des thématiques qui me touchent, des trucs qui m'embêtent, des sujets qui me titillent. Ok, je m'identifie souvent à certains personnages plus qu'à d'autres, je glisse ici et là des allusions à des marottes que j'ai, plusieurs personnages ont des défauts en commun avec moi et bon... Je suis normale finalement?
J'ai plutôt l'impression que si on me posait la question, je répondrais non, je ne parle pas de moi dans ce que j'écris. Par contre, je parle de bien des choses qui me font peur, me font réfléchir, me donnent envie d'en savoir plus sur tel ou tel sujet. Et quelque part, c'est peut-être plus révélateur sur moi-même que de parler de la petite personne que je suis.
Sauf que, je le jure sur la tête de mes minettes, je n'ai jamais planifié un génocide de singes volants, n'en tirez aucune conclusion!
@+ Mariane
8 commentaires:
Est-ce moi "l'ami" qui te traite de tueuse de singes volants ?? hahahha.
En fait, je ne t'ai pas reconnue dans le texte. Je pense que j'étais surtout surpris de la violence du texte venant de toi ? J'ai l'habitude de ne lire que ton blogue, qui lui, n'est pas noir du tout! Je crois que je ne m'attendais pas à ça.
Ceci dit, c'est un très bon texte qui m'a donner le goût de lire tes futurs écrits.
Par contre, je pense que dès que quelqu'un écrit, il est impossible de ne pas écrit sur soi, ne serais-ce qu'un petit peu. Même les auteurs de SFF, d'horreur, de polars ... qui n'écrivent souvent rien de proche d'eux mettent un peu d'eux dans le texte sans le vouloir. Tolkien à bien mis une araignée géante dans le Seigneur des Anneaux car il cherchait un monstre horrible et il avait une phobie des araignées, c'était donc par défaut le monstre le plus horrible pour lui!
Je ne pense pas que "parler de soi" dans ses écrits soit uniquement une question d'intention, d'égocentrisme ou de littéralement parler de qui on est. Quand tu écris, tu puises dans ton baggage personnel: tes intérêts, tes marottes, tes thématiques, tes façons de penser ou de voir le monde. Même si tu te dis "je vais faire quelque chose qui n'est pas moi du tout", ton point de référence pour faire différent, c'est encore toi. Bref, que tu le veuilles ou non, tu écris sur toi. Ça se voit plus quand tu as un assez gros lot de textes d'écrit. On peut commencer à cerner les points récurrents plus facilement.
Quand tu dis: "je parle de bien des choses qui me font peur, me font réfléchir, me donnent envie d'en savoir plus sur tel ou tel sujet", je pense que ça fait partie de "parler de soi".
Il y a des gens qui se reconnaissent :P
Violent mon Régal gelé? Sans doute oui, mais ce n'était absolument pas volontaire. Quoique depuis, j'ai remarqué que plusieurs sujets de mes nouvelles avaient tendances à être sombres, voir carrément noir, alors que dans la vie quotidienne, je ne le suis pas vraiment. Serait-ce mon côté obscur qui se manifeste?
Je crois par contre, qu'on finit toujours par mettre des petits bouts de soi dans ses textes: tel personnage est une personne que l'on a croisé, tel autre, un de nos profs, cette rue est une rue que l'on a vu en voyage, etc. Bon, il faut le dire, il risque un de ces quatre d'y avoir un chat dans une de mes nouvelles! :P
Oui, mais ce n'est pas direct. Je ne parle pas de ma petite personne, mais je parle de tout ce qui est cette petite personne, ce qui la touche, la séduit, la préoccupe, la met en colère. J'ai l'impression qu'à force d'écrire, on explore nos zones intimes et qu'elles finissent par ressortir. C'est dans ce sens-là que je dis que je ne pense pas parler de moi, mais tu as raison, à force de parler, je finis par en dire bien plus sur moi-même que si je me mettais en scène d'une quelconque façon.
Bah, j'ai rien contre les chats! Par contre tant qu'il ni a pas de librairie un peu gossant qui téléphone régulièrement à l'héroine ça me convient! ;)
:P
Je pense que Vincent (qui a une certaine expérience dans l'examen extérieur de l'écrivain au travail! lol!) met le doigt sur l'élément important : oui, on parle de nous, au sens de "ce qui nous habite", de "nous en tant que point de départ".
Mais c'est vrai que, contrairement à ceux qui écrivent des trucs plus réalistes, en SFF on parle de nous de manière plus détournées. On projette tout et son contraire sur nos personnages et nos univers.
Et des fois, on pense avoir écrit un texte comme ça, sur un coin de table... mais après, quand on y réfléchit, quand on analyse ce qui a créé le déclic, on découvre que ah, oui, tiens, ça vient de moi, ça.
De fois, c'est pas DANS le texte, mais c'est dans ce qui a inspiré le texte.
Je me demande sincèrement d'où vient l'expérience de Vincent dans le domaine... ;P
«Ce n'est pas DANS le texte, mais c'est dans ce qui a inspiré le texte». Je crois que tu as trouvé la formule juste pour exprimer ce que j'essayait de dire!
Mais je persiste à dire que je n'ai aucun lien avec les génocides de singes volants! :P
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