Oui, c'est à toi que je m'adresse. À toi oui! À toi qui lit mon blogue et m'en parle au téléphone, mais qui ne laisse pas de commentaires en bas de mes billets. À toi qui est la troisième personne à m'avoir poussé à développer mes idées (faut pas trop enlever de mérite à Papa et Maman quand même!). À toi avec qui je m'obstine depuis des années: Hommage à toi.
Non, mais, faut le dire, ça forge le caractère d'avoir un grand frère. On est en mode débat depuis des années. Les premiers portaient sur des sujets de la plus haute importance comme, qui s'assoit sur le siège du passager quand Papa ou Maman ne sont pas là ou encore qui prend le dernier pop-sicle dans la boîte? Ou encore, qui prend un bâtonnet de poisson de plus quand on finit par un nombre impair? Maman nous a appris à séparer le dernier bâtonnet en deux si on le voulait tous les deux. C'était un peu plus compliqué avec les pop-sicle.
On a grandit, tu es entré au secondaire, dans la cours des grands et je te piquais sans vergogne tes manuels d'histoire et tes BDs. J'avoue, je n'ai pas été une petite soeur facile tout le temps. Surtout à l'époque où tu es eu ton propre ordi et pas moi. Encore plus après que tu m'aies fait découvrir les jeux vidéos. J'avoue, le partage du temps à Command & Conquer et Red Alert n'a pas toujours été facile, pas plus le partage de la console de Nintendo. Mais on a tous les deux survécus à notre enfance et à notre adolescence sous le même toit!
L'âge adulte est venu, avec ses joies et ses déceptions. Tu es devenu Papa à ton tour, d'un petit garçon adorable à qui tu as transmis le virus des jeux vidéos et auquel je m'obstine à transmettre le virus de la lecture. J'avoue que ta collaboration sur ce point est exemplaire. Non, mais, quel Papa prends encore le temps de nos jours de lire l'intégrale de Tintin et d'Astérix avec un gamin de l'ère du numérique? Tu me rends extrêmement fière d'être ta petite soeur dans ces cas-là! Et aussi parce que mes efforts n'ont pas été vains...
Mais surtout, surtout, avec les années, nos deux intelligences se sont aiguisées. Nos talents d'orateurs également. La masse de données dans lequel nos cerveaux peuvent se plonger a cru de la même manière. Et mes presque trois années de moins n'ont plus eu d'effets. Ce qui fait que depuis plusieurs années, quand on s'assoit autour de la table du souper, les échanges volent désormais entre nous. D'un côté à l'autre de la table, les arguments fusent! C'est comme ça depuis un moment et puis-je le dire? J'aime ça!
Ça commence souvent avec toi. Quand je te vois, deux doigts de chaque main sur la table, le nez en l'air et l'oeil vif, je sais que je suis mieux de me tenir pour acquis que tu as un sujet chaud en réserve et que tu es prêt à croiser le fer. Je dois avoir moi aussi une expression à ce moment-là, mais je n'ai pas de miroir pour me regarder! Tu lances habituellement tes premières attaques entre la soupe et le plat principal. Ça tourne souvent autour d'un sujet d'actualité et dès que tu pars, même si je n'ai pas nécessairement le goût/l'envie/l'énergie de te suivre, tu as le don de me piquer assez pour que j'embarque et que je te réponde à la hauteur de tes piques.
Tu te souviens de notre première discussion autour d'Uber? On était dans un restaurant à Trois-Rivières, de retour d'un quelconque événement ayant eu lieu dans la parenté. Ti-Coco était assis entre nous. Tu m'as lancé plusieurs perches avant que je ne morde, mais quand j'ai mordu, ça a donné un match épique! J'étais tannée et fatiguée, mais ça n'a jamais eu de lien avec mes capacités à te sortir des contre-exemples et à répliquer aux tiens! Avoue, tu adores ça quand je te fais face et que j'accumule les arguments contraire à tes vues! En face de nous, les parents nous regardaient comme on regarde un match de final à Roland-Garros, en regardant à gauche et à droite en alternance. Ils avaient l'air de se demander si c'était vraiment eux qui avaient élevés ces deux phénomènes-là! Les répliques fusaient de parts et d'autres de la tête de Ti-Coco qui n'en avaient que pour sa portion de crème glacée. Cette scène-là, on l'a vécu à de multiples reprises. Un point important: même si on est souvent d'avis totalement contraire, on a toujours eu en commun le fair-play de se dire en pleine face que l'autre a un bon argument et la capacité d'adapter nos visions du monde en conséquence.
Tu es un libertarien à tendance de droite et un gars d'affaire. Je suis une néo-gauchiste féministe et branchée sur les enjeux sociaux de l'heure. Bref, on crèche pas à la même école. N'empêche, c'est à toi que je pense quand je veux parler d'une nouvelle idée. J'avoue, nos chaînes de courriels enchaînant les commentaires de chroniqueurs et d'articles me font parfois lever les yeux au ciel par rapport aux
D'autant plus qu'on est pas du genre ni l'un, ni l'autre à se contenter d'arguments lancés en l'air. Je sais que l'un comme l'autre, on est les seuls à avoir jamais arrêter le film de Captain America en plein milieu du DVD pour fouiller sur Wikipédia savoir si la ligne de front du film fittait avec les dates des lignes de front de la Deuxième Guerre mondiale. Après avoir confirmé que non, on s'est rappelé ensuite que l'on écoutait un film de Marvel... Ça c'est sans compter le nombre de fois ou en plein milieu d'un échange épique, l'un ou l'autre lance le mot-clé: «Vérifie!». Vérifie les dates d'entrée en fonction de tous les présidents américains depuis la Première Guerre mondiale. Vérifie c'était quand les dates des différentes républiques françaises (ouille!), vérifie si tel ou tel détail est vrai ou non. Cellulaire en main, on se renseigne et on vérifie. On est tous les deux du genre à argumenter sur des faits, pas sur des trucs en l'air. Et j'adore ça!
Tu es mon partner de débat préféré. Même si tu me fais suer souvent, c'est de la bonne sueur intellectuelle. C'est pourquoi, même avec tes défauts, je t'aime Frérot!
Mariane
P.S. Il faudrait par contre que tu sois capable d'avouer plus souvent que c'est MOI qui a raison :P
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