S'enfuir Récit d'un otage Guy Delisle Dargaud 428 pages
Résumé:
1997. Christophe André est travailleur humanitaire dans le Caucase. Il s'agit de sa première mission. Il est kidnappé dans la nuit du 1er au 2 juillet. Commence alors l'interminable attente, le long calvaire de celui qui ne maîtrise plus le temps et ne sais pas combien durera sa captivité, ni s'il en sortira vivant.
Mon avis:
Ce qui m'a surpris au départ, c'est l'adaptation de l'auteur à son sujet. Guy Delisle a développé un style où les personnages sont réduits à quelques traits qu'il sait manier avec élégance pour leur donner beaucoup d'expression. Ici, bien au contraire, le visage du personnage de Christophe est tout en courbes à cause de la barbe qui s'allonge sur le visage du personnage au fil des planches. Le grand défi au niveau de cette BD était de rendre visuellement la peur, le découragement, la tension et l'épuisement du personnage... dans un décor extrêmement dépouillé. Comment il occupe son temps, comment il essaie de résister aux idées noires, comment il calcule le temps qui passe et qui est interminable. Tout ça est rendu par le dessin, ce qui est un exploit.
On suit donc Christophe, enlevé, puis otage. C'est son monologue intérieur que l'on suit. Comment chaque jour est s'étire sans fin et finit par se fondre dans les autres. Comment sont ses relations avec ses geôliers. Comment il se force à s'occuper l'esprit en trouvant un lien entre chaque lettre de l'alphabet et Napoléon Bonaparte. Comment il tente de trouver un moyen de s'enfuir, aussi, ce qui occupe beaucoup ses pensées. Mais surtout, l'attente que quelque chose se passe, que quelque chose arrive et l'ignorance de ce qui se passe autour de lui. Le cherche-t-on? L'a-t-on oublié? Toutes ces questions tournent sans fin dans sa tête. Et comme il a passé une bonne partie de cette période dans la même pièce, complètement vide, c'est un exploit que de garder le récit aussi vivant. Parce que justement, on tourne les pages sans le moindre ennui et on plonge profondément dans l'histoire de Christophe.
Malgré le sujet relativement lourd, Guy Delisle a su garder sa touche d'humour si particulière dans certaines situations. Même complètement adapté à son sujet, il garde sa patte d'auteur. Pour qui connaît bien son oeuvre, c'est un réel plaisir de le retrouver.
Ma note: 5/5
1 commentaire:
J'ai adoré cette lecture moi aussi! Le sentiment d'urgent à la fin m'a fait relire les 50 dernière pages 2 fois... la 1ere fois je ne lisais que le texte et les images super vite et la 2e fois, j'ai pris le temps de regarder les images... c'était trop bon!
Enregistrer un commentaire