vendredi 4 mars 2016

À l'ombre des tours mortes d'Art Spiegelman

À l'ombre des tours mortes  Art Spiegelman  Casterman  36 pages


Résumé:
Bande dessinée écrite par Art Spiegelman, l'auteur de Maus suite aux attentats du 11 septembre 2001.

Mon avis:
Difficile de résumer ce livre plus qu'avec la petite phrase que j'ai écrite, parce que le livre est avant tout le récit d'un profond traumatisme.  Art Spiegelman est un new yorkais de longue date et les attentats terroristes l'ont frappé de plein fouet.  C'est aussi un homme qui dès les premiers jours voit son pays sombrer dans un délire sécuritaire et qui ne comprend pas pourquoi.  Il n'y a pas vraiment d'ensemble dans le tout, il n'y a pas vraiment de suite, d'ailleurs, il le dit lui-même en introduction, ces planches ont été faites petit à petit, au fil des mois et des événements qui ont suivi, dans la douleur.  S'il raconte évidemment ce qu'il a vécu durant cette journée terrible et comment lui et sa femme y ont fait face (leur fille étudiait dans une école à un pâté de maison des tours jumelles!), il prend la peine de glisser des cases indépendantes du reste où il raconte comment il a ressenti les événements et son opinion d'habitant de cette ville touchée au coeur.  J'y aie retrouvé la puissance de Maus, mais en plus terrifiant.  Là où il se contentait de raconter l'histoire de son père, d'événements du passé, là, il parle du présent et des conséquences sur son propre monde et sa propre vie...  Les planches réalisées sont à peine une dizaine et il est indiqué au bas les dates de rédaction, ce qui fait que l'on constate que l'auteur travaille lentement, mais surtout, à quel point le résultat est le fruit d'un labeur minutieux.  La seconde partie du livre parle de ses lectures à la même période.  Classique: quand le présent est trop sombre, réfugie-toi dans le passé.  C'est ainsi qu'il a lu des tonnes de BDs datant des débuts de cet art dans les quotidiens.  Il nous sort tout une suite de pépites de l'époque, accompagné d'un long commentaire.  Très instructif.  Le format de cet ovni bédéesque est en lui-même étrange: les pages sont cartonnées et le format est celui d'un journal à l'ancienne, très grand.  Cela donne au tout une résonance particulière, d'autant plus que c'est le format que l'auteur avait choisi au moment de la publication originale.  Je ne crois pas que c'est un incontournable, mais vu la rareté d'Art Spiegelman en BD depuis une vingtaine d'années, ça en vaut le coup.

4.25/5

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