mardi 24 février 2015

Métier critique de Catherine Voyer-Léger

Métier critique  Catherine Voyer-Léger  Septentrion 201 pages



Résumé:
La critique culturelle a mauvaise presse: on dit que les critiques sont des artistes ratés, qu'ils n'aiment jamais rien, qu'ils ne comprennent pas le travail des artistes.  Au-delà des clichés et des préjugés sur le métier, l'auteure décortique la critique culturelle, les raisons de son importance et ce qu'elle signifie réellement.  En démontrant au passage sa nécessité pour le dialogue social tout court, même sorti du milieu de la culture tel quel.

Mon avis:
Une phrase m'a frappé à la lecture de ce livre: on passe notre temps à dire aux critiques culturels de sauter sur scène et de le faire s'ils sont si bons.  Pourtant, on ne dit pas aux commentateurs sportifs de sauter sur la glace ou aux journalistes politiques d'aller se présenter aux élections...  Drôle de contraste!  En effet, c'est comme s'il était permis de critique un domaine, d'en discuter, de montrer ses contradictions, ses moins bons coups, ses réussites... mais pas dans le domaine des arts.  La critique est partout au fond et comme l'auteure le montre très bien tout au long de son livre, c'est même l'un des moteurs du dialogue social à la base de toute démocratie.  Chapitre par chapitre, chacun consacré à un thème, l'importance de la critique est pointée, pourquoi on la déteste expliqué et pourquoi elle est nécessaire démontré.  La réflexion va au-delà des dénonciations des mauvaises critiques et du cirque de réactions qu'elles entraînent et surtout montrent à quel point si on peut détester le travail des critiques, son absence est encore pire.  Elle montre aussi combien le travail de critique doit nécessairement se développer dans le temps et non dans l'instant et à quel point les notes peuvent être réductrices (ouille a fait la blogueuse...).  Elle consacre un bout de chapitre très intéressant au travail des blogues et à leurs défauts et limites.  C'est le genre de livres que l'on lit et auquel on repense souvent, un vrai travail de réflexion sur l'importance de la critique.  J'ai trouvé qu'il manquait sans doute un peu de liens entre les différents chapitres et que la réflexion de l'auteure tombait parfois un peu dans la répétition, mais je suis sûre qu'elle acceptera bien ses quelques critiques. ;)   Après tout, souligner les qualités et les défauts d'un livre (ou d'un film, ou d'un morceau de musique), c'est une façon d'entamer le dialogue sur un sujet et ça, c'est sans doute l'aspect le plus important de la critique.

Ma note: 4.25/5

P.S. J'ai pris quelques notes à la lecture de ce livre.



Donc, ne soyez pas surpris si j'y fais allusion dans mes billets des prochaines semaines, c'est fou ce qu'il y avait de matériel à cogiter là-dedans!

5 commentaires:

Gen a dit…

Je pense que le problème avec la critique culturelle, c'est que les artistes sont, par définition, des gens sensibles et qu'ils réagissent mal aux critiques. Cela dit, une mauvaise critique honnête, constructive et argumentée fait moins mal, je trouve, qu'un simple commentaire Goodread style "c'était plate". Donc vive les bons critiques! ;)

En plus, depuis que je porte le chapeau de critique, je me rends compte d'une chose : c'est pas étonnant que les critiques semblent sévères. La production artistique est tellement abondante, c'est pas toute du stock qui va passer à la postérité!

Prospéryne a dit…

Je crois que les artistes se sentent surtout profondément visé quand on parle de leur oeuvre. Mais pourtant, les critiques (bienvenue dans la bande!) ne parlent que de l'oeuvre et rarement de la personne qui la produit. Une distinction très importante à faire!

Venise a dit…

Le commentaire le plus éloquent, et si j'étais l'auteure, je le prendrais comme un hommage, c'est la photo du livre avec ces signets colorés.

Je ne l'ai pas lu mais mon homme oui, et il est supposé me faire un commentaire de lecture que je vais publier.

Claude Lamarche a dit…

Me donner le goût de le lire. J'avais beaucoup aimé s blogue ey sonlivre: Dédales...
Par contre un pdu trop intellectuelle universitaire pour mon petit cerveau qui a obtenu un bacc il y a de ça des décennies!

Prospéryne a dit…

@Venise, en effet, c'est bien pourquoi je l'ai mise! ;)

@Claude, mon petit cerveau qui lit de temps en temps des essais assez pointus n'était pas trop perdu, mais en effet, comme tu le soulignes, il y a un fort fleuret d'universitaire dans ce livre. J'avais oublié de le mentionner dans ma critique. Pas tant dans le texte que dans la façon de façonner les idées et le cheminement qui a mené à eux. N'hésite pas à te lancer, il n'est pas si difficile que ça!