lundi 16 février 2015

Blogue et éthique

Salut!

Il faut le dire, je n'ai pas ouvert ce blogue un beau matin, juste comme ça.  Avant de me lancer, j'y avais vraiment réfléchi.  Je n'avais pas pu tout prévoir, c'est une évidence, mais je savais grosso modo dans quelle direction je voulais aller et ce que je voulais éviter.  Je me rends compte aujourd'hui à quel point j'ai bien fait...  Mon expérience de libraire avait été un sacré atout: je connaissais au moins un peu le milieu du livre au Québec et je ne me suis pas embarquée dans cette aventure comme une petite oie blanche.  Chaque milieu a ses contraires, ses petites guerres internes, ses codes de conduite non-dit qu'il faut savoir respecter pour ne pas débarquer comme un éléphant dans un magasin de porcelaine.  Consciente de tout ça, je me suis donné un certain nombre de règles de conduites dès le départ pour éviter les pièges.  L'un d'entre eux était de toujours mentionné les livres qui m'avaient été donnés en service de presse et de préciser qui me l'avait envoyé.  C'est aussi de me promettre à moi-même d'être toujours honnête dans mes critiques, peu importe que l'on m'aie donné le livre ou que l'auteur soit un ami.  Petit détail, mais c'est ce qui me permet de dire que depuis que j'ai ouvert ce blogue, je ne me suis jamais retrouvée dans une situation où mon sens de l'éthique aurait été ébréché.  C'est un petit exploit en soi dont je suis plutôt fière.

C'est en lisant le livre Métier critique de Catherine Voyer-Léger que je me suis rendue compte à quel point ces petits détails ont leur importance (j'y reviendrais dans ma critique).  Les blogues sont une facette importante de la culture et de sa diffusion de nos jours.  Comme tout le monde peut ouvrir un blogue facilement, tout et n'importe quoi peut s'y dire.  Cela ne fait pas des blogues des nouveaux far west, mais ça invite à la prudence.  Comment peut-on savoir si le blogueur dithyrambique sur un bouquin n'est pas un rédacteur d'une maison d'édition?  Où commence le commentaire personnel?  Où s'arrête le coup de main donné à un ami?  Mon expérience personnelle me dit qu'il faut du temps pour que la voix d'un blogueur se développe, alors on peut finir par connaître la personne.  Si elle se permet des écarts, si elle s'est elle-même fixé une ligne éditoriale (comme moi) ou si elle se contente de relayer des infos, on finit par le savoir assez rapidement.  Suffit de suivre le blogue un moment pour voir à quelle enseigne son auteur se loge.

Beaucoup de gens font des blogues personnels, où ils parlent de leurs vies, de leurs vacances, de leurs passe-temps.  Dans ces cas-là, le besoin d'étique est moins grand, parce que la forme se rapproche plus du carnet.  Dans ces cas-là, on peut difficilement juger, puisque que c'est à l'auteur et à lui seul de juger ce qui est bon de publier ou non.  Ce n'est pas mon cas et ce n'est pas le cas de nombreux blogueurs.  En tant que personne prenant la parole en public, on porte une responsabilité.  Il n'y a pas de code d'éthique pour les blogueurs, nous ne sommes pas des journalistes, rare parmi nous sont ceux qui touchent de l'argent pour leur travail*.  Ce n'est donc pas le même genre de parole.  Par contre, vu le rayonnement des blogues, parler à tort et à travers n'est pas, ne devrait pas être accepté et acceptable dans un tel cadre.

Donc, un blogue n'est pas un espace neutre.  C'est un petit bout d'internet consacré à notre opinion, à notre façon de voir le monde et aux oeuvres que l'on commente, toujours de notre point de vue.  Cela ne donne aucune autorisation à parler au travers de son chapeau et cela invite plutôt à beaucoup d'éthique personnelle et à une bonne capacité d'auto-critique sur notre propre travail.  Ce que j'exige de moi-même en tant que blogueuse, je sais que je ne suis pas la seule à le faire et que de nombreux blogues ont aidé à définir une ligne de qualité parmi les blogues.  Tant mieux.  L'espace consacré à la culture dans les médias s'amenuisant comme peau de chagrin, il est bon d'avoir accès à des espaces alternatifs où la qualité est de mise.

@+ Mariane

*Pour me donner en exemple, je ne tire aucun revenu de ce blogue, étant donné que je n'y aie aucune publicité.  La seule entrée d'argent potentielle que je pourrais avoir est via mon affiliation au site leslibraires.ca dont je mets le lien dans chaque critique publiée sur ce blogue.  Techniquement je reçois un pourcentage des achats fait via ce blogue.  En trois ans, je n'ai pas encore touché un sous, alors disons que ce n'est pas pour l'argent que j'écris ici!  Par contre, je le plogue comme ça en passant, des fois où il y a des gens qui voudraient m'encourager. ;)

1 commentaire:

Claude Lamarche a dit…

Bravo, beau billet qui nous (en tout cas me) fait réfléchir sur nos propres intentions. Je te le dis tout de suite, quand j'ai besoin d'un livre, j'ai décidé d'encourager La librairie Rose-Marie, une librairie indépendante de ma région. Mais c'est quand même le mouvement pour les librairies indépendantes qui m'a fait prendre cette décision.
En ce qui concerne la "direction" des blogues, j e tiens à te féliciter, tu gardes le cap depuis le début. J'aurais voulu aussi. J'ai créé le mien dans le but de parler de mon écriture, de la peinture de ma co-blogueuse et de ma bien aimée région de la Petite-Nation. Mais voilà, en cours de route, le professionnel est devenu personnel. C'est devenu comme tu dis un carnet. Tant pis pour la blogosphère. Tant mieux pour moi qui me sens plus à l'aise ainsi.
La plateforme ne fait pas la valeur ou l'intérêt d'un blogue.
Si chaque blogueur définit son créneau et la qualité de son blogue, chaque lecteur-lectrice choisit de suivre un tel ou un tel autre. Comme chacun choisit son journal.
Bien heureuse de te suivre et de lire tes "critiques" sur les livres.
Merci de poursuivre cette belle aventure.