Salut!
Je lis dans le journal que Régine Deforges est morte. Ah. Je ne la connais pas, ou très peu. De nom, oui, mais de là à savoir ce qu'elle a fait... Petit tour sur Wikipédia. Ah oui, La bicyclette bleue je connais! Pas de près, mais de loin oui. Sauf que c'est à peu près tout ce que je connaissais d'elle. Tout d'un coup, je découvre sa volonté de faire connaître la littérature érotique (qui lui vaudra nombre de poursuite pour ouvrage aux bonnes moeurs) et ses nombreux autres combats. Ouf, une femme active et engagée! Je n'ai pas vraiment plus envie de lire ses oeuvres, mais je suis contente d'avoir eu l'occasion de la connaître un peu mieux.
Ça arrive souvent que je découvre comme ça un auteur avec une longue carrière. Triste, mais on parle souvent des oeuvres de cet auteur, de sa carrière, de ses engagements... à son décès. De la sortie de ses livres, alors qu'il est encore vivant? Un entrefilet dans les pages culturelles, une bonne couverture s'il a la chance d'être un auteur publié chez un éditeur qui peut se le permettre. Parfois des invitations à l'international. Mais on peut passer à côté d'un auteur formidable tout simplement parce qu'il n'a pas beaucoup de visibilité de son vivant. À part s'il gagne le Nobel (comme Doris Lessing), le Giller Prize (comme Alice Munro) ou qu'il gagne un autre prix important, genre le Goncourt. Encore là, la visibilité n'est pas permanente.
Ce ne sont pas tous les auteurs qui ont le talent de la communication d'un Dany Laferrière. Celui-ci sait manier les mots, autant à l'oral qu'à l'écrit. Ce qui lui assure une certaine présence médiatique. D'autant plus qu'il est un intellectuel, capable de parler de nombreux sujets en-dehors de ses livres. Une véritable aubaine pour lui comme pour les médias. Pour le commun des auteurs, et bien, il faudra attendre de manger les pissenlits par la racine pour avoir droit à une brève mention au téléjournal. Le reste du temps niet.
C'est dommage, mais c'est aussi une chance. Personnellement, j'ai découvert plusieurs auteurs de cette façon, en me faisant dire qu'ils étaient morts. «Tiens, je ne le connaissais pas lui (ou elle), qu'est-ce qu'il (qu'elle) a écrit?» Et de lire attentivement l'article. Le grand avantage de lire un auteur décédé est évidemment que l'on sait quels sont les meilleures pièces de son oeuvre. On peut commencer par ça. Néanmoins, la premier détail important, c'est qu'on en entend parler... Combien de rétrospectives d'auteurs, de cinéastes, d'artistes et combien d'autres aie-je connu par leur rubrique nécrologique? À commencer par Régine Deforges, la mort leur donne un aura auquel vivant, ils n'auront jamais eu droit.
On dit que les morts ne peuvent pas se défendre. C'est vrai. D'où l'occasion sans doute de leur lancer des fleurs pour soulager notre conscience. L'artiste incompris de son vivant, mais reconnu après sa mort, je déteste. Un artiste a droit à la reconnaissance de son travail. Au même titre qu'un scientifique, un homme d'État ou un athlète. Ce n'est pas une fois mort que l'on doit de s'intéresser à leur travail, c'est bien vivant, alors qu'on peut aller le rencontrer dans un Salon du livre, suivre ses publications et discuter avec lui.
C'est malheureux que bien souvent, le seul moment où l'on parle vraiment du travail d'un auteur, c'est au moment où il nous a quitté, emportant avec lui toutes les histoires qu'il n'a pas eu le temps d'écrire.
@+ Mariane
3 commentaires:
C'est bien connu, les médias préfèrent les chanteurs et les humoristes.
Peut-être un peu moins en France et encore, je ne saurais dire puisque je ne regarde pas et ne lis pas tellement les médias européens.
Comme si les auteurs n'avaient rien à dire! Dommage.
Même chose pour les peintres : tous ceux qui sont connus sont morts! Lol!
@Les auteurs ont beaucoup de choses à dire ClaudeL, mais sembleraient qu'ils «passent» moins bien à la télé. Pas 100% d'accord, mais c'es sûr que le métier ne prépare pas aux entrevues sur un plateau de télévision...
@Gen, ouais, c'est trop vrai ça...
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