Salut!
C'était samedi soir, un samedi soir bien ordinaire. C'était à une heure où normalement, je suis déjà entre mes draps, en pyjama, en train de compter les moutons si je ne roupille pas déjà (ouais, couche-tôt même le samedi soir, je ne suis vraiment pas une party animal). Exceptionnellement, j'étais encore debout. Et là, le petit bruit typique d'une alerte sur mon cell. Ce n'est pas une heure où je reçois des courriels, vraiment pas, pas de raison. Curieuse, je l'attrape et je jette un coup d'oeil. Et je reçois en plein visage ces simples mots:
«Chadwick Boseman, l'interprète de Black Panter, meurt d'un cancer à 43 ans.»
Je suis chamboulée en un instant. Hein, quoi? Pas possible! Pas Black Panther! Pas un héros de Marvel! Les superhéros ne meurent pas d'un banal cancer comme le commun des mortels. Ils sont beaucoup plus forts que ça. Quand ils meurent, c'est de manière épique, en se sacrifiant pour le bien commun, comme IronMan et Black Widow! Pas dans un lit d'hôpital...
On est trop habitué aux héros. Aux sur-êtres humains. À ceux que l'on perçoit comme étant tellement plus et mieux que nous. Nous qui sommes ceux qui prennent en plein gueule les débris des explosions dans les films qui les mettent en vedette. Qui voient leurs voitures et leurs maisons réduits en miettes. Qui réparent, après que la menace soient passée, qui reconstruisent, qui envoient leurs enfants à l'école et qui mitonnent de bons petits plats qui embaument pour leur retour à la maison. Et qui s'obstinent pour une place de stationnement à l'épicerie. Ce sont les gens comme nous qui meurent du cancer ou d'un bête accident de voiture, ou de la grippe, ou en allumant le barbecue comme des cons. Pas eux.
Dans la littérature, on laisse souvent les héros à un moment de leur vie. On partage leurs aventures pendant un temps, puis on les laissent continuer leurs vies. Ils ne meurent donc pas vraiment. On laisse Frodon lorsqu'il quitte la Terre du Milieu. On ne le voit pas mourir. On quitte Katniss Everdeen alors qu'elle est plus âgée, qu'elle est devenue mère. On ne la voit pas mourir. On quitte Harry et ses amis après leur victoire comme Voldemort. Certes, on les revoit vingt-cinq ans après, mais un bref instant seulement. Et on ne les voit pas mourir. Du moins, pas définitivement. Tolkien a bien fait mourir Aragorn, Merry et Pippin, mais leur a laissé toute une vie à vivre où l'on peut leur imaginer une série d'aventures, il ne les a pas fait bêtement mourir. Ils sont restés des héros toute leur vie dans le fond.
La mort de Chadwick Boseman m'a rappelé que ce qui fait un héros, ce n'est pas la personne qu'elle est, mais le poids de nos rêves collectifs de grandeur. Le seul fait qu'un interprète, que la personne sous le costume, derrière le masque, derrière le surnom de super héros puisse mourir comme n'importe quel quidam vient nous le rappeler avec force. Les héros ne font pas partie de l'humanité. Ils en sont le rêve, le désir, la projection des souhaits les plus fous. Mais justement, ce n'est que ça: un rêve. Voilà pourquoi on ne veut pas qu'ils meurent autrement que de façon héroïque. Sinon, et bien, qu'elle est la différence entre eux et nous?
C'est quelque chose que beaucoup de gens rejettent pour cette simple raison: on ne veut pas que les super-héros soient comme nous. On préfère le rêve à la réalité. C'est tellement plus rassurant le rêve. C'est factice, mais c'est rassurant. Voir que même eux ne peuvent pas échapper à la loi universelle de la mort, alors qu'ils peuvent voyager dans l'espace, soulever des charges impossibles, voler, lire dans les pensées, se fabriquer des armures hyper sophistiquées, utiliser des armes magiques... Et bien, ça les ramène à notre niveau et quelque part, une partie de nous refuse. Malheureusement.
N'empêche, bon voyage dans l'au-delà parmi tes ancêtres, Black Panther. Et Wakanda forever.
@+ Mariane
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