Résumé:
Binti quitte tout, famille, amis, tribu pour se joindre à la prestigieuse université Oomza, première des siens à rejoindre cette élite de chercheurs sur une lointaine planète entièrement dédiée à la recherche. À 16 ans, elle croit avoir tout à prouver au monde, elle qui est destinée à être une maîtresse de l'harmonie parmi les siens. En route, son vaisseau spatial croise la route d'une autre espèce, les Méduses, qui eux aussi veulent se rendre à Oomza, mais pour une raison très différente: la vengeance.
Mon avis:
Ce livre, c'est au départ un pied de nez à une vision occidentalo-centrée de la science-fiction: son héroïne principale est une adolescente appartenant à une ethnie africaine appelée Himba. Et ne vous méprenez pas, loin d'être représenté comme des chasseurs-cueilleurs vivants dans la brousse, son peuple est décrit comme des inventeurs de technologie à la fine pointe et Binti elle-même est une brillante mathématicienne. Assez pour être acceptée dans une université située sur une autre planète qui ne recrute que l'élite... et de faire en sorte de prendre la navette de départ, même si sa famille s'y oppose. Ancrés dans leurs territoires ancestraux, ceux-ci ne les quittent pas. Binti fait donc un geste d'indépendance, mais elle sait que cela aura des conséquences. Et elle le fait en toute connaissance de cause.
L'intrigue en elle-même n'est pas révolutionnaire, mais elle est bien amenée. En cours de route vers l'université, le vaisseau accueillant Binti est attaquée par une espèce appelée les Méduses, qui grosso modo, ressemblent bien à des méduses, avec leurs tentacules. Le coeur du livre est la relation que Binti tissera avec cette espèce étrange qu'elle réussira à comprendre, malgré les barrières de langue. La façon dont l'auteure tisse son histoire sur ce point est particulièrement bien réussie à mes yeux. Binti devra donc, utilisant ses propres capacités, mais aussi l'apport de sa culture et de ses origines, trouver une solution à la crise qui s'annonce entre l'Université et les Méduses. La façon dont elle s'y prend ne renouvelle pas non plus le genre, mais encore une fois, c'est très bien fait.
L'un des aspects les plus intéressants du livre est l'apport de cette importante différence culturelle que porte l'héroïne. Soyez clairs: y'a pas de blancs dans cette histoire. Et d'une certaine façon, ça fait du bien! Beaucoup d'aspects de l'univers matériel et mental de l'héroïne sont donc teintés par cette culture, entre autre l'otjize, un mélange dont les femmes de son ethnie s'enduise le corps et les cheveux et qui jouera un grand rôle dans l'intrigue. Ses cheveux (dans lequel elle tresse du code informatique!), sa manière de parler, de s'habiller, tout lui donne un autre regard sur le monde et l'auteure utilise cette vision différente de manière très intelligente: elle sert à donner une autre tonalité à une histoire qui a été déjà mille fois racontée en SF. J'ai deux minuscules points négatifs: de un, l'obsession de Binti de ses chances de mariage et de deux, le fait que l'auteure insiste tant sur ses origines. La ligne est mince entre, ceci est au coeur de la vie de mon héroïne et regarde comme elle est différente! De mon point de vue, elle a légèrement trop basculé dans le deuxième, mais c'est une question de goût.
Mon premier livre de SF afro-futuriste et une très belle découverte! Je vais relire cette auteure, c'est sûr.
Ma note: 4.5/5
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