Il y a quelques semaines, j'ai lu un article dans La Presse qui m'a fait énormément réfléchir. Il parlait de ses auteurs qui voyait pratiquement leurs livres paraître... pour quasiment rien. Je parle de ceux qui sont parus quelques jours ou semaine avant la pandémie. Qui sont débarqués et sont sur les tablettes des libraires, disponibles à la vente, majoritairement en ligne depuis, mais qui n'ont pas eu droit à ce qu'un livre a normalement droit en terme de promotion: des lancements, des salons du livre, des rencontres dans les bibliothèques, des critiques, des entrevues dans les médias (pour les chanceux!), des piles de livres dans les librairies, la campagnes de publicité. les réseaux des éditeurs qui se mettent en branle, des affiches que l'on croise, les représentants qui vont de librairie en librairie présenter les livres, les présentations des éditeurs et des distributeurs, des libraires passionnés qui font le lien entre le livre et les lecteurs, tous ces petits coups de pouce comme autant d'épaules à la roue qui permet à un livre de faire son chemin dans la vie, d'être découvert, connu et ultimement lu.
Ce sont les mains invisibles du milieu du livre. On voit facilement l'auteur, c'est normal, c'est son livre, c'est lui qui le défend et c'est son oeuvre. Sauf qu'il n'est pas le seul à mettre l'épaule à la roue.
Ce n'est pas pour rien que l'on parle de chaîne du livre. C'est comme la chaîne alimentaire: on a besoin de toutes les étapes pour trouver du succès à la fin du processus, si on enlève une étape, ça craint. Ce n'est pas garanti, bien sûr, mais si tout le monde pousse dans la même direction (et je ne connais pas grand monde dans le milieu du livre qui ne veulent pas le succès d'un livre, voir de tous les livres), les résultats sont souvent au rendez-vous. Bien sûr, la conjoncture joue pour beaucoup. Si le livre est un coup de coeur pour tout le monde, l'enthousiasme sera au rendez-vous. il aura plus de succès. Si le livre ne plaît pas à une majorité, il peut tomber dans l'oubli. Et vu la quantité de livres qui paraissent (des fois en librairie, on pouvait recevoir entre 150 et 300 titres par semaine!), c'est très dur de défendre tout le monde de manière égale. Mais...
Si personne ne se lève pour défendre un livre, il n'aura que peu de chance de faire autre chose qu'un petit aller-retour entre une librairie et un entrepôt. Ensuite, ce sera la liquidation ou pire, le pilon. Et une seule personne ne peut pas tout faire. Comme l'autopromotion l'a amplement démontrée, une personne qui fait tout, toute seule, peut avoir du mal à ratisser large et ne pas être capable de rencontrer tous les publics. Parce que certains seront convaincus par une campagne de pub, d'autres par un article dans le journal, certains par un autre lecteur enthousiaste (le bouche à oreille est une arme redoutable qu'aucune campagne de marketing ne peut surpasser!). Néanmoins, l'arme ultime est quand tous ces facteurs se cumulent: on entend parler d'un livre à la radio, on voit une affiche dans un salon du livre, on tombe sur une invitation à une rencontre avec l'auteur à la bibliothèque, un blogueur(se) fait une critique du livre qu'il partage sur Facebook... C'est la multiplication des rencontres avec le livre qui favorise le geste d'aller le chercher à la librairie, à la bibliothèque ou de l'emprunter à un/une ami(e). Plus de gens mettent l'épaule à la roue, plus elle aura de chance de rouler.
Le hic, c'est que de monopoliser autant de monde, ça coûte des sous et au bout du compte, même si tout le monde travaille pour lui, c'est l'auteur qui fait le moins d'argent...
@+ Mariane
P.S. On a beaucoup parlé de l'importance de l'achat en librairie indépendante au cours de cette pandémie. J'encourage tout le monde à continuer à le faire, même après. Je vous encourage aussi à acheter des livres parus en janvier, février et mars de cette année, surtout si ce sont des livres d'auteurs qui n'ont pas la chance de compter sur une machine commerciale derrière eux. En achetant un livre, vous allez aider un auteur, la librairie qui le vend, l'éditeur et le distributeur, tout ce beau monde qui vous enchante à longueur d'année avec leurs parutions. Merci de leur part d'ajouter votre épaule à la roue! (et surveiller mes critiques dans les prochaines semaines, j'applique ce principe à moi-même!)
2 commentaires:
Ouais, mon Chasseur, lancé en février subit durement les contre-coups de l'absence de salons. :( Au moins, j'aurai pu m'amuser le soir du lancement!
J'ai pensé faire une liste de suggestions et ajouter Le chasseur dedans, mais j'avais trop peur d'oublier d'excellents titres au passage. Mais si quelqu'un lit ce commentaire, je le recommande hautement!
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