Salut!
L'autre jour, je discutais avec une nouvelle connaissance qui me parlais de son conjoint, à ses dires, grand amateur de lecture. Très intéressée, je lui demande ce qu'il lit.
-Bah, des livres qu'il trouve au Costco! Ils sont moins chers!
Ok, au-delà du fait que cette personne achète ses livres au Costco «parce qu'ils sont moins chers» (ce qui me hérisse) j'écoutais les titres des livres qu'elle mentionnait et je me disais... Rien que ça? Elle nommait des séries très populaires comme Hunger Games et ses dérivés, rien de plus, peut-être Divergence, mais à peu près rien d'autre. On a beau connaître une réalité, il y a des fois où elle nous saute dans la face encore plus crûment: bordel que les gens qui magasinent dans les grandes surfaces n'ont pas de choix!
Il se publie environ 30 000 titres en langue française chaque année. Le nombre de titres disponible dans des grandes surfaces comme Costco est d'environ une centaine à la fois. Pour qu'un lecteur trouve pour son goût dans une sélection aussi mince m'épate. Surtout que sur une centaine de titres, on confond tout: jeunesse, livres de cuisine, manuel vie pratique et littérature. Fiou! Faites le calcul rapidement, c'est environ 1% de l'offre que l'on peut retrouver à prix coupé dans ce genre d'endroit. On parle souvent de l'expression du 1% pour parler des plus riches de notre belle planète, mais il apparaît que c'est le pourcentage de l'offre littéraire auquel ont droit les lecteurs qui fréquentent ce genre de Mecque de la consommation.
Deux choses me chicotent par rapport à cet endroit: de un, l'obsession du prix, de deux, le choix.
La plupart des gens qui achètent leurs livres au Costco le font pour une raison: le prix. Uniquement. Je n'ai jamais entendu quelqu'un dire qu'il allait au Costco acheter ses livres parce qu'il aimait l'ambiance ou les conseils! Le seul but de la manoeuvre est de donner l'impression d'en avoir plus pour le même nombre de dollar. Est-ce que l'on choisit les livres pour leur qualité, leur originalité? Non, uniquement parce qu'on le paye pas cher. Aucune autre raison. Le livre devient alors un produit que l'on ajoute dans le giga-panier, il perd sa valeur intrinsèque. On ne lit plus parce qu'on aime la littérature ou un auteur en particulier, on lit comme on consomme. Miroir de l'endroit où on l'a acheté.
L'autre problème est lié au premier: au Costco, on vend ce qui se vend point. On va chercher la crème des ventes uniquement et on la brade. Parler des impacts de cette pratique sur l'ensemble de la chaîne du livre et sur les librairies a été largement fait et refait, je n'y reviendrais pas. Mais dans l'offre étroite qui est fait au lecteur, ça, c'est important. Parce que l'on habitue les gens à une certaine forme de produit. Et qu'on ne permet même pas de savoir que quelque chose d'autre existe. On enferme les lecteurs soucieux de leurs sous en leur faisant croire qu'au fond, ils payent moins cher alors que les alternatives pour avoir tellement mieux en terme de qualité et de diversité existent (livre de poche, numérique, bibliothèque et j'en passe). Et ça, c'est terrible. Il y a tellement mieux à lire que seulement les gros vendeurs.
Lire uniquement 1% de ce qui est réellement produit et devoir s'en contenter parce qu'on croit sauver de l'argent... C'est d'une véritable tristesse.
@+ Mariane
6 commentaires:
Bravo pour ce texte, Marianne ! Un nouvel angle de ce débat mais du côté du lecteur. Tu as isolé le lecteur et la pauvreté de ce qu'il lit, pendant qu'il pense qu'il s'enrichit parce qu'il dépense moins.
Ceci dit, peut-être ne s'est-il pas arrêté non plus que Costco faisait le choix de ses lectures pour lui : 1%, c'est extrêmement réduit, étroit comme couloir, il n'a pas d'horizon.
Moi ce qui me chicote, c'est qu'on dénigre ces gens! Il y a plusieurs catégories de lecteurs et si ces gens n'achetaient pas du tout chez Costco et bien, ce serait encore moins de livres vendus... J'aime mieux retrouver des gros vendeurs dans un panier avec les tomates et les raisins que rien du tout! Honnêtement, il y a des années que je n'ai pas demandé l'avis d'un libraire. Magazines, journaux, réseaux sociaux, amis, blogues, club de lecture, ça me suffit. C'est peut-être choquant, mais je n'ai pas l'impression de passer à côté de quelque chose. J'ai déjà été celle qui ne jurait que par son libraire, je suis passée à autre chose depuis.
Merci Venise! :)
Marianne ne dénigrait aucunement les lecteurs qui achètent leur livre chez Costco. Ce qu'elle dit, c'est qu'ils se retrouvent, malgré eux, à acheter toujours le même genre de "gros vendeur" bien formaté, sans même savoir qu'autre chose existe.
Et c'est triste, parce que s'ils continuent à acheter ces gros vendeurs, c'est qu'ils apprécient la lecture. Mais peut-être que si on leur mettait dans les mains un livre un peu plus riche, un peu plus complexe, mais soigneusement choisi en fonction de leurs goûts, ils se mettraient à aimer passionnément la lecture!
Et combien de gens, enfermés dans l'offre Costso, finissent par arrêter d'acheter des livres en se disant que "coudonc, ça revient toute au même". Je sais que ce phénomène existe : je l'ai vu dans ma propre famille.
Je ne dénigre par les lecteurs qui achètent leurs livres chez Costco, je respecte tous les lecteurs, quels que soient les livres qu'ils lisent. Moi aussi, je lis des gros vendeurs et moi aussi, j'y prends plaisir. Par contre, je me désole de l'étroitesse du choix offert et de l'habitude que les gens font de ne consommer que ces livres en ayant uniquement l'argument économique à la clé. Les magazines, journaux, réseaux sociaux, amis, blogues et clubs de lecteurs ne parlent pas nécessairement que de livres qui se vendent chez Costco et ils permettent d'avoir accès a une toute autre littérature que celle qui y est disponible. Et c'est cette ouverture d'esprit qui est importante à préserver et aussi que la littérature ne se limite pas au prix que l'on paye pour un livre.
Je ne pourrais mieux dire Gen! :)
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