lundi 27 avril 2015

Du plaisir

Salut!

Il m'arrive souvent de discuter avec des amateurs de fine cuisine.  Du genre à prendre des heures pour faire l'épicerie afin de trouver la meilleure des viandes et de discourir pendant des heures sur la qualité de ladite-viande.  De connaître par leur petit nom les meilleurs bouchers en ville.  De savoir quelle est la différence entre une huile d'olive du sud-ouest de la France et du nord-est de l'Espagne (pour les nuls en géographie, les deux régions sont littéralement collées).  Des foodies dans le langage moderne quoi.  J'ai parfois le goût de leur demander, si, au bout du compte, après toutes leurs recherches, leurs efforts, leurs démarches, ce qu'ils ont mangé était bon.

Question simple, mais il me semble souvent que j'aurais droit à une immense bouche bée en guise de réponse.  Parce que souvent, à la recherche de la qualité, on oublie son grand ami: le plaisir.  Et que même si on a la meilleure bouffe, de la meilleure qualité possible dans son assiette, si on aime pas ce que l'on mange, ce sera du temps perdu.  Sans compter de l'énergie.  Ok, on pourra se vanter ensuite d'avoir mangé un plat extraordinaire, mais il me semble que c'est plutôt vain comme expérience si ça ne se réduit qu'à ça.  Par exemple, avez-vous déjà mangé des huîtres?  Ou du caviar?  Moi si.  Si j'ai aimé ça?  Trop gluant dans le cas des huîtres, trop salé dans le cas du caviar.  Pas mauvais dans les deux cas, mais ceci dit, je n'en remangerais pas tous les jours, ça c'est certain.

C'est la même chose en littérature.  Certaines personnes sont tellement acharnées à rechercher la qualité dans leurs lectures qu'elles en oublient une chose importante: le plaisir.  Le plaisir de lire, le plaisir de se plonger dans une bonne histoire.  C'est tellement important pourtant, c'est même la base.  Il faut prendre du plaisir à ce que l'on fait, à ce que l'on lit.  Dans la recherche de la qualité à tout prix, en bouffe comme en littérature, j'ai souvent l'impression que l'on oublie ceci: le plaisir n'est pas égal à la qualité de l'oeuvre, mais à l'appréciation de la personne qui la lit.

Plus jeune, j'avais goûté pour la première fois à de l'emmental en grimaçant.  Même chose pour le parmesan, qui, dès qu'il trônait sur la table familiale avec sa caractéristique odeur de vomi, me levait le coeur.  Pourtant, j'adore maintenant les deux aujourd'hui.  Cette métaphore culinaire me permet de dire que dans tous les cas, le goût, ça se développe, ça s'éduque.  Que la recherche du mieux, du meilleur existe et est légitime.  C'est lorsque qu'elle prend le pas sur le plaisir que l'on peut ressentir à engouffrer une bonne bouchée de poutine ou encore à dévorer un roman pas prise de tête.  On peut être conscient que ce que l'on consomme a énormément de défauts, mais décider de profiter du moment présent et de savourer ce que l'on a sous la dent ou la main.  Sans verser dans la facilité, juste apprécier le bon moment tout en gardant son esprit critique.  Après tout, la poutine c'est pas bon, ni pour le cholestérol, ni pour le tour de taille et la littérature trop populaire engourdi l'esprit, mais à petite dose, ça peut faire beaucoup de bien au moral.

Ce qui m'inquiète au moins autant, c'est le pédantisme de certain.  Que de manger de la viande bio-élevé en plein air- à qui on conte des histoires le soir (sans blague, ça existe, j'en ai entendu parler à une émission de radio dernièrement!), c'est mieux, c'est LA façon d'être, que les gens qui ont adopté cette viande ont trouvé la réponse et que nous, pauvres demeurés que nous sommes nous continuons à acheter notre poitrine à l'épicerie.  Ce n'est pas de manger cette viande-là plutôt qu'une autre qui est la solution: c'est de savoir en toute connaissance de cause ce que l'on mange et de choisir la qualité qui nous tente.  Et peu importe ce que c'est l'important est que cela nous aie rendu heureux.

@+ Mariane

2 commentaires:

Gen a dit…

J'ajouterais qu'en alimentation comme en littérature, y'a la possibilité d'adopter une voie moyenne : des plats goûteux et sains, mais faciles à apprécier ou alors des livres bien écrits et bien pensés, mais encore accessibles.

Comme mon chili aux patates douces de ce soir, qu'on a bouffé avec sur des tostitos comme des nachos! ;)

Prospéryne a dit…

Je sais pas ce qui me fait dire ça, mais il me semble Gen, que j'aimerais même les purées de Petite Puce si c'est toi qui cuisine :P