mardi 29 juillet 2014

C'est pas facile d'être une fille de Bach

C'est pas facile d'être une fille  Scénario et dessins de Bach  Mécanique générale  130 pages


Résumé:
Estelle est en couple avec Christian.  Fille normale, un tantinet trop ronde à son goût, adorant faire les magasins, en constante bataille avec son toupet, elle tourbillonne dans la vie sous l'oeil patient et compréhensif de son chum, qui essaie de compenser les surdoses hormonales de sa douce sans prendre trop de coups...

Mon avis:
J'ai eu un peu de mal à embarquer dans cette BD.  Elle est magnifiquement bien dessinée, le scénario est très bon, avec de bons punchs...  Mais je ne m'y reconnaissais pas.  Jusqu'à ce qu'une amie en visite dévore la BD en rigolant à côté de moi et en arrêtant pas de me dire: c'est moi ça!  Et elle avait raison.  Après son départ, j'ai repris le livre en pensant à elle et...  C'est vrai que ça lui ressemblait!  Une BD de «filles» dans lequel ce ne sont pas toutes les filles qui vont se reconnaître donc, mais on connaît toutes une fille comme ça...  Pensez à elle en lisant cette BD: vous aller rire!  Rire parce que l'auteure a un sens de l'humour remarquable et que ces petites histoires font mouche.  Parce que l'on connaît toute quelqu'un qui a déjà regardé dix fois dans une vitrine pour reluquer LA paire de souliers.  Il y a là-dedans une humanité désarmante de vérité.  Le chum d'Estelle est un gars typique: patient avec sa conjointe, démuni devant ses crises de larmes hormonales, il essaie de faire de son mieux dans les circonstances.  Peut-être pas assez romantique, un peu trop porté sur les jeux vidéos, mais il est honnête et sincère, ça se voit.  On a même un peu pitié de lui par moment...  Le dessin est vif et très girly, mais tellement bien adapté au caractère des personnages.  Les histoires racontées sont courtes (trois ou quatre pages), mais sans être des strips pures, tout en ayant un punch réussi à chaque chute.  L'alternance entre les teintes roses et bleus permet de bien distinguer les histoires entre elles.  Quand aux dessins des personnages... Place aux visages aux lignes simples, mais débordants d'émotions.  Disons que les visages sont tellement expressifs!!!!!  Ce n'est pas caricatural, mais j'ai l'impression que c'est très influencé par le courant epic face.  En tout cas, ça y ressemblait et le texte collait bien avec.  Une très belle BD, mais sans doute un peu trop fifille pour moi. :)

Ma note: 4/5

mardi 22 juillet 2014

La mort d'un apiculteur de Lars Gustafsson

La mort d'un apiculteur  Lars Gustafsson  Belfond  221 pages


Résumé:
Lars Lennart Westin est apiculteur en Suède, dans une région peu urbanisée, au bord d'un lac.  Il est atteint d'un grave cancer ou peut-être pas, il a brûlé la lettre de l'hôpital lui annonçant le résultat des tests.  Tout ce que nous avons de lui est une série de courts textes, des lambeaux de ses écrits, sans véritable ordre chronologique, les restes de cahiers retrouvés chez lui.  Après sa mort?  On ne le sait, pas on n'a que ces fragments pour reconstituer son histoire...

Mon avis:
C'est le genre de livre que l'on lit non pas pour son intrigue haletante (y'en a pas), mais tout simplement pour se laisser charmer par le petit morceau de vie dans lequel on plonge.  Lars est sur le point de mourir, enfin peut-être.  La douleur ne lui laisse guère de répit, mais dans l'ignorance du diagnostique, il doute.  Le récit, du fait qu'il est formé de textes éparpillés retrouvés un peu au hasard, comporte peu de structures.  Par contre, on se laisse facilement emporter par le récit de cet homme qui continue sa vie, un peu malgré tout.  Il nous raconte son présent, mais aussi des moments de son passé, de la façon dont cela lui revient, au rythme des anecdotes qui effleurent son esprit.  Ce récit, bien que facile à lire, n'est pas aussi léger que l'on pourrait le penser: sous les apparences se cachent un auteur aguerri qui maîtrise très bien son style.  Cela en fait un roman qui pourrait autant être une lecture d'été qu'une lecture très littéraire, selon l'angle avec lequel on préfère l'aborder.

Ma note: 3.75/5

mercredi 16 juillet 2014

Du cheminement dans la planète blogue

Salut!

Pier-Luc Lafrance a lancé la réflexion il y a quelques jours à propos des blogues des littératures de l'imaginaire.  Ça m'a rappelé qu'environ un an après l'ouverture de mon blogue, j'avais publié un long biais sur ce qui m'a amené à bloguer.  Je crois que ça répond pas mal aux questions.  Je pourrais y ajouter que cela n'a fait que s'améliorer avec le temps.  Il y a eu des hauts et des bas (et quelques bas dû à ma tendance incontrôlable à vouloir maintenir un certain standard de qualité fabriqué par mon propre et toujours exigeant cerveau).  Je remarque aussi que je me suis souvent lamentée sur le web sur certains sujets qui reviennent souvent avec le temps... Chacun ses obsessions!

Par contre, l'autre volet, quand tout est passé du virtuel au réel...  Alors, là, c'est une tout autre histoire!  Je dois dire au départ que je suis une trotteuse infatigable de Salon du livre depuis 2002, première année où j'ai mis les pieds à cette grande foire du livre (ma carte de crédit s'est plainte pendant un moment de cette visite...).  Je suis alors entrée en contact avec pas mal de monde.  Des auteurs surtout, que je me suis mise à suivre plus assidûment.  J'y parlais à tout un tas de monde, mais encore plus après que mon statut professionnel se soit mis de la partie (ouais, libraire, on connaît beaucoup plus de monde dans un Salon du livre!).  Le changement vers des relations passant du virtuel au réel s'est pour ma part fait lors du Salon du livre de Montréal de 2010.  J'avais jasé pendant un certain temps par blogue interposé avec Mathieu Fortin et ça a été la première personne que j'ai rencontré en vrai.  C'est aussi par l'intermédiaire de son blogue que j'ai découvert celui de nombreuses autres personnes, dont Ariane, Dominic et Geneviève.  C'est sur le blogue d'Ariane que j'ai entendu parler pour la première fois du Congrès Boréal.  Quoi????  Un Congrès pour les fans de l'imaginaire???  Ça existe au Québec???  J'étais à peine une semaine à l'avance, je ne pouvais aller qu'à la journée du samedi.  J'étais horriblement nerveuse, au point que j'ai oublié de déménager avant de partir!  Bon, finalement, je connaissais quelques personnes sur place et est venue ensuite le sésame: «J'ai un blogue, ça s'appelle Les lectures de Prospéryne.», «Ah, c'est toi Prospéryne!!!!».  Beaucoup plus de gens que je ne m'y attendais me connaissait..  En plus, ça a coïncidé avec la période où je m'étais inscrite sur Facebook et je me suis fait énormément «d'amis» suite à ce Congrès.  Les liens bloguesques sont venus renforcer le tout.

Alors, voilà, grosso modo comme ça s'est passé de mon côté!

@+ Mariane

dimanche 13 juillet 2014

Zviane et la BD

Salut!

Pendant que je fais une pause de blogue, Zviane, l'excellente bédéiste, a mis en ligne cette petite vidéo sur le processus de création d'une BD. 


Je vous invite fortement à aller la voir!

@+ Mariane

P.S. Bon, je deviens probablement montréalaise parce que je reconnais les coins de rue où la petite vidéo a été tournée en extérieur! ;)

mardi 8 juillet 2014

Les enfants du sabbat d'Anne Hébert

Les enfants du sabbat  Anne Hébert  Points  Seuil  187 pages



Résumé:
1944.  Soeur Julie de la Trinité est novice au Couvent des Dames du Précieux-Sang.  Elle prétend être amnésique, ne pas se souvenir de son enfance.  Bientôt, des visions la prennent, où, à la Montagne de B., une petite fille vit avec ses parents d'étranges cérémonies où se mêlent l'alcool, la drogue et la sorcellerie.  La petite fille finit par se confondre avec Soeur Julie: c'est elle, c'est son enfance qu'elle retrouve.  Et avec ses souvenirs, ses pouvoirs héritées de sa mère et d'une longue lignée de sorcière venue en Nouvelle-France pour perpétuer leur race.  Le Couvent des Dames du Précieux-Sang en verra son existence bouleversée.

Mon avis:
L'écriture d'Anne Hébert est vraiment particulière.  On aime, ou on aime pas.  Ce n'est pas le genre de littérature qui s'aborde facilement.  Il faut vouloir plonger.  Autant j'ai détesté Kamouraska, la première oeuvre que j'ai lu de cette auteur, autant je suis tombée dans Les enfants du sabbat comme un poisson dans l'eau.  Preuve que des années de lecture peuvent permettre de mieux apprécier certains auteurs.  N'empêche, cela reste du Anne Hébert: un univers fait bien plus de perception et d'émotions que de réalité, avec beaucoup de non-dits et de silences.  Beaucoup de trous qu'il faut combler avec nos connaissances de l'âme humaine et aussi, un peu il faut le dire, avec des connaissances historiques sur l'époque, puisque rien n'est expliqué.  L'auteur s'adresse à un public qui comprend les attitudes et les réponses culturelles des contextes dans lequel vivent ses personnages.  Tout au long du roman, il y a une frontière trouble entre la réalité et le monde psychologique de celle qui forme le coeur du récit.  Est-elle honnête, est-elle fourbe, est-elle perdue entre deux mondes, celui de son enfance passée au pied de la montagne de B... et celui de son présent dans un couvent sévère dont on ignore les raisons pour lesquelles elle a passé les portes?  La vérité se met à jour lentement.  On épluche les personnages par couche, comme des oignons.  Leur vérité profonde se révèle seulement après avoir passé un moment auprès d'eux.  Aucun n'est ce qu'il semble être au premier abord.  Derrière le vernis des apparences se cachent des secrets, des désirs profonds et parfois coupables ou la simple volonté de contrôler les autres à défaut de pouvoir contrôler sa propre vie.  Le texte est parfois déroutant.  On passe d'un narrateur-personnage à un narrateur-omniscient en un changement de paragraphe, sans avertissement.  Cela surprend, cela oblige à une certaine vigilance du lecteur qui ne sait jamais exactement sur quel pied danser.  Cela rend le livre plus complexe à lire, mais ça en fait aussi sa beauté.  Combiné au fait que le lecteur ne sait pas non plus à quoi s'en tenir face au personnage principal, on est déstabilisé, complètement questionné par l'intrigue.  Le dénouement surprend, mais en même temps, laisse des ouvertures quand aux interprétations à donner à celle-ci.  On ne sait pas.  On ouvre une porte dans les univers de multiples personnages, on les prend à un moment de leur vie et on ne les comprend pas parfaitement, mais on suit leurs actions et leurs décisions avec un délice certain.  Une lecture déroutante, mais intéressante, sans doute à mettre en relation avec le reste de l'oeuvre de l'auteure.

Ma note: 4.75/5

jeudi 3 juillet 2014

Habibi de Craig Thompson

Habibi  Craig Thompson  Casterman  645 pages



Résumé:
Aujourd'hui, peut-être hier, quelque part en Arabie, ou peut-être dans les grandes steppes eurasiennes, une toute petite fille est mariée par ses parents à un scribe du triple de son âge.  Celui-ci lui apprend à écrire la langue arabe, avec ses arabesques, ses histoires tirées du Coran, ses lettres magiques et symboliques.  Quelques années plus tard, elle vit dans le désert avec Habibi, un enfant noir qu'elle a recueilli.  Avec lui, elle tissera une relation maternelle, qui sera perturbée lorsque l'enfant atteindra la puberté.  Ce livre est le récit de deux êtres marqués par la vie, mais qui saura surpasser leurs divergences et leurs différences pour trouver ensemble la paix.

Mon avis:
J'ai découvert un coup de crayon que je risque de chercher ailleurs!  Craig Thompson nous fait entrer par son dessin dans les mystères et les histoires du monde musulman.  En ne situant pas précisément son histoire ni dans le temps, ni dans l'espace, il rend hommage à l'imaginaire commun d'une multitude de peuples.  Le point commun?  L'écriture arabe, toute en arabesque et les histoires qu'elle a permis de transporter. D'ailleurs l'esthétique de l'album, en dehors des images directement liées à Dodola et à Habibi sont toutes en arabesques ou en images géométriques typiquement arabes: des mosaïques.  On nous explique même la source de ses images leur sens profond.  Cela trempe dans la culture arabe, dans cette partie de la psyché d'une culture construit dans l'imaginaire et qui n'est pas nécessairement visible pour l'étranger, tout en rythmant profondément la vie des habitants.  On aborde beaucoup de sujets liés à la culture arabe: les harems, le désert, l'importance de l'eau.  On voit aussi certaines caractéristiques plus liées à la culture ottomane ou indienne: la castration, les eunuques, les hommes qui se déguisent en femmes et vivent en communauté.  L'histoire pourrait être triste tellement les épreuves jalonnent le parcours des deux principaux personnages.  Cependant, ils auront la force de trouver leur voie à travers celles-ci.  La fin est pleine d'espoir.  Ils ne sont pas tirés d'affaires, mais on comprend qu'ils avanceront désormais ensemble, unis.  Ce n'est pas une histoire à l'eau de rose, c'est une histoire de résilience, de survie et d'espoir en l'avenir.  Une histoire dont on ne peut voir venir la fin, une histoire qui captive et qui nous garde scotchée aux pages.  C'est une brique de plus près de 700 pages, ok, c'est de la BD, mais tout de même, je l'ai lu en deux jours seulement.  J'avais hâte de retrouver Dodola et Habibi.  En tout cas, l'auteur a un sens de l'histoire et du dessin magnifique.  Je ne sais pas si cette BD est l'exception plutôt que la règle dans l'oeuvre de Craig Thompson, mais c'est vraiment un auteur à découvrir.

Ma note: 5/5