Dans mes premiers souvenirs de lecture, il y a cette série de livres à la couverture rose cartonnée qui traînaient dans mon garde-robe, attendant que je sache lire. En fait, mes souvenirs parlent de deux séries. L'une était la favorite de ma mère alors qu'elle avait le même âge, la série des Sylvie. J'ai lu environ trois pages de l'un des romans, je n'ai pas accroché et j'ai mis de côté ces livres-là. Ma mère n'a rien compris à l'époque pour mon manque d'engouement envers sa série fétiche. Non, les livres que j'ai dévoré, au point d'en faire quasiment une obsession, ce sont les romans de la Comtesse de Ségur, ceux de la collection de la Bibliothèque rose.
Ceux-là! Source de l'image, ici |
C'est bizarre, j'avais presque oublié la Comtesse. Après tout, j'ai lu toutes ses oeuvres avant d'entrer au secondaire et même à la fin du primaire, je m'en étais éloignée. Mais entre l'âge d'environ huit à dix ans, j'ai dévoré les uns après les autres les romans de cette série. Les petites filles modèles, bien sûr, mais pas que. J'ai dévoré les autres livres, L'auberge de l'ange-gardien, Le Général Dourakine, Les malheurs de Sophie , Les vacances et bon, en fait, je les aies presque tout lus...
J'aimais ces histoires, avec les dialogues intercalés entre les paragraphes de description. Aujourd'hui, je trouve la mise en page plus proche du théâtre que du roman, mais à l'époque et comme tous les livres nouveaux que je lisais, c'était ma référence, mon modèle et je lisais tous les autres livres à la hauteur de celui-ci. J'adorais aussi ses longues listes de descriptions, quand elle décrivait avec soin le trousseau d'une poupée (le trousseau est l'ensemble des vêtements et literie que possède une poupée, n'est-ce pas chou comme expression?). J'aimais ses situations nettes, ses caractères tranchés entre les bons que l'on adoraient et les méchants que l'on détestaient. Entre eux, les repentis, qui passent du camp des méchants à celui des gentils, transfuges d'une autre époque.
Le charme de ses romans quand j'y repense est surtout suranné. C'était une autre époque, d'autres gens, une autre mentalité, mais surtout, une autre conception du monde. Elle a bercée mes souvenirs de lecture à un âge où on lit tout ce qui nous tombe sous la main quand on aime lire. J'ai traqué les exemplaires qui manquaient à ma collection dans les ventes de garage et les autres endroits où l'on trouvait des livres usagés, harcelant mes parents dès que je trouvais un exemplaire manquant à ma collection. Elle doit en ce moment dormir quelque part dans une boîte chez eux, tranquilles dans leurs couvertures roses. Il ne doit manquer qu'un ou deux tomes à cette intégrale, la moitié étant dans un état extraordinaires et les autres ayant affrontés les tempêtes de la vie. Tout dans ses livres est relié aux souvenirs de l'enfance.
En fait, j'avais presque oublié la Comtesse. Elle était cachée dans un coin de mon esprit, calme et sage comme l'une de ses petites filles modèles. Elle a resurgit au travers de ma passion des balados, quand une émission d'une heure lui a été consacrée. Et avec elle, une myriade de souvenirs sont remontés à la surface. Et ce sont de bons souvenirs, quoique la morale qu'elle défend est à milles lieues de celles que j'ai aujourd'hui en tant qu'adulte.
La Comtesse m'aura quand même ouvert toutes grandes les portes de la littérature, aura été le pont entre les albums et les livres, à cheval entre les deux avec ses couvertures cartonnées et ses illustrations aux quelques pages. D'autres livres, d'autres auteurs auraient pu jouer ce rôle, mais c'est elle qui l'a tenu. Je l'ai remercie.
Merci pour tout, Madame la Comtesse de Ségur. Sachez seulement que maintenant, vos livres qui m'ont tant émerveillés n'ont été que les premiers pas que une route que je parcours encore avec joie, même aujourd'hui. Merci d'avoir ouvert la porte, mais merci aussi de m'avoir permis de m'éloigner de vous sans remords et de rester dans mes souvenirs d'enfance comme un magnifique soleil de printemps.
@+ Mariane
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