jeudi 30 janvier 2020

La véritable histoire vraie: Torquemada de Bernard Swysen et Marco Polo

La véritable histoire vraie  Torquemada  Scénario de Bernard Swysen  Dessins de Marco Polo  Dupuis  60 pages


Résumé:
Thomàs de Torquemada est le plus connu des Inquisiteurs de l'histoire.  Dévot au plus haut point, rigide et résolu, fanatique religieux, il a fait régné la terreur dans la péninsule ibérique, torturant et tuant tous ceux qui ne partageait pas sa vision rigoriste du christianisme.  C'est son histoire que l'on raconte ici, sa véritable histoire.

Mon avis:
Rire de la torture. Rire du pire de l'histoire humaine.  Rire sans doute pour ne pas frisonner d'horreur.  Et pourtant, rire.  Parce que oui, on rit dans cette BD qui raconte pourtant une tranche atroce de l'histoire humaine.  L'Inquisition espagnole a été impitoyable autant avec les siens qu'avec ceux qu'elle a pourchassé avec pugnacité, les juifs, convertis ou non.  Tout au long du livre, même si on est centré sur Torquemada, on sent cette terreur, cette déchirure parmi la population qui n'a rien demandé du fanatisme religieux qui lui est tombé dessus.

Torquemada est montré, dès le départ, comme un être d'une froideur et d'une efficacité quasi-démoniaque.  Pour le faire, le dessinateur l'a dépeint sous les traits d'un être presque inhumain, reflet de son âme noire (même nouveau-né, il a cet aspect).  Par contre, sa foi, profonde depuis l'enfance et sincère, même si elle touche au fanatisme, est amplement montrée.  Cela donne un personnage intéressant, atrocement efficace, dévoué à l'extrême, manipulateur et capable d'être à l'origine des pires horreurs, mais pourtant, parfaitement logique et équilibré dans sa vision du monde.  Son idéal de pureté, qu'il chéri, s'il n'est qu'une facette de son fanatisme, peut paraître extrêmement normal dans son monde paranoïaque dans la défense de la foi.  Bref, on a beau être dans une BD, le dessin et le scénario marche main dans la main pour nous montrer un portrait psychologique finement détaillé.

D'ailleurs, la torture est amplement montrée dans la BD, mais pourtant, on ne ressent pas de dégoût, ni de terreur.  Tout est transformé en humour, tellement qu'une visite dans les donjons de l'Inquisition est prétexte à une série de bonnes blagues, du genre, Torquemada demande à un homme s'il a perdu sa langue et un bourreau lui dit que oui en la lui emmenant au bout d'une pince...  Ce double-jeu de l'humour sert bien le portrait de l'homme, qui a semé la terreur, mais en le rendant apte à être assimilé par le lecteur contemporain.

Le dessin des personnages, à l'exception notable de Torquemada, emprunte aux rondeurs dans le trait des personnages des classiques de la BD belge et emmène une touche bon enfant au récit.  On est dans un récit historique, mais on flirte à bien des reprises avec d'autres styles. Et les dessins sont foisonnants de détails dans les costumes et l'architecture.  Ça a l'air simple, mais ce ne l'est pas.

Bref, une BD super agréable à lire, bien écrite, qui fait connaître un bout d'Histoire avec un grand H, tout en faisant un remarquable portrait d'une personnalité ambiguë et complexe.  Bref, ça se résume en trois mots: coup de coeur!

Ma note: 5/5 💖

2 commentaires:

Gen a dit…

Wow! Ok, c'est sur ma liste là!!!

Prospéryne a dit…

Je te la prêterais volontiers, mais je l'ai prise à la bibliothèque.