lundi 20 janvier 2020

De la géographie

Salut!

Je parle souvent du fait que j'ai étudié pour devenir prof d'histoire et de géographie.  J'en parle la plupart du temps parce que ma formation en histoire m'a énormément apporté, tant au sens propre, les connaissances, qu'au figuré, les méthodes que cette discipline.  L'historien a des outils: critique des documents historiques, ligne du temps, analyse sur le long terme.  Tous ces outils comportent des méthodes et ils peuvent être utilisés dans bien des domaines de la vie.  Entre autre, la critiques des documents s'avère pour moi une précieuse ressource à notre ère de fake news.  J'ai appris à le faire à une époque où Wikipédia était encore considéré comme l'antichambre du démon.  Ça me fait sourire quand j'y repense aujourd'hui!

Je me sers aussi de l'autre branche de ma formation, même si elle est moins évidente pour quelqu'un qui ne le sait pas: la géographie.  Oubliez tout de suite les cours de géographie que vous avez eu au secondaire.  Ce que l'on m'a enseigné à l'université était situé sur un autre continent.  Oubliez la liste des rivières et des bassins hydrographiques, laissez derrière vous les noms des villes et leurs populations, aller hop aux oubliettes les noms des continents et des océans, des caps et des détroits, laisser s'accumuler la cendre sur vos connaissances des volcans et de la théorie de la dérive des continents.  Tout cela appartient au domaine de la géographie physique, qui, aux dires de mon premier prof de géographie humaine, était indigne de se faire donner le titre de géographie.  Il a continué son discours, malgré les visages allongés de déception des futurs enseignants que nous étions.  Parce que, hé bien, on avait choisit ce métier parce qu'on a avait tripper là-dessus au secondaire non?

Je précise que ce prof a été le pire de mes quatre années de baccalauréat, l'un des plus mauvais pédagogues que j'ai dans la totalité de mon cursus scolaire, le plus tranchant sur sa matière et l'un des plus détestable sur la correction.  J'ai fini le cours avec une note de 59.56%, soit l'exacte limite qui m'a permis de passer le cours par la peau des fesses.  J'ai maudit ce prof, je l'ai détesté, lui et sa foutue matière auquel je ne comprenais rien ni du cul ni de la tête avec ses examens digne du XIXe siècle.  Je suis sortie de mon dernier cours avec un immense sentiment de soulagement, convaincue que je n'aurais plus jamais à entendre parler de ses élucubrations de gars déconnecté.

J'avais tort.

Terriblement tort.

Même si je l'ai hautement détesté, haï (et même secrètement rêvé de l'éviscéré vif), ce prof m'a appris à voir le monde autrement.  C'est à lui que je dois de regarder l'organisation des quartiers que je découvre au hasard de mes déplacements, à comparer les architectures pour comprendre les plans de développement des villes et des villages.  C'est à lui que je dois d'avoir développé l'oeil pour saisir les différences entre les niveaux de vies des quartiers d'une même ville grâce à l'organisation urbaine.  C'est grâce à lui que je remarque attentivement les plans des rues et que je comprends la volonté derrière les arrêts et les zones de 30 km/h.  C'est à lui que je dois en voyage d'observer l'organisation du territoire depuis le hublot des avions, la façon de diviser et d'occuper l'espace en disant autant sur les habitants qu'eux-mêmes peuvent en dire.  Bref, c'est lui qui, de manière abjecte et à mon corps défendant, m'a fait découvrir la géographie humaine, soit le domaine d'études qui se spécialise dans les relations entre l'homme et les différents territoires qu'il habite.  C'est un domaine d'étude qui, s'il n'est pas enseigné par une horrible tête de pioche, obtuse, archaïque et tatillonne, peut être fascinant.

Depuis le temps, j'ai fait le ménage dans les différents enseignements reçus lors de ma formation universitaire.  Et récemment, je me suis moi-même surprise à repenser à tout ça en lien avec la fiction, autant celle que j'écris que celle que je lis ou que je regarde.  Parce que, qu'on le veuille ou non, la géographie est partout.  Elle explique, elle fait comprendre, elle donne des indices, elle instruit et elle renseigne.  Sauf qu'elle a ses propres outils également, qui ne sont pas les mêmes que ceux de l'histoire.  C'est à un autre langage qu'elle fait appel.  Certaines de ses règles de base sont respectées de façon inconsciente par les auteur(e)s: c'est naturel de voir et de présenter les choses d'une certaine façon parce que justement, c'est logique.  Déroger de ces règles par contre peu faire sembler un univers incohérent ou en carton-pâte.  Parce que même si on ne les connaît pas et on ne les maîtrise mal, elles s'appliquent. 

Ça m'a donné l'envie d'en faire une série de billets.  Parce que même si la géographie humaine n'est pas une discipline qui est aussi populaire que l'histoire comme source d'inspiration des auteurs, elle a son rôle à jouer dans les séries de fictions, surtout celle de l'imaginaire, même c'est loin de s'y limiter.  Je me propose d'explorer les outils de la géographie en faisant des liens avec mes trois genres de prédilection: la science-fiction, le fantastique et la fantasy.  Évidement, je n'ai pas retouché la géographie humaine depuis mes études, je n'entrerais donc pas dans les détails précis, ni ne ferait une présentation qui se veut exhaustive et à la fine pointe de la discipline.  Je pense cette série comme un tour d'horizon pour faire voir la fiction autrement.  J'ai en tête une série de cinq ou six billets, mais je ne sais pas le nombre exact que cela va donner au total, tout dépendra de l'inspiration (et de la suite dans les idées!).   Rendez-vous donc dans les prochaines semaines/mois pour en avoir une petite idée.

@+ Mariane

4 commentaires:

Gen a dit…

Oh génial! Mes seuls contacts avec la géo humaine ont été via un cour donné par un prof d'une platitude consommée (coudonc, c'est commun dans cette discipline) qui s'intitulait "organisation du territoire antique et médiéval". Ça m'avait laissé une grande soif d'en apprendre plus... avec quelqu'un d'autre!!! Lolol!

Prospéryne a dit…

Si c'est à l'UQÀM, ça se peut que ce soit le même...

Gen a dit…

M'étonnerait, le mien c'était un médiéviste aussi spécialisé en géographique humaine, avec un accent allemand à couper au couteau (l'effort pour le comprendre était le seul truc qui nous gardait éveillés)

Prospéryne a dit…

Ok, non, c'était pas le même! :P