Salut!
Il y a deux semaines, j'ai publié un effet sur la théorie du ruissellement, théorie qui veut, au niveau littéraire, que le contact d'une oeuvre d'un genre particulier permettent d'entrer en contact avec le genre en général et de découler vers les autres oeuvres qui le composent en prenant comme exemple, le fameux effet Harry Potter. Comme le faisait si justement remarquer une charmante amie blogueuse dans les commentaires (si tu te reconnais Gen, c'est normal), l'effet de ruissellement ne se remarque pas très souvent. C'est une vue de l'esprit, inspirée d'une théorie économique qui n'a jamais connu beaucoup de succès dans la réalité. Cependant, en relisant mon billet et les commentaires, j'ai repensé un détail qui ne m'avait pas surprise lors de sa rédaction: j'y aborde par la bande le sujet des bulles, un autre phénomène qui touche pas mal le monde du livre, mais aussi le monde dans son ensemble.
Une bulle, c'est un univers en soi, un univers complet qui se nourrit de lui-même. Vous aimez tel genre de littérature? Le propre d'un bulle c'est de vous ramenez sans cesse à cela, sans cesse à ce genre, avec de subtiles variations qui vous donnent l'impression que quelque chose a changé, mais dans le fond, rien. Et vous avez l'impression de découvrir, d'évoluer, alors que dans le fin fond... non. Je parle de littérature parce que c'est ce que je connais de mieux, mais cela s'applique à tous les domaines et en particulier, aux idées en politique.
Le propre d'une bulle est de ne pas savoir que l'on est dans une bulle. Je cite directement d'un film que j'ai vu il y a quelques années, The big short sur la crise financière de 2008. L'action du film prend place avant la fameuse crise financière et montre combien les gens qui y participent n'ont au fond aucune idée dans quoi ils vivent. Ils y participent sans en être conscient. Ainsi en est-il de bien des domaines.
Dans le fond, mes lectrices invétérées de Barbara Cartland, à la belle époque où j'étais libraire, étaient dans une bulle. Je les plaignais d'une certaine façon. J'avais un peu pitié d'elles. Elles n'étaient pas conscientes de ce qu'elles vivaient, dans la bulle dans lequel leur univers littéraire était restreint. Comment auraient-elles pu? À part moi, de l'autre côté du comptoir qui commandait leurs livres et les leur donnaient une fois arrivés, quel contact avaient-elles avec d'autres livres, avec d'autres genres? Presque pas. Qui auraient pu les faire sortir de leur bulle? Je les aies souvent dénoncées, sans aller plus au fond du concept: tout était fait, pensé et conçu pour les garder dans leur bulle. Il aurait fallu un effort de leur part pour en sortir. Parfois un effort violent.
Et pourtant... La librairie, avec la bibliothèque, est un des rares endroits où la bulle peut être percée de nos jours. On parle du web comme de la panacée, mais les algorithmes auront tôt fait de vous orienté vers un livre ou vers un autre, selon votre historique de recherche. La librairie et la bibliothèque, sont des lieux qui ont une certaine radicalité contre l'ordre des préférences. Certes les présentoirs sont pleins de nouveautés, mais sur les rayons, Alexandre Dumas côtoie Marguerite Duras qui a écrit un siècle après lui. Margo Vargas Llosa ne sera pas loin de Jules Verne et occasionnellement, Stephen King pourra reluquer Sophie Kinsella. L'ordre alphabétique se fout de la popularité ou de la pérennité voire même du genre. Sans compter que passé l'effet de nouveauté, un livre aussi populaire que Le Secret sera placé à côté d'un obscur ouvrage du même genre.
Alors la bulle? Je dirais que d'être conscient d'être dans une bulle aide. D'être conscient que les bulles existent aussi. Mais rien n'est parfait. Le mieux est d'être capable d'aller vers ce qui nous confronte, ce qui nous pousse à nous remettre en question, à ce qui nous est étranger, à apprendre de tout ça et à l'intégrer à notre vie. Quitte à l'inconfort que cela amène.
Mais dans notre univers où on nous oriente toujours vers ce que nous aimons déjà, qui en est vraiment capable?
@+ Mariane
2 commentaires:
En effet, les libraires et les bibliothèques sont un bon antidote contre les bulles. De même, de manière générale, que le réel! lol! Les algorithmes ont rendues les bulles nombreuses et difficiles à percer (à moins de s'amuser à liker des trucs qu'on aime pas vraiment - comme je fais parfois - juste pour rester au courant!). Mais dans tous les congrès, salons et autres lieux de rencontre (tousse tousse, on parlera pas de la bulle littéraire, ok?), ainsi que dans les partys de famille ou activités sportives on finit par rencontrer des gens qui n'étaient pas dans notre bulle virtuelle. Et ça, ça fait du bien!
Découvrir, comprendre, apprendre, voir un autre point de vue... Ça fait partie des merveilles de la vie. Et c'est quelque chose de vraiment génial. On est en train de devenir tous hypersensible à la différence à force de ne pas y être confronté...
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