vendredi 16 novembre 2018

L'Amérique ou le disparu de Réal Godbout d'après Franz Kafka

L'Amérique ou le disparu  Scénario et dessins de Réal Godbout d'après le roman de Franz Kafka  La Pastèque  184 pages


Résumé:
Karl Rossman a été envoyé en Amériqe par ses parents après que la bonne qui avait jeté son dévolu sur lui se soit retrouvée enceinte.  Il tombe d'abord sur son oncle qui l'accueille et le protège un moment, avant de le mettre à la porte pour des raisons obscures, deviendra amis avec deux larrons chômeurs qui le prendront sous leur aile et se serviront largement dans ses effets personnels, puis bénéficiera de la bonté d'une cuisinière d'un hôtel avant de se faire mettre à la porte dudit hôtel dans un coup largement monté.  Bref, c'est du Kafka, mais en bande dessinée.

Mon avis:
Les malheurs d'Archie résumerait bien ce livre.  Car dans le dessin des personnages, on sent une ressemblance avec le célèbre personnage de comics.  Cependant, le dessin est en noir et blanc et les mésaventures de Karl Rossman n'ont rien de drôle même si on rit parfois.  Comme c'est une adaptation de Franz Kafka, on sait déjà au départ que tout va tourner mal et que la fin ne sera pas heureuse, mais quand on voit le sort s'acharner sur le personnage principal, qui est trop bon et un peu naïf, on ne peut qu'avoir à la fois pitié de lui doublé d'une envie parfois de lui donner quelques claques.  

Il y a une grande précision dans le dessin.  La grand majorité des plans sont près des personnages, en particulier de Karl.  On suit l'intrigue à la hauteur de ce personnage ce qui nous le rend proche, sans aller jusqu'à dire qu'il est attachant.  Le travail des décors et des costumes rappellent d'autres BDs (Archie pour les personnages, Tintin pour les décors) dans le traitement, ce qui permet d'ancrer l'atmosphère, il faut bien le dire, kafkienne, de ce récit.  Certains plans inventifs permettent d'ailleurs d'entrer dans la tête de Karl.  Comme lorsqu'un des larrons lui dit qu'à force de se faire traiter comme un chien, on finit par en devenir un et que ce personnage, le temps d'une case, devient un chien lui-même.  L'intrigue, bien que faite d'une succession de malheurs, est très réaliste et on se prend à se dire que c'est sans doute déjà arrivé à quelqu'un...  Le dessin nous permet de suivre cette intrigue, de faire corps avec elle.  Ce n'est pas joyeux, on ne sort pas heureux de cette lecture, mais on peut mesurer tout le talent de l'auteur d'avoir réussir à la transcrire en bande dessinée.

Ma note: 4.25/5

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