jeudi 30 mai 2019

De synthèse de Karoline George

De synthèse  Karoline George Alto  Lu en audio  Raconté par Magalie Lépine-Blondeau  5h 06 min  Disponible gratuitement sur le site de Radio-Canada


Résumé:
La narratrice de cette histoire est une femme qui cherchera toujours à fuir, à fuir son corps, à fuir sa famille, à fuir son image pour ne devenir qu'une image inventée, une impression, un avatar.  Perdue dans l'univers numérique, elle est forcée de revenir à la réalité quand la maladie de sa mère la confronte à la réalité de son propre corps.

Mon avis:
Ce livre est très particulier, dans le sens de personnel, d'intime.  Il parle de la relation avec le corps, de la relation avec l'univers numérique, de la relation avec l'image que l'on a de soi-même et de la façon dont on peut la façonner à sa guise.

Le récit est un long, très long monologue, qui part de l'enfance et se rend jusqu'à l'âge adulte et même un peu plus.  À travers ce monologue, on comprend la vie de cette personne, mais pas au niveau de ses interactions avec les autres ou des événements extérieurs, non.  Cette vie est entièrement tournée vers elle-même, vers ses propres réflexions, son propre cheminement, isolée des autres.  Ses liens avec le monde, elle les vivra à travers l'art, sous toutes ses formes, littérature, cinéma, séries télés, de tous les genres et de toutes les époques qu'elle traversera, autant pointu que populaire.  Elle baigne d'ailleurs dans la culture pop de belle façon.  Les hommages aux personnages de notre enfance et aux comics sont nombreux et bien ficelés dans l'histoire.  On comprend à quel point, mais dans ce roman très littéraire, Batman, Captain America et les autres font intégralement parti de sa psyché, autant que les films de répertoire et la peinture des siècles passés.  Sans même que ça fasse tâche ou forcé.

Quand à la langue...  Ouf, ce livre est un petit bijoux d'écriture, ciselée, élégante, puissante, poignante et en même temps aérienne.  À travers ses mots, l'auteure nous fait ressentir la légèreté de celle qui ne veut plus au fond être autre chose qu'une image.  La narratrice n'a pas de corps dans son esprit et ça se sent dans la façon dont elle manie les mots.  Son rapport à son corps changera quand celui de sa mère, avec qui elle a une relation extrêmement complexe, sera ravagé par le cancer.  Toute la complexité de cette relation, ainsi que les problèmes de santé mentale de la narratrice, on le ressent, on le vit à ses côtés.

La narration de Magalie Lépine-Blondeau, avec sa voix chaude et suave, donne une belle vie à ce roman, qu'elle lit avec une grande précision dans la prononciation, rendant toute la saveur du texte.  C'est une belle réussite.

Ma note: 4.5/5

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