mardi 2 février 2016

La fiction pose des questions

Salut!

Ok, attachez vos tuques ce matin, il me semble que mon cerveau a fini par accoucher de plusieurs petits trucs qui me trottent dans la tête depuis un moment.  (Pour ceux qui ne l'auraient pas compris en me voyant, j'ai dans la tête une roue de hamster qui tourne en permanence à 200 tours/minutes sur un paquet de sujet.  Ça finit par donner des résultats! :P )

La fiction.  Vaste sujet.  La fiction, donc l'imaginaire, la créativité, a, de toutes époques, servit de moyen de «tester» les possibilités inhérente à une technologie ou à une invention ou même plus simplement, à une nouveauté dans le domaine social que l'on ne pouvait pas encore imaginer.  Bien avant de voir quelque chose arriver dans nos vies, des auteurs se sont amusés à un jeu: qu'est-ce qui se passerait si telle ou telle chose arrivait?  La beauté de la chose, c'est que l'art est un terrain de jeu où tout reste théorique.  Les scientifiques voient souvent arriver des résultats concrets de leurs recherches et doivent vivre avec les conséquences de celles-ci, soit sur leur propre vie, soit sur celle de population entière.  Dans le pire des cas, l'auteur vivra avec les conséquences de son oeuvre, mais rarement celle-ci aura la puissance d'une bombe atomique.  Quoique...

On peut tout explorer grâce à la fiction.  Tout, du social à l'intime, du minuscule au phénoménal, du quotidien à l'événementiel.  On peut tester les impacts de la science (que se passerait-il si on trouvait un vaccin capable de guérir toutes les maladies?) ou des changements sociaux (parler ouvertement de couples gais n'a sans doute pas dû être facile à une époque pour leurs auteurs) ou de n'importe quel autre sujet.  On peut déconstruire le monde pour mieux le reconstruire, lui donner des bases différentes, le réinventer, en changer le passé, le présent et l'avenir.  C'est un vaste terrain d'essai.

Non, un livre ne changera pas le monde, pas en tant que tel, mais oui, il le changera.  Parce que d'essayer quelque chose, même artistiquement, même juste dans un livre, c'est en quelque sorte donner vie à cette possibilité.  Cela la rend réaliste, plausible, même si elle reste fictive.  One le sait que l'on ne possède pas la technologie pour voyager dans l'espace, mais le fait que Star Trek et Star Wars nous ont montré des vaisseaux qui voyage entre des planètes à des distances infinies nous permet de saisir cette réalité comme étant quelque chose de concret.  Cela trace un chemin, force à réfléchir, ouvre de nouvelles voies.  Voilà pourquoi, à peu près à toutes les époques, de simples romans ont valu à leurs auteurs d'être poursuivis, voir condamnés.  Peu importe leurs idées, il suffisait qu'elles déplaisent aux autorité pour être bannies.  D'autres ont littéralement changé la façon de voir un enjeu, La case de l'oncle Tom aux États-Unis par exemple, a changé la façon de voir l'esclavage.  Parce qu'un auteur, en créant sa fiction, pose des questions, imagine des réponses et ses réponses ne sont pas toujours ce que peut imaginer la société vivant à cette époque.  Et si les femmes étaient éduquées autant que les hommes, comment cela changerait le monde?, se demande Christine de Pisan.  Un monde dominé par la raison peut-il exister?, se demande Voltaire.  Quelles sont les possibilités de la science?, se demande Jules Verne, et ainsi de suite.  Comment un monde où la magie existerait vraiment pourrait cohabiter avec le nôtre?, s'est demandé JK Rowling.  Tout a commencé par une simple question qui a titillé l'esprit de son auteur, au point qu'il a imaginé une réponse à cette question et l'a fait en racontant une histoire.  Peut-être pas toute la vérité, peut-être pas tous ses aspects, mais il a essayé de répondre à la question qu'il se posait.

La fiction permet de poser des questions, d'essayer, de tester.  En ce sens, elle permet de repousser les limites de ce qui existe déjà.  Et ce faisant, elle élargit notre univers.  Pas toujours d'un seul coup, pas toujours en enfonçant des portes.  Parfois, simplement en nettoyant un petit carreau d'une fenêtre sale qui empêche la lumière d'entrer.  Personne ne peut connaître la résonnance d'une oeuvre d'art, ni sa portée.  Parce que si un auteur s'exprime sur ses questionnements personnels, rien n'est dit que ceux-ci ne résonneront pas avec celles de milliers d'autres personnes.  C'est lorsque cela arrive que la fiction aide le plus: elle aura alors donné des modèles à ceux qui cherchaient des réponses sans pouvoir les trouver.

@+! Mariane

2 commentaires:

Gen a dit…

Magistrale explication de l'apport des romans dans la vie intellectuelle des gens! :) Merci, je vais la garder sous le coude pour un éventuel atelier.

Je pense que, mine de rien, tu soulèves aussi le procédé de base pour écrire une bonne histoire : commencer en se posant une question qui nous turlupine! :)

Prospéryne a dit…

Ça vaut la peine de laisser tourner mon hamster des fois :P