Check-Point Jean-Christophe Rufin NRF Gallimard 387 pages
Résumé:
Maude, vingt-et-un ans, s'est engagé dans la voie de l'humanitaire. Au volant d'un quinze tonne, la voilà en route vers la Bosnie en plein milieu de la guerre déchirant Croates, Serbes et musulmans, jusque-là voisins, au tournant de la moitié des années 1990. Accompagné de quatre compagnons, elle essaie avant tout de tailler sa place comme personne au sein du groupe et non comme femme. Un événement inattendu ne tardera d'ailleurs pas à bouleverser les plans originaux. Et va amener les cinq membres du groupe dans un huit-clos entre deux cabines de camions, en plein milieu du danger.
Mon avis:
Euh, pas convaincue? Alors que je dois à l'auteur certains de mes plus grands frissons littéraires, je dois avouer que le cru de l'an dernier et celui de cette année me paraissent être le travail d'un homme qui s'assoit un peu sur le travail déjà fait. Le côté technique de son écriture et de la conception de ses personnes laissent poindre le bout de leur nez. À vraie dire, je ne serais pas loin de croire que l'auteur se regarde un petit peu écrire. Des personnages, seule Maude m'a parue complètement réelle. Une jeune fille qui essaie de percer dans un monde encore dominé par les hommes, même s'ils s'en défendent, qui tente d'être considérée comme une personne, loin des jeux de drague et des histoires d'amour à l'eau de rose. Elle est là pour conduire un camion, pour aider les gens aux prises avec la guerre, pas question pour elle de profiter de l'occasion pour faire les yeux doux à quelqu'un. En cela, elle détonne. Alex aussi m'a beaucoup plu, même si son histoire d'amour à lui m'a paru empreinte de naïveté. Il restait touchant, mais un peu enfantin. Lionel en chef de groupe cherchant à imposer son autorité et Marc en dur à cuire, humanitaire dans ses buts, mais soldat dans l'âme pour ses façons de faire, m'ont paru un tantinet moins bien construit. Quand à Vauthier... Euh, caricature en vue? Je n'ai pas cru en ce personnage, mais pas du tout. Tout en lui me puait le personnage créé de toutes pièces pour être utile à l'histoire, pour être un antagoniste, pas une personne à part entière. Le huit-clos est bien mené, mais ce n'est pas là que réside le talent principal de l'auteur, pourtant extrêmement habilement mené dans Rouge Brésil. Par moment, dans des paragraphes plus descriptifs, il laissait poindre de son talent, de la magie de son écriture: là est son talent. L'art de nous faire voir les choses sans les nommer, mais aussi de nous transporter au fond de l'âme de quelqu'un, dans ses tourments, ses réflexions et ses déchirements. Dans la mise en place d'une atmosphère propre à chaque décor également. Écrit un peu trop vite? Le rythme de parution de l'auteur semble s'accélérer depuis quelques années, cet opus s'en ressent certainement. Par contre, le sujet en lui-même avait beaucoup de sens et méritait qu'on en fasse un roman. Je ne dévoile rien pour laisser le suspense, mais il questionne les fondements de l'humanitaire et le pourquoi de ses actions. Pourquoi aller porter des couvertures et des médicaments à des gens prisonniers de la guerre alors que ce dont ils ont le plus besoin, c'est de la paix? Jusqu'où doit aller la neutralité des humanitaires dans des situations inextricables? Des questions qui méritent d'être posées, mais ce à quoi l'auteur nous donne une réponse qui n'est pas le fruit d'une réflexion portée à son maximum. Plutôt une version préliminaire de ce qui a le potentiel d'être encore plus grand.
Ma note: 3.5/5
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