mardi 3 janvier 2017

Didactique ou artistique?

Salut!

Nombreux ont été les auteurs à travers les époques à défendre une thèse au travers d'une histoire.  Par thèse, je veux dire une idée, un concept, une vision du monde.  Souvent dans le domaine social, mais pas uniquement.  Pour le faire, ils ont emprunté la voie de la fiction, donnant des romans qui ont fait école... ou qui ont mordu la poussière.  Dépendant des cas.

Quand on écrit une oeuvre de fiction, il faut commencer par avoir une idée de base.  Celle-ci est simple et habituellement, elle peut être résumée facilement en une petite phrase.  L'idée de base derrière La case de l'Oncle Tom?  L'esclavage est mauvais.  L'idée de base derrière Harry Potter?  Les différences peuvent nous enrichir.  Star Trek?  Rien n'est impossible.  Ok, ce sont des phrases courtes, qui rassemblent les idées essentielles derrière ces oeuvres.  Remarquez que l'on y parle pas des personnages et de leurs actions.  Ce n'est pas important.  Parce que l'on construit tout le reste à partir de cette idée.

C'est là le travers des gens voulant faire une oeuvre didactique: ils se mettent à parler plus de cette idée que laisser la place à leurs personnages.  Et malheureusement, ça se voit souvent à l'écriture.  Quand on lit l'histoire, on sent trop cette idée que l'auteur nous renvoie dans les pattes au travers d'une réplique ou d'un détour de l'intrigue.  Les idées de l'auteur finiront par sortir quasi-textuellement de la bouche d'un personnage, ce qui est presque le pire dans ce genre de situation!  Et plus souvent qu'autrement, c'est beaucoup trop flagrant pour être honnête!  On noie l'histoire derrière l'idée alors que l'idée devrait être au service de l'histoire.  Si on vous fout trop une idée sous le nez en vous racontant une histoire, vous décrochez.  Les auteurs ayant cette tendance devrait faire une carrière de journaliste au lieu de romancier: là, c'est plus important que l'idée prenne le pas sur la ou les histoires racontées dans l'article.

Au fait, vous voulez un exemple de vraiment très très mauvais usage de la didactique?  Les romans édifiants, populaires au XIXe et au début du XXe siècle.  Vous savez, ces romans qui voulaient à tous prix vous montrer le droit chemin de la morale, chrétienne la plupart du temps?   Les bons étaient récompensés, les méchants étaient punis.  Si vous en avez lu, vous savez combien ça peut être lourd à lire parce que l'intention de l'auteur est trop manifeste.  La plupart des romans contemporains sont moins ostensible, mais...  ça peut devenir très lassant très vite quand même!  Au fait, ces grands romans édifiants ne sont pas ceux qui ont le mieux passé l'épreuve du temps.  Contrairement à certaines histoires scabreuses...  Madame Bovary quelqu'un?

Un auteur servira d'autant plus son idée qu'il la garde à l'esprit, mais qu'il se concentre sur ce qui fait le fond de son livre: ses personnages et l'intrigue.  Les personnages doivent être riches et complexes, l'intrigue suffisamment dense pour nous captiver.  Parce que c'est exactement ce qui va faire réagir le lecteur.  C'est ÇA qui marquera les esprits.  C'est ÇA qui transportera l'idée et si le travail est bien fait, les gens le comprendront sans même s'en rendre compte.  Avant que je le dise, aviez-vous remarqué l'importance accordée aux différences dans Harry Potter?  Pas tout le monde bien sûr, la plupart des gens penseront à une histoire de sorcier avant tout, mais malgré tout, le message est passé.  Par leur histoire et par leur exemple.  Parce que l'on vit aux côtés des personnages, parce que ceux-ci montrent nous le montre par leurs actes et leurs paroles, on comprend.  Si l'auteur persiste à nous dire pourquoi tel comportement est bon ou mauvais, ben...  On risque de trop le voir.

Se faire dire que l'on peut s'enrichir des différences qui existent entre les humains ou se faire raconter une très bonne histoire qui montrent comment l'unité peut permettre de faire front face à la peur de l'autre est très différent.  Dans un cas, on peut mettre l'histoire de côté en traitant l'auteur de râleur, dans l'autre, on peut tellement embarquer dans l'histoire qu'elle changera la façon dont on voit le monde, sans même s'en rendre compte.  Qui dit mieux?

@+ Mariane

4 commentaires:

Gen a dit…

Tu rejoins ce que je disais lorsque je parlais de "l'essence du texte" (http://laplumeetlepoing.blogspot.ca/2016/04/la-phrase-qui-oriente-la-reecriture.html). Le message de l'auteur doit être caché. Je crois que, idéalement, il ne devrait jamais être écrit en toutes lettres dans le roman. Par contre, c'est cette idée ou cette essence qui l'aidera à déterminer quelle scène ajouter, quelle scène couper, quel personnage doit changer... Son message doit passer à travers les actions, il doit être mis en scène. Show, don't tell, comme disent les Russes! ;)

SundayArtist a dit…

J'écris sans penser à un message. Il se révèle tout seul à la lecture, comment une plaque photographique où se découvre une image (une techno un peu oubliée de nos jours...)

Michèle

Prospéryne a dit…

C'est bizarre, j'ai failli parler du Show don't tell dans ce billet...

Prospéryne a dit…

Ce n'est pas tout le monde qui fait ça Michèle :)