C'est un processus qui se fait dans le temps et qui n'est pas contrôlé volontairement ou contrôlable. Commencer un blog est une aventure exaltante. D'abord, on crée notre propre petit espace. On s'amuse à ajouter ou enlever des trucs, on apprend comment fonctionne blogger. On écrit nos premiers billets. Ils sont souvent maladroit, mais plein d'enthousiasme. On recommence, on commence à avoir des réponses, des questions et des commentaires. On voit le compteur de visites monter tranquille. Des gens que l'on ne connaît pas commencent à nous dire: ah oui, ton blogue, je connais! On se fait faire des compliments. Et quelque part, on plonge.
On se met à écrire de plus en plus de billets. Nos thèmes de prédilections se précisent, on finit par être plus doué pour les écrire et à plonger dans le plus pointu. On développe des idées. On prend des notes pour de nouveaux billets, on explore les racoins de notre pensée. On noue des liens avec d'autres blogueurs/ses, on apprend à présenter notre blogue comme une carte de visite. Certaines personnes finissent même par nous surnommer par le nom de notre blogue!
On se met à publier à un rythme effréné. On écrit des billets, on écrit des critiques, on alimente notre blogue. On a de plus en plus de lecteurs, c'est trippant et exaltant. On pense à notre blogue, on finit par se définir comme blogueur/se quand on rencontre d'autres personnes. Tranquillement, subtilement même, alors qu'on est au coeur de l'action, s'installe un certain stress, une tension. On veut continuer, on veut alimenter la machine. Mais alimenter la machine finit par devenir le but plutôt que que le moyen. On s'en rend compte, on s'accorde des pauses, on voit le nombre de visites diminuer et on stresse un peu. Les pauses aident, mais c'est temporaire. On continue, mais à un moment donné, on finit par être un peu dépassé. De plaisir, le blogue se transforme en obligation.
Il faut publier. On a l'impression que certains billets commencent à être moins bon. On presse le citron de nos idées, mais il reste de moins en moins de jus. La crainte de la redite commence à nous envahir. On se met de la pression à soi-même et tranquillement, le blogue devient un poids. On ne veut pas tout lâcher tout de suite, on a tellement investi de soi dedans! Mais il y a une lourdeur qui nous poursuit. Les billets commencent à être moins nombreux et on se force à les faire. La motivation n'est plus là, on a l'impression de tourner en rond et de se répéter. On diminue le rythme...
Et quand on diminue le rythme, on a moins de visites, avec moins de visite, on a moins de commentaires et avec moins de commentaires, on a de plus en plus l'impression de parler dans le vide et à force de parler dans le vide, on finit par se demander pourquoi on continue alors... On ne veut pas renoncer, tirer un trait sur notre épopée bloguesque, mais en même temps, en même temps... Et bien, les billets s'espacent de plus en plus, on arrête de vérifier si on a eu des commentaires, on laisse aller...
Et on finit par avoir un blogue au point mort comme des centaines d'autres.
Cette histoire est la mienne, mais aussi celle d'autres blogueurs. Certes dans mon cas, des changements à ma vie personnelle sont survenus et n'ont pas aidé, mais ce n'est pas tout, loin de là. Les étapes, leurs longueurs et leurs sens peuvent varier, mais une certaine répétition existe: la plupart des gens ne veulent pas arrêter de bloguer. C'est juste une évolution naturelle qui fait que l'on s'éloigne de ce mode de communication. D'ailleurs, j'ai vu plus de blogues qui affichent désert que de d'annonce officielle de fermeture.
Alors pourquoi pondre un billet sur le sujet après presque un an et demi de silence?
Tout simplement parce que malgré mon silence, il y a une petite partie de moi qui n'a jamais complètement renoncé. Qui a été prise par une panoplie de sujets, qui s'est lancée dans de nouveaux projets, qui a fait beaucoup d'autres choses que lire et qui a sans doute passé beaucoup trop de temps à tuer des monstres sur un écran d'ordinateur, mais bon, passons sur ce dernier sujet d'accord?. J'ai eu du temps pour réfléchir à ce que je voulais vraiment faire et comment le faire.
La réponse? J'aime bien bloguer finalement. Mais je refuse de reprendre le rythme d'enfer que j'ai déjà eu et la pression qui venait avec. Alors je renoue avec mes pénates, mais de façon plus simple. Ne vous attendez pas à cinq billets par semaine! J'aimerais aussi élargir un peu la palette de mes billets au-delà du domaine des livres proprement dit, même si son nom ne changera pas! On va y aller doucement, sans stress ni auto-pression (pour laquelle je suis championne!). Je ne sais pas exactement quelle forme cela va prendre, mais une chose est sûre, c'est que je veux avant tout y prendre du plaisir.
Alors, re-bienvenue chez moi!
Mariane
7 commentaires:
Rebienvenue sur ton blogue! :-)
Les blogues ont été une victime de Facebook, qui a siphonné le web d'une grande partie de son contenu et canalisé les interactions entre internautes. Je constate depuis quelque temps qu'il y a un regain d'intérêt pour du contenu plus substantiel qui n'est pas prisonnier d'une plate-forme propriétaire. Tu arrives au bon moment pour cela!
Hihihi!
(No Pression! :P )
Contente de te revoir ici et de ne plus être la seule à bloguer! :)
Pour les commentaires qui diminuent, le truc que j'ai trouvé c'est de partager un billet de temps à autres sur Facebouette.
Ça évite de parler dans le vide et ça aide à diminuer la pression : on partage juste les billets qu'on aime! hihihihi! Et pas besoin de faire du remplissage et d'essayer de tenir un horaire : ceux qui ont envie de lire vont suivre. ;)
Oh wow, Prospéryne, tu as lu dans ma tête pour pondre ce billet? ;)
Je cherchais comment expliquer le phénomène du quasi-abandon du blogue, mais voilà, ton billet clarifie la chose. Bravo d'avoir réussi à l'exprimer aussi bien! :)
@Gen, j'ai beaucoup hérité à partager sur FB pendant longtemps, mais je prends bonne note! Si ça peux m'éviter d'avoir l'impression de parler dans le vide, sincèrement, je vais avoir tendance à l'adopter! :P
@Isa, non, j'ai pas lu dans ta tête... Faut juste croire que c'était une réflexion que l'on avait en commun! ;)
Je suis heureux de vous voir reprendre du service.
Merci pour votre blogue !
Bonjour Loran!
Au plaisir de vous lire sur mon blogue!
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