lundi 14 septembre 2015

Créer la demande

Salut!

Que ce soit un auteur en train d'écrire un livre, un réalisateur pensant à un film, un peintre posant son pinceau sur la toile ou un acteur en train de réfléchir à un rôle, il y a un point commun: au départ, il est très rare que la personne qui se met à l'ouvrage le fasse pour répondre à une demande du public.  Toute production artistique (sauf rares exceptions) part de l'artiste pour aller vers le public et non l'inverse.

C'est facile à dire, mais ça résume un gros problème du monde des arts: la demande n'est pas là au départ, il faut la créer.  Personne n'a demandé la production de la majorité des grandes oeuvres qui sont connues et reconnues.  Une demande pour une oeuvre sur le sujet oui, mais cette oeuvre-là en particulier, non.  Certes, à une époque, le mécénat faisait que la plupart des artistes travaillaient sur commande, mais ce n'est plus le cas aujourd'hui.  Et même encore là, la commande et le résultat sont souvent deux choses différentes.  On fait un livre, un film, bref, une oeuvre et ensuite, on fait tout pour la faire connaître et faire en sorte que les gens la découvre.  Je ne connais pas beaucoup d'autres domaines économiques que la culture qui fonctionne sur ce principe.

 La plupart du temps, le marché réagit à une demande: les gens veulent des boulettes de viande déjà préparée?  On se met à en faire.  Les gens veulent des allées en pavé uni?  Le marché se développe.  Évidemment, la publicité joue un rôle, mais rare sont les entreprises qui se lancent sans avoir un marché potentiel au départ.  C'est exactement le contraire du milieu des arts.

Dans les arts, on crée d'abord et ensuite, on essaie de trouver un marché.  Le public cible est bien souvent pré-déterminé, mais rien ne garanti le succès sans beaucoup de boulot.  Il faut faire parler, de la pub, du marketing quoi.  Sans un public, une oeuvre d'art n'est rien.  Même les méga-succès quasi-assuré conçus exprès pour plaire doivent passer par là.  D'où la difficulté et les innombrables risques de se planter dans le milieu artistique: on a beau essayer, on ne peut pas prévoir la réception, on ne peut même pas prévoir complètement le produit avant de l'avoir fait, mais on doit quand même donner envie aux gens de venir faire un petit tour chez nous voir ce que l'on a créé.

Comment créer cette envie?  Là, on tombe dans un truc qui ressemble clairement à de l'alchimie: il n'y a pas de recettes.  Des trucs, des techniques, des façons de faire qui ont déjà marché, oui.  Mais le buzz, le déclic, personne, même les plus grands pros dans le domaine, ne peut le garantir.  Il y aura toujours un instant où, perchée sur le fil de fer, l'oeuvre sera soumise au ballotage de la vraie vie et c'est là qu'on verra si elle survivra où si elle tombera.  Ou toute variation entre les deux.

L'art de créer la demande pour l'art est un art en soi.  Un métier d'artiste.  Que ce ne soit jamais une raison d'arrêter de créer pour autant.  Bien des oeuvres ont su percer et trouver leur public alors que rien ne les y prédestinait.  Et d'autres, conçues et pensées pour réussir se sont royalement plantées au fil d'arrivée.  Il n'y a pas de recettes.  Que la magie qui sait arriver au bon moment et qu'on peut juste aider, pas remplacé.

@+ Mariane

2 commentaires:

Gen a dit…

Amen! Je vais donc retourner faire mes incantations! ;)

En espérant qu'Hanaken III soit à ton goût! :D

Claude Lamarche a dit…

Je n'avais pas réalisé. Pour ça qu"i faut de bons vendeurs.