lundi 5 octobre 2020

Plaisir à calories vides

 Salut!

Plaisir coupable.  J'ai toujours détesté cette expression.  Tout simplement parce que rien ne me semble plus éloigné du plaisir que la culpabilité.  Si on se fait plaisir, on se fait plaisir, voilà tout!  Mais bon, l'expression existe.  Voyons, voyons.

Un plaisir coupable, ça se dit d'un plaisir qu'on s'offre en sachant très bien qu'il ne répond pas à tous les critères d'un «bon» plaisir.  Une poutine est un plaisir coupable parce qu'on sait très bien qu'on bouffe à ce moment-là beaucoup trop de gras, de sel et de calories.  Par contre, on le fait tout simplement parce que c'est un plaisir.  Gustatif dans ce cas.  Il peut aussi être moral: qui n'a jamais, un soir de déprime, dévoré une bonne poutine?  La poutine est un plat réconfortant.  Enfin, pour moi.  Pour une autre personne, ça peut être une énorme portion de gâteau au chocolat ou un sac de chips.  L'idée principale du plaisir coupable est de manger quelque chose que vous ne mangeriez pas dans d'autres circonstances, faisant de la dévoration de ce plat une exception, mais aussi une occasion spéciale, parce qu'il s'agit d'un plaisir dont ils ne faut pas abuser.  Personne ne parlera de plaisir coupable si vous dévorez un plat de céleri en bâtonnets...

Appliqué à la lecture, plaisir coupable ou lecture coupable pourrait se dire de livres que l'on lit pour se faire du bien en se disant bien qu'il vaudrait mieux ne pas les lire.  Mais pourquoi donc?  On peut très bien savoir qu'un produit est de qualité moindre au niveau littéraire, mais simplement apprécié le voyage dans ses pages.  Pourquoi faudrait-il au juste que toutes nos lectures soient aussi nourrissantes et saines qu'une soupe de légumineuses?  C'est bon une soupe de légumineuses, mais ne manger que ça finit par... user, fatiguer.  C'est très bon (vous ne connaissez pas ma minestrone!), mais en même temps, tout le monde approuve que vous mangiez une bonne soupe de légumineuse, on vous pousse à ça partout, c'est un plat approuvé, on vous félicitera bien plus d'avoir fait ce choix au restaurant que de prendre ces rouleaux de printemps si appétissants, mais oh combien frits.  Sauf qu'il y a un petit côté rebelle aux rouleaux de printemps que n'a pas la minestrone qui fait du bien.  On a besoin de variété dans nos assiettes autant que dans nos lectures.  Et d'être un tantinet réfractaire aux suggestions ambiantes fait autant de bien que de les suivre.

C'est sans doute pour ça que je suis fortement opposée à l'idée de plaisir coupable.  Ceci dit, je suis consciente que certaines de mes lectures ou certains des plats que je dévore pourraient être mieux.  Plus nourrissants, contenant plus de fibres et moins de sucre, plus de vitamines et moins de sel, plus de protéines et moins de gras.  Peut-être.  Mais quand même, ça fait du bien, une fois de temps en temps de tricher, de dévorer un truc hors-norme, pour le simple plaisir de le faire.  Faut pas se sentir coupable, faut juste être conscient: oui, c'est un plat ou un livre qui ne m'apportera pas le summum de l'alimentation, mais en même temps, sa dégustation m'apportera un véritable plaisir et une détente.  Ce plaisir me donnera le courage de me plonger dans un ouvrage plus complexe par la suite ou de cuisiner un plat plus nourrissant.  Une motivation aussi: comme on s'est accordé un plaisir, on peut se sentir mieux et plus apte à quelque chose de plus ardu.

Mais plaisir coupable, non.  J'aime mieux parler de plaisir à calories vides.  Ça n'apporte peut-être rien de concret autre que du plaisir, mais c'est aussi nécessaire que des vitamines pour continuer à grandir.

@+ Mariane

2 commentaires:

Gen a dit…

J'aime cette comparaison... et d'autant plus que les livres à calories vides n'ont pas d'effet secondaires nocifs. Quelqu'un qui bouffe juste de la poutine et du chocolat aura peut-être du plaisir, mais aussi plein de problèmes de santé. Quelqu'un qui lit juste de la littérature légère qui lui fait du bien et qui n'est pas transcendante... ben il aura eu du fun. Il n'aura ptêt pas la culture pour devenir critique littéraire, mais il n'aura pas de circuits mentaux défectueux pour autant. ;) Donc, vive les livres!

Prospéryne a dit…

Bon, comme disait ma mère quand j'étais jeune, si tu lis que des romans d'amour, tu risques d'influencer ta vision de l'amour, mais pour le reste... Les risques sur la santé sont en effet plutôt limités! :P