Salut!
En jiu-jitsu, une notion qu'on apprend vite est le momentum. Il s'agit d'un moment, très bref la plupart du temps, souvent le temps d'un clin d'oeil, qui permet de jouer avec les lois de la gravité et de la physique pour renverser un adversaire plus lourd que nous. C'est vraiment difficile à percevoir au début, sauf qu'à force de refaire les mêmes mouvements, on finit par savoir le reconnaître, le provoquer... et s'en servir à notre avantage.
En littérature, il existe des momentums. Je veux dire par là qu'il existe des moments où bang, quelque chose va commencer à rouler et tout emporter sur son passage. Les livres qui ont fait des raz-de-marée sont certes beaucoup alimentés par les campagnes publicitaires et la force de frappe des éditeurs, mais il n'y a pas que ça. Parce que justement, toutes les meilleures campagnes de pub ne peuvent donner à une oeuvre littéraire ce momentum qui transformera une vague en lame de fond.
Quand J.K. Rowling a sorti le premier Harry Potter, elle n'était pas dans une grande maison d'édition, ni ne bénéficiait de campagne de pub massive. Pourtant, son livre a su faire son chemin jusqu'au succès mondial qu'il est devenu. Avant Mange Prie Aime, Elizabeth Gilbert était une auteure bénéficiant d'une certaine renommée, sans être celle dont on attendait le prochain livre. Même le déplorable Cinquante nuances de Grey est sortit en auto-édition avant de connaître un grand succès de librairie (j'en pleure encore!).
Pourquoi ces oeuvres-là ont décollé et pas les autres qui sont atterries à peu près au même moment sur les tablettes des librairies? Question de momentum. J.K. Rowling a proposé un univers et une façon de proposer des histoires qui comblaient un besoin. Mange Prie Aime a su trouver son public avide de réponses à des questions existentielles. Quand à Cinquante nuances, je ne me risquerai pas à faire des pronostics...
Si ces oeuvres étaient parues disons, quelques mois avant ou après, elles n'auraient sans doute pas eu le même retentissement. Elles sont sorties au bon moment, dans les bonnes circonstances, une série d'effet dû au hasard les as aidé et propulsées... Elles ont bénéficié d'un bon momentum.
Savoir créer un momentum en jiu est déjà un défi et encore, on ne réussit pas à chaque fois (et avec le temps, nos adversaires développent une foule de trucs pour apprendre à nous bloquer...). En littérature, c'est un défi d'une ampleur encore plus grande! Parce que le monde, la société au grand complet est en constante mutation. Une nouvelle de l'actualité peut propulser un livre qui quelques jours avant ne pouvaient pas se démarquer, un livre peut soudain apporter une réponse que se posait beaucoup de gens, une histoire peut résonner parce qu'elle ramène au goût du jour ou change le point de vue sur un sujet ou un genre qui avait perdu de l'intérêt. Qui peut savoir à l'avance?
Le bon moment est dur à prévoir, mais quand il arrive et ça, le jiu me l'a appris, il faut savoir en profiter. Par contre, c'est le boulot des éditeurs, pas des auteurs!
@+ Mariane
2 commentaires:
Eh oui, c'est pour ça qu'on dit souvent que la chance est nécessaire dans le milieu littéraire. Cela dit, dn théorie, un écrivain pourrait anticiper un momentum, mais... je le croirai quand je le verrai ;)
L'anticiper? Vraiment pas sûre, en jiu, on répète souvent les mêmes mouvements, c'est pour ça qu'on voit venir, mais le reste du monde change beaucoup trop vite pour ça. Je pense que dans la vraie vie, on peut en effet parler de chance, mais bon, hé, c'est la chance de tomber sur le bon momentum avant tout!
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