Salut!
Au cours de la dernière semaine, j'ai vu passer un article sur la Première Ministre de la Nouvelle-Zélande qui affirmait en pleine conférence de presse sur la pandémie de Covid-19 que la fée des dents et le Lapin de Pâques étaient considérés comme des services essentiels... Plus tard le même jour, c'est notre Premier Ministre François Legault, qui lors de son point de presse quotidien, la plupart du temps au ton ultra-sérieux, qui a affirmé à son tour que la fée des dents était un service essentiel. Il a ajouté le Lapin de Pâques dans une vidéo à part. Le gouverneur du Montana, quand à lui, a déclaré toutes les créatures magiques essentielles, mais les a obligé à respecter la distance minimale de deux mètres par décret! Les elfes, licornes et gentils dragons sont donc autorisés dans l'état s'ils respectent la distanciation sociale!
Bon, nous sommes dans une situation particulière et vraiment, je ne pensais pas voir un jour les politiciens faire la queue pour légaliser ces créatures issues de l'imaginaire populaire, particulièrement en ce qui a trait aux enfants. Mais en lisant ces nouvelles, qui m'ont d'ailleurs réjouie (enfin des bonnes nouvelles!), je ne pouvais m'empêcher de penser à Einstein. Ce célèbre scientifique aurait cité une phrase demeurée dans les annales et sans doute apocryphe, mais que j'aime beaucoup: si vous voulez des enfants intelligents, lisez-leur des contes de fées.
Ça peut sembler contradictoire à première vue. Après tout, contrairement à la rationalité scientifique, les contes de fées sont le royaume des contradictions, des raccourcis et des pouf, un sort et tout est réglé! On est loin de notre monde, très loin même! Ici, les animaux parlent, les marraines sont des fées (c'est mon filleul qui va être jaloux!) et les créatures magiques sont monnaies courantes. Bref, on est loin d'être dans le genre de contexte qui pousserait bien des gens à penser que ça pourrait aider les enfants à devenir intelligent...
Le hic, c'est que je suis d'accord avec Einstein. Pas parce que les contes de fées en eux-mêmes vont rendre les enfants intelligents, pas plus que s'ils croient au Père Noël, à la Fée des dents ou au Lapin de Pâques. Parce que les histoires, mêmes celles que l'on racontent aux enfants, sont porteuses d'autre chose que la réalité. Elles poussent à regarder le monde avec d'autres yeux et à imaginer le reste. Et l'imagination, c'est un muscle qu'il vaut mieux avoir bien développé pour agrandir nos horizons.
Si un animal parle, ça change un petit peu le monde. Si les dragons existent, encore plus. Bon, disons, si les dragons existent, c'est qu'ils doivent vivre quelque part non? Manger? Dormir? Se trouver des amoureux(ses), avoir des amis? Vont-ils à l'école? Perdent-ils leurs dents comme les enfants? Bang, les petits sont partis pour un tour! Et ils inventent, ils imaginent, ils créent. Quelque part, c'est là, le leg le plus précieux de l'enfance et de ses créatures imaginaires. Parce qu'ils permettent de se poser des questions, mais sans avoir une réponse toute faite. Si vous vous posez des questions sur les oiseaux, vous ouvrez un livre est la connaissance est là, ce qui est très bien. Mais avec un dragon, il n'y a pas de livres pour vous donner une réponse définitive et il restera toujours des trous. Il faut donc apprendre à chercher, à faire des liens à comprendre, à essayer, à expérimenter... à appliquer une méthode scientifique à l'imaginaire. Neil de Grass Tyson, célèbre astrophysicien, l'a expliqué beaucoup mieux que moi. Mais serait-ce possible si les enfants n'avaient pas ouvert une porte vers autre chose que le réel?
C'est pour ça que j'ai applaudi, toute seule dans mon appart, interrompant la 38e sieste du jour de mes minettes, quand j'ai entendu parler François Legault parler de la fée des dents. Parce que dans la folie des dernières semaines où les nouvelles sont terriblement concrètes, et aussi nécessaire que cela soit, il faut garder des portes ouvertes sur l'imaginaire parce que justement, il faut commencer à imaginer ce que sera l'après. Notre meilleur outil pour nous projeter dans l'avenir ne sont pas les statistiques, les chiffres et les faits, même s'ils ont une part archi-importante à jouer. Pour créer l'avenir, il faut être capable de l'imaginer, de se décoller du réel un peu pour entrer dans un monde de suppositions et d'expérimentations, sans personne pour nous dire si on est dans le champ ou non et être capable de faire rentrer le tout dans le réel.
Quel meilleur exercice pour commencer ce travail mental que la fée des dents?
@+ Mariane
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