Salut!
Depuis le début de la pandémie, je suis un peu comme tout le monde: je ne peux pas sortir, je limite mes sorties au strict essentiel et je passe le reste du temps chez moi. Par contre et comme c'est permis, je ne me gêne pas pour sortir marcher ou courir. Étant donné que ça devient les seules occasions de mettre le nez dehors, ce sont aussi mes seuls contacts avec la vie en dehors du monde virtuel. Et mine de rien, ça développe des réflexes.
La marche, c'est quelque chose que j'ai beaucoup pratiqué lors de mes voyages à l'étranger. Paris, Édimbourg, Edmonton, soit quelques-unes des villes que j'ai visité dans les dernières années, je les aies explorées à pied. C'est un excellent moyen de découvrir. La voiture est bien, l'autobus aussi, mais ces moyens de transport impliquent une vitesse de déplacement supérieure. La marche garde le corps actif, plus éveillé, plus alerte. Et comme on se déplace lentement, mais que l'on doit observer autour de nous pour évité les obstacles, on capte beaucoup plus de détails, ici et là, que l'on aurait la possibilité de le faire autrement.
Ces temps-ci, et parce que ce sont les seuls moments où je mets le nez dehors, les infimes différences du milieu dans lequel je vis pourtant depuis des années me sautent aux yeux. Comme il y a beaucoup, beaucoup moins de bruits ambiants, je réapprivoise d'autres sons et j'en découvre d'autres. Souvent, je peux entendre le chant des oiseaux, le chuintement des griffes des écureuils sur les arbres, les battements d'ailes des oiseaux... Toutes des choses que l'on a moins de chance d'entendre quand dix véhicules passent à côté de vous à la minute!
Mais il y a aussi tous ces petits détails. Je n'ai rien à voir d'autre que ce que je vois au cours de ses sorties, rien à penser au-delà de mon quotidien, alors, je regarde. Ah tiens, voici une maison aux fenêtres pleines d'arc-en-ciel. Je m'amuse de voir toutes les traductions de Ça va bien aller à l'anglais (mon quartier est fortement billingue) et je ris en voyant que personne ne semble s'entendre sur la bonne. (On comprend mieux la frustration des traductions de l'anglais au français en voyant ça!) Cette maison a des volets bleus, je n'avais jamais remarqué. L'entrée de pavés unis de cette maison a la forme d'un bouquet de fleurs! La rivière a baissé, fiou, on va éviter les inondations cette année! Cette boîte aux lettres a une magnifique peinture de chiots. Ah tiens, il y a des fleurs qui commencent à pointer dans ce parterre... Et bon, les pissenlits aussi.
J'ai plus de temps pour prêter attention. Comme je me déplace beaucoup à pied, je remarque même des commerces où je n'ai jamais mis les pieds qui sont encore ouvert. Je vois que la vie continue, même confinée. Les enfants envahissent les rues, en quête de leurs premières expériences à bicyclette. Les aînés marchent lentement et dans mon quartier, on les évite soigneusement en leur faisant un large sourire complice (c'est leur seule sortie!). Je croise d'autres marcheurs, d'autres coureurs et on se fait des signes de la main, des sourires, des pouces en l'air. L'autre jour, de l'autre côté de la rue, un homme aux traits antillais m'a lancé un très joyeux, hello sister! auquel j'ai répondu sur le même ton. L'aurait-on fait si la marche des jours avait continué comme de routine?
Non, ce que l'on vit n'est pas idéal, c'est même très dur certains jours. Je dois avouer que sortir est l'une des choses qui m'aident à garder le moral à flot ces temps-ci. Ce n'est pas toujours simple, alors on fait au mieux. Ça oblige à porter un autre regard sur le monde et comme c'est la seule chose que l'on a sous les yeux, les choses se transforment, prennent un autre aspect, une autre teinte en ce moment. Du moins j'ai l'impression. Je ne sais pas si je suis la seule.
Bref, le monde continue à tourner, même au ralenti, même en pandémie. C'est notre regard sur lui, la vitesse à laquelle on l'appréhende qui change. On est chanceux, on vit tout ça au printemps, au moment où la nature se réveille de son long sommeil. Ça aurait été pire en automne.
Ah oui et je suis aussi aux premières loges pour constater que des chats, ça dort vraiment seize heures par jour à longueur de semaine...
@+ Mariane
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