jeudi 5 septembre 2019

La mémoire du lac de Joël Champetier

La mémoire du lac  Joël Champetier  Sextant  Québec-Amérique 297 pages


Résumé:
Daniel Verret n'est pas un homme chanceux.  Il y a d'abord eu cet accident, alors qu'il était pompier volontaire: une tige de fer lui a traversé le crâne, provoquant d'étranges amnésies sur son passé.  Puis, dix ans plus tard, l'accident sur le lac Témiscamingue, qui a vu mourir noyé ses deux enfants.  Depuis, suivi par une psychiatre, il essaie de recoudre le fil de sa vie.  Sauf que le fou du village, un gars étrange, le suit partout en disant: «Daniel, le lac attend...»

Mon avis:
Je suis pas convaincue disons.  La forme adoptée par l'auteur est assez éclaté.  Il y a de larges ellipses, certains événements ne sont pas traités dans l'ordre chronologique et évidemment, il y a un certain fond de confusion dû à l'état psychologique et neurologique du narrateur (et dans certains cas éthylique).  Je crois que c'est avec ce manque de clarté que j'ai le plus de mal.  Non pas que ce soit une mauvaise idée en soi ou que c'est un mauvais processus narratif, mais j'ai eu beaucoup de mal avec cette façon de faire durant ma lecture.

Il y a aussi que le personnage principal est dur à s'attacher.  Et ce ne sont pas que ses problèmes psychiatriques ou neurologiques qui sont en causent.  Il a une façon d'aborder la vie qui le rend très froid, détaché.  Le fait que le narrateur soit aligné sur lui renforce cette impression de froideur.  On a beau être dans sa tête, on est pas tant que ça dans ses émotions et c'est impossible qu'il n'aie pas d'émotions suite aux drames qu'il vit.  La perte de deux enfants, ça doit être un choc brutal, mais après leur mort, les deux enfants disparaissent de ses pensées.  Il n'y pense juste plus.  Et j'ai trouvé ça perturbant.

J'ai vu plusieurs éléments après que l'auteur les aies expliqués dans le texte.  Je voyais qu'il avait mis des indices pour expliquer certains éléments, mais ça ne coulait pas comme tel.  Je ne pense pas ici qu'il s'agit d'erreurs comme tel, mais juste du métier qui rentre pour un auteur.  Le genre de l'horreur a ses propres codes qu'il faut apprivoiser pour les utiliser avec talent (et encore, je en suis pas une fan d'horreur!).

Ça reste un bon roman, mais je regrette que la partie fantastique/horreur soit très concentrée dans le troisième acte, ce qui fait un peu plaqué.  Les allusions aux mythes algonquins et à la sorcellerie sont glaçants, mais ils arrivent bien tard dans l'histoire.  La partie la plus intéressante du livre commence pourtant au moment où ces éléments entrent vraiment en ligne de compte, le reste constituant une longue introduction servant à mettre en place le décor.  Une très très longue introduction.

Reste que l'écriture est forte, puissante et qu'elle charme immédiatement.  Et il y a le lac Témiscamingue, personnage en soi dans l'histoire, inquiétant, mystérieux, puissant et grandiose.  Juste pour ça, le roman vaut largement la peine d'être lu.

Ma note: 3.5/5

2 commentaires:

Gen a dit…

Ah tiens, tu me rappelles que moi aussi j'avais trouvé ce roman un peu froid, très différent des autres de Joël!

Prospéryne a dit…

Froid comme le lac Témiscamingue...