Salut!
J'ai longtemps eu un livre sur mes tablettes de bibliothèque, il a traîné là pendant des années. À la faveur d'un défi, je l'ai lu. Je ne l'aurais sans doute pas fait avant un très long moment si son auteur n'avait pas un nom qui commence par la lettre K et c'était ce dont j'avais besoin pour mon défi. C'était un livre qui n'avait rien de particulier, il m'avait été offert en service de presse à l'époque où j'étais libraire, mais je l'avais déposé sur une tablette et je l'avais malheureusement oublié à travers tous les autres que j'ai à lire. Quand je l'ai ouvert, sans aucune idée de dans quoi j'allais mettre les pieds, j'ai eu un tel choc et je n'ai pas pu lâcher le livre avant de l'avoir fini. En le reposant, je me suis dit: mais pourquoi aie-je attendu tout ce temps avant de le lire??? La réponse était simple: je ne savais rien de ce livre, donc rien ne me portait à le lire.
Entre les deux ouvertures d'un livre se cache ce qui fait l'oeuvre en elle-même. Parce que ce n'est pas sa couverture, son allure, son état général ou même son prix qui font la différence! C'est le contenu qui fait un livre. Et c'est quoi son contenu? Une histoire, constituée de mots, de chapitres, de paragraphe, de pages. Mais dire ça, c'est très résumé. Parce que ce que je viens de décrire, c'est avant tout le côté matériel d'une oeuvre. Au-delà de ça réside l'oeuvre elle-même.
On peut avoir des livres pendant des années sur nos tablettes, sans rien savoir d'elle et puis un jour, les ouvrir, après les avoir cent fois caressé des yeux, s'être cent fois dit, ah celui-là, faudrait bien que je le lise, avoir évité cent fois cette lecture parce qu'il y en avait d'autres de plus importantes et puis un jour, paf, on l'ouvre et c'est le choc.
Je suis une fervente partisane de la théorie du lien. Pour ouvrir un livre, il faut avoir créé un lien entre celui-ci et le lecteur. J'avais fait un billet sur le sujet il y a quelques temps. Je pense toujours la même chose. Sans ce petit fil qui va amener un lecteur vers un livre, la tâche est immédiatement plus ardue. Est-ce pour autant impossible? Non, absolument pas. Ce n'est pas pour rien que des équipes de marketing existent: ils sont là pour créer cette émotion, pour créer ce lien, pour faire le travail entre le lecteur et le livre. Sans quoi souvent, le meilleur des travail restera sur la tablette.
Ouvrir un livre dont on ne connaît rien est un exercice étrange. Tout est à découvrir, c'est comme arriver en Amérique sur la Santa Maria de Christophe Colomb: tout est à découvrir et on a pas de repère pré-établis pour les tracer. Il faut avoir l'esprit ouvert. Pourtant, bien des trésors dorment entre deux couvertures de livres. Peut-être pas toujours, mais si personne ne vous a dit qu'il y avait un trésor à cet endroit, auriez-vous franchi le pas?
Lire des livres dont on ne sait rien est à double tranchant: d'un côté, comme on a pas de pré-avis, on doit se forger notre opinion nous-même, ce qui fait de ce livre une chose merveilleuse. C'est une totale découverte. De l'autre, on a aucune garanti que l'on ne tombera pas sur un navet total. C'est prendre un risque.
De nos jours, en tant que lecteur, qui prend réellement des risques?
@+ Mariane
6 commentaires:
Il y a là-dedans une partie de la raison pour laquelle je lis beaucoup de nouvelles. Quand je commence un nouvel exemplaire d'une revue, c'est plusieurs plongeons consécutifs dans l'inconnu que je m'offre.
Parfois, ça permet de découvrir un nouvel auteur que je suivrai ensuite fidèlement. Mais puisqu'une nouvelle c'est assez cours, je minimise le risque lorsque je tombe sur un navet!
Tu pourrais dire "de nos jours, qui prend des risques" tout court tant qu'à moi! Heureusement, les lecteurs sont des gens assez aventureux de nature (entk, littérairement). Et c'est exactement à cause de ce qu'Alain souligne (la nouvelle peut faire découvrir des auteurs, créer des liens) que je participe à beaucoup (trop?) de collectifs et revues! hihihihihi!
Bonne méthode! ;)
Malheureusement, mon expérience de la curiosité des lecteurs n'est pas tout à fait la même Gen et je ne suis pas d'accord. Il y a une catégorie de lecteur hyper-curieux qui sont des casse-cous de la littérature. Et il y a plein de pantouflards. C'est pour eux qu'existe le marketing. Les aventu-curieux n'en ont pas besoin!
En gros, les lecteurs sont comme des chats. On peut les attirer, mais ça prend de la patience et des gratouilles.
(Ok, peut-être pas des gratouilles.)
LOLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLL!!!!!!!!!!!!
Enregistrer un commentaire