lundi 4 juillet 2016

L'auteur et l'oeuvre

Salut!

Avez-vous déjà remarqué que souvent, quand on présente un auteur en début de carrière, on aura tendance à dire son nom et auteur de ensuite, comme pour assurer les personnes qui liront le texte que la-dite personne est vraiment, mais vraiment un ou une auteur(e).  La preuve, le livre publié!  Pourtant, passé un certain nombre de publication, ou plutôt une certaine réputation, on parlera des oeuvres de l'auteur, mais l'auteur sera un personnage à part.  La filiation ne sera plus directe.  On peut parler de l'auteur sans parler directement de son oeuvre.  Stephen King, Patrick Senécal, Alexandre Dumas, Agatha Christie, je pourrais étirer la liste longtemps: les auteurs n'ont plus besoin de la caution de leurs oeuvres pour exister.

Dans un autre ordre d'idée, on ne peut pas avant un certain point parler de l'oeuvre sans parler de son auteur.  Les jeunes auteurs qui commencent sont liées à leurs oeuvres.  Tel livre, écrit par telle personne.  C'est le problème de l'oeuf et de la poule.  On sait qui est l'auteur, mais où finit le travail de celui-ci et où commence l'oeuvre en elle-même?  Parce que ma petite théorie là-dessus est qu'une oeuvre ne prend véritablement son envol que lorsque celle-ci s'est affranchie de son auteur.  Un peu comme un enfant qui ne devient véritablement une personne à part entière qu'une fois sortie du ventre de sa mère, même s'il a encore besoin pendant un bon moment de ses parents pour grandir.  À un moment donné, l'enfant vivra de lui-même.  Ça arrive aussi aux livres, mais pas à tous.  Certains ne passent pas le seuil de cette «enfance» et restent liés à leurs auteurs.

Les autres prennent leur envol.  Quand sort un nouveau livre du même auteur, on ne parlera plus de tel livre, écrit par telle personne.  On parlera du dernier de tel auteur et on mentionnera parfois ses oeuvres précédentes, mais pas toujours et pas obligatoirement.  Parce que ces autres oeuvres-là ont déjà quitté le nid.  Plus besoin de leur auteur pour voler de leurs propres ailes et leur auteur n'a plus autant besoin d'eux pour promouvoir leur petit dernier.  Il reste une filiation, mais elle n'est plus aussi viscérale et mutuellement nécessaire.

Ce stade met du temps à arriver et je ne puis qu'être honnête, seule une poignée d'auteurs pourront un jour atteindre ce stade.  Celui qui distingue l'auteur de l'oeuvre et l'oeuvre de l'auteur.  Les deux deviennent des entités indépendantes.  Liés, mais indépendant en même temps.  Si un auteur atteint ce stade, il peut vraiment se compter chanceux, mais en même temps, ce n'est pas quelque chose de coulé dans le béton ni de permanent.  Toujours en mouvement est le monde artistique et le monde tout court.  Rien n'est garanti.

Sauf que si vous êtes capable de nommer un auteur sans nécessairement faire référence à lui comme étant l'auteur de, c'est que cet auteur a réussi à libérer et se libérer de son oeuvre.  C'est ce qui peut lui arriver de mieux, à lui comme à ses livres.

@+ Mariane

2 commentaires:

Gen a dit…

*soupir* Ouais, c'est ce qui peut arriver de mieux. Mais c'est encore plus difficile que de vivre de sa plume, alors... Oh well, on peut toujours rêver! ;)

Prospéryne a dit…

Le monde appartient à ceux qui rêvent grand! :D