lundi 29 février 2016

Les personnages féminins forts en fantasy

Salut!

Dans le domaine de la fantasy, il me semble parfois que tous les combats qu'on mené les femmes pour l'égalité trouve un écho.  Ce n'est évidemment pas égal, ni constant et cela dépend beaucoup des auteurs et des romans, mais si dans d'autres industries culturelles, comme le cinéma ou les jeux vidéos, certains stéréotypes sont encore très présents, la littérature fantasy fait place depuis de très nombreuses années à des personnages de femmes fortes, indépendantes, qui n'ont pas la langue dans leur poche, qui ne sont pas là comme faire valoir du héros/héroïne ou simplement pour combler un vide dans l'intrigue.  Et ce à tous les niveaux, autant les personnages principaux que secondaires et même les figurants.  Quand je parle de personnages féminins forts, je fais surtout référence à des personnages qui sont complets, cohérents, qui ont leur histoire personnelle, leurs forces, leurs buts et aussi, et ça c'est important, leurs faiblesses.

Pensez à Hermione Granger par exemple.  Elle n'est pas dans l'histoire comme une demoiselle en détresse, elle prend sa place, elle se bat pour ses idées (quitte à sérieusement embêter Harry et Ron avec ses histoires d'elfes), ce qui ne l'empêche pas d'être jalouse par moment et d'avoir un caractère exécrable à d'autres.  En règle générale, elle prend part aux décisions du trio et jamais les deux gars ne font de différences parce qu'elle est une fille, sauf lorsqu'il s'agit des relations féminines/masculines en particulier (la passe où Ron fait à voix haute la réflexion qu'elle est une fille dans le quatrième tome devenant par le fait même particulièrement comique).  Donc, autant le personnage que le contexte où elle est en font un personnage à part entière de l'histoire, sans lequel elle n'aurait pas été la même.  Et Hermione a ses faiblesses.  Je me rappelle encore la scène touchante (dans le film, pas dans le livre) où seuls dans la tente après le départ de Ron, Harry l'invite à danser pour lui remonter le moral.  Il n'y avait pas de mots dans cette scène, mais on comprenait toute la relation qu'elle a avec Harry en quelques instants et la valeur qu'elle a aux yeux de celui-ci.  Hermione est un être humain dans lequel on peut se reconnaître et elle a son importance en tant que personne dans l'histoire.  Et encore, je n'ai pas parlé de son côté intellectuel particulièrement développé et de son utilité dans leurs aventures ;)

Des exemples comme ça, il me semble que la littérature de fantasy en regorge, qu'ils soient en personnages principaux ou secondaires.  Arya dans la série Eragon, Lyra dans À la croisée des mondes, Galadrielle dans Le Seigneur des anneaux, Lucy Pevensies dans Les chroniques de Narnia, pour ne nommer que ce faible échantillon, la fantasy grouille de personnages féminins qui tracent leur propre voie.  Ce qui est remarquable parce que souvent, ces histoires prennent place dans un  univers qui rappellent beaucoup le Moyen-Âge.  D'un autre côté, ce n'est peut-être pas si surprenant: les femmes au Moyen-Âge ne pouvaient pas prendre les armes, mais plusieurs d'entre elles ont eu des rôles très importants dans la gestion des royaumes et la vie quotidienne de l'époque.

Et ce n'est pas uniquement une question d'auteure féminine, même si évidemment, les personnages féminins forts ont plus de place sous leur plume.  L'héroïne d'À la croisée des mondes est une petite fille et son auteur est un homme.  J'aurais tendance aussi à inclure Georges R.R.R. Martin et son Trône de fer dans cette logique même si je n'ai pas lu tous les livres de la série (trop long!), ce que j'en aie lu m'a permis de voir des personnages très diversifiés, ayant chacun leurs propres personnalités, autant féminins que masculins et suffisamment distinctifs à chaque fois pour s'éloigner des stéréotypes.  D'autant que tous ont leur propre histoire, leurs propres rêves et leurs propres désirs.

Dans la fantasy, les femmes ont accès à tout: aux postes de pouvoir, de responsabilité, aux métiers d'armes, d'arts, de commerces, aux rôles de personnages fourbes et méchants, d'intrigantes, de séductrices, de mère, d'épouses, de battantes, de braillardes et de faibles, mais elles le sont en tant que personne et moins en tant qu'archétype servant à nourrir une autre histoire que la leur.  Ce qui en fait un réservoir d'histoires extraordinaires dont Hollywood pourrait facilement s'inspirer pour nourrir ses films, tant qu'ils n'édulcore pas trop les récits originels.

Je pourrais ajouter encore ceci: ce qui est bien avant tout dans ses personnages, encore plus que ce soit des rôles joués par des femmes, c'est que ce sont des personnages à part entière et c'est ça qui les rend si intéressant, si fascinant.  Leur côté multidimensionnel, autant fort que faible, leurs défauts, leurs faiblesses rendent ses personnages captivants et nous pousse à nous identifier à eux.  Ce n'est pas tant la quantité qui fait la différence si on parle d'égalité (même si ça joue un rôle), car il y aura toujours des circonstances où les récits seront plus tournés vers les protagonistes masculins (et c'est normal), mais dans la qualité des personnages féminins.  Et maintenant, on pourrait aussi élargir cette réflexion vers les personnages appartenant à des minorités: là-dessus aussi, la fantasy n'a jamais été très homogène, d'innombrables races s'y côtoyant.  Ce n'est pas égal dans toutes les séries, ce n'est pas permanent, mais il y a là de larges brèches contre une vision stéréotypée et unidirectionnelle autant du rôle des femmes que de leur place dans la société.  Et ça fait du bien.

Car peut importe qu'un personnage soit une femme, un homme, un noir, un blanc, un rouge, un mauve, un humain, un reptile ou un fantôme, c'est qu'il soit un bon personnage qui va accrocher un lecteur.

@+ Mariane

3 commentaires:

Gen a dit…

En effet, GRRM a créé des personnages féminins très intéressants (la reine Cersei est quelque chose!!!). Par contre, il a aussi, tant qu'à moi, commis le péché classique, c'est-à-dire la "fille tellement forte qu'elle en est enragée" en la personne de Daenerys Targarien, mais bon, il a l'excuse que tous les Targariens sont fous.

Hermione est, d'après moi, l'exemple parfait du personnage fort qui s'adonne à être féminin. Comme tu le soulignes, ça prend 4 tomes avant que ses compagnons se rendent compte que, ah oui, c'est vrai, c'est une fille! Elle a ses forces, ses faiblesses, elle n'est ni "trop", ni "en détresse", bref, elle est parfaite.

En plus, c'est une intello, ce que j'aime particulièrement, parce que certains personnages féminins forts sont très physiques (comme ma Yukié), mais la plupart des filles adolescentes sont plus calmes, alors un personnage fort et intello, je pense que c'est un super modèle et qu'il explique pour beaucoup le succès de la série Harry Potter (Hermione étant, selon mon goût, un personnage plus intéressant que Harry lui-même).

Et, oui, c'est le fun de lire des personnages comme ça! :)

Prospéryne a dit…

Pour GGRM, comme je l'ai dit, je ne l'ai pas lu au complet, mais j'avais beaucoup aimé par exemple, le contraste entre les deux soeurs, Sansa et Arya. Deux filles issues d'une même famille, mais toutes les deux ayant chacune leur personnalité et Sansa n'étant pas moins intéressante par ses goûts plus portés vers le domaine intérieur que la bagarre. Quand à Daenerys, je dois avouer que je ne la connais pas assez pour en parler.

J'ai eu cette réflexion en lisant les livres de Mercedes Lackey. Dans le monde de Valdémar, les femmes occupent tous les postes, de la base au sommet et ce sont les compétences de l'individu qui comptent. Ce qui donnent un personnage de femme guerrière, une reine puissante, un prince consort qui est le grand homme derrière la grande femme, une héraut utilisant l'empathie comme une force et un mage d'une grande puissance qui est gai! Et tout ce beau monde réussit à tenir ensemble parce qu'ils partagent les mêmes valeurs, malgré les inévitables conflits qui peuvent survenir dans une société. Ça m'a fait réfléchir aux autres livres de fantasy que j'ai lu et je me suis rendue compte que contrairement à d'autres domaines, en fantasy, il y en a plein de personnages féminins forts! D'où l'idée de ce billet.

Mais bon, l'exemple d'Hermione est tellement marquant qu'il aurait été difficile de parler de ce sujet sans la nommer! (et moi aussi je l'ai adorée!)

Gen a dit…

En effet, en fantasy, comme on invente une société de toute pièce, il y a plus de personnages féminins d'importance qu'ailleurs. (Techniquement, en SF il pourrait y en avoir beaucoup, mais la SF est encore pas mal WASP, alors...) Par contre, des fois je sens que les auteurs se livrent à des contorsions difficiles pour réussir à remplacer la dynamique de l'opposition hommes/femmes par un autre moteur narratif. C'est dur de calquer une société médiévale sans faire une distinction des genres. Cela dit, dans mon souvenir (parce que ça fait un bail que j'en ai pas lu), Mercedes Lackey y arrivait effectivement très bien. :)