lundi 25 mai 2015

Pourquoi les libraires sont-ils si déconsidérés?

Salut!

La semaine dernière, j'ai publié un billet concernant l'une des fonctions que je trouve la plus à la base du métier de libraire, le conseil.  Comme souvent, les commentaires et les réactions ne sont pas du tout allés dans la direction auquel je m'attendais (mais bon, ça, je commence à y être plutôt habituée!).  Par contre, une idée qui me hérisse profondément a émergé au travers: les libraires, au fond, on en a pas besoin, on a Facebook et Goodreads, on se tient au courant parce ce que nos amis lisent, etc, etc.

BORDEL.  (Je retiens le reste de mon vocabulaire disgracieux.)

Comment dire: j'ai déjà largement entendu ce genre de commentaire.  Ça me faire grincer des dents à chaque fois, mais j'y suis habituée.  En 2011, j'avais assisté à un événement, le BookCamp Montréal sur l'avenir du livre.  La majorité des personnes présentent ne représentaient pas le milieu du livre actuel, mais étaient plutôt branchés sur le dernier cri, à l'époque le numérique (qui l'est encore quatre ans après, mais passons).  Je me suis présentée là en pensant que l'on parlerait de l'avenir du livre, je me suis rendue compte que l'on parlait plutôt de l'avenir de la technologie pour se procurer des livres et les lire.  De livres, de lecture, on a peu parlé.  De marketing, de technologie, des vieilleries qui nuisaient à l'avancement et dont j'étais la digne représentante (en tout cas, la seule qui a osé ouvrir la bouche), beaucoup, énormément même.  Je suis sortie de là démolie.  Complètement.  C'est tout juste si on ne m'a pas accusée d'être passéiste, de défendre corps et âme quelque chose de révolu, d'être une nostalgique perdue dans son monde de rêveuse et de ne rien comprendre au présent et à l'avenir.  Ça m'a pris du temps à m'en remettre.  Jusqu'au jour où j'ai constaté deux choses: la première, c'est que la majorité des gens présents pouvaient à peine me parler du milieu du livre qui prévalait à ce moment-là, se contentant de beaucoup de préjugés et d'une base de connaissance réelles (les préjugés avaient préséance).  Moi, j'y travaillais à chaque jour, contrairement à eux.  De deux, beaucoup d'être eux étaient des gens qui aimaient lire, mais n'en faisaient pas nécessairement un métier.  Leur travail n'étaient pas de produire ou de vendre des livres.  Certains, oui, en effet, mais pas tous, loin de là.  Et les plus virulents, justement, ne l'était pas, c'était des fous de la techno et de ses possibilités, pas du livre.  Tout ça pour dire que des commentaires sur l'avenir des libraires, j'en aie eu des tas et plus démoralisants les uns que les autres.  Sauf que pendant que certains rêvent l'avenir, les libraires travaillent dans le présent.  Il est utile de préparer l'avenir, d'en parler, mais penser qu'on fera table rase du présent d'un coup de balai, ça, c'est terriblement naïf.  La place du numérique est appelée à grandir, mais ça ne veut pas dire qu'il remplacera la totalité des structures existantes en un clic.

Ceci dit, cela n'explique pas le mépris, le petit regard hautain, le «on en a plus besoin» que j'entends souvent.  Pour donner un exemple, quand vient le temps de faire la promotion de leurs livres, les auteurs accourent autour des libraires, leurs disent combien ils sont importants et tout et tout.  Quand vient le temps de, non, pas faire preuve de solidarité, non, pas soutenir sans la moindre nuance, juste reconnaître que leur rôle est important et qu'ils ont leur place, je vois plus souvent des abonnés absents que des gens qui disent simplement qu'ils reconnaissent le travail des libraires.  Ou qui profitent de l'occasion pour souligner à gros traits leurs défauts.  Soyons honnêtes, très honnête même, le milieu est loin d'être parfait et les critiques sont nécessaires pour qu'il s'améliore.  Entre ça et dire qu'«on en a plus besoin», il y a comme un monde.  Un pas que je ne suis pas capable de franchir, parce que je sais que c'est faux.  C'est comme jeter le bébé avec la proverbiale eau du bain.   C'est comme détruire la base du milieu du livre au Québec à cause de ses défauts réels, en niant ses qualités et ses immenses réussites qui sont quotidiennes et le fruit d'un effort constant.  Parce que par extension, si on critique le fait que le conseil soit la principale raison d'existence des libraires, on conteste par extension leur présence et de là découle bien souvent l'accessibilité au livre dans certaines régions.  Si le libraire n'est pas là pour conseiller des livres, il est là pour quoi?  Ce n'est pas la pharmacie qui réussira à tenir l'inventaire et la variété de l'offre en librairie et à le défendre.  Ce n'est d'ailleurs pas son métier.  Je ne pense pas que la majorité des gens qui rejettent du revers de la main la fonction de conseil du libraire soit conscient de ce que ça implique.  Par contre, le fait que les critiques les plus dures viennent des gens qui bénéficient le plus du travail de libraire est terriblement pénible à accepter.  Les gens que l'on nourrit, que l'on soutient, que l'on aide autant qu'il est possible de faire méprisent les libraires dans la base de leurs fonctions.  Imaginez alors pour le reste...

Bon, il faut le dire, malgré les ventes de plus de 600 millions de dollars par année (si, si! la plus importante industrie culturelle au Québec!), le milieu a terriblement changé depuis deux décennies.  Avec la multiplication des points de ventes, le libraire n'est plus l'unique vendeur de livres.  Il ne détient plus le sésame  de l'accès au livre.  Enfin, oui, dans les faits.  Avec 35 000 nouveaux titres par année, l'offre est vaste.  Les chanceux qui réussissent à percer dans le milieu de la grande distribution (GD dans le jargon, soit les grandes surfaces) sont une poignée d'élus.  À peine 200 titres y passent.  Pour le reste, il faut aller en libraire ou encore, sur Internet.  Mais encore...  À ceux qui sont de grands défendeurs de l'empire au sourire en coin, je répondrais ceci: dans une librairie, un livre est en compétition avec quelques milliers d'autres (30 à 60 000 selon les librairies et le fond qu'elles tiennent).  Sur Internet, chaque livre est en compétition avec des dizaines de millions d'autres, soit: les titres de l'année, le fond déjà publié depuis quelques années, l'auto-publication, les titres étrangers, les livres dans le domaine du droit public, les versions uniquement numériques et... ok, j'arrête là?  Comment espéré attirer l'attention du lecteur dans ces circonstances sur UN livre en particulier!!!  Et les algorithmes ne sont pas faits pour encourager les lecteurs à la découverte.  On vous pousse vers ce qui est le plus vendeur (ou ce pour quoi l'éditeur a payé pour que vous y soyez dirigé).  Si vous allez voir un livre policier, on vous proposera... les meilleurs vendeurs de livres policiers, ceux qui n'ont pas tant besoin qu'on leur donne encore une petite poussée dans le dos pour que vous les ajoutiez à votre panier.  Je rêve (ok, donnez-moi A+ en naïveté pour cette idée si vous voulez...) d'un site web permettant de faire des suggestions vraiment découvertes.  Genre, vous cherchez un livre de science-fiction, on vous proposera quelques titres dans la veine du «vous avez aimé, vous aimerez aussi», mais aussi un premier livre d'un petit éditeur qui n'a aucune autre visibilité en disant: Totale découverte! ou Futur best-sellers?  ou encore Pas encore commenté, soyez le premier!  Ça, ça se rapproche déjà plus du travail de libraire.  Mais bon, je rêve, ce ne serait sans doute pas assez vendeur pour se donner la peine d'ajuster les algorithmes...

Ah oui, les médias sociaux...  J'y arrive.  On me dit souvent que ça remplace très bien le travail de libraire.  Ouch...  J'ai le goût de hurler quand je vois ça.  C'est un complément!  Pas la base!  Ok, vous aimé lire, vous aller sur Goodreads ou Babelio (tant mieux pour vous et pour la lecture, je ne critique pas le fait d'être membre d'un de ces sites) ou je ne sais quel autre, vous voyez ce que vos amis aiment lire, vous pouvez faire des recherches sur des livres...  mais le premier contact avec ce livre?  Le fait que vous décidiez de faire une recherche sur ce titre précis?  L'inspiration première, l'étincelle qui a tout lancé?  Elle a été faite où?  Dans quelles circonstances?  Pub, critique lue dans le journal... conseil d'un ami qui l'a eu d'un libraire?  Pas nécessaire qu'il vous le dise pour que l'origine soit là.  Et c'est la même chose pour un paquet de livres.  L'étincelle part de quelque part.  Et souvent, les libraires sont là pour la déclencher (c'est leur boulot!!!).  Le reste du temps, le livre suit son trajet.  S'il n'y a personne pour faire jaillir l'étincelle, quelle sont les chances que vous soyez un jour en contact avec le livre?  À part Pierre Foglia dans La Presse (était, dommage, il a pris sa retraite), je ne connais pas beaucoup de gens qui parlent de livres qui disent que leurs conseils viennent de libraires.  Et pourtant, il y en a!  C'est pas nécessaire de le dire, mais cela donne un effet pervers quand même: le travail du libraire est tellement bien fait qu'il en est invisible.

Imaginé maintenant ce que serait le milieu du livre au grand complet s'il n'y avait plus de libraires...  L'offre ne diminuerait pas, mais l'espace pour en parler rapetisserait comme peau de chagrin.  Il n'y aurait plus le contact entre les lecteurs et les libraires, entre les bibliothécaire et les libraires, entre les professeurs et les libraires, entre...  La liste est longue.  Le travail de libraire, ce n'est pas d'amener quelqu'un à venir à toutes les semaines de façon méthodique dans sa librairie.  C'est l'idéal oui, mais ce n'est pas la vraie vie.  Mais en conseillant une ado une fois qui se cherche un livre, on crée une étincelle.  En conseillant la maman qui veut un livre pour aider son poupon à faire ses nuits, on crée une étincelle.  En faisant découvrir une nouvelle biographie à une fan de telle vedette de cinéma, on crée une étincelle.  C'est l'ensemble qui fait le brasier, pas chaque étincelle prise à part.  Les libraires fonctionnent une personne à la fois, mais leur travail est collectif (il y a des centaines de libraire au Québec) et sur une base quotidienne, d'où son impact super important.  À cela s'ajoute le travail des médias, des prix littéraires, de la publicité et oui, des médias sociaux.  Parce que rien ne peut se faire en vase clos.  Les libraires ne peuvent pas tout faire, mais ils participent au mouvement pour une grosse part en activant les étincelles de base.  Leur disparition laisserait un cratère dans la visibilité du livre au Québec.  Parce que c'est un travail de moine et de longue, très très longue haleine, mais s'il n'était pas là, la différence serait vite évidente.  Même les lecteurs qui ne fréquentent pas les librairies ressentiraient la différence.

Ce billet est un coup de gueule, je le reconnais.  C'est aussi une déclaration de Y'en a marre que l'on piétine mon ancien métier.  Je n'y suis plus, mais j'y suis encore très attachée et je connais un grand nombre de personnes qui y travaille encore.  Et qui y crois, assez pour accepter des salaires bas et une reconnaissance très minimale et qui pourtant continuent à travailler, jour après jour et ainsi font une bonne partie de la vitalité du milieu, donnant leur chance à des dizaines d'auteurs et d'éditeurs de réaliser leurs rêves.  Ce n'est pas mineur, c'est majeur.  Et pourtant si facile à ignorer et à mépriser.

@+ Mariane

P.S.  En écrivant ce billet, j'avais évidemment en tête les commentaires écrits sur mon blogue la semaine dernière, mais pas seulement.  C'est le résultat d'une accumulation plus qu'autre chose, on dirait juste que ça m'a permis de rebrasser des idées qui traînaient depuis longtemps en un tout cohérent.  Et encore, elles ne me paraissent pas encore toutes mûres, mais ça j'avais besoin que ça sorte.  Si quiconque se sent personnellement visé par ce billet, sachez que ce n'est pas le cas: si j'avais des noms et des visages en tête, je ne cherchais en rien à régler des comptes ou à faire mal à quelqu'un, ça me permettait juste de me remémorer des situations où je rageais intérieurement et à mettre des mots sur mes idées.  Quoiqu'il en soit, je respecte les idées des autres sur les questions du commerce du livre, vivant dans un pays de liberté d'expression, chacun est libre d'avoir son opinion sur le sujet.

14 commentaires:

myr_heille a dit…

Bon, tout d'abord: effectivement, je demande parfois conseil à un libraire pour certains domaines que je connais moins, comme les albums pour enfants, ou parfois pour un cadeau à quelqu'un. Mais encore là, j'emprunte en général des albums à la bibliothèque en prenant un peu tout ce qui est dans la catégorie "3-6 ans", et j'en connais suffisament par osmose pour choisir un cadeau pour quelqu'un.

Je peux te dire que le "premier contact" que j'ai eu avec un livre n'est jamais arrivé grâce à un libraire. Je lis des critiques en ligne sur des blogues (comme le tien) ou sur GoodReads, et parfois j'achète sans critique si jamais le livre est très peu cher (je suis abonnée à une liste de ebooks en spécial).

C'est sûr qu'en procédant de cette manière, je passe peut-être à côté de livres géniaux que j'adorerais. Mais il y en a tellement, des livres géniaux, que je ne ressens pas le manque. En ce sens, le libraire est peut-être plus nécessaire pour les créateurs de livres (afin de "pousser" leurs titres) que pour les consommateurs de livres.

Je pense que plusieurs personnes auraient besoin d'un libraire. Un collègue qui ne lit à peu près pas a lu tout les Chevaliers d'émeraude et m'a dit qu'il n'aimait pas ça du tout. Devant mon étonnement, il m'a dit que les livres "étaient là" (ils appartenaient à sa blonde) et qu'il voulait quand même savoir la suite. C'est sûr que si un libraire l'avait aiguillé vers quelque chose d'un peu plus à son goût, il aurait pu devenir un lecteur. Mais l'idée ne lui serait probablement jamais venue. Il faudrait essayer de créer davantage de liens entre lecteur potentiel et libraire, mais je ne sais pas comment on pourrait s'y prendre...

P.S.: J'espère que tu ne sens pas non plus personnellement visée par mon commentaire! Tu m'as souvent conseillée par tes critiques ou pour le Défi et j'apprécie beaucoup. :)

Gen a dit…

S'il y a bien une chose avec laquelle je ne suis pas d'accord, c'est que le libraire est devenu inutile à l'heure du livre électronique. Au contraire! Tant qu'à moi, à l'ère des commandes internet faciles (l'empire du sourire en coin) et des livres numériques, les librairies vont peut-être finir par devenir désuettes (c'est pas une perspective qui me fait plaisir, mais elles en arrachent tellement que c'est une possibilité), mais j'espère que les libraires, eux, réussiront à se tailler une place. Il faut qu'ils obtiennent de la visibilité sur les médias sociaux. Il faudrait que, sur un site comme "Les libraires" ce soit possible de "chatter" en temps réel avec un libraire. Bref, il faudrait que les libraires et leurs conseils survivent à la mort des librairies, si elle survient. Pis oui, ça vaudrait la peine d'ajuster les algorythmes pour prendre en compte les suggestions des libraires.

En tant qu'auteure, je vois le travail que les libraires font. Mais je pense que, en tant que lectrice, j'ai toujours été malchanceuse dans mes fréquentations des libraires. Peut-être que c'est pour ça que maintenant j'ai le réflexe (erroné) de me dire qu'avec la culture littéraire que j'ai, je peux me passer des libraires en tant que lectrice. Peut-être parce que je viens d'un coin où les librairies sont toutes des grandes chaînes... Mais ça m'est tellement arrivée souvent de demander conseil (particulièrement quand je me suis mise à chercher des livres de cuisine sans gluten) et de me faire dire "ben c'est la section, là". Euh... C'est tout? Pas de suggestion plus précise?

À côté de ça, toi tu m'envoyais des courriels sans même que je te l'ai demandé pour me pointer les dernières nouveautés!

Je me demande si le problème n'est pas que plusieurs personnes ont eu des mauvaises expériences comme les miennes. Ils ont rencontré des commis de magasin alors qu'ils espéraient des libraires.

Si c'est le cas (et je pense que ce l'est), faudrait trouver un moyen pour changer la perception du métier. Faut que les libraires deviennent proactifs, qu'ils mettent de grosses pancartes "ça ne vous intéresse pas? venez nous voir, on a mieux" à côté des piles de best-sellers.

Claude Lamarche a dit…

Ton billet devrait paraître dans la revue "Les libraires".
Bravo. Il faut en effet plus que des commis.

Claude Lamarche a dit…

Revue "Le libraire", excuse-moi.
D'ailleurs sous l'onglet Le libraire, pas de mise à jour depuis 2013? Plus le temps je suppose ou parce que tu n'y participes plus?

Prospéryne a dit…

Rien qu'avec le premier paragraphe de ton commentaire, je constate que tu es une bénéficiaire secondaire du travail de bien des libraires: tous les bibliothécaires du Québec ont l'obligation d'acheter leurs livres en librairies et je te jure que beaucoup d'efforts sont faits pour leur facilité la tâche: salle de montre, présentation des éditeurs, service de consignation dans certains cas. L'offre en bibliothèque reflète donc le travail fait en amont. Évidemment que les bibliothécaires ont un rôle important à jouer, mais ils le font beaucoup plus en collaboration qu'en compétition avec les librairies. Fréquenter les bibliothèques, c'est une façon d'encourager les librairies. :)

Je trouve bien dommage que tu n'es jamais eu la chance d'avoir une belle discussion avec un libraire qui t'aurait fait faire des découvertes. Je te souhaite d'avoir cette chance un jour. Ceci dit, je comprends que certaines personnes n'en ressentent pas le besoin ni n'en voit l'utilité. Comme tu es très proactive, c'est sans doute ton cas. Et comme tu le dis si bien, il y a tant de bons livres à lire que l'on a pas assez d'une seule vie pour tous les livres :'( En prenant la peine de lire beaucoup de critiques et de fouiner, on a souvent l'occasion de faire des découvertes. Il faut garder l'esprit ouvert et être alerte, ce que ne peuvent pas se permettre tout le monde avec les vies de fous qu'on mène au XXIe siècle.

J'aurais bien aimé pouvoir rencontrer ton collègue dans le temps que j'étais en librairie... Il aurait sûrement lu pas mal plus que Les Chevaliers d'Émeraude! Quand au fait de relier les lecteurs et les libraires, énormément d'efforts sont faits en ce sens, mais personne n'a encore réussi à trouver LA recette parfaite. Tout le monde continue à chercher par contre!

Et non, t'inquiète, je ne me sens pas visée par ton commentaire, pas du tout. C'est juste que comme c'est un sujet qui me tient à coeur, je grogne facilement quand on en parle. Ceci dit, garde tes idées: c'est de l'échange que naît les solutions.

P.S. As-tu vu sur FB que j'avais trouvé un livre avec un personnage portant un kilt qui n'est pas un roman d'amour écossais? :P

Prospéryne a dit…

Non, c'est, à mon immense regret (snif, snif) parce que je ne suis plus libraire depuis l'été 2013...

Jean-François a dit…

J'aime bien votre idée de "chat" sur le site "Le libraire" et je vais en discuter avec les responsables du site.

Étant libraire, je grince des dents en lisant certains commentaires, mais en même temps.... Avez-vous remarquer que les deux chaines de vente de livres n'ont même pas le mot "librairie" dans leurs noms ? Il y a bien quelques libraires dans ces chaines, mais malheureusement surtout des commis.

Ce que j'adore le plus dans mon métier ? C'est justement conseiller le lecteur. Je dit bien lecteur et non client, pourquoi ? Parce que nos lecteurs peuvent venir chercher des renseignements et conseils en librairie alors même qu'ils n'achèteront rien. Peut-être iront-il à la bibliothèque, ou en grandes surfaces, ou même en ligne... C'est souvent frustrant mais ça reste notre travail et il nous fait plaisir de vous aider.

Merci beaucoup pour vos commentaires, j'en prends note!

Merci aussi Prospéryne pour ton blog toujours aussi génial!

myr_heille a dit…

J'avais pas pensé à ça pour les bibliothèques, mais c'est bien vrai!

Et oui, j'avais vu pour le personnage en kilt, haha! Mais j'aime les romans d'amour écossais (je suis même en train de relire "Outlander" pour la 3-4e fois [en audio cette fois-ci!] grâce à la série télé!) alors je vais probablement y aller pour ça ;)

Unknown a dit…

Bonjour Marianne, (ou Prospéryne),

Tu as bien raison quand tu dis que les librairies font le travail en amont et que les bibliothèques dépendent de leur travail. Pour avoir effectué plusieurs fois l'office (la présentation mensuelle des nouveautés aux bibliothécaires faisant le choix des volumes), je sais que les libraires font un excellent travail de pré-sélection pour les bibliothécaires.

C'est un malheureux état de fait que cette ignorance de l'importance de ceux qui travaillent dans l'ombre. La culture ne dépend pas uniquement des auteurs, mais de tous ceux qui l'amènent dans les maisons et dans les mains des individus : librairies, bibliothécaires, enseignants, journalistes, critiques, etc. Le lecteur, s'il s'imagine tout seul face dans son rapport royal au livre, est accompagné, qu'il le veuille ou non, par tout un prolétariat qui lui a facilité la chose.

Allons, allons. Hop. Cascade ! Pas de regrets. Continue. Tu fais du bon travail !

Prospéryne a dit…

Ouf Gen, désolée pour le délai de réponses, c'est ça quand on passe notre temps à l'entraînement! :P

Moi aussi, la perspective de la fermeture des librairies physiques me fait peur. Parce que le conseil (et l'expertise qui y est liée) permet de faire vivre des gens parce qu'elle est liée au commerce des livres. Pas de pignon sur rue, pas de contacts humains et ce lien devient terriblement malmené. Je suis certaine que le milieu de la librairie va encore subir énormément de transformations au cours des prochaines années. Que le métier va encore évoluer. Sous quelles formes, de quelles façons? Ça reste à voir. C'est une des choses qui m'inquiètent le plus d'ailleurs.

Quand à tes expériences avec des commis et bien, je peux te dire que c'est malheureusement très vrai :'( Je connais d'excellents libraires qui travaillent dans des chaînes, j'en connais aussi d'autres qui pourraient faire beaucoup plus, mais qui sont limités par les politiques de l'entreprise. Il y a là un énorme problème parce que le manque d'expertise à ces endroits (que je peux comprendre, les temps partiels à ma librairie mettait une bonne année avant de devenir vraiment bonnes et on leur donnait beaucoup de formation, j'imagine s'ils en ont peu et que la priorité est mise à la présentation plus qu'au contenu), mais ça cause beaucoup de torts à tout le monde. Quand au fait que je t'envoyais des courriels pour le sans-gluten, ben, c'était parce que tu étais une cliente privilège :P Non, sans blague, je le faisais avec quelques personnes, celles dont je connaissais les besoins/intérêts. La clé est là: il y avait eu contact, je pouvais faire le lien entre la nouveauté et le client potentiel. Sans la connaissance de ces clients, je n'aurais pas pu faire cette partie de mon boulot. Mais ça c'est quelque chose qui se développe à long terme.

Comme je l'ai dit, il y a beaucoup de boulot pour rendre les libraires plus proactifs, mais la recette parfaite n'est pas encore au point. La plupart des libraires ne sont plus assis sur leurs bancs à attendre les clients depuis longtemps. Mais il est sûr qu'ils ont des moyens plus limités et que les journées n'ont que 24 heures pour tout le monde (faut continuer de faire le reste du boulot, réception de livres, commandes, placer les livres en rayon, comptabilité, caisse et autre quand même!). J'ai de l'espoir, mais je suis quand même inquiète.

Prospéryne a dit…

Merci pour ce commentaire!

J'aime particulièrement cette phrase: «Le lecteur, s'il s'imagine tout seul face dans son rapport royal au livre, est accompagné, qu'il le veuille ou non, par tout un prolétariat qui lui a facilité la chose.» C'est terriblement vrai. Quand je parlais de travail invisible...

Pourrais-je savoir qui a eu la gentillesse d'écrire ce commentaire? Je suis curieuse! ;)

Unknown a dit…

Bonjour Marianne,

Je suis désolé d'avoir laissé ce commentaire de façon anonyme mais ce n'était pas mon intention. Je pensais que le blogue me laisserait l'occasion d'y laisser mon nom mais je me suis fait prendre.

Je suis un bibliothécaire (plus ou moins retraité), je connais donc bien le travail des libraires, que je fréquente toujours, mais plus de manière professionnelle.

Signé : Mario Tessier

Prospéryne a dit…

Merci Mario!

Gabrielle Syreeni a dit…

Ça été bien plaisant de lire ce billet. J'ai réalisé que nous avions pratiquement la même verve quand nous avions l'intention de décrier des phénomènes qui nous agacent.

Parfois, il faut s'indigner pour que les idées bougent, pour que la vérité se dresse comme une évidence. C'est pas toujours l'fun d'être un des premiers à poser un tel geste, mais quand une situation ne tourne pas rond, faisons ce que nous pouvons pour la remettre droite.