La vie sur Mars Marie-Sissi Labrèche Leméac 164 pages
Résumé:
2035. Neil vient d'apprendre la mort de sa mère, sa mère avec lequel il a eu une relation plus que complexe. Elle l'a élevé seule depuis que son père s'est envolé pour Mars dans une mission spatiale. De retour à Raon-l'Étape, ville française de son enfance, il trouve un étrange manuscrit, un long récit que sa mère, écrivaine, a laissé derrière elle. Mais ce récit n'était dédié qu'à un seul lecteur: son fils. Car c'est son histoire qu'il lui raconte, celle de sa vie, de sa conception au départ de son père pour Mars. Car après tout, le reste de l'histoire, Neil la connaît.
Mon avis:
Oh wow... Comment dire autrement? J'ai lu ce livre d'une traite, en deux jours. Il y a un ton, une façon de raconter dans le récit de la mère qui m'a tellement accroché. On reconnait là une mère débordante d'amour envers son fils (les innombrables petits mots doux dont elle l'affuble compte beaucoup pour l'effet), même trop, une femme à la recherche d'elle-même, une écrivaine qui tente de faire sa place, tout ça en même temps, mais en mettant l'accent sur la relation avec son tout-petit qu'elle porte d'abord en elle, puis qu'elle élève, seule en bonne partie. À travers son récit, Neil apprend à découvrir une autre facette de la personne qui l'a élevée et à comprendre un peu mieux ses actes. Dit comme ça, cela fait cliché, mais sous la plume généreuse et débordante de l'auteure, ça prend une toute autre allure. Et c'est magnifique. C'est le portrait d'une femme, des difficultés qu'elle rencontre. Un portrait de la vie de couple aussi. Car dans la relation de ses parents, il y a beaucoup d'aveuglement volontaire de part et d'autre. Sa mère n'a pas su voir son père avec ses défauts et lui était trop aveuglé par lui-même pour comprendre ses besoins. On reste ébahi devant tant de bassesse parfois, mais qui relève au fond de la simple incompréhension entre les deux. Autant on sentira la force de la relation de Neil et sa mère, autant on verra celle du père de Neil avec son grand-père, elle aussi fusionnelle, totale, absolue, exclusive on pourrait dire. Et comme son père l'a fait avec sa mère, le père de Neil sera aveugle aux besoins de sa femme, sans même se rendre compte que celle-ci en a. Il la poussera sans même s'en rendre compte dans le rôle de femme au foyer, ménagère et cuisinière, ignorant ses désirs d'écrire, son simple besoin de faire autre chose que de prendre soin de son fils. Comme son père avait fait avant lui. Il est français et les différences culturelles prennent beaucoup de place dans le récit. La scène où ils rendent visite à des connaissances du village et où elle ne peut rien faire d'autre qu'endurer les conversations insipides est dure, mais réaliste. Obnubilé par son rôle d'hôte, il l'ignore totalement, ne comprenant pas que cette visite est pour elle un martyre. Ils sont dans sa culture et cela y est normal, alors qu'elle, québécoise, ne comprend rien des règles subtiles qui régissent ce genre de rencontre sociale et la subit comme une visite au purgatoire. Miroir de leur relation. Tout dans ce livres est d'ailleurs dans cette fine analyse psychologique des relations entre les personnages. On est du point de vue de la mère, mais même elle-même est d'une grande honnêteté et on comprend à travers elle ce qui se passe. Quand à Neil, bourré aux antixyolitiques et aux antidépresseurs au début du récit, il sort de cette histoire lavé, ayant fait la paix avec son passé. Une sorte de renaissance, de passage que l'on verra s'étaler sous nos yeux. Malgré tout, je ne peux que le voir comme un personnage secondaire dans l'histoire. Même morte, c'est sa mère qui occupe l'avant de la scène, c'est avant tout son histoire à elle. L'aspect science-fiction est un peu mince et on sent que l'histoire aurait pas mal pu se passer à n'importe quelle époque, ce qui rend un peu cette histoire intemporelle. Car le sujet principal est la relation mère-fils. Une magnifique plume au service d'une très belle histoire, vraiment, à lire.
Ma note: 5/5
4 commentaires:
Tu me donnes le goût pas à peu près! Misère, et mon budget qui est si ratatiné...
Je te le prête si tu veux, de toutes façons, on se voit en fin de semaine ;)
Je te l'apporte samedi à Boréal! ;) Et en plus tu pourras même le garder! ;)
P.-A.
Vous êtes fins tous les deux! Et, ah, c'est toi Blogue_leponge!!!
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