jeudi 5 mars 2020

Frankeinstein de Mary Wollstonecraft Shelley

Frankeinstein ou le Prométhée moderne  Mary Shelley  Le livre de poche 325 pages


Résumé:
Porté vers les sciences et la philosophie naturelle, doté d'un esprit déterminé et d'une grande dévotion à ses projets, Victor Frankeinstein, à force d'études, trouve un moyen d'insuffler la vie à la matière.  Son projet achevé et réussit, il est pris d'une aversion totale pour la créature auquel il a donné vie. Il l'abandonne, mais celle-ci, ayant découvert qui est son créateur, revient pour lui demander d'en créer une autre, afin que rejeté de tous dans ce monde, il ait au moins une compagne.

Mon avis:
Ok, Hollywood a complètement scrapé ce livre...  Non, mais vraiment!  J'ai vu je ne sais combien de scènes de film montrant la créature prenant vie avec des éclairs, tout un bataclan et tout et tout, alors que dans le livre, ça arrive en moins de deux phrases et on ne sait rien de la façon dont Frankeinstein s'y prend.  Rien du tout.  Lui-même ne veut pas le révéler pour éviter à d'autres êtres humains l'enfer qu'il a vécu.  A-t-il vraiment utilisé des morceaux de cadavres?  Sans doute, mais il ne l'affirme pas clairement, juste qu'il a eu l'idée géniale à force de faire des dissections...  Bref, on est très loin du mythe!

L'histoire est une mise en abîme d'une mise en abîme que l'on lit en cercle concentriques.  D'abord l'histoire de Robert Walton qui tente une expédition polaire et qui trouve Victor Frankeinstein en route.  Ensuite, l'histoire de Frankeinstein et au milieu, le récit de la créature sur sa propre vie.  Et en sens inverse, retour au récit de Frankeinstein, et on termine avec Walton.  Déjà, la structure du livre est intéressante car elle défait les cadres du récit classique.

La créature n'est pas un monstre bête qui se contente de grogner: elle est intelligente, pensante, raisonnante.  Elle fait de la vie de Frankeistein un enfer, tuant son frère, son meilleur ami et même sa femme, le jour même de leur mariage.  Cependant, l'auteure ne nous montre pas que Frankeinstein est une pure victime: c'est lui qui a conçu la créature et lui a donné la vie.  C'est aussi lui qui, à peine avait-il réussi, a rejeté ce qu'il venait de créer.  Parce que la créature est immonde à regarder.  Sa seule présence provoque le rejet et la peur chez ceux qui le voit, même pour Frankeinstein lui-même.  Il est donc à la fois le bourreau de la créature, en la privant de tout ce qui est nécessaire à l'épanouissement d'un individu, en premier lieu sa simple présence puisqu'il l'abandonne dès le départ, mais aussi l'éducation de base.  La créature devient son bourreau, en s'attaquant à ses proches, en faisant de lui un être aussi isolé qu'elle ne l'est elle-même, mais ce uniquement après que Frankeinstein eu refusé de lui fabriquer une compagne.  Créature et créateur se reproche au fond la même chose: leur isolement.

Si l'histoire trace de très beaux portraits psychologiques de ses personnages principaux, soit la créature et Frankeinstein lui-même, le récit reste écrit par une jeune fille de dix-huit ans.  Côté émotion, elle beurre très épais.  L'époque et le genre le voulait certes, mais il y a aussi le manque d'expérience qui entre en jeux.  Le récit reste assez classique pour les normes de l'époque et le style est à l'avenant tout en ayant une touche personnelle qui je crois, vient du fait que l'auteure était une femme, très jeune en plus.  La grand inventivité de ce texte réside dans les thèmes explorés et dans la manière dont ils le sont.  L'expérience personnelle de l'auteure, qui a perdu un enfant en bas âge quelque temps auparavant, a dû nourrir ce texte: on y parle de donner la vie et du deuil aussi, beaucoup.  L'importance de l'instruction, à travers le récit que fait la créature de sa propre éducation est aussi soulignée.

Ce livre n'a pas volé le titre de chef d'oeuvre, parce qu'il en est un.  C'est une oeuvre révolutionnaire, qui a bouleversé les colonnes du temples et a ouvert la voie à beaucoup de genre littéraires à venir.  Reste que le récit a plus ou moins bien vieilli à mon avis: il sent très fort l'empreinte de ce début de XIXe siècle où il a été écrit.  Et je le répète, Hollywood l'a complètement scrappé.  Genre, vraiment!

Ma note: 4/5

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