lundi 7 octobre 2019

De la lenteur

Salut!

Je me souviens d'une fois, quand j'étais à l'université, j'avais lu un livre en une journée.  J'avais pris mon livre le matin pour l'emmener lire dans le train et de fil en aiguille, je l'avais lu dans la journée.  Je veux dire, au complet, d'une couverture à l'autre.  Voyant qu'il avançait bien, je m'en étais même fait un défi!  Je me rappelle lire les dernières pages en accéléré pendant que le train arrivait en gare (je prenais le train de banlieue à l'époque).  Bref, j'ai lu ce livre en une seule journée.  Sauf que je ne me rappelle plus ni le titre, ni de quoi il parlait, vaguement de la couverture et encore, à peine.  J'ai lu ce livre trop vite.

Récemment, je lisais une bande dessinée.  J'attendais des amis qui venaient chez moi et avec qui j'avais rendez-vous.  Ils étaient légèrement en retard.  Je lisais ma BD un poil stressée en guettant leur arrivé.  J'ai posé cette BD quand elle a été finie, mais je savais que j'allais devoir la relire parce que... je l'ai lu trop vite.

Ces deux exemples m'amènent à penser que la lecture nécessite une certaine lenteur.  Pour lire, il faut pouvoir se concentrer sur un livre et profiter de lui.  Ça demande de déconnecter des autres sources de distraction, de fermer la télé, de laisser l'ordi de côté et de tenir le cellulaire loin. Ça demande du temps et du temps de qualité.  Dans nos vies d'aujourd'hui, où l'on cours du boulot à nos loisirs avec plein de sources de distractions à portée de la main, lire devient quasiment un acte de résistance car il demande que l'on prenne le temps pour s'y consacrer.

L'autre jour, un dimanche matin pantouflard, j'ai laissé l'ordi éteint, je n'ai pas commencé une balado, je n'ai ouvert la télé pour regarder un film, je me suis enroulée dans une chaude couverture, une tasse de thé à portée de main et j'ai lu.  Tout simplement.  Et quelque part, j'ai eu l'impression de m'accorder un moment hors du temps.  Ça faisait un moment que je n'avais pas pris le luxe de prendre plus d'une heure le nez dans un livre, sans décrocher de mon histoire.  En fait, je me rends compte que même si je lis quand même beaucoup, je suis souvent en mode grappiller quelques instants de lecture ici et là plutôt que réellement prendre le temps.

Ceci est tout un contraste avec la belle époque de mon adolescence où je hantais le divan du salon pour des après-midi complet, indifférente à l'heure et aux jérémiades de ma mère qui trouvait que je passais beaucoup trop de temps à lire.  Je m'en foutais, mais à vrai dire, à l'époque, j'avais le temps.  Avec les années, les responsabilités, les contraintes de la vie d'adulte, les moments où je peux prendre le temps ont fondu comme neige au printemps: il en reste, mais on dirait qu'ils disparaissent plus vite que jamais!

Lire, c'est se réapproprier un rythme plus lent, même dans le plus passionnant des thrillers.  C'est aussi s'isoler des autres, ne pas partager ce plaisir de façon directe comme on le ferait en regardant une série ou un film en compagnie de quelqu'un d'autre.  C'est un petit peu égoïste, c'est tout à fait personnel et c'est très sain d'être comme ça.  C'est tout simplement de prendre un peu de temps pour soi.

@+ Mariane

4 commentaires:

Gen a dit…

Je comprends totalement ce billet! Depuis un an, je m'accorde au moins une fois par semaine une soirée de lecture sans télé, où je ne lis pas non plus un service de presse ou un ouvrage de référence... Et ça me fait un bien fou!!!

Alain a dit…

Quand je vois ma fille passer à travers des briques de 1200 pages en quelques jours, je regrette bien l'époque où j'avais du temps de lecture à profusion...

Je me disais justement qu'il faudrait que je me réserve une soirée de lecture cette semaine. On verra si j'ai le temps...

Prospéryne a dit…

Ça fait toujours un bien fou! Surtout quand c'est un livre qui nous passionne!

Prospéryne a dit…

Ah la jeunesse... On avait tellement le temps d'y faire plein de trucs!