lundi 22 juillet 2019

On racontait les histoires ainsi...

Salut!

L'autre jour, je suis allée à l'opéra, voir Carmen de Bizet, monté par l'Opéra de Montréal.  Je n'ai pas détesté, mais je n'ai pas aimé non plus.  Bon, pour être honnête, j'ai surtout trouvé ça long (mon postérieur aussi!).  C'est clairement quelque chose qui est lié à l'art lyrique, mais souvent, un des personnages prenaient un moment d'arrêt sur le reste du spectacle, seul sur scène, pour nous chanter ses émotions.  Ça donnait l'occasion à chaque personnage d'avoir son tour de chant, mais ça rallongeait considérablement l'histoire.  Une façon de faire qui est sans doute typique de l'opéra, mais auquel la consommatrice culturelle moderne que je suis n'était pas habituée.

En rentrant à la maison, je me disais que cette façon de raconter une histoire était typique de cette époque et de cet art.  Mais ça va un peu plus loin que ça.  Si la même histoire était racontée aujourd'hui, on couperait beaucoup de passages chantées et on les raccourcirait, on donnerait du tonus aux personnages secondaires, on nouerait des intrigues parallèles à la précédente, bref, on en ferait une oeuvre beaucoup plus complexe, avec moins de tableaux uniquement utiles pour mettre en valeur les chanteurs des choeurs.

Ça m'a fait aussi pensé à la célèbre anecdote sur les romans du XIXe siècle où les auteurs bourraient leurs écrits de descriptions à rallonge parce qu'ils étaient payés à la page.  Ou à ces longs poèmes du Moyen Âge qui finissait toujours par la même syllabe afin de permettre aux poètes qui les récitaient de les apprendre plus facilement.  La façon dont l'art était diffusée a toujours joué un rôle dans la façon dont les histoires étaient racontées.  On ne pensait pas à des effets spéciaux par ordinateur avant leur invention et les livres étaient beaucoup moins nombreux avant l'arrivée de l'imprimerie.  On ne parlera pas non plus des journaux qui sont carrément une conséquence de l'arrivée des presses modernes.  Le côté technique de la diffusion a influencé la manière de raconter les histoires, mais ça n'a pas été un frein à la créativité.  L'approche était différente, tout simplement.

Voilà sans doute pourquoi la consommatrice de contenus culturels que je suis a moyennement apprécié l'opéra qu'elle a vu.  Je ne maîtrisais pas les codes de compréhension de l'histoire qu'on me racontait.  L'oeuvre a été créée dans un contexte, avec des techniques de diffusion, un langage scénique que je ne maîtrisais pas.  Je pourrais certes l'apprendre, ce n'est pas hors de ma portée, mais en aie-je le goût?  Ça c'est une autre question.

Je crois que je vais continuer à fréquenter le théâtre au lieu de l'opéra.  Cet art, j'en maîtrise mieux les codes et je suis plus à même de bien en comprendre les histoires.  Même les pièces vieilles de plusieurs siècles, je sais les comprendre, parce qu'on m'a appris à les comprendre.  Pas l'opéra.  Un jour peut-être..

@+ Mariane

4 commentaires:

Alain a dit…

Ce n'est pas insulter les auteurs du passé que d'affirmer que nous en avons appris beaucoup sur l'art de raconter des histoires depuis un siècle ou deux. On a tendance à considérer les œuvres classiques comme "parfaites", mais selon les standards d'aujourd'hui elles comportent régulièrement des passages qui pourraient être resserrés, ou des "maladresses" selon les standards d'aujourd'hui.

Et l'opéra... disons que les sensibilités culturelles contemporaines ont évolué dans des directions bien différentes.

Prospéryne a dit…

En tout cas, maintenant, je le sais que ce n'est pas pour moi!

Gen a dit…

Lol! J'ai tellement eu la même réaction que toi quand je suis allée à l'opéra (suis pas retournée d'ailleurs). Par la suite, j'ai appris que l'opéra n'a pas vraiment été conçu pour être consommé à grandes doses. L'opéra était un lieu mondain, on y allait pour voir et se faire voir,on grapillait un solo, un bout du deuxième acte, puis on sortait prendre un verre dans le foyer, on y retournait pour l'aria de telle cantatrice reconnue... Et on suivait l'histoire grâce au livret ou on revenait le lendemain pour la suite. Rares aussi étaient les productions montant les oeuvres entières, car ça demandait beaucoup de solistes de talent. Bref, oui, avec ce médium-là surtout, les conditions de diffusion ont joué beaucoup!

Pour ce qui est des classiques, je crois en effet que notre compréhension théorique de l'art narratif est meilleure (là où les anciens "maîtres" y allaient à l'instinct) et notre rapport au temps et au monde a changé. Je n'ai pas 30 minutrs à perdre pour lire une description de "Paris à vol d'oiseau" : j'ai déjà vu des photos!

Prospéryne a dit…

Bon, je viens de comprendre beaucoup de choses concernant l'opéra!

Quand à notre compréhension théorique de l'art narratif, je ne peux que te seconder: en effet, on en maîtrise mieux les codes, les techniques et les utilisations. Ça rend les choses plus efficaces et face à des oeuvres mieux réussies sur ce point... Ben ça paraît plus! Bref, j'aime mieux vivre de nos jours en ce qui concerne l'art!