Paul dans le Nord Michel Rabagliati La Pastèque 169 pages
Résumé:
1976. Paul a seize ans et est au sommet de l'âge ingrat adolescent, avec ses hormones, ses conflits avec ses parents et son ouverture aux nouvelles amitiés. En plus du chalet dans les Laurentides qu'il aime plus ou moins. Et son premier amour qui traîne pas loin.
Mon avis:
Encore une fois, Michel Rabagliati touche juste en racontant une partie de la vie de Paul que l'on avait pas encore vu, celle de la traversée de l'adolescence. Le Paul qu'on y retrouve est boutonneux, peu sûr de lui, hésitant, fasciné par les seins des filles qui l'entourent et facilement influençable par ses amis. C'est aussi la grande période qui marque le passage de l'enfance à l'âge adulte, le cégep, la fin du secondaire, la découverte de la liberté (son scooter!). Disons-le, on y découvre dans ce Paul l'ado bougonneur et renfermé sur lui-même des préjugés, mais en même temps, on marche dans ses souliers, alors on le comprend. Ses relations avec ses parents seront difficiles tout au long de l'album. Son père qui insiste pour qu'il lui donne un coup de main dans les petits travaux de la maison, alors que lui-même fait tout pour pour ne pas le faire. Sa mère qui vieillit et qui commence à s'en faire avec ses rides, qui essaie de le comprendre malgré tout, mais qui la trouve dure cette passe. Sa grande soeur qui s'émancipe et avec qui il goûte enfin des relations frère-soeur intéressantes. Cet album, c'est comme toujours une incursion dans le passé, les années 70, en particulier l'impact sur les gens des Olympiques de 1976 et la passion qu'ils ont suscités sur tous les jeunes québécois de l'époque. À les entendre devenir des experts en athlétisme, en kayak et autres sports, on comprend que les jeunes étaient passionnés de LEURS jeux. D'autres détails surgissent, l'habillement, la musique et (je l'ai trouvé drôle!) les jeunes qui vont acheter de la bière au dépanneur et qui ne se font même pas carter. Même que le propriétaire leur offre la bière en spécial pour qu'ils en aient 24 au lieu de 12! La boîte de Laurentienne était d'ailleurs typique de l'époque. Il va donc boire un coup autour du feu de camp avec ses amis et découvrir les joies du pot... Hum! D'ailleurs, les amis prennent beaucoup de place dans cet album. Ils ont au coeur de la vie de Paul, en bien et en mal. Son ami qui l'attire dans une excursion en auto-stop en plein hiver avec une vague adresse dans le Nord m'a fait bien rire, mais être dans les souliers de ces jeunes-là, je ne l'aurais pas trouvé drôle. Une scène en particulier m'a fait profondément réagir, celle où la gang des jeunes, en présence de Paul, commet ce qui aujourd'hui est considéré comme une agression sexuelle, à tout le moins du harcèlement. Et pourtant, personne ne trouve à y redire, ajoutant même que la jeune fille s'offusque facilement. Si le personnage de Paul n'est pas à l'aise avec la situation, il ne dit rien. Marqueur de l'évolution des mentalités sur ce sujet. Cette jeune fille sera d'ailleurs son premier amour, le grand, qui prend tout et emporte tout. La scène où finalement elle le quitte est la marque de l'inconstance de certains amours adolescents et où pourtant, on comprend qu'il prend toute la place. À la fin de l'album, Paul a grandit, on le voit, encore là avec toute la touche spécial de l'auteur. Une étape est finie, une autre commence. Si l'album n'est pas situé chronologiquement dans l'ordre de publication, on ne peut que l'apprécier sur ce qu'il nous apprend sur le Paul que l'on a connu dans les autres albums. Et encore une fois, c'est une réussite, même si pour une fois, le Paul est moins mignon que face-à-claque dans ce tome-ci!
Ma note: 5/5
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