lundi 28 novembre 2022

Combien de véritables histoires d'amour est-ce que j'ai lu?

 Salut!

Quand j'étais jeune, ma mère m'interdisait de lire des romans Harlequins. À l'entendre, ça allait construire dans ma tête une vision de l'amour complètement faussée. Je n'étais pas particulièrement rebelle, mais cette fois-là, j'ai désobéi: j'ai lu en cachette plusieurs romans Harlequin durant ma jeune adolescence. Je n'ai pas été particulièrement impressionnée, mais c'était de bonnes histoires. À vrai dire, je voulais la plupart du temps donner des baffes aux deux protagonistes , mais les histoires ne manquaient pas de rebondissements et se laissaient lire facilement.

Cependant, ma mère n'avait pas tort sur un point: l'image de l'amour qu'on y montrait était foncièrement tordue. Les hommes y étaient souvent stoïques, braves, musclés et riches, savaient harceler la demoiselle au bon moment et faire repentance au besoin. Et la plupart du temps, ça finissait en scène où la femme, le plus souvent, renonçait à sa propre vie pour suivre son homme. Certes, il y avait des nuances: souvent le comportement de l'homme était expliqué par un sombre passé. Ses mensonges finissaient par être pardonnés et même, par conduire à la magnifique histoire d'amour que l'on nous racontait. Histoire d'amour qui au fond, se résumait à raconter pendant 250 pages comment ils allaient finir ensemble. Jamais rien sur le lendemain matin, les disputes, les négociations, les déceptions, les échecs, les périodes creuses et les trucs plus prosaïques. Combien de couples réels se disputent sur le fait de baisser ou non le siège de la toilette? Comparez ça à la fréquence avec lequel ça arrive aux personnages des romans Harlequins et vous allez tout de suite voir la différence.

Quand j'y repense, j'ai lu très peu de réelles histoires d'amour. Roméo et Juliette se connaissent à peine et leur histoire dure quelques jours et fait cinq morts au passage. Dans Twilight, Edward remplit toutes les conditions pour une relation abusive. Et bon, inutile de faire la liste de ce qui cloche dans Cinquante nuances de Grey. Dans les Hauts de Hurlevent, HeathCliff fait une fixation malsaine sur Catherine, même après sa mort. Dans Jane Eyre, M. Rochester entend régir la vie de Jane, qui a le bon sens de protester. Je pourrais continuer encore et encore.

Dans Mister Big ou la glorification des amours toxiques, India Desjardins réfléchit justement à cette notion. C'est comme si la fiction nous a habitués à présenter des situations qui sont loin d'être saines comme étant profondément romantiques. Le contrôle est une forme de protection, la violence psychologique est dû à un traumatisme passé, la violence physique parce que l'un des partenaires a exagéré. D'ailleurs, la plupart des histoires d'amour que l'on raconte sont situées avant l'engagement, dans cette période où les protagonistes sont en train de se connaître et de se découvrir. On parle des débuts du sentiment amoureux, pas de l'amour comme tel. Et quoi de mieux pour raconter ce genre d'histoire que de présenter les futurs amants comme des antagonistes? La finale les laisse au seuil de la vie à deux. Et ce qu'on présente comme des histoires d'amour sont au fond des histoires de comment deux personnes tombent amoureuse, ou, si on prend le cas de Roméo et Juliette, comment deux personnes tombent amoureuse malgré le monde entier entre eux. 

Et les autres histoires d'amour? Celles de couples qui s'aiment, mais qui font face aux aléas de la vie quotidienne? J'avoue avoir un faible pour le couple de Mr et Mrs Weasley dans les Harry Potter là-dessus. Un couple qui s'aime, qui se dispute, mais reste loyal l'un envers l'autre et affronte les épreuves en faisant front commun. Leur histoire, même si elle est en trame de fond, reste une histoire d'amour, une vraie, celle de deux personnes qui s'aiment, même si parfois les défauts de l'un et l'autre ressortent, ce qui dans les livres et les films donnent l'occasion de beaucoup de ressorts comiques.

Mais l'une de mes histoires d'amour préféré est celle d'Evelyn et Rick dans Le retour de la momie. Si le premier film nous montrait une histoire d'amour basée sur la rencontre, le deuxième film nous montre un couple qui s'obstine, mais se connaît, respecte les forces et les faiblesses de l'autre et surtout, a appris l'un de l'autre. Ils ont construit quelque chose ensemble, sans nier leur individualité. Et ils sont toujours amoureux l'un de l'autre. 

Très différent des romans Harlequin que ma mère m'interdisait de lire.

@+ Mariane

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