lundi 6 juin 2022

Je comprenais Frodon et je n'en aimais que plus l'histoire

 Salut!

Je me rappelle d'être allée voir le film au cinéma. Le troisième Seigneur des Anneaux, la conclusion de la saga. Et là, au dernier moment, celui où Frodon n'a plus qu'à ouvrir la main pour laisser tomber l'Anneau dans la lave pour le détruire, l'instant ultime où il n'y a qu'un minuscule geste à faire pour que l'aventure que nous suivons depuis des heures se termine.. Frodon dit Non et passe l'Anneau à son doigt.

J'ai entendu le ahhh!!!! de toutes les autres personnes dans la salle, le glapissement de Non, ne fait pas ça Frodon! Et je l'ai fait aussi! Comme une grande inspiration qui m'a pourtant complètement coupé le souffle.

Mais en même temps, au plus profond de mon coeur, je le comprenais. Ce petit hobbit à la vie toute simple, chargé d'une mission trop grande pour lui, qui a résisté si longtemps au pouvoir de l'Anneau. Et au dernier moment, après toutes ces épreuves, après tous ces sacrifices, il cède. Je l'ai compris comme toutes les autres personnes dans la salle de cinéma ce jour-là.

Sauf que:

C'est parce que l'on a enduré aux côtés de Frodon toute la torture auquel l'Anneau le soumet qu'on le comprend.

C'est parce que l'on a vécu, tremblé, souffert à ses côtés qu'on le comprend.

C'est parce que l'on sait la puissance du pouvoir de l'Anneau, entre autres grâce à Gollum, qu'on le comprend.

Qu'on le comprend au dernier moment de céder.

On s'est attaché à Frodon, à son cheminement, à sa lutte, qui contrairement à celle de tout autre personnage dans la trilogie, en est une de combat intérieur. Tout du long, Frodon lutte  pour garde le contrôle qu'il a sur lui-même et pour empêcher l'Anneau de prendre le pouvoir sur lui. Ceci veut dire des couches et des couches d'histoire, qui est représentée par des anecdotes, des détails, des petits moments, des gestes, des réactions, d'infimes détails, mais qui nous disent: voilà où Frodon en est rendu face à l'Anneau.

C'est parce que l'on s'est attaché à Frodon que l'on embarquait à fond dans son périple. On vivait son histoire, à ses côtés. Et c'est là l'important: on s'était attaché à lui. Comme à Aragorn, comme à Gimgli, comme à Legolas, comme à Gandalf. Comme à Gollum même d'une certaine façon. Pas qu'on les aimait nécessairement, mais leur histoire nous importait parce qu'on les connaissait.

On dit souvent en parlant d'une bonne histoire que l'on a adoré l'intrigue.  Mais c'est souvent en parlant des personnages, en décryptant leurs comportements, leurs attitudes et leurs actions que l'on entre dans le coeur de l'oeuvre. Qu'on les aime ou qu'on ne les aime pas, on trouvera toujours une histoire meilleure quand on s'est attaché à leurs protagonistes et même à leurs antagonistes. Un méchant que l'on comprend est toujours meilleur qu'un méchant à la sauce James Bond des années 60 qui veut juste détruire le monde, car il est un mégalomane fini. 

Pour s'attacher à quelqu'un par contre, il faut un personnage qui ait une personnalité. Un passé, mais aussi quelqu'un dont les actes sont cohérents tout au long de l'histoire, quelqu'un qui agit et qui réagit, pas quelqu'un dont on a l'impression qu'il est une marionnette dont l'auteurice tire les ficelles pour mener à bien l'histoire qu'il a imaginée. On voit Frodon évoluer tout au long des trois tomes de l'oeuvre de Tolkien. De simple hobbit menant une vie prévisible et surtout préoccupé par la bonne bière et l'herbe à pipe, on le voit quitter sa zone de confort, partir dans une aventure qu'il n'a pas choisie, affronter des épreuves, perdre des amis, ne plus savoir à qui faire confiance. On le voit souffrir, on le voit faiblir, douter, hésiter, foncer. Mais jamais on a un truc qui tombe de nulle part qui fait en sorte qu'il céderait à l'Anneau comme ça parce que ça lui chante un matin. Frodon est une personne de papier, mais une personne quand même.

Et c'est ça qui est le plus important. On aura beau avoir un univers riche à foison, une intrigue palpitant, de multiples rebondissements, si on n'arrive pas à connecter avec les personnages, la sauce ne prendra pas. C'est bien dommage, mais il est toujours plus intéressant de suivre des personnages qui vivent une histoire que de suivre une intrigue où vivent des personnages. 

@+ Mariane

2 commentaires:

JF a dit…

Je suis justement en plaine lecture de Lord of the Rings pour la première fois de ma vie. Je l'ai lu en Français à plusieurs reprises mais j'ai l'impression de le lire pour la première fois présentement.

Les personnages arrivent à Bree et je suis déjà attaché à eux et j'étais triste que Tom Bombadil ne les accompagnent pas (Même si je savais que ce ne serait pas le cas).

Ton billet est tellement vrai! Je peux pardonner une histoire correct avec de super bons personnages, mais une super bonne histoire avec des personnages juste correct ? Il y a de fortes chances que ça laisse une moins grande empreinte dans ma tête.

Merci pour un autre billet génial!

JF

Prospéryne a dit…

@JF, mais de rien! Merci à toi de ton beau compliment qui réchauffe mon coeur de blogueuse!