vendredi 29 juillet 2016

Open d'Andre Agassi

Open  Andre Agassi  (JR Moehringer)  Plon 501 pages



Résumé:
Le petit Andre Agassi a sept ans quand son père l'installe sur un terrain de tennis, face à une machine à lancer des balles.  Cette machine, il la surnommera le dragon et son père tyrannique l'obligera à frapper 2500 balles par jour à partir de cet âge, décidé à faire de lui un numéro un mondial.  Le moment où il va commencer à détester le tennis.  Ce qui ne l'empêchera pas de devenir, quelques années plus tard, le numéro un mondial.  Dans ce livre, on le suit dans les innombrables hauts et bas du joueur de tennis.  Avec ses moments de bonheur, de gloire, mais aussi ses descentes aux enfers.  Et les matchs qui rythment le tout.

Mon avis:
Honnête j'ai le goût de dire.  Évidemment, c'est une autobiographie, donc, forcément, Andre Agassi ne raconte que ce qu'il veut bien dire.  D'ailleurs, point à noter, je ne dirais pas l'auteur dans le cadre de cette critique puisqu'il le dit lui-même dans la post-face, il n'est pas l'auteur du livre, même si son nom figure sur la couverture.  Il nomme clairement le véritable rédacteur du texte et c'est tout à son honneur puisque que nombre de sportifs n'ont pas cette honnêteté.  On le suit pas à pas depuis l'âge de sept ans, alors que son père l'oblige à se mettre au tennis.  On comprend très vite que ce père, tyrannique et autoritaire, n'est pas le genre à qui l'on peut dire non.  Plusieurs anecdotes à l'appui, on saisit vite l'atmosphère dans laquelle lui et ses frères et soeurs ont grandit...  Déterminé à faire de son fils un numéro un mondial, il n'hésitera pas à lui mettre une immense pression sur les épaules.  Mais ce récit, c'est aussi la vie d'un jeune de Las Vegas, habitué dès son jeune âge à la notion de pari et de jeu.  Visiblement, la ville l'a beaucoup marqué.  Tranquillement, au rythme des matchs, des victoires et des défaites, on suit son parcours.  Dans les montées qui suivent les victoires, mais aussi dans les spectaculaires et profondes périodes de doutes qui suivent la défaite.  Un match à la fois.  Victoire, montée.  Défaite, descente.  Match par match.  Et on a plein des récits de match.  Ce qui est surprenant, c'est que même au bout du douzième, on est pas tanné de les lire.  Au contraire, on garde l'intérêt envers chaque partie, sans que la répétition s'installe trop, quelque sois notre niveau général de connaissance sur le tennis et ses règles (chapeau au rédacteur sur ce point!).  Ses relations avec les autres, très fortes, entre autre avec son frère Philly (lui aussi obligé de jouer au tennis par leur père) et son entraîneur Gil, quasiment son second père.  Si le livre parle beaucoup de tennis (évidemment!), il parle aussi beaucoup de la personne derrière le joueur, qui s'est longtemps cherchée.  Sur ce point, on ne peut que le comprendre.  Le joueur qui sur le terrain semblait un rebelle, un bum était en fait un être humain qui comme il le dit lui-même, se cherchait, explorait, plus qu'il ne s'affirmait, version plus largement véhiculée sur son compte.  C'est l'être humain derrière le sportif que l'on découvre et c'est très intéressant.  Certes, il fait l'impasse sur certains détails (tient, il a eu une petite amie pendant deux ans à Memphis?  Il le dit comme ça en passant, sans même la nommer!) et certaines parties de sa vie restent plus mystérieuses, mais quand même, on sent l'honnêteté de dire les choses telles qu'elles ont été pour lui.  C'est très intéressant et ça se lit comme un page turner.  J'ai vraiment beaucoup aimé.

Ma note: 4.5/5

lundi 18 juillet 2016

Connaissez-vous les boîtes à livres?

Salut!

Connaissez-vous les boîtes à livres?

Pour ceux qui ne connaissent pas, l'idée fleurit depuis quelques années déjà.  Le principe est simple: une boîte est disponible dans un endroit public: parc, rue passante, station de métro, bibliothèque, parfois même devant la maison de simples particuliers, mais toujours dans un endroit accessible.  La boîte est toujours clairement identifiée.  On peut y déposer des livres ou y prendre des livres.  Comme ça, gratuitement et sans que personne n'aille à redire sur ce que vous y prenez ou vous y mettez, pas de date de retard si vous ne ramenez pas le livre, pas de file d'attentes non plus.  Personne pour surveiller, ni personne pour vous dire de parler moins fort comme à la bibliothèque.

Ce genre d'initiative pour la lecture fait partie de ceux qui sont entrés dans mon écran-radar au cours des années.  Des gens qui prennent et donnent des livres, à de purs inconnus et provenant de purs inconnus, dans le but de partager le plaisir de la lecture.  Je ne m'y étais pas intéressée beaucoup.  L'idée me plaisait, mais comme de nombreuses initiatives, je n'ai pas pris le temps de m'y attarder de plus près.  Pourtant voilà, ça m'est retombé sous le nez de belle façon.

Samedi matin, un magnifique samedi ensoleillée, j'ai été prendre une marche dans un parc de mon quartier avec un ami.  Et là, je tombe pour la première fois sur une de ces fameuses boîte à livre en bois et en clous.  Je n'ai pas pu m'empêcher de m'en approcher avec des cris de gamine émerveillée.  J'ai évidemment sauté sur son contenu.  Il y a avait là une belle brochette de livres, de la psychologie au roman policier, dans les deux langues officielles du pays (pour mémoire, j'habite un quartier 50-50 pour ce qui est de la langue parlée à la maison).  La boîte était telle que je me l'imaginais: sympathique, vivement colorée, avec des livres ayant un peu de vécu à l'intérieur, mais aussi plein de belles intentions de lecture.  Et là, surprise de taille!  J'ai mis la main sur un livre de Daniel Sernine édité en 1991...

La jolie boîte à livre de mon quartier avec le livre que j'y aie trouvé!


Laissez-moi vous dire que ce livre n'est pas resté dans la boîte!  Maintenant que je sais que cette boîte n'est pas loin de chez moi, je pense aller y faire un tour.  Pour aller voir ce qu'il y a dedans, mais aussi pour aller y déposer quelques-uns des miens que je sais que je ne relirais pas.  Question de partager le plaisir... ;)

Ce que j'aime par-dessus tout de ce genre d'initiatives, c'est sa simplicité.  Rien de compliqué, juste un lien entre des lecteurs inconnus que rien d'autres ne réunira sans cela.  Un peu comme Le 12 août, j'achète un livre québécois.  Pas de chichis, pas de flaflas, juste des actes en faveur du livre et de la lecture à faire partager.  Et ça, j'aime ça.

@+ Mariane

P.S. Avez-vous commencé à faire votre liste pour le 12 août????  Moi oui! :D

jeudi 7 juillet 2016

Trilogie des tempêtes: 3- Au coeur des tempêtes de Mercedes Lackey

Trilogie des tempêtes  tome 3  Au coeur des tempêtes  Mercedes Lackey  Milady  602 pages


Résumé:
Restés à la Tour d'Urtho, au centre des Plaines de Dhorisha, coupés du monde, le petit groupe de mages et leurs alliés ont réussi à trouver une solution temporaire au problème des tempêtes magiques.  Cependant, le plus grave problème est encore à venir, car tous savent que la pire tempête, l'écho de la terrible tempête qui ravagea le monde, deux milles ans plus tôt est encore à venir.  Pendant ce temps, Elspeth et Ventnoir quittent Valdémar pour aller à la rencontre de Tremane.  Celui-ci se voit offrir par le peuple de Hardorn la couronne de leur pays, mais à condition de se lier à la terre, pratique négligée par Ancar pour accroître sa puissance magique.  Sauf que les effets de celle-ci se révéleront inattendues par tous.  Au point que celui-ci sentira lorsque des ressortissants de la mystérieuse Iftel traverseront leurs frontières pour la première fois depuis des siècles.

Mon avis:
Alors que les deux premiers tomes de trilogie étaient directement liés l'un à l'autre, celui-ci se démarque parce qu'il forme une intrigue complète en lui-même, même s'il conclut une trilogie.  L'histoire suit sa propre courbe.  Premièrement, le décor change: de Valdémar, on suit à la fois le groupe qui entoure Karal à la Tour d'Urtho et celui d'Elspeth, ambassadrice de Valdémar auprès de Tremane.  Ce changement en entraîne beaucoup d'autres dans la narration, subtils, mais présent, qui donne sa couleur au livre.  Karal reste le narrateur principal, mais An'desha et Tremane cèdent leurs places à Elspeth et à Melles, l'autre héritier potentiel du trône de l'Empire.  La même épée de Damoclès pend au-dessus des protagonistes, mais ils savent un peu mieux s'orienter par rapport à elle (sauf les impériaux!).  Tous les personnages vont évoluer sous nos yeux, mais plus particulièrement Karal.  Il continue son cheminement intérieur, lui qui, partit moins d'un an plus tôt de Karse en tant que prêtre du Soleil, a vu son point de vue sur le monde et les gens qui l'entoure changer du tout au tout.  Mais ce qui est intéressant, c'est qu'on le suit dans ses interrogations, ses décisions, ses doutes et ses conclusions.  On voit lentement un être humain qui a été élevé dans une certaine rigidité intellectuelle s'ouvrir et accepter la différence, non pas en la tolérant, mais en l'acceptant de façon pleine et entière.  Durant leur séjour à la Tour d'Urtho, son cheminement se poursuivra, accompagné comme il l'est par des êtres aussi différents qu'il puisse l'être, tant culturellement que physiquement.  Et leurs découvertes dans la tour le seront tout autant.  Intéressant, cette idée encore une fois de mélanger la science et la magie (même à distance)!  De son côté, Elspeth et Ventnoir affronteront une autre sorte de magie, plus ancienne encore: la magie de la terre.  Le parcours de ces deux-là est tout aussi intéressant que celui de Karal et de ses amis.  Partis comme ambassadeur de Valdémar et de ses alliés, ils seront à la fois les supports et les motivateurs de Tremane dans sa nouvelle vie.  Et celui-ci sera obligé de remettre en question sa vision du monde.  Encore une fois le cheminement, douloureux par moment, mais nécessaire.  L'autre nouveauté, est l'ajout d'un narrateur directement dans l'empire, celui qui deviendra l'héritier de Charliss, Melles.  J'ai moins apprécié ses parties, beaucoup plus politiques.  Et de voir un entourloupeur à l'oeuvre me donne moins de plaisir que de voir quelqu'un qui essaie de se tirer d'une situation désespéré, ce qui était le cas de Tremane.  J'ai fini par l'apprécier à la longue, mais je n'appréciais moins les chapitres qui lui était consacrés.  Encore une fois, on saute d'un narrateur à l'autre et on voit les choses selon différents points de vue sur une même situation, ce qui permet d'en couvrir tous les angles, mais en même temps, la ligne du temps est continue.  C'est comme si Karal racontait le début de l'histoire, suivit par Elspeth (qui n'était pas narratrice dans les autres tomes), ensuite Melles, puis de retour à Karal etc, mais toujours à la troisième personne.  Intéressant.  J'ai moins aimé la partie où les dieux et déesses interviennent directement dans la vie des personnages: c'était intéressant de voir un roman de fantasy qui ferait spécialement l'impasse sur l'intervention divine.  Ils n'en avaient d'ailleurs pas besoin, la brochette de talents et d'intelligences et leur capacité à travailler ensemble suffisait largement à donner un intrigue intéressante.  Un petit regret donc.

Ma note: 4/5

lundi 4 juillet 2016

L'auteur et l'oeuvre

Salut!

Avez-vous déjà remarqué que souvent, quand on présente un auteur en début de carrière, on aura tendance à dire son nom et auteur de ensuite, comme pour assurer les personnes qui liront le texte que la-dite personne est vraiment, mais vraiment un ou une auteur(e).  La preuve, le livre publié!  Pourtant, passé un certain nombre de publication, ou plutôt une certaine réputation, on parlera des oeuvres de l'auteur, mais l'auteur sera un personnage à part.  La filiation ne sera plus directe.  On peut parler de l'auteur sans parler directement de son oeuvre.  Stephen King, Patrick Senécal, Alexandre Dumas, Agatha Christie, je pourrais étirer la liste longtemps: les auteurs n'ont plus besoin de la caution de leurs oeuvres pour exister.

Dans un autre ordre d'idée, on ne peut pas avant un certain point parler de l'oeuvre sans parler de son auteur.  Les jeunes auteurs qui commencent sont liées à leurs oeuvres.  Tel livre, écrit par telle personne.  C'est le problème de l'oeuf et de la poule.  On sait qui est l'auteur, mais où finit le travail de celui-ci et où commence l'oeuvre en elle-même?  Parce que ma petite théorie là-dessus est qu'une oeuvre ne prend véritablement son envol que lorsque celle-ci s'est affranchie de son auteur.  Un peu comme un enfant qui ne devient véritablement une personne à part entière qu'une fois sortie du ventre de sa mère, même s'il a encore besoin pendant un bon moment de ses parents pour grandir.  À un moment donné, l'enfant vivra de lui-même.  Ça arrive aussi aux livres, mais pas à tous.  Certains ne passent pas le seuil de cette «enfance» et restent liés à leurs auteurs.

Les autres prennent leur envol.  Quand sort un nouveau livre du même auteur, on ne parlera plus de tel livre, écrit par telle personne.  On parlera du dernier de tel auteur et on mentionnera parfois ses oeuvres précédentes, mais pas toujours et pas obligatoirement.  Parce que ces autres oeuvres-là ont déjà quitté le nid.  Plus besoin de leur auteur pour voler de leurs propres ailes et leur auteur n'a plus autant besoin d'eux pour promouvoir leur petit dernier.  Il reste une filiation, mais elle n'est plus aussi viscérale et mutuellement nécessaire.

Ce stade met du temps à arriver et je ne puis qu'être honnête, seule une poignée d'auteurs pourront un jour atteindre ce stade.  Celui qui distingue l'auteur de l'oeuvre et l'oeuvre de l'auteur.  Les deux deviennent des entités indépendantes.  Liés, mais indépendant en même temps.  Si un auteur atteint ce stade, il peut vraiment se compter chanceux, mais en même temps, ce n'est pas quelque chose de coulé dans le béton ni de permanent.  Toujours en mouvement est le monde artistique et le monde tout court.  Rien n'est garanti.

Sauf que si vous êtes capable de nommer un auteur sans nécessairement faire référence à lui comme étant l'auteur de, c'est que cet auteur a réussi à libérer et se libérer de son oeuvre.  C'est ce qui peut lui arriver de mieux, à lui comme à ses livres.

@+ Mariane