lundi 25 avril 2016

L'art de la fin

Salut!

Vous savez, s'il y a bien une chose difficile à accepter pour un lecteur, c'est une fin.  Parce que la fin, c'est tout ce qu'il nous reste d'un livre après l'avoir fini.  C'est la dernière goutte de jus d'un citron que l'on finit de presser.  C'est la dernière goutte de la bouteille de champagne que l'on vient de boire.  C'est la saveur qui reste après avoir fini le gâteau.  C'est ce qui reste à la fin, quand tout le reste est fini.  Et c'est pour ça que l'impression est durable.  Et qu'une bonne fin est aussi dure à réussir.

Je crois que le complexe de la fin est infini chez les auteurs.  Parce que les auteurs qui ont réussi des livres merveilleux gâché par une fin qui a tout fait tourné en eau de boudin, ils sont légions.  Et que la pression est énorme pour bien finir son livre, encore plus quand il s'agit d'une série!  Je n'ose même pas imaginer le stress qu'ont vécu certains d'entre eux en pensant à leurs fins, surtout quand elles étaient attendues par des milliers de lecteurs.  Mais même pour l'auteur moyen, le poids reste énorme parce que la fin, c'est aussi le point final à une oeuvre auquel ils ont consacré des centaines d'heures, voir des années.  Pas évident...

Quels sont les caractéristiques d'une bonne fin?  Il y en a tellement!  Et ils ne s'appliquent pas d'une manière égale, dépendant du reste du ou des livres qui l'ont précédé.  Une chose est sûre, la fin doit être en lien avec le reste de l'oeuvre.  Si ça s'éloigne trop du sujet, les lecteurs renâcleront, parce qu'ils auront l'impression de perdre quelque chose.  Autre point, la fin doit répondre au moins à une partie des questions qui ont été soulevée par l'intrigue ou amené une résolution dans les problèmes affrontés par les protagonistes.  Sinon, pourquoi finir?  Ok, à part dans les films de Marvel où rien ne finit jamais vraiment, dans la vraie vie, on met souvent un point final à certains choses.  Dans les livres, on peut se les permettre plus ou moins définitifs, selon la volonté de l'auteur(e).

Autre difficulté, souvent la fin doit représenter une apothéose de l'oeuvre, parce que tous les chemins mènent à la fin.  Honnêtement, on continue la lecture d'un livre parce qu'on a envie de savoir la fin non?  Un retournement de dernière minute peut constituer une fin, mais une fin peut tout autant représenter plusieurs chapitres.  Et quand on parle de fin, pense-t-on exclusivement à la flamboyante bataille finale ou plutôt aux paragraphes qui suivent, qui représentent souvent la résolution?  Pense-t-on aux moments de tensions, de décisions?  La fin peut être tout en douceur également.  C'est le moment où les amoureux se déclarent leurs sentiments, c'est la fin de la guerre et le début de la reconstruction dont on nous laisse à peine deviner les prémisses.  C'est aussi parfois la chute du héros ou sa mort.  C'est l'échec, la réussite, la résilience, le bonheur.  C'est la fin de ce que l'on a vécu au cours du roman.

Mais il y a aussi une autre caractéristique à la fin: c'est un début.  C'est un passage vers autre chose.  Quoi?  On ne le sait pas nécessairement, mais on laissera les personnages du livre (du moins, les vivants) le savoir et le découvrir par eux-mêmes.  On les laisse au seuil de cette nouvelle vie, de ce nouveau début.  Et c'est là je crois la clé de la bonne fin: réaliser ce passage, qu'il soit fracassant ou non, vers autre chose.  Bien sûr, il y aura toujours des déceptions.  On aurait toujours, comme lecteur, voulu un destin différent pour tel ou tel personnage, dépendant de la vision et de nos espoirs pour celui-ci.  Et oui, l'auteur reste le maître sur le dernier mot que l'on lira et sur les événements qui y arriveront.  La clé ne réside pas dans les événements eux-mêmes bien souvent, mais dans ce passage et vers, j'oserai dire, le destin dans lequel l'auteur enligne ses personnages.  Parce qu'après avoir fini le livre, il nous reste l'avenir à imaginer et l'auteur ne peut que nous orienter vers celui-ci.  Les fins ouvertes aident parfois, d'autres fois nuisent.  C'est selon les cas et les situations.  Chacun des deux peuvent être pertinents.

Dans tous les cas, et ça je crois que les auteurs le savent car ils sont les premiers à le vivre, la fin est une forme de deuil.  Nécessaire, mais pas toujours facile.  Et l'une des étapes du deuil est la colère.  Normal que les fins entraînent parfois de vivres réactions.

@+ Mariane

jeudi 21 avril 2016

Faire des bombes pour Hitler de Marsha Forchuk Skrypuch

Faire des bombes pour Hitler  Marsha Forchuk Skrypuch  Scholastic  217 pages


Résumé:
Ukraine, 1943.  Lida et sa soeur Larissa ont tout perdu: mère exécutée par les nazis pour avoir tenté de protéger leur voisine juive et sa famille, père envoyé en Sibérie par les soviétiques, elles ont été capturées ensemble par la Gestapo.  Alors que sa petite soeur est jugée «racialement assimilable», Lida est envoyé dans un camp de travail forcé.  Elle ment sur son âge et met en valeur ses talents de couturière pour échapper à la mort, malgré les conditions de travail terrible.  Parmi les travaux auquel elle sera contrainte, il y a le pire de tous: fabriquer des bombes pour alimenter la machine de guerre nazie.  Un travail qui se fait dans des usines où la moindre étincelle peut tout faire sauter tout en étant la première cible des frappes alliées.

Mon avis:
J'avais été renversée par la force du roman Enfant volée de la même auteure qui racontait l'histoire de Larissa.  À la fin du livre, elle retrouvait sa mémoire (soigneusement effacée par un lavage de cerveau des nazis) et voulait retrouver sa soeur, sans que l'on sache quel était son destin.  Ce livre apporte la réponse à la question, le livre commençant au moment où les deux soeurs sont séparées.  Sans avoir la puissance d'Enfant volée où toute l'émotion passait par des flash backs du passé de la fillette qu'elle retrouvait au fil du temps et des événements, ce livre réussi à nous glacer le sang en parlant encore une fois du système concentrationnaire.  On a énormément parlé des camps de la mort depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, oubliant souvent que le système concentrationnaire était encore plus vaste et plus cinglé que l'on aurait pu le penser.  La petite Lida sera exploitée, elle, ainsi que des milliers d'autres, dans les camps de travail simplement à cause de leurs origines, elle qui sera étiquetée russe malgré ses origines ukrainiennes.  De nombreux ukrainiens sont morts de faim ou d'épuisement à cause de leurs conditions de travail démentes.  C'est hallucinant de voir comment la pensée raciale nazie était appliquée au moindre détail de l'organisation du camp de travail: selon leur rang, les prisonniers n'avaient pas droit à la même nourriture, aux mêmes travaux, aux mêmes libertés.  De le voir de l'intérieur, à travers le regard de Lida, est hallucinant et nous renseigne sur pleins de détails de la vie dans ces camps.  L'histoire en est moins prenante car très didactique, tout en restant poignante: comment ne pas avoir le souffle coupé en apprenant que les enfants de moins de 12 ans étaient vidés de leur sang pour alimenter les banques de sang des soldats blessés au front?  Comment ne pas voir la cruauté quand on faisait manger cote à cote des personnes dont l'une avait le droit à un bon ragoût plein de viande et l'autre une soupe claire de navet pourri?  Comment ne pas frisonner en se rendant compte que les russes et ukrainiens étaient privés de savon et étaient obligés de se laver avec de la soude, hautement irritante?  Ça et plein d'autres exemples montrent la dureté de la vie dans ces camps.  Lida est un personnage avant tout utile au récit.  Elle a certes une personnalité, mais, on voit que l'auteure l'a volontairement mis en présence de nombreux autres personnages pour nous montrer certaines réalités.  Ça passe bien, mais on voit quand même la ficelle.  Un excellent roman pour connaître une autre facette horrible du système concentrationnaire et nous faire comprendre que l'horreur ne s'est pas arrêté aux camps de la mort, qu'elle était encore plus vaste et plus tatillonne que l'on aurait pu le penser, sans avoir toute la puissance dramatique d'Enfant volée.

Ma note: 4.25/5

lundi 18 avril 2016

Vive la cruauté!

Salut!

Je me confesse, je suis une ex-junkie repentie du divulgâchage,  (Si ce mot ne figure pas dans votre dictionnaire, vous pouvez le traduire par spoileuse, c'est la même chose! :P )  Bref, pendant des années, je me suis délectée de raconter jusqu'à la fin et dans les détails les multiples rebondissements des intrigues que j'avais lu... à des gens qui ne l'avaient pas lu.  Et j'en mettais.  Des tonnes.  Je racontais tout, tout, tout.  Juste pour le plaisir de revivre l'émotion que j'avais ressenti à a lecture.  Jusqu'au jour ou ex-Belle-Soeur m'a gentiment fait la remarque:

-C'est ben le fun les livres dont tu nous parles Mariane, ça donne vraiment envie de les lire...  mais on sait déjà la fin pourquoi on les lirait?

Zut.

Vraiment zut.

Dans mon univers personnel, ça a été l'équivalent d'une petite dépression.  Je me suis profondément remise en question.  Avais-je le droit de laisser mon côté trippeuse de livres empiéter sur le droit aux lecteurs de savourer par eux-même la fin de l'histoire et la joie de cette découverte?  Bien sûr, dans mon métier d'alors, j'avais l'obligation de ne pas trop en dire donc je me retenais (tant bien que!) mal.  Je me suis alors mise à me contenir et à essayer de rester relativement discrète.  Ça a été une torture.  Jusqu'au jour où j'ai trouvé LA solution.

La cruauté.

Donner juste assez envie à un lecteur qu'il ouvre le livre et ensuite, alimenter le goût d'y retourner sans cesse par des petits remarques glissée pas si subtilement, ne rien dire, ne rien dévoiler, juste partir plus loin un sourire machiavélique aux lèvres et savourer le plaisir pervers de voir la victime se tordre d'une délicieuse douleur afin de savoir la fin étant donné que je n'ai fait qu'ajouter à leurs angoisses.  C'est ma nouvelle drogue et je me suis rendue compte qu'elle est encore plus forte que le plaisir du divulgâchage.  Vraiment forte.

Cependant, cette addiction ne peut se nourrir que lorsque l'on a des lecteurs à proximité qui se laisse prendre dans le filet.  Je suis donc depuis quelques temps comme une araignée qui guette ses proies dans le domaine.  Je ne laisse pas souvent filer une occasion, quitte à risquer de perdre un livre au passage, parce que je suis devenue une prêteuse en série de livres à cause de ça.

Et puis, quand ma victime a fini le livre, mais OOOOOOOHHHHHHHHHHHHHHH!!!!!!!!!!!!  Double-plaisir!  Parce que je crois qu'aussi agréable au moins que la cruauté envers un lecteur est la joie de pouvoir jaser en long et en large d'une oeuvre avec une personne qui l'a autant aimé que nous.  C'est presque aussi bien que le divulgâchage...

Bref, laisser ne pas traîner vos oreilles près de moi après que j'ai eu l'air sadique avec une personne tenant un livre...

@+ Mariane

jeudi 14 avril 2016

Une merveilleuse histoire du temps: Ma vie avec Stephen Hawking de Jane Hawking

Une merveilleuse histoire du temps: Ma vie avec Stephen Hawking  Jane Hawking  Terra/Nova  444 pages


Résumé:
À l'été 1962, la jeune Jane Wilde croise le chemin d'un garçon bizarre, à la démarche étrange.  Il s'appelle Stephen Hawking et est un brillant étudiant en physique.  Entre le deux va naître un amour, que même le diagnostic de sclérose latérale amyotrophique (SLA) ne viendra pas éteindre.  Consciente du poids de ses responsabilités avec un époux malade, promis à mourir jeune, elle l'épouse en 1965.  Grâce à son soutien indéfectible et à sa prise en charge complète de la gestion de la vie quotidienne avec un handicap, elle permettra à son mari de se consacrer à l'étude de la physique et de faire les immenses découvertes dans ce domaine qu'on lui connaît.  Pratiquement sans que personne sache quel était le prix à payer sous la surface glorieuse de ces découvertes.

Mon avis:
Ceci est l'histoire de Stephen Hawking, racontée du point de vue de celle qui a partagé sa vie pendant 25 ans, avant la gloire et l'attention du public, alors que la lente maladie faisait son oeuvre en même temps que l'avancement de la science.  C'est aussi l'histoire d'un long, très très long combat contre la vie elle-même et les obstacles qu'elle dresse devant les handicapés, qui prennent souvent la forme de petits détails anodins: une marche, un chemin pas assez plat, les distances à parcourir à pied.  C'est une histoire de courage, mais aussi l'histoire d'un génie.  Et comme tous les génies, les qualités indispensable à leurs découvertes et leurs avancées, la confiance en soi, la capacité de se consacrer totalement à un problème, la pugnacité, ont leurs revers dans l'intimité.  C'est cet autre aspect de la médaille qui est racontée ici.  Certes, je crois que si Stephen Hawking racontait lui-même cette histoire, elle serait bien différente.  Parce qu'il n'a pas vécu les tensions inhérentes à l'organisation de la vie quotidienne, la culpabilité envers une personne vulnérable que l'on a à protéger, la tension entre les soins à apporter aux enfants et à un adulte qui sont presque égaux.  On comprend à tout le moins en lisant ce récit que loin d'être passif malgré son handicap, Stephen Hawking a une personnalité bien trempée et qu'il a toujours su se faire comprendre et entendre.  Adepte des joutes verbales quand il pouvait encore parler, il n'a pas perdu cette habitude plus tard.  Écorchant de nombreuses personnes au passage, car pour lui, la démonstration de supériorité intellectuelle était la valeur suprême.  C'est ainsi qu'il a lors d'une discussion complètement démoli l'étude des lettres, la disant inutile, l'équivalent de retourner des galets sur un rivage alors que sa femme, présente dans la pièce...  était étudiante au doctorat en lettre.  Il a mis la même pugnacité à vouloir nier sa maladie, empirant ainsi le fardeau déjà lourd sur les épaules de celle-ci.  C'était un mécanisme de défense, une façon de ne pas sombrer devant l'adversité, mais quelle poids a-t-il mis par le fait même sur la poignée de proches autour de lui qui acceptait de l'aider?  Ses aidants naturels sont été surchargés car il refusait de faire face à sa maladie.  Avec la publication de son livre Une brève histoire du temps et l'arrivée de la gloire, de cette image d'un petit homme écrasé dans son fauteuil, mais au génie supérieur, il y a eu les tensions, mais aussi l'épuisement de sa femme.  L'arrivée d'une infirmière dans son cercle proche a mis fin à leur mariage et on comprend comment cela a pu arriver: quand une personne tient un discours plus proche de ce que l'on veut entendre qu'une autre qui nous pousse à la raison, les doutes commencent à apparaître.  La fin de leur mariage a été lourde, mais d'un certain sens, libératrice pour Jane Hawkins.  Elle fait preuve d'une grande honnêteté dans ce récit, parlant de tout le support qu'elle a reçu de partout, mais aussi des tensions entre la carrière scientifique de son époux et leur vie de famille.  Elle parle de la physique comme étant la maîtresse de son mari, ce qui n'est pas peu dire!  Femme-courage, femme derrière le grand homme qui permet au miracle de se produire, bien qu'elle soit elle-même, il faut le dire, médiocrement connaissante en physique,même si elle a partagé la vie quotidienne d'un pilier de la physique du XXe siècle!  Il y avait quelque chose de naïf dans son engagement de départ, quelque chose qui a, elle-même le dit, peu à peu tué sa propre personnalité.  Pris dans ses recherches et centré sur ses besoins, niant le poids de sa maladie, son époux ne lui a pas été d'un grand support, tant physique qu'affectif.  Néanmoins, elle réussit le tour de force de présenter ses défauts, ses failles, sans juger globalement l'homme.  Même dans les pires moments de leur séparation, on sent le respect de la personne et la compréhension de sa situation prévaloir.  Jane Hawkins ne cache pas non plus sa relation à long terme avec Jonathan Hellyer Jones, un ami de la famille qui l'a énormément soutenue à partie de la fin des années 1970.  Elle affirme que leur relation est restée longtemps platonique, mais qu'elle s'est aussi totalement intégrée à celle qui la liait à Stephen, Jonathan l'aidant dans tous les aspects des soins relatifs à son époux.  Une histoire peut-être unique, mais racontée avec beaucoup d'honnêteté.  L'édition française m'a semblé manquer de fini et j'ai vu beaucoup de lapsus dans des phrases, assez régulièrement pour que ça m'agace.  Certains détails du fonctionnement interne d'une université anglaise manquaient dexplications, surtout pour un lecteur qui n'est pas forcément familier avec ce système hérité de nombreuses traditions.  De plus, l'auteure elle-même parle de réalité spécifique à la Grande-Bretagne comme s'il était normal que tout le monde connaissent les traditions qui leur sont spécifique.  Normal pour un lecteur britannique, mais français ou encore tout simplement francophone?  C'était insuffisant, il y avait un travail d'édition à faire qui n'a pas été fait.  Ce récit n'est pas non plus d'un haut niveau littéraire, mais il est très intéressant car il nous fait pénétrer dans la vie quotidienne d'une famille marquée à la fois par le génie et le handicap.  Fascinant et dérangeant.

Ma note: 4.25/5

lundi 11 avril 2016

Esprit critique quand tu nous tiens...

Salut!

L'autre jour, Frérot et moi sommes allés voir un film au cinéma.  Nos préférences communes allant vers les films de super-héros, nous sommes donc allés remplir un petit peu plus les coffres déjà bien garni de Marvel Studios.  Ça vous donne par le fait même une idée du genre de films que l'on est allé voir.  En sortant du cinéma, Frérot me demande la proverbiale question:

-Pis, as-tu aimé le film?

Nonobstant le fait que je me suis tordue de rire pendant la moitié du film, je me lance donc dans l'explication suivante:

-Ben, tu sais, le début a bien commencé avec l'introduction qui nous a vraiment mis tout de suite dans l'ambiance et la caméra a vraiment bien aidé dans ce plan-séquence pour nous expliquer les motivations du héros, mais je n'ai pas aimé la façon dont le réalisateur a choisi de présenter son histoire d'amour avec la fille, par contre, dans la scène de combat entre le méchant et le héros, on avait vraiment l'impression d'y être...

J'ai à ce moment tourné la tête et aperçu l'expression hautement perplexe de Frérot.

-Ah, euh, oui, j'ai beaucoup aimé le film!

Son visage s'est alors éclairé et on a continué à discuté en regagnant nos voitures respectives.

Sauf qu'intérieurement, je me suis dit une phrase toute simple.

Maudite critique!

Maudite manie de critique que je devrais plutôt dire.  Même pour des aventures de super-héros, mon cerveau, longuement entraîné commence à vouloir décortiquer, réfléchir, penser, décrire, analyser mon ressenti, reste en mode alerte et regarde attentivement le moindre détail.  Ce qui ne m'empêche pas d'apprécier un bon divertissement, mais bon, dès que l'on me demande ce que j'ai pensé d'une oeuvre quelconque, film, livre, série télé...  je ne peux plus répondre, c'est bon, ou c'est pas bon.  Je vais discuter l'oeuvre, l'analyser, en parler en profondeur, essayer de voir ses défauts et ses faiblesses, bref, je ne peux pas résumer ça en c'est bon ou c'est pas bon.

Pour les membres de mon entourage, ça doit être sérieusement lassant cette manie que j'ai de toujours tout analyser et critiquer.  D'autant plus que la critique, plus elle se pratique, plus elle s'affine et plus on devient attentive aux détails.  C'est dans le domaine littéraire que je suis le plus câlée, c'est sûr, mais n'empêche, j'aime bien le cinéma et les séries télés et je suis pareille.  En un mot, pour moi, une oeuvre d'art, quel que soit son support ou son rayonnement, n'est jamais bonne ou mauvaise.  Elle est dans une série de subtils tons de gris s'étendant pratiquement à l'infini.  Et j'ai appris à apprécier d'avoir à décortiquer chacune de leurs nuances, un plaisir qui à la longue est devenu presque aussi grand que celui d'apprécier les oeuvres.  Parce qu'en les analysant, on les redécouvre une deuxième fois et si on peut en voir la mécanique et comprendre que l'art ne dépend peut-être pas tant de la magie que d'un talent à savoir jouer avec les règles de la création, cela ne les rend que plus fascinantes.

Mais bon, je suis heureuse que ce soit moi qui gosse les autres avec mes manies de critique plutôt que l'inverse...

@+ Mariane

jeudi 7 avril 2016

Trilogie des tempêtes: 2- L'arrivée des tempêtes de Mercedes Lackey

Trilogie des tempêtes  tome 2  L'arrivée des tempêtes  Mercedes Lackey  Milady 511 pages


Résumé:
La digue mise en place par les mages de Valdémar et leurs alliés ne tiendra pas éternellement, mais pour l'instant, elle assure la sécurité de tous, laissant un peu de repos aux habitants du pays.  An'desha, sa peur de Mornelithe Fléaufaucon vaincue, affirme son indépendance, laissant Flammechant dans le doute et le désarroi.  Karal lutte pour faire sa place en tant qu'ambassadeur de Karse, malgré son jeune âge.  À l'autre bout du continent, Treman tente par tous les moments d'assurer la survie de ses hommes dans un monde privé de magie, car lui ne bénéficie par de la protection de la digue.  Cependant, les calculs des mathématiciens de la cour valdémarane sont formels: bientôt, une tempête magique plus forte que les autres emportera la digue et bouleversera le pays.  À moins qu'ils n'essaient d'utiliser une arme encore plus puissante, provenant du fond des âges, fabriquée par nul autre qu'Urtho, le mage du silence, celui qui est à l'origine des tempêtes magiques.

Mon avis:
Lire le deuxième tome de cette trilogie est moins lire un roman distinct que de lire une continuité dans une même histoire.  Tout ce qui avait été mis en place dans le premier tome se poursuit ici, selon les personnages.  Pas de grands retournements donc.  Cela en fait un roman un tantinet moins intéressant que le premier, même si la lecture demeure très agréable.  Treman en particulier, avec ses constants questionnements, est très intéressant.  La peur viscérale de Karal de ne pas être pris au sérieux comme ambassadeur de Karse également.  Et puis, il y a Altra, le Chat du Feu, son compagnon.  Et Florian, le Compagnon qui s'intéresse de près à lui.  À penser que s'il n'avait pas été karsite et engagé auprès de Vkandis, le Collegium aurait eu un Héraut de plus!  Je n'ai pas grand chose à ajouter de plus par rapport à ma critique du premier tome tellement celui-ci est en continuité, ce qui n'est pas vraiment une force à mon avis: ça manque de personnalité.  Pourquoi écrire cette histoire en trois tomes?  Un seul très long aurait suffit à mon avis.  Raisons éditoriales sans doute.  Bref, une très bonne lecture, un bon moment, tout est bien, mais un manque de personnalité propre à ce tome qui fait que l'on se demande pourquoi l'auteure l'a écrit.

Ma note: 4/5

lundi 4 avril 2016

Avec l'expérience vient l'exigeance

Salut!

Neveu va bientôt avoir sept ans (DÉJÀ!!!!!!!) et depuis quelques mois, il a commencé l'école.  En bonne tante consciencieuse et ancienne libraire, vous pouvez être certain qu'il baigne dans les livres depuis sa plus tendre enfance.  Maintenant qu'il commence à savoir lire, je me délecte de l'entendre ânonner tout ce qui lui tombe sous les yeux, ne serait-ce que les ingrédients sur le pot de ketchup.  Mais surtout, j'aime qu'il me parle des livres que je lui aie donné et qu'il a lu.  Nos dialogues ressemblent un peu à ça.

-Pis, as-tu lu le livre que matante t'a donné?

-Oui!

-L'as-tu aimé?

-Oui!

-Un peu, beaucoup?

-Euh, oui!

-Quelle partie as-tu le plus aimé?

À voir la tête qu'il me fait dans ces moments-là, il est facile de savoir qu'il ne comprend pas le sens de ma question ou de toute autre variation cherchant à le faire parler de son appréciation de sa lecture.  Faut le comprendre!  Pour lui, tous les livres se ressemblent et ils sont tous bons, que voulez-vous, il en a si peu lu!  Ce qui ne va me faire renoncer à savoir son opinion, mais bon, va falloir attendre un peu avant qu'il soit capable de développer ses idées!

Quand on commence à lire, tous les livres sont bons ou mauvais, selon que l'on ait aimé ou non.  Tous.  Absolument tous.  Pourquoi?  Parce qu'on a aucun point de comparaison.  On est dans la découverte, dans l'exploration.  Ce n'est qu'après un certain temps que l'on vient à développer notre goût.  Un de mes profs au secondaire, spécialiste en cinéma, nous l'avait expliqué: toutes les astuces, tous les trucs pour suscité de l'émotion fonctionne toujours du premier coup avec quelqu'un qui ne les a jamais vu.  On aime l'effet ou non, c'est tout.  Par contre, il faut avoir du talent pour réinterpréter le truc face à des lecteurs qui ont déjà vu dix fois ce procédé, sans nécessaire les dépayser.

Et puis, il faut le dire, avec le temps, à force de lire, on finit par développer notre goût, tout comme un sommelier développe le sien en goûtant les vins.  On finit par savoir ce qui est bon, ce qui est moins bon, en développant notre propre système de critères.  Celui-ci sera élaboré à la fois par nos lectures et par notre contact avec d'autres lecteurs et leurs opinions.  Dynamique, ce système est en constante élaboration.  Personne n'aimera de la même façon une oeuvre à toutes les époques de sa vie.  D'ailleurs si c'est le cas, faut se poser des questions sur le vécu de la personne, parce que notre capacité à percevoir une oeuvre évolue toujours avec nous!

Avec le temps, on sera moins facilement surpris, étonné, transporté par des livres.  Cela n'est pas triste, au contraire, c'est normal.  Ce ne sont pas les livres qui sont moins bons, c'est nous qui avons grandit.  Il y a des choses qu'avec le temps on comprend mieux, d'autres choses que maintenant qu'on les connaît, on rejette plus facilement.  C'est notre appréciation qui change parce que l'on se connaît mieux et que l'on sait quoi chercher pour se faire plaisir.  Ce qui en divergera tombera dans le moins bon, peu importe que l'on soit capable de reconnaître les qualités littéraires de l'oeuvre ou non.  C'est ainsi que de nombreux critiques littéraires se sont plantés dans l'histoire devant une oeuvre qui ne correspondait pas à leurs grilles d'analyses et d'attentes: ce qu'on leur a proposé sortait de leurs schémas mentaux et donc, n'était pas bon.  On peut souvent se tromper dans le domaine.  Comme de quoi la meilleure façon de connaître la qualité d'une oeuvre reste le bon vieux passage du temps.

Parfois je rêve de redevenir une lectrice comme Neveu, facile à surprendre, facile à transporter et à être émerveillée.  Ce n'est plus mon cas depuis longtemps malheureusement.  Ce qui ne veut pas dire que je lise moins de bons livres, non.  J'en lis juste moins qui se démarquent des autres au point d'être à nouveau émerveillé comme à ma première lecture.

@+ Mariane