jeudi 26 février 2015

Me belle blessure de Martin Clavet

Ma belle blessure  Martin Clavet  VLB éditeur  123 pages


Résumé:
Rabastan a dix ans et vit dans ce qui pourrait être notre futur.  Il vient tout juste d'emménager dans un nouveau quartier et il se confie à son journal, lui parlant de sa hâte d'aller à l'Académie et se se faire de nouveaux amis.  Sauf que dans cette école l'attend non pas un ami, mais bien autre chose: un bourreau.  Un bourreau qui transformera son monde en enfer, au point que plus rien n'importera pour lui, au point de lui enlever l'envie de vivre.

Mon avis:
Ce texte est ahurissant.  J'ai lu plusieurs livres parlant d'intimidation récemment et s'ils sont tous excellents, je remarque qu'à chaque fois, ce qui frappe, c'est la rapidité avec laquelle la relation s'installe et les ravages qu'elle tisse.  C'est la meilleure façon de détruire quelqu'un, que l'on soit adulte ou enfant, il y a peu de différence, sinon que l'adulte pourra plus facilement relativiser.  Pas l'enfant.  Ici, c'est l'univers entier de Rabastan qui s'effondre, passant de lumineux à sombre, au point qu'il perd entièrement confiance.  Ce qui est complètement renversant, c'est la réaction des adultes: alors qu'à notre époque, on comprend bien les impacts et le fléau qu'est l'intimidation, les adultes dans le livre (qui se passe quelque part dans le futur), autant ses parents que son professeur ou le directeur prennent tout ça avec un grain de sel et donne de petites tapes sur les doigts à l'intimidateur.  Sans comprendre le pouvoir que celui-ci tient sur les autres.  Les adultes font preuve d'un immense aveuglément, particulièrement le directeur.  Deux de ses élèves sont envoyés à l'hôpital pour des semaines, mettant en cause le même élève et pourtant, sa réaction en est une de très grand calme.  À l'hôpital pour des semaines bon sens!  L'auteur a vraiment su se mettre à la hauteur de son personnage.  Du haut de ses dix ans, Rabastan réagit en enfant qui veut avant tout se faire des amis et ne cherche pas la bagarre: il veut juste être apprécié...  Ça ne le mènera nulle part.  Le fait que dans cette société, la violence soit banalisée, télévisée est particulièrement marquant.  Rabastan ne fait pas le lien, il ne voit pas que ce qu'il regarde à la télévision a de vraies conséquences.  C'est classique comme idée, mais comme elle est en filigrane, le lecteur ne peut que constater, sans que les personnages ne s'en rendent comptent.  Autre point important, l'importance accordée aux vêtements et à la coiffure, chez tous les personnages.  L'apparence est importance dans ce monde et on sent que les personnages vivent un peu comme ceux du Capitole dans Hunger Games: tout est exagéré.  Ça aussi, c'est en filigrane, mais on perçoit la critique de la société à travers l'importance que Rabastan accorde à son apparence et à celle des autres.  La fin est cruelle, mais j'ose dire, nécessaire du point de vue du personnage.  On ne peut pas l'approuver, mais on le comprend, on comprend la colère de l'intimidé qui voit son bourreau avoir une vie normale, sans vivre avec toutes les conséquences avec lesquels lui-même vit.  Pas étonnant que ce livre aie gagné le Robert-Cliche 2014.

Ma note: 4.75/5

mardi 24 février 2015

Métier critique de Catherine Voyer-Léger

Métier critique  Catherine Voyer-Léger  Septentrion 201 pages



Résumé:
La critique culturelle a mauvaise presse: on dit que les critiques sont des artistes ratés, qu'ils n'aiment jamais rien, qu'ils ne comprennent pas le travail des artistes.  Au-delà des clichés et des préjugés sur le métier, l'auteure décortique la critique culturelle, les raisons de son importance et ce qu'elle signifie réellement.  En démontrant au passage sa nécessité pour le dialogue social tout court, même sorti du milieu de la culture tel quel.

Mon avis:
Une phrase m'a frappé à la lecture de ce livre: on passe notre temps à dire aux critiques culturels de sauter sur scène et de le faire s'ils sont si bons.  Pourtant, on ne dit pas aux commentateurs sportifs de sauter sur la glace ou aux journalistes politiques d'aller se présenter aux élections...  Drôle de contraste!  En effet, c'est comme s'il était permis de critique un domaine, d'en discuter, de montrer ses contradictions, ses moins bons coups, ses réussites... mais pas dans le domaine des arts.  La critique est partout au fond et comme l'auteure le montre très bien tout au long de son livre, c'est même l'un des moteurs du dialogue social à la base de toute démocratie.  Chapitre par chapitre, chacun consacré à un thème, l'importance de la critique est pointée, pourquoi on la déteste expliqué et pourquoi elle est nécessaire démontré.  La réflexion va au-delà des dénonciations des mauvaises critiques et du cirque de réactions qu'elles entraînent et surtout montrent à quel point si on peut détester le travail des critiques, son absence est encore pire.  Elle montre aussi combien le travail de critique doit nécessairement se développer dans le temps et non dans l'instant et à quel point les notes peuvent être réductrices (ouille a fait la blogueuse...).  Elle consacre un bout de chapitre très intéressant au travail des blogues et à leurs défauts et limites.  C'est le genre de livres que l'on lit et auquel on repense souvent, un vrai travail de réflexion sur l'importance de la critique.  J'ai trouvé qu'il manquait sans doute un peu de liens entre les différents chapitres et que la réflexion de l'auteure tombait parfois un peu dans la répétition, mais je suis sûre qu'elle acceptera bien ses quelques critiques. ;)   Après tout, souligner les qualités et les défauts d'un livre (ou d'un film, ou d'un morceau de musique), c'est une façon d'entamer le dialogue sur un sujet et ça, c'est sans doute l'aspect le plus important de la critique.

Ma note: 4.25/5

P.S. J'ai pris quelques notes à la lecture de ce livre.



Donc, ne soyez pas surpris si j'y fais allusion dans mes billets des prochaines semaines, c'est fou ce qu'il y avait de matériel à cogiter là-dedans!

lundi 23 février 2015

Les tranches de livres, c'est pas vendeur...

Salut!

Quand on zieute une bibliothèque, on voit essentiellement la tranche des livres, soit le côté reliant ensemble toutes les feuilles, l'autre côté étant évidemment ouvert pour pouvoir lire le livre!  Ça peut être magnifique, surtout quand on pense aux belles bibliothèques couvertes de reliures ouvragées (soupir de nostalgie...).  D'un autre côté, si l'effet est beau, ce n'est pas nécessairement ce qui va nous faire tendre la main vers un livre en particulier.  C'est beau comme décor, pour montrer notre amour des livres, mais pour faire vendre ou donner envie de lire, ce n'est pas le meilleur choix.

Ce n'est donc pas pour rien que les éditeurs se donnent tant de mal pour faire de jolies couvertures qui attirent l'oeil.  Si l'on ne voit que les tranches, la majorité des gens ne seront pas portés à aller les prendre.  D'où l'invention des piles des les entrées des librairies.  Afin, que l'on voit la couverture.  Celle-ci est devenu un argument publicitaire autant que l'auteur ou le contenu du livre.  Autant qu'on la voit.  Une fois le livre retiré des piles de l'entrée, il sera irrévocablement ou presque relégué à la tablette d'où on ne verra que la tranche...  Même si elle est rouge vif, orange vibrant ou noir d'encre, elle ne sera jamais aussi attirante.

Étudiante à l'université, j'avais lu un long article d'un étudiant visiblement très à gauche et anti-consommation vilipender le phénomènes des piles en entrée de librairie et dénoncer les libraires qui le faisaient.  Entendons-nous: même à l'époque, c'était le même mode opératoire pas mal partout.  Pourquoi?  Parce que c'est une façon simple d'attirer l'attention!  La couverture est spécialement faite pour ça, pourquoi se casser la tête?  Le métier de libraire est en bonne partie fait de livres que l'on va chercher sur la tablette, titre par titre pour le donner au bon client potentiel, mais on ne peut pas le faire avec tout le monde.  Attirer les gens en magasin est devenu tellement complexe de nos jours qu'on ne peut en vouloir à des commerçants de vouloir se simplifier la vie.  Surtout quand ces piles sont surtout faites de best-sellers qui ont de toutes façons une large publicité dès le départ.  Les mettre en pile ne constituent alors qu'une simple façon d'accrocher le regard.

Les tablettes pleines de livres ont le défaut de leur qualité: la quantité écrase.  Oui, on a du choix, mais il faut le connaître ce choix-là étouffe la facilité à faire un choix.  Quand on regarde une douzaine de pile représentant douze titres, c'est plus rapide et plus simple de choisir qu'en regardant une tablette contenant au bas mot une trentaine de titres...  Question de logique.  La tablette de livres complexifie les choses...  mais elle est quand même nécessaire.

Les piles de livres, ça prend de la place.  Des livres sur une tablette, ça en prend moins.  C'est moins attirant, moins sexy, mais c'est plus efficace quand même.  Peu importe l'endroit, quand il s'agira de livres, à un moment donné, on voudra les ranger, les placer pour les conserver, permettre de garder un accès à la diversité.  Dans ce cas, la tablette et beaucoup plus utile que la pile.  De toutes façons, la théorie des piles fait que celles-ci tomberont tout le temps, parce que la loi de la gravité est plus forte. :P  La tablette est plus utile pour conserver les livres que pour les vendre.  Néanmoins, qui n'a jamais eu une sensation réconfortante en voyant tous ses livres bien placées sur les tablettes?  Sûrement pas un amoureux de la littérature papier...

@+ Mariane

jeudi 19 février 2015

Hôtel Olympia d'Élisabeth Vonarburg

Hôtel Olympia  Élisabeth Vonarburg  Alire 591 pages


Résumé:
Danika a la cinquantaine, vit tranquillement avec son mari Toomi à Montréal et a une vie somme toute ordinaire.  De son enfance, elle ne garde que quelques souvenirs, très flous: sa mère Olympia, dirigeait un hôtel à Paris, qu'elle a quitté à la séparation de ses parents, lorsqu'elle avait douze ans.  Un jour, son père, avec lequel elle n'a guère de contacts, débarque et lui annonce la disparition d'Olympia et qu'elle doit aller assumer son héritage à Paris.  D'abord réticente, Danika accepte à contre-coeur, mais arrivée à l'hôtel, les souvenirs commencent à lézarder sa confiance.  Pourquoi a-t-elle oublié tant de choses et surtout, pourquoi se met-elle à se souvenir tout à coup?  Et enfin, que se cache-t-il vraiment derrière la façade de cet hôtel qui dans son souvenir, est un hôtel qui rêve?

Mon avis:
Ce roman danse tout au long sur cette fine ligne qui sépare l'onirisme et la pensée consciente en s'amusant joyeusement à piger dans l'un ou dans l'autre.  C'est exigeant à lire, mais terriblement intéressant également.  Il faut aussi dire que l'intrigue demande de retenir un nombre considérable de détails et que l'on doit apprendre à ne jamais pouvoir tout retenir.  Ça donne l'impression d'être perdu par instant et il faut se faire à l'idée de devoir suivre dans pouvoir tout comprendre.  Rare sont les auteurs à pouvoir manier cet effet littéraire avec doigté et Élisabeth Vonarburg est l'une des rares que je connaisse.  Sa Danika est une femme mûre, ce qui est peu courant dans les romans des littératures de l'imaginaire et ajoute une touche supplémentaire au récit: elle n'est pas naïve, elle en a vu d'autres.  Elle fait énormément référence à ses expériences passées pour essayer de comprendre le présent.  Cela crée un personnage riche, humain, différent de ce à quoi on est habitué.  L'intrigue va piger profondément dans les mythes fondateurs de l'humanité.  Ce que l'on croit au départ n'être que de la mythologie grecque s'avère s'abreuver à peu près à tous les mythes, mais la manière dont cette information est abordée nous permet de voir et comprendre, mais sans entrer dans les détails.  À cela se greffe une intrigue informatique digne de Matrix (Danika surnommera d'ailleurs un de ses personnages Matrix Boy).  Mythologie et haute technologie?  Aussi bizarre que cela puisse paraître, ça marche, grâce à l'hôtel.  Cet hôtel qui est une incarnation de quelque chose de plus profond.  Quoi?  On le sait et on ne le sait pas, mais ce n'est pas important au fond.  Parce que justement, on nage aux côtés des rêves.  Certains thèmes à la lecture, sont reconnaissable parce que récurrent dans l'oeuvre de Vonarburg, mais comme à chaque fois, on regarde le tout avec un angle différent, ce qui fait que si à la lecture on se dit, Ahah, j'ai déjà lu ça ailleurs!, cela ne crée pas de redites, juste des liens entre les différentes parties d'une oeuvre.  Malgré tout, ce n'est pas le meilleur roman de l'auteure.  Il lui manque pour ça le dépaysement total qu'avait d'autres de ses romans.  Sans tomber dans la facilité, cet opus marche dans des traces déjà connue et nous surprend moins.  Un bon cru, mais pas un excellent cru.  

Ma note: 4/5

lundi 16 février 2015

Blogue et éthique

Salut!

Il faut le dire, je n'ai pas ouvert ce blogue un beau matin, juste comme ça.  Avant de me lancer, j'y avais vraiment réfléchi.  Je n'avais pas pu tout prévoir, c'est une évidence, mais je savais grosso modo dans quelle direction je voulais aller et ce que je voulais éviter.  Je me rends compte aujourd'hui à quel point j'ai bien fait...  Mon expérience de libraire avait été un sacré atout: je connaissais au moins un peu le milieu du livre au Québec et je ne me suis pas embarquée dans cette aventure comme une petite oie blanche.  Chaque milieu a ses contraires, ses petites guerres internes, ses codes de conduite non-dit qu'il faut savoir respecter pour ne pas débarquer comme un éléphant dans un magasin de porcelaine.  Consciente de tout ça, je me suis donné un certain nombre de règles de conduites dès le départ pour éviter les pièges.  L'un d'entre eux était de toujours mentionné les livres qui m'avaient été donnés en service de presse et de préciser qui me l'avait envoyé.  C'est aussi de me promettre à moi-même d'être toujours honnête dans mes critiques, peu importe que l'on m'aie donné le livre ou que l'auteur soit un ami.  Petit détail, mais c'est ce qui me permet de dire que depuis que j'ai ouvert ce blogue, je ne me suis jamais retrouvée dans une situation où mon sens de l'éthique aurait été ébréché.  C'est un petit exploit en soi dont je suis plutôt fière.

C'est en lisant le livre Métier critique de Catherine Voyer-Léger que je me suis rendue compte à quel point ces petits détails ont leur importance (j'y reviendrais dans ma critique).  Les blogues sont une facette importante de la culture et de sa diffusion de nos jours.  Comme tout le monde peut ouvrir un blogue facilement, tout et n'importe quoi peut s'y dire.  Cela ne fait pas des blogues des nouveaux far west, mais ça invite à la prudence.  Comment peut-on savoir si le blogueur dithyrambique sur un bouquin n'est pas un rédacteur d'une maison d'édition?  Où commence le commentaire personnel?  Où s'arrête le coup de main donné à un ami?  Mon expérience personnelle me dit qu'il faut du temps pour que la voix d'un blogueur se développe, alors on peut finir par connaître la personne.  Si elle se permet des écarts, si elle s'est elle-même fixé une ligne éditoriale (comme moi) ou si elle se contente de relayer des infos, on finit par le savoir assez rapidement.  Suffit de suivre le blogue un moment pour voir à quelle enseigne son auteur se loge.

Beaucoup de gens font des blogues personnels, où ils parlent de leurs vies, de leurs vacances, de leurs passe-temps.  Dans ces cas-là, le besoin d'étique est moins grand, parce que la forme se rapproche plus du carnet.  Dans ces cas-là, on peut difficilement juger, puisque que c'est à l'auteur et à lui seul de juger ce qui est bon de publier ou non.  Ce n'est pas mon cas et ce n'est pas le cas de nombreux blogueurs.  En tant que personne prenant la parole en public, on porte une responsabilité.  Il n'y a pas de code d'éthique pour les blogueurs, nous ne sommes pas des journalistes, rare parmi nous sont ceux qui touchent de l'argent pour leur travail*.  Ce n'est donc pas le même genre de parole.  Par contre, vu le rayonnement des blogues, parler à tort et à travers n'est pas, ne devrait pas être accepté et acceptable dans un tel cadre.

Donc, un blogue n'est pas un espace neutre.  C'est un petit bout d'internet consacré à notre opinion, à notre façon de voir le monde et aux oeuvres que l'on commente, toujours de notre point de vue.  Cela ne donne aucune autorisation à parler au travers de son chapeau et cela invite plutôt à beaucoup d'éthique personnelle et à une bonne capacité d'auto-critique sur notre propre travail.  Ce que j'exige de moi-même en tant que blogueuse, je sais que je ne suis pas la seule à le faire et que de nombreux blogues ont aidé à définir une ligne de qualité parmi les blogues.  Tant mieux.  L'espace consacré à la culture dans les médias s'amenuisant comme peau de chagrin, il est bon d'avoir accès à des espaces alternatifs où la qualité est de mise.

@+ Mariane

*Pour me donner en exemple, je ne tire aucun revenu de ce blogue, étant donné que je n'y aie aucune publicité.  La seule entrée d'argent potentielle que je pourrais avoir est via mon affiliation au site leslibraires.ca dont je mets le lien dans chaque critique publiée sur ce blogue.  Techniquement je reçois un pourcentage des achats fait via ce blogue.  En trois ans, je n'ai pas encore touché un sous, alors disons que ce n'est pas pour l'argent que j'écris ici!  Par contre, je le plogue comme ça en passant, des fois où il y a des gens qui voudraient m'encourager. ;)

lundi 9 février 2015

Lire des heures...

Salut!

Quand j'étais adolescente, je me rappelle particulièrement bien un après-midi d'été où j'avais lu... tout l'après-midi.  Au complet.  À en avoir des marques de divan sur les cuisses et les bras.  À changer de position toutes les heures parce que j'ankylosais.  À en venir à lire les pieds en l'air parce que c'était la seule façon d'être confortable.  À être dans le fond dans mon livre.  Je ne me rappelle plus combien de pages j'avais lu ce jour-là, mais j'avais diablement progressé.  Le lendemain, ma mère m'a fait remarqué que j'avais énormément lu la veille et que là, j'avais des tonnes de vaisselle à essuyer :/

Des souvenirs de soirées complètes, d'après-midi entier, d'heures le nez rivé à un livre, j'en aie des tas.  Ce sont ces dernières années qui causent problèmes.  Il me semble que plus je vieillis, plus le temps que je consacre à la lecture est fragmenté, éparpillé.  Pire, j'ai du mal à rester concentrée sur mon bouquin vraiment longtemps.  C'est sûr que j'ai des horaires qui rendent le temps à consacrer à la lecture plus difficile à trouver, mais on a aussi récemment parlé d'un facteur que je n'aurais pas soupçonné: l'effet internet.

Selon certaines recherches scientifiques récentes, l'utilisation des plates-formes de réseaux sociaux (dont le grand catalogue de visage bouffeur de temps), diminue notre capacité à nous concentrer sur un texte sur une plus longue période.  Enfin, c'est ce que des études disent!  J'en aie lu plusieurs sur la question au cours des derniers mois (désolé de ne pas vous mettre de lien, je n'ai pas noté les adresses), au point de me demander à quel point ma fréquentation des réseaux sociaux pouvaient handicaper ma capacité à lire...  Je me suis vraiment posé la question!

Jusqu'à ce que je tombe sur cet article qui m'a marqué au point que j'en note l'adresse (et que je pense enfin à me faire un petit calepin numérique d'adresse intéressante pour mon blogue!).  On y parle de cette fameuse idée de la belle époque où on lisait des heures, plongé dans une oeuvre au point où l'on oubliait jusqu'à la notion d'horloge.  Est-ce bien la réalité, ou la réalité améliorée et sélective que notre mémoire aime bien nous rappeler?  Si je réfléchis bien, je me souviens bien plus de livres lus avec un signet que de livres lus d'une traite, peu importe l'épaisseur.  Et je me souviens des nombreuses années où je me gardais un 20 minutes de lecture sur l'heure du dîner pour être sûre d'avoir du temps pour lire.  La réalité, c'est bien plus ça que de dévorer un bouquin en quelques heures.

Alors, le problème est-il que j'ai plus de mal à me concentrer à cause de l'effet réseau social qui transforme mon cerveau ou seulement que je suis comme la moyenne des gens, toujours en train d'essayer de trouver du temps pour lire?  Je crois que A n'est pas fou, mais que B est plus important.  Je réussis, comme tous les lecteurs qui aiment vraiment lire, à me trouver du temps pour me consacrer à mon loisir favori chaque jour, mais ça reste un combat quand on pense au nombre de distractions, réseaux sociaux inclus, que compte ma vie.  Serais-je à nouveau capable de lire des heures?  Oui, sûrement, détendue, sans vaisselle qui traîne, lavage à faire ou entraînement de jiu qui s'en vient.  Ce qui risque peu d'arriver.

Au lieu de rêver d'un hypothétique paradis perdu du temps de ma jeunesse où je pouvais lire des après-midi entier, je devrais essayer de me trouver un petit moment chaque jour où je peux lire sans dormir sur mon livre.  Ça me fera un petit morceau de paradis à savourer chaque jour.

@+ Mariane

mardi 3 février 2015

Le quart de millimètre de Zviane

Le quart de millimètre  Zviane  Grafigne.com 337 pages



Résumé:
Le carnet de Zviane, publié d'abord sous forme de blogue, racontant ses péripéties de musicienne classique et de bédéiste.

Mon avis:
Comment dire j'aime Zviane d'une autre façon???  Aucune idée!  Certes, ce recueil est avant tout un ensemble assez disparate de courtes BDs d'abord publiées sur son blogue, mais il en ressort une certaine constance.  Pourquoi?  Et bien, parce que Zviane nous parle d'elle et qu'on peut la suivre parce qu'on évolue à ses côtés.  Elle nous parle de musique, de BDs, de ses voyages (la passe sur les transports en commun en France est hilarante!), de ses relations avec l'une de ses profs qui a été profondément marquante pour elle.  De tout, de rien, mais raconté avec sa patte et c'est ça qui fait toute la différence.  Les dessins?  Parfois très simples, parfois plus travaillés, tout comme les scénarios et les histoires racontées.  Ce n'est pas égal, mais c'est vivant.  J'ai particulièrement aimé les passages où elle nous explique le fonctionnement de la musique classique, comme le principe de la fugue, ou l'harmonie versus le contrepoint...  Ça paraît technique, mais sous son crayon, on aurait de la facilité à se dire, mais non, c'est si simple au fond!  Mais comme elle le dit si bien, sous les apparences ce n'est pas si simple.  Pas pour rien que l'on dit que sous les perruques des Mozart et Betthoveen se cachent un génie!  Zviane est musicienne et elle admire leurs oeuvres, mais elle ne prétend pas être à leur niveau pour autant.  De voir ses tiraillements intérieurs nous rend très proche d'elle, tout simplement parce qu'elle ne se prend pas pour une autre, elle est elle-même.  Bon, comment le dire autrement?  Non, y'a pas d'autres façons: j'aime Zviane.  Sans doute pour ça que je ne remarque aucun défaut à ses BDs.  Je trippe tellement que je ne les voie même pas...

Ma note: 5/5