mardi 30 septembre 2014

Un long chemin vers la liberté de Nelson Mandela (audio)

Un long chemin vers la liberté  Nelson Mandela  Audiolib  Environ 6h15 minutes



Résumé:
L'autobiographie de Nelson Mandela, de son enfance au Transkei jusqu'à sa libération le 11 février 1990.

Mon avis:
L,histoire de Nelson Mandela, c'est celle de cette Afrique noire qui s'est soulevée contre l'autorité rigide des Blancs qui les gouvernaient.  Celle d'une redécouverte par eux-mêmes de leurs racines et de la fierté qu'ils pouvaient en tirer.  À travers l'histoire de Nelson Mandela, c'est à la fois un itinéraire individuel et collectif que l'on traverse.  C'est très intéressant de voir toutes les étapes franchies par cet homme quand on voit les réalisations auquel cela a mené.  De sa prise de conscience, de son engagement et de son choix de la violence à un moment.  Puis, sa longue détention et les efforts qu'il a fait depuis sa prison pour mener à la fin des violences et la naissance de cette Afrique du Sud arc-en-ciel qu'il a tant contribué à mettre au monde.  Par contre, j'ai peu apprécié la voix du lecteur, principalement la prononciation de certains mots qui défiaient les règles du français international (des ouagnons?)  À se demander jusqu'à quel point cela affectait la lecture des noms et mots africains.  Autre point, malgré la très claire mention de texte intégral sur le disque, la version audio de ce livre est en fait un condensé.  Rien qu'en voyant le livre de poche qui doit faire un bon 600 pages, c'est très facile à voir.  Pour moi, c'est un manque d'honnêteté que d'indiquer texte intégral quand ce n'est pas le cas!  Bref, je vais sans aucun doute lire la version livre...  Les coupes apparaissent dans le texte lus, puisque si certaines années étaient clairement décrites, on se retrouvait avec d'énormes trous à d'autres périodes, comme s'il ne s'y était absolument rien passé.  On sautait des périodes entières en les résumant en quelques lignes.  Dommage pour les lecteurs audios, l'oeuvre originale doit être absolument fascinante.  Je la lirais, ce serait mieux!

Ma note:3.75/5

lundi 29 septembre 2014

Se faire confiance

Salut!

Une libraire m'a lancé l'autre jour:

-Les gens ne se font plus confiance!

-Ah oui?

-Non et c'est malheureux.

Et de m'expliquer que maintenant, les gens ne prennent plus le temps de bouquiner.  Certes, il y en a, mais ce n'est pas ce que fait la majorité.  Ils entrent en librairie avec leur ti-papier parce que tel journaliste a parlé de tel livre dans telle émission, donc ils vont le lire.  Les gens ne cherchent plus, ils ne se font plus confiance pour prendre un risque par eux-mêmes.  C'est terriblement triste.  J'avais constaté la même chose lorsque j'étais libraire.

Il faut le dire, bouquiner signifie deux choses: de un, prendre le temps.  Bouquiner à la va-vite, ça se fait plus ou moins.  Il faut pouvoir prendre le temps de regarder, de faire le tour des rayons, de se laisser tenter par les différents bouquins, de lire des quatrième de couvertures.  Il faut aussi accepter un certain risque, parce qu'un livre qu'on achète, on ne l'aimera pas nécessairement.  C'est comme un billet de cinéma, mais en un peu plus cher.  Il faut savoir se laisser tenter, en sachant que le succès ne sera peut-être pas au rendez-vous.

Prendre le risque, c'est accepter de se tromper.  Quand un livre nous a été recommandé par un autre, on peut toujours lui lancer la pierre pour ce mauvais choix.  Quand on choisit soi-même, on accepte aussi la responsabilité de prendre quelque chose qu'on n'aimera pas.  Il faut donc apprendre à se faire confiance.  Apprendre aussi à se faire sa propre opinion.  Réapprendre à prendre le risque de plonger dans l'inconnu, dans un livre pour lequel personne n'aura tâté le terrain pour nous, que l'on explorera comme on explore une forêt vierge.

On dirait que dans notre époque où l'on vise avant tout l'efficience, le succès, prendre le risque de se tromper est avant tout vu comme une perte de temps.  Pourquoi prendre le risque?  D'autres ont essayé avant nous et ont dit non, alors pourquoi prendre cette direction?  Parce que les arts, c'est n'est pas une formule mathématique unique qui fonctionne pour tous.  Quelqu'un peut détester un livre et une autre l'aimer... exactement pour les mêmes raisons!  Il faut essayer pour se faire une opinion.  Et parfois ce qui est mainstream n'est pas fait pour nous.  Combien de lecteurs de littérature de genre ont-il déclaré qu'ils n'aimaient pas lire avant de tomber sur ce qui les a fait tripper?  Ou combien auront-ils acheté en vain des livres dont tout le monde leur a dit qu'ils étaient bons pour qu'il leur tombe des mains?

Essayer quelque chose de nouveau, c'est sortir de sa zone de confort, c'est prendre des risques, le premier étant en définitive d'être déçu.  Mais sans risque, la vie n'existe pas.  Essayer quelque chose de nouveau, quelque chose qui n'a été recommandé par personne, aller vers de l'inconnu, c'est se faire confiance et faire confiance à cette petite voix intérieure qui nous guide vers ce qui est le mieux pour nous.

@+ Mariane

vendredi 26 septembre 2014

Fragments d'un instant: Safari

En voiture, je parcours une rue plutôt locale d'une petite ville.  Je ne roule pas trop vite, je fais juste un mini-détour.  Quand soudain, je les vois.  L'un face à l'autre.  En fait, j'ai vu l'un avant l'autre, mais quand je les aies vus, je me suis arrêtée.  En pleine rue.  Un duel avait lieu juste sous mon nez.

(Pour vous mettre dans l'ambiance, mettez ceci en trame sonore)

Deux écureuils se dressent devant moi, queues relevées, droite comme des I.  Ils sont à moins d'un mètre devant moi, l'un d'entre eux en pleine rue, l'autre à quelques centimètres d'une voiture.  Ils sont immobiles, comme seuls peuvent l'être des écureuils ou des chats, d'une immobilité pleine de nervosité, dont ils peuvent sortir en un éclair.  

Les deux se toisent d'un regard mauvais.  Seules leurs queues raconte leur nervosité, agités de brefs mouvements ondulants de la gauche vers la droite.  L'atmosphère est électrisante.  Qui gagnera?  Droite ou Gauche?  Pour moi, ils sont pareils!  Je les observe, fascinée par la tension entre ces deux petites boules de nerfs.

Je vois du mouvement dans mon rétroviseur.  Zut, une voiture arrive!  Je donne un mini coup de pédale et Droite et Gauche dégagent à la vitesse de Scratch à la poursuite de sa noix.  Je ne saurais pas la conclusion du duel.  Dommage, mais bon, il faut bien que je retourne bosser moi!

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Duchesse attend sur le bord de la rue, en fait, un large boulevard très passant.  Je n'ose l'approcher, elle n'est qu'à quelques pas de moi.  Elle fait semblant de m'ignorer avec superbe, mais je me doute bien qu'elle surveille le moindre geste que je pourrais faire.  Donc, d'une oreille, elle s'assure que je ne m'approche pas, mais le reste de son attention est attirée par les deux côtés de la route où les véhicules circulent à vive allure.  Je ne bouge pas, mais je l'observe: c'est une magnifique chatte grise, de gouttière de toute évidence, grise et tigrée, mais vraiment très très belle, avec la noblesse naturelle de son espèce, doublée d'une sorte d'arrogance tranquille.  

Je ne bouge pas parce que je ne veux pas qu'elle traverse la rue en se sauvant de moi.  Pourtant, je n'ai pas trop à m'en faire: Duchesse est intelligente.  Elle surveille attentivement une trouée dans la circulation qui passe sous son nez.  Dès que celle-ci s'ouvre devant elle, Duchesse s'avance sur la chaussée d'un pas conquérant.  Elle traverse la rue comme un mannequin traverse le podium d'un défilé: d'un pas sûr, comme si le monde entier la regardait, rapidement, mais en faisant durer le moment.  Comme si, à cet instant précis, le monde tournait autour d'elle .  Elle a la queue bien dressée, la tête haute et semble me dire que je suis folle de penser qu'elle pourrait prendre des risques en traversant la rue.  Quoi, elle?  Elle est bien trop intelligente pour ça voyons!

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Une volée d'oiseaux, les abords d'une voie rapide: mauvais mélange.  Je vois la volée s'approcher bien trop vite du lourd camion qui me précède.  Une belle volée d'oiseaux blancs dont j'ignore l'espèce.  L'un des oiseaux est trop bas, oh non, il est trop bas, il va percuter le camion!!!  À la dernière seconde, le volatile repli ses ailes et fait un superbe tourné-roulé digne d'un acrobate du Cirque du Soleil évitant ainsi la collision avant de rouvrir ses ailes et de rejoindre le reste de la volée en quelques battements.  Fiou, je lâche un soupir.  À 100 kilomètres/heure, un tel impact lui aurait été fatal.  Visiblement, il a l'air d'avoir l'habitude d'éviter les camions.  Et surtout l'intelligence.  Qui parlait de cervelle d'oiseau déjà?

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Je passe devant un parc, courant le long d'une rue très fréquentée de la métropole.  Petit regard vers la droite en attendant que le feu passe au vert.  Je remarquer tout d'abord un amoncellement de plumes et de poils, puis comprend: les pigeons et les écureuils sont en phase régal!  C'est une véritable mêlée de gris et de beige, ponctuées des bonds et des petits vols autour du festin.  Tout près, assis sur un banc, un homme réduit en miettes un pain complet.  Morceau par morceau, les volatiles et les mammifères se jettent dessus, faisant disparaître le moindre petit bout de pain.  C'est bizarre de voir se côtoyer de si près ces animaux qui souvent ne laissent personne les approcher, s'enfuyant au premier signe de menace.  Là, ils sont tout près les uns des autres, se frôlant dans leur gloutonnerie, presque confiant, insouciant.  La faim fait-elle à ce point disparaître les peurs et les frontières entre les espèces?  Ou ne serait-ce que le fruit de la gourmandise?  Peu importe, c'est un spectacle rare.  La lumière change, je m'éloigne de la scène.  Je ne pense pas la revoir un jour.

@+ Mariane

jeudi 25 septembre 2014

La sorcière calcinée de Keven Girard

La sorcière calcinée  Keven Girard  Collection Zone Frousse  Z'ailés  103 pages


Résumé:
Dans un camp de vacances, deux meilleurs amis, Guillaume et Mathieu, entendent parler d'une légende sur une sorcière nommée la Cendrée, qui aurait été brûlée vive sur une petite île pas très loin du camp.  Celle-ci commence à obséder Mathieu, au point qu'il pense qu'elle les guette.  Impression partagée avec un autre garçon du groupe, Dave.  Ils ne se doutent certainement pas que la Cendrée est beaucoup plus près qu'ils ne le croient.

Mon avis:
Petite histoire d'horreur menée tambour battant.  Il n'y a pas de temps mort dans cette histoire courte qui mène à l'horreur.  Par contre, comme souvent dans les Zone Frousse, j'en aurais pris un peu plus pour donner de la chair aux personnages.  En particulier Guillaume et Mathieu.  Il n'y a aucun trait physique distinctif entre les deux amis, ce qui m'a fait les mélanger à plusieurs reprises.  Par contre, leur ami Dave est parfaitement campé, avec ses petits cheveux roux.  J'aurais pratiquement supprimé un des deux amis et concentré l'histoire sur Mathieu et Dave, les deux ont du tonus comme personnages.  Autre point, je n'ai pas compris pourquoi la Cendrée leur en voulait, à eux personnellement.  Ont-ils enfreint une règle, lui ont-ils causé du tort?  Aucune idée.  De personnage possiblement bénéfique au départ, elle change pour devenir maléfique, mais on ne sait pas pourquoi.  De plus, quel est l'origine de cette malédiction?  Niet.  Le soupçon de légende amérindienne dont est fait le début est intéressant, mais j'ai été un peu surprise et surtout déçue de voir que cela n'allait pas plus loin.  Il y avait pourtant là une belle piste.  L'action se concentre bien plus sur ce que les jeunes vivent, mais j'ai trouvé que c'était un peu saccadé, ça ne coulait pas de source.  Malgré tout, l'horreur est bien exposée, présente et il y a de très belles scènes, très fortes dans le livre.  Avec en trame de fond un univers qui me paraît très bien.  Cela me semble un premier roman avec toutes les forces et les faiblesses que cela suppose, mais au moins, c'est sur la bonne voie.

Ma note: 3.5/5

mercredi 24 septembre 2014

Du Québec, mais d'ici?

Salut!

Quand on parle de littérature québécoise, la première pensée qui nous vient est de parler d'auteurs s'exprimant en français, publiés par des maisons d'éditions ayant pignon sur rue dans la Belle Province.  Rare sont les Nelly Arcand qui ont réussi à pousser les portes de maisons d'éditions comme le Seuil et à s'imposer au Québec via la France.  Pourtant, si on est honnête, la littérature québécoise ne se limite pas à ça.

Le Québec, c'est quoi?  Qu'est-ce qui fait d'un auteur qu'il soit québécois?  Dans toutes les définitions que j'ai pu trouver, et dieu seul sait combien il peut y avoir de débats là-dessus, la langue française domine.  L'autre grand trait est le fait de parler de notre réalité.  Ce qui a donné lieu à la publication du livre de Patrick Moreau, Alain Grandbois est-il un écrivain québécois? qui traite à la fois de cet auteur en particulier et de la grande question: si un auteur parle d'ailleurs, mais qu'il publie ici, est-il un auteur québécois?  Dans son oeuvre, Alain Grandbois écrivait sur ailleurs (les voyages de Marco Polo dans son cas) et non sur ici, ce qui lui a causé des difficultés à être reconnu comme un écrivain québécois.  Surtout qu'à l'époque où il a publié, le nationalisme et la langue française était plus restrictif encore qu'aujourd'hui.

Autre cas parlant, Dany Laferrière.  Cet auteur parle beaucoup de son Haïti natale dans ses livres, pourtant, je n'ai jamais entendu contester le fait qu'il figure parmi nos plus belles plumes.  Parce qu'il a publié ses livres une fois installé ici?  Je ne connais pas assez son oeuvre pour pouvoir dire à quel point le Québec y est important, mais j'ose penser qu'il n'y aurait pas eu de Laferrière sans le Québec.  Ses romans ont été publiés ici et c'est le milieu littéraire d'ici qui l'a fait émerger.

Louise Penny est un autre exemple.  Ses romans se passent en Estrie, dans un petit village fictif où la population est mi-anglophone, mi-francophone.  Elle met en scène enquêteur de la Sûreté du Québec et parle de réalités qui nous touchent de près.  Mais alors qu'elle remportait une flopée de prix internationaux pour ses polars parlant d'ici, la grande majorité des lecteurs de la Belle Province ignorait son existence... parce qu'elle écrit en anglais.  Un certain snobisme de la part des lecteurs francophones, difficulté de distribution des livres en anglais (à l'exception des romans à l'eau de rose), absence de curiosité pour ce qui n'est pas publié en français?  Toutes ces réponses se mêlent.  En tout cas, dès qu'elle a été traduite dans la langue de Vigneault, Leclerc et Tremblay, elle a vite su trouver son public et faire sa place parmi les auteurs de polar d'ici.

Même les auteurs qui nous sont moins sympathiques peuvent néanmoins porter avec panache le titre d'auteurs québécois.  Mordechai Richler fait parti de ses enfants terribles qui ont su faire rager autant les gens de sa propre communauté juive et anglophone que les Québécois francophones et plus particulièrement les souverainistes.  Ce qui lui a valu d'être persona non grata.  Pourtant, ses histoires parlent d'une réalité montréalaise incontestable, celle d'un certain milieu que l'on peut croiser en se promenant avenue du Parc ou boulevard St-Laurent.  En cela, est-il si différent de Michel Tremblay qui a fait grosso modo la même chose, quelques rues plus à l'est avec le Plateau Mont-Royal?  Plusieurs personnes voudraient le mettre à la porte de notre littérature nationale parce qu'il n'a pas été tendre envers les francophones.  À mon humble avis, s'il a choqué, c'est parce qu'il n'a pas hésité à frapper les autres avec ses idées, mais ça n'a pas grand lien avec son oeuvre en elle-même.  Ni avec le fait que celle-ci est étroitement mêlée avec l'histoire de son quartier montréalais.

À mes yeux, ce qui fait d'un auteur québécois un auteur québécois, n'est ni le lieu où se passe ses romans, ni l'origine ethnique ou culturelle de l'auteur, ni la langue dans lequel il écrit: c'est que son imaginaire se nourrisse d'ici, de nos lieux, de nos idées, de nos villes, de nos forêts et de nos montagnes, de notre nature et de nos conflits.  Je sais, c'est plus difficile à définir que la langue, la lieu de naissance ou la situation géographique, mais une nation ne s'arrête pas à ça.  Ça va beaucoup plus loin que ça et c'est ce quelque chose de plus qui nous a permis de faire naître les plus grandes plumes dont j'ai parlé plus haute dans ce billet.  Nos auteurs d'ici, en quelque sorte.

@+ Mariane

mardi 23 septembre 2014

Malphas: 3- Ce qui se passe dans la cave reste dans la cave de Patrick Senécal

Malphas  tome 3  Ce qui se passe dans la cave reste dans la cave  Patrick Senécal  Alire  415 pages Lu en numérique


Résumé:
Après avoir échappé à une tentative d'assassinat, Julien Sarkozy reprend les cours au Cégep de Malphas pour une nouvelle session.  Si on ne l'a pas tué, il apparaît bien vite que quelqu'un souhaite qu'il quitte la région.  Obsédé par l'idée de savoir ce qui se cache dans le sous-sol du Cégep de Malphas, il se rend également compte que la magnifique Rachel Reed ne lui dit pas toute la vérité.  Alors que Simon Gracq revient après un détour en prison, Julien se décide à utiliser les grands moyens pour entrer dans la cave.

Mon avis:
J'avoue avoir eu de la difficulté de faire le résumé de ce livre: je ne veux pas donner trop de punchs à un lecteur qui s'intéresse à la série.  Il n'y a qu'un mot à dire: c'est excellent!  À la lecture, je me demandais comment l'auteur pourrait faire un quatrième tome, j'avais l'impression qu'à la fin du livre, toutes les intrigues seraient dénouées, tous les bouts d'histoires trouveraient une fin.  Mais non!  C'était mal connaître Senécal que de penser ça.  Malgré tout, il y a un sens à tout.  Et j'ai lâché un retentissant f*** en lisant les deux derniers mots du dernier paragraphe.  Oui, le suspense dure jusque là.  L'aspect enquête n'est sans doute pas ce qui m'a entraînée vers cette série, mais j'ai adoré, me prenant même à essayer de savoir ce qui allait se passer et de comprendre les visées du duo Archlax père et fils.  En éclatant de rire aux trois pages.  L'auteur a le talent de nous sortir des phrases au détour, quand on s'y attend le moins et qui nous fait rire, mais rire.  J'aimerais bien citer mes passages préférés, mais j'aurais peur de livrer des bouts d'histoires et honnêtement, ce livre, ça vaut la peine de le savourer entièrement.  L'auteur nous tient en laisse jusqu'à la fin, c'est très dur à lâcher.  Les personnages, maintenant qu'on les connaît, on s'y attache et en même temps, quand certains d'entre eux disparaissent, les circonstances font qu'on les remplace par d'autres, auquel on s'attache autant.  Les morts sont nombreuses, mais c'est ainsi depuis le début de la série.  L'horreur?  Présente, La violence également, mais le tout sous tellement d'humour que même le pire passe bien.  Quand au secret caché dans la cave...  Et bien, je ne vous dirais rien, mais sachez que ça valait la peine d'attendre pour le savoir!  C'est dur d'écrire une critique quand en dire on veut le moins possible.  Mais bon, résumons-ça en peu de mots: c'est excellent, lisez ce livre!

Ma note: 5/5

lundi 22 septembre 2014

Tous ces livres que je n'ai jamais acheté...

Salut!

L'autre jour, une de mes libraires me lançaient la réflexion:

-Ah, c'était un livre de ton fonds, il parlait des plaques tectoniques, je l'avais feuilleté par bout tout un après-midi lors d'une exposition.  Je ne l'avais pas acheté et je le regrette aujourd'hui.

J'ai levé un instant les yeux en l'air.

-Tu sais que tu viens de me donner une idée de billet de blogue?

(Elle ne savait pas que j'avais un blogue (quoi, certaines personnes ne sont pas encore au courant???).  Bon, tant mieux, je vais pouvoir continuer de lui piquer des idées de billets de blogue! :P  Comme de quoi j'en trouve partout.)

Bref, tout ça pour dire qu'elle m'a fait pensé à tous ces livres que je n'ai jamais acheté, ni même jamais lu, jamais pris le titre en note.  J'en aie vu passer comme ça des centaines dans ma vie.  Quand j'étais libraire (et même maintenant!), je rentrais régulièrement à la maison avec dans mes poches un titre noté sur un petit bout de papier.  Des papiers comme ça, j'en aie eu des tonnes, j'en aie fait des piles, j'en aie garni mes bacs de recyclage.  Il ne représente pourtant que la pointe de l'iceberg.  Soyons honnête, j'avais entre les mains de 250 à 500 livres qui me passaient dans les mains par semaine et je devais lire beaucoup de quatrième de couverture pour savoir dans quel section classer les livres, alors des livres qui me tentaient, j'en croisais beaucoup.  D'autant plus qu'il n'est pas trop difficile de me tenter quand il s'agit de livres.

La grande majorité d'entre eux, je les aies oublié, ces livres qui ont croisé ma route et que je n'ai pas noté.  Je me souviens parfois de certains d'entre eux, quand quelque chose me les rappelle.  Souvent, le problème, c'est que je ne me souviens pas d'assez d'informations pour les retrouver, c'est juste un souvenir, un souvenir parfois vague, parfois fort d'un livre, d'un sujet, d'un auteur aussi.  J'ai perdu leur trace, mais ma mémoire l'a en partie conservée.  D'autres ont laissé une trace plus profonde et je me mords les doigts de ne pas les avoir achetés.  Parce que je ne pouvais pas les avoir à ce moment-là, parce que le temps, ou bien plus souvent l'argent, n'étaient pas au rendez-vous.  Des fois, ce sont simplement les circonstances.  Des fois, j'ai dû choisir entre deux livres et j'ai choisi l'autre.  Il me reste dans ces cas-là un petit pincement au coeur en y repensant.  Pas une cicatrice, un simple pincement.  Qui se rappelle parfois à mon souvenir.

Ces livres que je n'ai pas acheté, je ne les regrette pas, mais j'y repense parfois, comme à des occasions ratées, à des rencontres inassouvies.  C'est bizarre au fond.  Je n'ai fait que les croiser.  Eux, parmi des centaines d'autres ont laissé une trace dans ma mémoire.  Si je ne les aies pas pris, c'est parce que je n'étais pas due pour les lire il faut croire.  C'est ce que je me dis le plus souvent.  De toutes façons, j'en aie déjà assez à lire à la maison.

@+ Mariane

vendredi 19 septembre 2014

Les «codes» des genres

Salut!

Essayez de vous imaginer ceci: un roman policier... où il n'y aurait pas de meurtres.  Un roman de fantasy... où il n'y aurait pas de quête pour trouver un artefact ou vaincre un vilain voulant dominer le monde.  Un roman d'amour... où il n'y aurait pas d'histoire d'amour.  Bizarre non?  Ben oui!  Parce que les genres se sont construits autour de certains thèmes, certains façons de faire, certaines résonances dans l'intrigue.  C'est ce qui fait la spécificité du genre.  C'est malheureusement aussi un piège dans certains cas.

Alors que la littérature générale peut couler dans toutes les directions, il y a certaines règles de base qu'il faut respecter dans les littératures de genre.  Un élément important qui «fait» le genre.  Je veux dire, il faut une enquête à la base d'un roman policier parce que ce qui fait la spécificité du genre est précisément cette enquête pour savoir qui l'a fait le coup.  Le roman policier a besoin d'une enquête pour fonctionner.  Un meurtre?  Idéalement, si, mais de nombreux romans d'espionnage ne comportent pas de meurtres et fonctionnent quand même.  Cela correspond à une extension du genre.  Le bon vieux policier a élargi ses horizons et a été ratissé dans une zone proche en gardant ce qui faisait sa caractéristique principale: une enquête.  Preuve que même si les genres ont un élément de base à respecter, ils peuvent aller dans toutes les directions!  Reste que l'enquête est la base.

Pour le roman de fantasy, c'est une quête.  Il faut trouver quelque chose, combattre un ennemi, empêcher quelqu'un de faire un acte mettant le monde au bord du chaos...  On ne fera pas de la fantasy pour raconter une petite histoire d'une elfe jardinant son petit potager en philosophant sur la vie dans un monde imaginaire (quoique ça pourrait être intéressant!).  Le piment de la fantasy n'y sera pas.  La quête nous emmène aux côtés d'un personnage, à ses côtés, à la recherche de quelque chose.  Il y a souvent beaucoup de leçons de vie dans ce genre de livre, mine de rien.  On peut souvent s'attacher au personnage et s'identifier à lui.  Ce n'est pas fait pour parler de la pluie et du beau temps.

Le roman d'amour, c'est fait pour voir cette suite d'événements, plus ou moins dans cet ordre: ils se rencontrent, ils se détestent, ils découvrent qu'ils s'aiment, ils se disputent et se haïssent, ils ne veulent plus se voir, ils s'ennuient de l'autre, ils se retrouvent, joie totale, ils se re-disputent et ainsi de suite pour qu'on sache si finalement, au bout de 300 pages, ils vont finir ensemble ou non.  Personnellement, j'avoue que parfois, ça s'assimile à de la torture!

Les limites du genre sont parfois un piège.  Parce que si on s'en éloigne trop, on risque de perdre des lecteurs qui vont se demander à la lecture dans quelle direction on veut bien les mener.  Il faut beaucoup de doigté pour ouvrir un genre.  Quand les Millenium ont été écrits, on a parlé de romans qui révolutionnent le genre.  Je ne sais pas de quelle façon, ce n'est pas mon genre favori, donc, j'ai peu de points de comparaisons, mais bon, au nombre de personnes qui l'ont dit, ça doit être vrai!  Pour moi révolutionner un genre, c'est de le pousser plus loin, de reprendre l'idée de base, mais de la penser d'une façon différente, de la voir d'un autre angle.  On peut dire que les mélanges des genres répondent à cette façon de voir.  On a vu fleurir les romances historiques, les romances de fantasy.  Romance policière?  Sûrement.  Ah oui, les Eve Dallas de Nora Roberts.  Enfin!

Pour se développer, un genre a besoin d'être circonscrit.  Cependant, il a aussi besoin de pouvoir explorer de nouvelles avenues.  Je ne pense pas que l'on va voir apparaître d'autres «genres» aussi marquants que ceux qui existent déjà dans les prochaines années.  Des sous-genres oui par contre.  Qui chaque à leur façon respecteront les grands codes, mais seront en même temps repousser les limites de celles-ci.

@+ Mariane

jeudi 18 septembre 2014

Le bestiaire des fruits de Zviane

Le bestiaire des fruits  Zviane  Collection Pomelo  La Pastèque  118 pages



Résumé:
En 2001, alors étudiante au Cégep de St-Laurent, Zviane s'est pris de passion pour la découverte des fruits exotiques qu'elle trouvait à son épicerie de quartier fréquentée par des asiatiques.  Elle se prend alors de passion pour la découverte de ces étranges inventions du monde végétal.  Et nous fait part de ses découvertes.

Mon avis:
L'humour de Zviane est absolument génial.  En lisant cet album, j'ai à plusieurs reprises éclatés de rire.  Genre à un moment, elle déguste en compagnie de quelques amis un drôle de fruit à la réputation sulfureuse.  L'un de ses amis prend une bouchée, sort de la pièce en courant...  Est-il malade, a-t-il une réaction allergique???  Non, il court l'écrire sur Facebook!  Ah, reflet de notre temps!  L'auteure possède de même un excellent sens de la description et de l'auto-dérision qui nous donne l'impression d'avoir nous-même goûté nous-même la plupart des fruits.  Bon, aucun n'a une note parfaite à son palmarès qui lui sert à évaluer les fruits, mais on fait beaucoup de découvertes.  Pas sûre que je me risquerais à les essayer tous!  (Quoique j'ai déjà mangé de la noix de coco fraîche et je peux confirmer: à l'intérieur, ça a la texture du pouding et ça goûte...  Miam!).  La voir essayer d'ouvrir une noix de coco comme on en trouve à l'épicerie avec un marteau est proprement hilarant!  Le dessin, juste un petit ligné tout simple, mais tellement expressif quand il s'agit de dessiner les personnages est à la fois naïf et plein de verve.  Cette BD est une oeuvre de jeunesse, c'est certain, C'est moins assuré que le magnifique Les deuxièmes paru l'an dernier, mais il y a en germe la qualité des scénarios et du dessin que Zviane développera plus tard.  Une bonne petite BD, pour faire rire et découvrir de nouveaux fruits.  Ou enfin, sur papier, pas nécessairement gustativement!

Ma note: 4.5/5

mercredi 17 septembre 2014

Faut que je me surveille...

Salut!

Quand j'aime quelque chose, j'aime rarement à moitié.  Sauf que ça me fait faire de sacrées gaffes.  Bon, Ex-belle-soeur me l'avait bien dit:

-C'est le fun quand tu nous parle d'un livre que tu as aimé Mariane, sauf qu'on le lira pas, tu nous raconte aussi la fin.

Oups...

Le pire, c'est que c'est vrai!  Quand je commence à raconter une histoire, surtout si je l'ai beaucoup aimé, je m'emballe!  Je raconte une partie de l'histoire, je nomme mes scènes favorites, je parle de tel ou tel personnage, je donne souvent beaucoup trop d'indices...

Ok, je l'avoue, quand j'ai parlé d'un livre que j'ai aimé, je déborde souvent d'enthousiasme.  Comme un volcan qui entre en éruption, je me lance dans un long monologue où je revis, en les racontant les plus beaux moments de mon livre.  Le problème étant qu'en les racontant, je les vole un peu aux personnes à qui j'en parle.  Je leur vole l'occasion de les découvrir par eux-mêmes.  C'est pas super, je le sais, mais bon, moi, ça me donne l'occasion de les vivre à nouveau, de faire partager ce petit moment de vie qui m'a remplie de joie.  Plaisir un peu égoïste, j'en conviens.

Alors, il faut que je me surveille.  Quand j'étais libraire, je me faisais un point d'honneur de faire hyper-attention à ce détail.  Mentalement, j'avais une barrière qui dès qu'elle était approchée, se mettait à sonner comme une alarme d'incendie avec lumière rouge et tout le tralala.  Il me fallait alors faire une pirouette verbale pour ne pas dire la suite.  Il ne fallait quand même pas voler le punch, je voulais vendre le livre après tout!  Alors, professionnellement, j'ai pas mal toujours réussi à tenir le coup.  Mais le reste du temps...

Je confesse avoir raconté la fin de Twilight à au moins une bonne dizaine de personnes.   Bon, certains me diront que c'est pas très grave, mais reste que je l'ai fait.  J'ai livré le punch de Harry Potter à d'autres aussi, même si ces personnes ne voulaient pas nécessairement le savoir.  Ce qui est autrement plus grave!  Si on me dit, non, je ne veux pas le savoir, je peux me taire, je peux le faire.  Mais en piétinant sur place et en me mordant les lèvres pour ne pas en dire plus.  C'est très difficile.  Mais je peux le faire, je peux le faire.  Ok, Harry (spoiler alert!!!)

Après m'être fait tapé sur les doigts de nombreuses fois, j'ai appris à détecter les signes.  Quand les gens se reculent légèrement, quand leurs mains s'élèvent, quand leur regard s'éloigne légèrement de moi, j'ai appris à retenir ma langue et à garder un peu les punch pour moi.  C'est très difficile, mais je sais maintenant le faire.  J'ai appris à le faire.  Je vais maintenant juste me mettre sur votre dos pour que vous lisiez le livre au plus vite afin que l'on puisse en parler. En me mordant les lèvres pour ne pas en parler.  J'ai même appris dans certaines séries pour lesquelles il y a vraiment beaucoup de punch, à me taire littéralement.  La vie est dure parfois!

Et au fait, personnellement, il y a des livres pour lesquels j'adore que l'on me raconte le punch, mais d'autres pour lequel... je vais très vite vous couper la parole.  Quand je veux pas le savoir, je prends pas de risque, je le dis tout de suite.  Juste au cas où vous auriez les mêmes habitudes que moi...

@+ Mariane

mardi 16 septembre 2014

Retraite de Renaud Jean

Retraite  Renaud Jean  Boréal  192 pages


Résumé:
Recueil de nouvelles parlant de la solitude, de nos désirs sur l'avenir et du poids des choix déjà faits.

Mon avis:
Le recueil est séparé entre deux modes: une partie des nouvelles flirte légèrement avec des univers de science-fiction (légèrement, c'est surtout par l'ambiance que l'on comprend que l'on est pas dans notre monde) et une urbanité très moderne.  On y parle des couples, de ce que l'on ressent quand la fin est proche mais pas encore annoncée.  L'exploration de ces zones d'ombre dans lequel on refoule les décisions, quand on hésite à faire un pas en avant, ce qu'on ressent dans ces moments-là, est faite en profondeur.  C'est le thème récurrent du recueil.  Plusieurs nouvelles sont séparés en trois temps, racontant trois épisodes dans un même univers.  Dans certains cas, le narrateur différait entre les nouvelles, d'autres fois non.  Tout dans ce recueil était un peu flou, comme penché sur le bord d'un rêve.  Comme pour faire contrepoint, l'écriture est très précise et va fouiller dans ces zones de désir qu'on ose à peine effleurer et de craintes que l'on préfère fuir.  Un recueil à fleur de peau comme le sont souvent les nouvelles, bien plus d'atmosphère que d'action, mais un style qui décortique les angoisses des personnages.  Intéressant, mais j'ai moyennement accroché.

Ma note: 3.75/5

lundi 15 septembre 2014

En lien avec le magasinage

Salut!

Souvent, avec une amie, on s'amuse à faire le tour des magasins.  On achète pas toujours grand chose, mais on papote, on regarde, on s'étonne, on rigole de certains trucs, des fois gentiment, des fois... non.  Comme j'ai longtemps été la personne assise derrière le comptoir, je n'ai aucun mal à m'imaginer comme ça doit être de nous regarder parler:

-Ah, tu as vu ce truc-là?

-C'est dont ben laid!

-Ça sert à quoi d'après toi?

-Aucune idée, mais ça coûte une fortune.

-Non, t'as vu ça?

-Ouach!

-Le bleu est tellement dégueu.

Bon, vous voyez le portrait?

Aussi bizarre que ça peut faire, on s'arrête rarement dans des librairies.  De un, j'ai déjà en masse de livres à lire.  De deux, visiter une autre librairie, ça ressemble beaucoup trop à du boulot pour moi.  Mais des fois, je me prends à imaginer ce à quoi ça pourrait ressembler...

-T'as vu cette couverture?

-Ark, non, c'est don ben laid!

-On dirait qu'il s'est enfargé dans ses pinceaux!

-Hihihi, tu crois?

-Suis certaine!

-Oh, non, mais lui, il est encore pire!

-Mais qui est l'imbécile qui a pensé à mettre une image aussi laide sur la couverture!

-Pff, t'as rien vu, regarde celui-là.

-Mais quoi, il y a rien dessus?

-Justement, as-tu déjà vu un truc aussi horriblement plate?

-Non, en effet, t'as raison...

Le pire, c'est qu'en m'imaginant tout cela, je m'imagine aussi la personne au comptoir qui nous entend et qui doit rire intérieurement de nous, de nos affreux jugements impulsifs et de notre manie de tout dire à voix haute.

Je le sais.  J'ai fait son boulot pendant longtemps!

@+ Mariane

vendredi 12 septembre 2014

L'encyclopédie

Salut!

Denis Diderot avait un rêve: rassembler le plus possible de connaissances dans un même ouvrage.  Rêve d'une époque, l'encyclopédie était ancrée dans un contexte précis.  En plein XVIIIème siècle, la connaissance scientifique se séparait à grand-peine de la théologie et de l'influence de l'Église.  Écrire un livre qui rassemblait les meilleurs connaissances scientifiques de l'époque était alors à la fois un rêve et une profession de foi, issue du siècle des Lumières.  L'idée même de l'encyclopédie est liée à une époque et à un état d'esprit.  Mais quel avenir a eu cette idée!

Enfant, ma mère avait réussi, je ne sais trop comment (sans doute une vente de garage!) à mettre la main sur une série d'encyclopédies jeunesse.  À l'époque où je l'ai lu, elle était déjà dépassée, même si elle avait été imprimée à peine quelques années plus tôt.  Et oui, à notre époque, de se rendre à l'imprimé signifie un délai et le risque de se faire dépasser par les découvertes plus récentes.  En fait, ce que j'ai adoré dans cette série de livres joliment reliés, ce sont les contes qui y étaient transcrits, du haut de mes trois pommes, je me rendais bien compte que certaines informations qui y étaient racontées ne tenaient pas la route!

L'encyclopédie...  Dans combien de bibliothèques n'a-t-on pas vu pendant des années se parader leurs reliures aux couleurs vivres, étalées dans la section livres de références?  Des sections complètes leur étaient consacrées et plusieurs maisons d'éditions en tiraient l'essentiel de leurs revenus.  Aujourd'hui, même la célèbre Encyclopedia Britannica, pourtant un des modèles du genre met davantage en valeur leurs collections en ligne que les livres en multiples volumes qui ont fait ses heures de gloire.  Pourquoi?  Oh, le médium grâce à lequel vous lisez ce livre est en partie la réponse...

L'internet.  Sa rapidité, sa facilité, son efficacité, mais surtout et avant tout, sa très grande adaptabilité. Combien de temps a-t-il fallu aux internautes pour aller indiquer la date de décès de Robin Williams sur Wikipédia à la suite de son décès?  Aucune encyclopédie imprimée ne peut battre cette vitesse, cette capacité d'affût qu'est l'internet.  Le web, c'est la veille permanente, c'est l'adaptabilité constante.

Par contre, et c'est le moins que l'on puisse dire, la rapidité comporte le revers de sa médaille: on doit lire vite, donc pas question de plonger en profondeur.  On ne peut aller autant en profondeur dans un article glané sur Wikipédia, au bout d'un certain nombre de scroll, l'attention diminue.  Même avec tous ses avantages, une encyclopédie sur le web ne peut pas aller aussi en profondeur qu'une encyclopédie papier parce que les gens qui écrivent cette deuxième version ont pour eux le grand avantage de prendre le temps de peaufiner les articles qu'ils vont publier.  Critique des sources, certification de l'information, vérification par les pairs?  Aucune garantie sur le web à moins d'aller chercher une source précise qui le garantie et qui sera bien souvent payante.  La précision et la recherche demande du temps et donc, que l'on paye pour celle-ci.  L'internet est génial pour énormément de choses, mais pour l'exhaustivité, ce n'est pas garantie.

Par contre, quelle magnifique entrée en matière!  Vous voulez avoir un peu plus d'infos sur un sujet?  Ce bon vieux Wikipédia vous donnera un bon coup de main, si vous savez prendre les infos que l'on y trouve avec un grain de sel.  Ensuite?  Des centaines et même des milliers de monographies, papier ou numérique, permettent de plonger plus en profondeur, ce que ne permet pas un long article sur Internet.  De là, un déplacement: où l'encyclopédie était l'entrée en matière, le Web a pris la place, mais le besoin de précision, de véracité, d'une certaine recherche est encore là.  Les livres ont donc encore un bel avenir devant eux.  Ils sont encore très bien armés pour transmettre une information plus dense, dépassant l'entrée en matière.

L'encyclopédie n'a jamais été une fin en tant que tel, mais bien un moyen.  Un outil en somme.  Hautement adaptable.  Le XXIe siècle l'a fait évoluer et il grandira encore.  Par contre, cette formidable porte d'entrée sur la connaissance a encore sa place dans notre monde.

@+ Mariane

jeudi 11 septembre 2014

Casper, le chat voyageur de Sue Finden

Casper, le chat voyageur  Sue Finden  First éditions  253 pages


Résumé:
Casper est un chat adopté dans un refuge,  Sa maîtresse, Sue, ne sait rien de son passé, excepté qu'il n'a pas peur des chiens et adore les camions.  Quelle n'est pas sa surprise quand elle découvre que son chat est un habitué du bus qui passe juste devant chez elle!

Mon avis:
Ok, les histoires de chats finissent toutes par se ressembler parce que les maîtres ont la fâcheuses tendances à croire que leurs chats sont les plus brillants, les plus beaux et les plus gentils du monde (ils ont torts, les plus merveilleuses, ce sont mes minettes! :P ).  Celui-ci fait à la fois exception et tâche.  Oui, sa maîtresse pare Casper de bien des qualités, mais il reste que le récit n'est pas dans le ce-chat-m'a-sauvé-la-vie.  Casper avait ses limites (elle le traite d'ailleurs de manière parfaitement justifiée de fripon à plusieurs reprises!), mais elle montre comment un chat un brin original a pu influencer de nombreuses personnes et leur faire voir un rayon de soleil dans leur vie.  Simplement parce qu'il prenait l'autobus, parce qu'il savait être présent et parce que... et bien, c'était un chat!  Le style ne fera pas date sans doute, mais c'est un récit honnête et sincère d'une femme madame-tout-le-monde qui a eu un chat au destin qui sortait de l'ordinaire.  Pas de chichi, pas de mon-chat-était-le-meilleur!, juste la belle histoire d'un chat du refuge qui a su inspirer des milliers de gens grâce à la magie des réseaux sociaux.  Une belle histoire, à la fin triste, mais bon, Casper était un vagabond, sa fin a été à la hauteur de son histoire.

 Ma note: 4/5

mercredi 10 septembre 2014

Au temps de Dickens, le texte seul se défendait

Salut!

Phrase glanée au détour de mes multiples pérégrinations internetesque: Au temps de Dickens, le texte seul se défendait.  Hum...

J'avoue, j'ai tourné cette petite phrase dans ma tête pendant un moment avant de comprendre pourquoi elle me faisait tant tiquer.  Et puis, j'ai fini par avoir le déclic: à l'époque de Dickens, il n'y avait pas de campagne de pub, pas de couverture attrayante, pas de relation-public, rien.  Quand un livre paraissait, que vendait-on?  Un livre.  Un récit écrit.  Voilà tout.

Aujourd'hui, quand on vend un livre...  Ok, il y a un bon 150 ans entre les publications de Dickens et aujourd'hui, mais ça montre combien les choses ont changé.  Voici tous les éléments dont les oeuvres de ce cher Charles est dépourvu qui font diminuer les chances d'un livre d'aujourd'hui de passer à la caisse: une couverture attrayante, une quatrième de couverture accrocheuse et révélatrice.  Un auteur connu, plus il est médiatique, mieux c'est, au fond, il n'a pas besoin d'avoir comme principale occupation d'écrire des livres.  Mieux, ça peut être autre chose que ça, n'écrire que des livres, ça rapporte pas, donc, c'est un peu suspect de ne faire que ça non?  Ensuite, il faut que l'on parle du livre: dans les journaux, à la radio, (ne rêvons pas trop de télé!), sur Internet, mais il faut qu'on en parle.  Qu'on parle de l'émotion, qu'on parle de l'histoire racontée, qu'on parle du style de l'auteur (oh, non, pas trop, ça fait fuir les gens!)  Il faut en parler avec enthousiasme, parce qu'on a adoré, sinon et bien...  Et bien le livre restera sur la tablette.  Les gens ne pousseront pas la porte pour aller le chercher, non, pas du tout.  Ils n'y penseront pas.  Ils ne penseront pas aux livres.  Ils ne penseront pas à la lecture comme tel.  Sauf peut-être pour se dire qu'ils manquent de temps pour lire.  Un certain nombre de personnes le fera quand même, mais ce n'est pas la majorité.

Que s'est-il passé?  En moins de deux siècles, on est passé du livre qui était ce qu'on achetait, du texte que l'on désirait lire à un produit qui croule sous les emballages, pub, promotion et autres.  Le livre comme tel n'est plus le produit que l'on désire acheter.  On achète une expérience, on achète de l'émotion.  Achète-on vraiment un livre?  Certes, je ne nies pas du tout que l'on puisse vouloir acheter quelque chose de plus qu'un assemblage de papier, de colle et d'encre et que l'essentiel du plaisir de la lecture tiens justement à ce qu'on y trouve entre les lignes.  Mais est-ce obligatoire de vouloir ajouter des couches et des couches au produit initial?  De suremballer en quelque sorte pour assurer un minimum de chance de ventes?  J'ai parfois l'impression que cela fait en sorte d'éloigner l'objet premier, le livre, transformant l'atteinte de celui-ci en course à obstacle.  Drôle de contraste quand on pense aux textes de Dickens.

Ce n'est pas un problème propre aux livres, mais je trouve que le matraque publicitaire, le marketing, la promotion, même si c'est essentiel pour faire connaître et découvrir les livres, créent une distance entre ce que l'on veut faire découvrir et ce que l'on perçoit comme message quand on en entend parler pour la première fois.  Distance qui n'est pas toujours saine à mon avis.  Reflet de notre époque aussi.  Car il faut l'avouer, on ne tombe plus sur un extrait d'un roman de Dickens en feuilleton dans le journal pour nous le faire découvrir.

@+ Mariane

mardi 9 septembre 2014

Chroniques de l'Olympe: 1- Fils de Troie de Guy Bergeron

Chroniques de l'Olympe  tome 1  Fils de Troie  Guy Bergeron  Porte-Bonheur  208 pages


Résumé:
À Troie, la reine Hécube met au monde un fils, dont une prophétie dit qu'il sera responsable de la chute de Troie.  Aussitôt, l'enfant disparaît, pour mieux revenir des années plus tard, jeune homme plein de force et d'adresse.  Un jeune homme qui a été pris à partie par trois déesses pour déterminer laquelle est la plus belle.  L'une d'elle lui a promis l'amour de la plus belle des mortelles pour qu'il la désigne...

Mon avis:
Quand on se met à faire des critiques, on découvre qu'il y a un réel plaisir à parler des livres que l'on a aimé, surtout quand on connaît l'auteur.  Ce devoir devient plus pénible quand il s'agit d'un livre que l'on ne peut plébisciter.  C'est le cas de Fils de Troie.  J'ai grincé des dents tout au long du livre.  Le problème est essentiellement le niveau de langage: l'auteur a essayé de garder le souffle, la fougue du texte grec original, mais en utilisant des tournures de phrases et un vocabulaire qui appartiennent bien plus au registre familier moderne.  Je n'arrêtais pas de tiquer à la lecture tellement ça ne coulait pas, tellement ça grinçait.  Pour avoir lu l’Iliade, je voyais clairement les efforts faits pour se rapprocher du texte antique, mais ça sonnait faux.  Surtout dans les dialogues qui me paraissaient tenir à la fois du théâtre et de la déclamation.  Par exemple, le duo d'amoureux Laodicé-Acamas était dans des mises en scène digne de Shakeapeare, mais discutaient comme des ados rose-bonbon.  Les paroles de certains guerriers lancées sur le champ de bataille étaient du genre où on se demandait s'ils avaient le temps de penser à de telles phrases en plein milieu du champ de bataille.  Ça marche dans l'Iliade, mais aujourd'hui...  De plus, les libertés permises avec la trame originale me semblait empruntées plus qu'autre chose.  (Allo!  Cassandre et Pâris sont jumeaux!)  Certes, au travers, il y a eu un effort réel pour donner un peu plus de stature aux personnages féminins (entre autre Laodicé, très belle), mais étant donné le très grand nombre de personnages, ils ont peu de place pour se développer.   Même Hélène, qui est pourtant la source de tout et qui n'expliquera jamais vraiment pourquoi elle a quitté Mélénas.  Dans ce domaine, les dieux sont les mieux représentés, les plus réalistes: après tout, on en s'attend à rien de moins de la part de dieux de l'Olympe!  Le très grand nombre de guerriers grecs s'affrontant ont peu de personnalité distincte, ils sont tous habiles guerriers, forts et puissants et font des ravages parmi les rangs troyens.  À l'exception d'Ulysse et Nestor, ils ressemblent plus à des machines de guerre qu'à des rois.  Les interminables batailles avec leurs déclarations grandiloquentes entre les combattants occupent une très grand partie du récit, mais à un moment donné, c'est tellement répétitif...  J'ai lu plusieurs réinterprétations des mythes troyens et celle-ci n'est pas à la hauteur.  Elle aurait pu être beaucoup plus moderne, s'éloigner un peu de la manière de conter de la Grèce antique et prendre ainsi son envol.  C'est le mauvais mélange des niveaux de langage qui cale ce livre, le reste suit.

Ma note: 2/5

lundi 8 septembre 2014

Jeux de langues

Salut!

Tous ceux qui ont vu une allusion perverse dans le titre de ce billet vont être déçus: je parlerai ici de jeux sur la langue française et non du genre que l'on fait avec notre appendice buccal.  Hihihi!  J'aime faire des petites allusions comme ça, des fois que ça m'attirerait quelques visites supplémentaires.  De toutes façons, l'analogie est bien choisie: on peut faire des merveilles avec notre langue (celle dans la bouche) et c'est l'outil de base qui nous permet de parler notre langue (celle qui nous permet de communiquer avec nos semblables).  Au fond, tout ça pour dire que j'adore les jeux de langue!

Jeux de mots pourraient être une autre expression.  J'adore quand on détourne les expressions de la langue française pour leur donner un autre sens.  Bon, le véritable terme, proposé par notre si précise langue française, est calembour.  Selon ce qu'en dit mon bon vieux Petit Larousse, le calembour est un : «Jeu de mots fondé sur la différence de sens entre des mots qui se prononcent de la même façon.»  Hum, peut-être pas tout à fait exact.  Par exemple, dans un livre, j'ai déjà lu qu'un personnage manchot: «prenait son courage à une main.»  Dans la vie courante, on dit beaucoup plus prendre son courage à deux mains qu'à une main.  J'aimais le contraste de cette expression détournée.  J'aimais ce petit rappel de la situation du personnage( qui avait perdu un bras), en clin d'oeil.  Ça va beaucoup plus loin que les calembours finalement.  J'aime les auteurs qui savent détourner les expressions de la langue française pour en faire jaillir d'autres sens!

En ce sens, j'ai adoré les Malphas de Patrick Senécal.  Je rigole encore en pensant à son «Harry Potter des moches» qui faisait référence à un personnage boutonneux adepte de magie noire.  Tous les tomes de la série étaient truffés de petites expressions détournés de la sorte, qui souvent donnait un ton délicieusement sarcastique à l'ensemble.  Le double-sens de l'abréviation DP du titre d'un des personnages n'étant pas le moindre.  Cela donne un ton à l'ensemble, un fini qui sort de l'ordinaire.  Évidemment, si tout les auteurs faisaient de même, ça perdrait son charme.

D'autant plus que pour réussir un tel coup, il faut avoir du talent.  Celui d'abord de voir les occasions de semer au passage un petit détournement d'expression courante.  Encore là, il faut ensuite savoir comment la détourner, parce que mal fait, cela peut avoir des conséquences non pas catastrophiques, mais désagréables pour le lecteur!  Ensuite, celui de savoir doser.  Trop en faire risque plus de perturber le lecteur qu'autre chose.  Parce que si on se met à devoir réfléchir en plein milieu d'une page sur ce qu'on lit parce qu'on finit par ne plus savoir ce qu'on lit est profondément lassant.  Par petite dose, ça permet de merveilleux éclats de rires en plein milieu d'une lecture.  Trop, ça finit par déplaire.  Mais quand on tombe dans le juste milieu, c'est tellement agréable.

En tout cas, moi, j'adore les auteurs qui savent manier cet art. :)

@+ Mariane

vendredi 5 septembre 2014

Le petit doigt en l'air

Salut!

Vous savez, quand on veut présenter des gens snobs, on les montre souvent prenant le thé, lèvres pincés et toujours, toujours, le célèbre petit doigt bien en l'air.  Ce geste, archi-caricaturé, montre que certaines personnes aiment se distinguer, montrer qu'ils ne font pas parti du bas-peuple, qu'ils sont mieux que la plèbe.  Leur petit doigt en l'air est un symbole fort: celui de l'Élite dont ils font partie.  Certains lecteurs sont également comme ça.

Ils lisent la crème de la crème, pas la plèbe.  Les essais pointus, les livres bardés de prix littéraires, les oeuvres dites inaccessibles, ils en font leur pain et leur beurre.  Rien à redire là-dessus au départ.  Après tout, chacun ses goûts!  Non, là, où ça se corse, c'est quand leur auriculaire se dresse au-dessus de la page.  Parce que aimer lire des trucs pointus et lire des trucs pointus parce qu'on veut être mieux que les autres n'est pas la même chose.  Entre la recherche dans le goût et le dédain des ouvrages populaires, il y a un pas.

Il faut les voir, ces partisans de la ligne dure en lecture.  La ligne est clairement tracée entre eux et le reste du monde qui se contente de miettes littéraires, de plaisirs populaires que les gens consomment sans, soit disant, se rendre compte qu'ils se contentent de sous-produits.  Eux, l'Élite, ils sont différents, ils exigent de la qualité, ils savent se distinguer.  Ils sont au dessus du commun des mortels qui vont se délecter du dernier roman à la mode.  Du moins de leur point de vue.

Il y a là une large question de perception.  Et les ouvrages lus ne sont pour rien en cause.  La question est externe à la lecture, externe à la littérature.  Elle touche un certain pédantisme, un certain snobisme dur à ignorer.  Que l'on vise le meilleur, le mieux, c'est sain, c'est normal.  Mais que l'on utilise cela pour regarder de haut les autres...  Mettons qu'il y a une différence.  Tout simplement parce qu'il n'y a pas de lectures pour l'Élite.  Il n'y a que des gens ayant des goûts différents.  Ok, certains ouvrages sont plus difficiles d'accès, plus complexes mais la personne qui tient le bouquin n'est pas meilleure pour autant.  Ni en tant que personne, ni en temps que lecteur.  Le simple gros bon sens a toujours existé parmi toutes les couches de la population et ce n'est pas la lecture des grands philosophes qui ont empêchés les hommes en situation de pouvoir de faire des gaffes monstrueuses.

Autant en lecture que dans tous les autres aspects de notre vie, nous faisons tous partis de la masse, du populaire, de la plèbe.  Vouloir se dire que l'on est mieux que les autres, que ce soit par nos lectures, notre habillement, notre façon de vivre relève d'une volonté de se couper du monde.  Différent n'est pas synonyme de mieux, pas plus que de dangereux.  Par contre, se dire meilleur que les autres implique une coupure mentale entre le nous et le eux.  Ce genre de coupure, subtile en apparence, peut finir par creuser des gouffres.  Et à causer beaucoup de tort parce que l'on oublie trop facilement que la personne en face de nous reste avant tout un être humain.

Je suis de celles qui apprécient les bons ouvrages, bien écrits et qui pestent contre les horreurs que l'on retrouve parfois sur les tablettes des librairies (et oui, ça existe!).  Par contre, je ne dresse pas mon petit doigt en lisant.  Si un livre est mauvais, il est mauvais, ça ne fera pas de moi un membre de l'Élite que de le juger.  Un mauvais livre aura toujours le mérite sur un excellent livre pas encore écrit d'exister.  Et le temps fait souvent le tri entre le bon grain et l'ivraie de façon diablement plus efficace que les préjugés.

@+ Mariane

jeudi 4 septembre 2014

Les larmes de l'assassin d'Anne-Laure Bondoux

Les larmes de l'assassin  Anne-Laure Bondoux  Millézime  Bayard 227 pages



Résumé:
Paolo vit seul avec ses parents sur une fermette éloignée.  Un jour, arrive un homme, Angel, qui, sans véritable autre raison qu'ils se trouvent sur son chemin, tue ses parents.  Entre l'orphelin et l'assassin va se tisser une étrange relation.  Troublée par l'arrivée d'un jeune homme à la recherche de lui-même, leur vie à tous sera bouleversée.  N'attendez pas de rédemption dans ce livre, là n'est pas la question.

Mon avis:
Cela faisait longtemps que dans un livre, je n'avais pas autant ressenti les conditions de vie des personnages mis en scène.  On sentait à leurs côtés le froid, la faim, le vent, les dures conditions de vie.  Le tout, en peu de mots tellement les images étaient fortes, vivantes.  J'ignore l'origine de l'auteure, mais son nom laisse penser qu'elle n'est pas sud-américaine, même si j'ai retrouvé dans le ton, le style, la saveur de mes auteurs préférés de cette région du monde.  Cette histoire n'est pas joyeuse, mais on s'attache à ces personnages, clairement handicapés par la vie, qui essaient tant bien que mal de vivre.  Paolo, l'orphelin dont l'assassin de ses parents deviendra pratiquement le père.  Angel, l'assassin qui découvrira une raison de vivre dans cet enfant.  Et Luis, l'enfant-adulte qui ne sait pas comment vivre et fuit toute sa vie.  Dans ce trio, les deux hommes s'arracheront l'affection de l'enfant, dans un tango subtil.  Les événements sont secondaires dans ce petit livre, ce qui est important est l'évolution de la relation entre les trois, mais de d'avancées et de recul, de pointes lancées et accueillis, d'émotions que faute de mots et d'habitude, on ne sait comment exprimer.  Ce n'est pas un livre avec une fin heureuse, non.  Les personnages suivront leur chemin dans la vie, tout simplement.  Et quelque part, ça les rend tout simplement plus humain.  Très proche de nous.

Ma note: 4/5

mercredi 3 septembre 2014

Quand une porte se ferme, une autre s'ouvre ailleurs, mais que fait-on quand il n'y a pas de portes?

Salut!

Il y a longtemps, alors que j'étais étudiante, j'occupais un emploi dans l'une de ses chaînes qui emploient des étudiants à la douzaine en remplissant grâce à eux leurs soirées de 5 à 9.  L'un de mes directeurs (on ne disait pas gérant!) et moi avons eu la même discussion à plusieurs reprises: l'importance des langues.  Époux d'une fille de l'Ouest canadien, ses enfants s'exprimaient parfaitement en anglais, mais avaient quelques difficultés avec la langue de Molière.  Lors de nos discussions, il mettait l'emphase sur l'importance de maîtriser deux langues.  Moi, je parlais de la porte qu'ouvrait une langue sur un autre univers.  Nos opinions étaient aux opposés: pour lui, une langue était un outil, pour moi, c'était tellement plus.

Je me suis rappelée cet homme lorsque j'ai entendu les paroles malheureuses de notre Ministre de l'Éducation d'il y a quelques jours.  Ses déclarations étaient malheureuse, nombreux sont ceux qui en conviennent, mais ce qui m'a fait encore plus mal ce sont les excuses qui n'en étaient pas qu'il a fait quelques jours plus tard.  De la lecture, il ne semblait retenir que les outils: maîtrise de la langue, capacité à traiter de l'information.  Sans voir, ou sans vouloir voir la porte grande ouverte que constitue la lecture.  Il s'est trouvé bien des gens pour dénoncer sa première déclaration, moi, c'est la deuxième, que j'ai écouté attentivement, seule dans ma voiture, qui m'a le plus marquée.  Certains mots qu'il a prononcé ont alors résonné profondément en moi et m'ont fait mal.  Parce qu'il montrait tout le contraire de ce que l'on peut s'attendre de la part d'un Ministre de l'Éducation: qu'il voit plus loin que le bout de son nez.

Notre Ministre était comme mon ancien directeur: la langue est un outil, point barre.  Faux.  Archi-ultra-hyper-faux.  Une langue n'est jamais neutre.  Elle est fait de ceux qui la parle et de ceux qui l'ont parlé dans le passé, des événements qui les ont marqué, des épreuves qu'ils ont traversé.  Pas pour rien que noter parlé à l'oral est truffé de jurons à consonance religieuse: notre passé a été marqué par l'influence de l'Église catholique, dans ces mots, tout le monde se retrouvait, pour ne donner que cet exemple.  Une langue est porteuse d'une culture, même si elle est mal parlée, même si on la déforme, même si on la maltraite: elle reste vivante parce qu'on l'utilise.  Le pire blasphème envers une langue est de cesser de la parler.  Pas pour rien que l'une des premières mesures pour couper les enfants autochtones de leurs racines a été de leur faire abandonner leur langue à travers le régime des pensionnats.  Par pour rien qu'à travers le monde, de nombreuses cultures minoritaires se battent pour défendre leur langue.  Parce que c'est une porte, une porte grande ouverte, tout simplement.

La lecture est une entrée dans la littérature, une entrée dans un monde.  Quand je lis de la littérature provenant d'ailleurs, que ce soit de l'Amérique du Sud, de l'Allemagne, de la Chine, de partout, j'entre dans la pensée d'un peuple.  La traduction est essentielle pour entrer dans cette intimité, se frotter à ces mots, qui ne sont pas tout à fait les nôtres, pas tout à fait les leurs.  Approximation de la traduction, difficultés de la transmission quand car la langue transporte aussi une culture (penser ici aux innombrables grognements face aux traductions trop franco-française).  On s'identifie à des personnages dans un livre, mais à travers eux, c'est leur culture, leur vision du monde que l'on apprend.  C'est largement plus que de savoir déchiffrer un texte.

Ma mère disait souvent: quand une porte se ferme, une fenêtre s'ouvre ailleurs, plus grande et plus belle, le meilleur s'en vient.  Une phrase tirée de La Mélodie du bonheur.  Elle avait raison: fermer une porte et une autre s'ouvrira.  Seulement, comment peut-on faire quand les gens ne savent même pas qu'il y a une porte?  La lecture est l'une des portes d'entrées à la langue, la plus facile parce que demandant peu de matériel pour être exploitée et capable d'exploiter tant d'avenues.  La réduire à un outil est nier ce qu'elle est au plus profond d'elle-même et même tuer ce qu'elle est.  La maîtrise d'une langue passe aussi par la maîtrise de cette même langue écrite et ça qu'on le veuille ou non, peu importe le support, ça passe par les oeuvres écrites et donc, par la littérature.  Ouvrons donc toute grande cette porte aux jeunes!

@+ Mariane

lundi 1 septembre 2014

1er septembre: On se met au travail!

Salut!

En cette magnifique Fête du travail, on commence le boulot: celui du Grand défi de la littérature québécoise.  Comme plusieurs le savent déjà, ce défi lancé par Dominic Bellavance se veut une façon de nous faire découvrir à tous de grands pans de notre littérature.  Pour ce faire, il a divisé son défi en quatre grands volets:



Défi Thématique: Ou, selon différents thèmes (littérature générale, policière, de l'imaginaire, BD, livres jeunesse), le lecteur est invité à lire un livre selon les différentes catégories.  Personnellement, je considère déjà acquise celle des littératures de l'imaginaire et de la BD.  Par contre, un recueil de poésie ET un collectif de poésie (il voulait nous torturer ou quoi?), disons que c'est pas gagné à l'avance!

Défi Alphabétique: Où l'on doit lire un livre dont le nom de l'auteur commence par chaque lettre de l'alphabet.  Béni soit les auteurs dont les noms commencent par K, Q, W, X, Y et Z, ils vont voir leur nombre de lecteur augmenter cette année!  J'avais déjà fait ce genre de défi il y a quelques années et ça m'avait fait découvrir beaucoup d'auteurs.  Bonne idée que ce genre de défi, mais je suis pas sûre que ça va aller comme si des roulettes: ça fait quand même 26 livres à lire...

Défi Année de publication: Où l'on doit lire un livre par année publié entre 2000 et 2015, un pour chaque décennie du XXe siècle et deux pour le XIXe, soit un avant et un après 1850.  Je sens déjà mon enthousiasme délirant pour les deux dernières périodes (je vous invite ici à goutter à toute l'ironie que je ne peux mettre dans ma police de caractère).  Pour le reste...  Le début du XXe siècle est un peu une forêt vierge pour moi, je vais attraper mon signet, m'en faire une machette et partir en mode exploration!

Défi Région administrative: Où l'on doit lire un auteur en provenance, ou résidant dans chaque des régions administratives du Québec.  Une excellente idée de prendre les régions administratives, ça permet d'explorer le Québec dans tous ses racoins.  Et ça me permet de réviser mes connaissances en géographie (tsé, quand tu te demandes si Chibougameau est au Saguenay-Lac-St-Jean ou au Nord-du-Québec).

J'avoue qu'au cours des dernières semaines, je me suis fait un plaisir fou à explorer les différentes catégories, essayant de remplir tous les blancs possibles.  Avec quelques éclairs de génie ici et là, du genre, un auteur de la Côte-Nord, ben, c'est facile, Gilles Vigneault!  Q, un auteur qui commence par Q...  Q...  (Wikipédia) Pascal Quévigier, ben oui, elle est publiée chez Boréal!  J'ai quoi déjà dans ma PAL comme recueil de nouvelles d'un collectif?  Ah oui, il faut que je le dise, j'ai fouillé en long et en large ma mémoire et mes listes diverses pour remplir le fichier excel permettant de calculer les points afin d'avoir des trucs dans toutes les catégories!

Maintenant, on s'attelle au plus dur: lire tous ces bouquins.  Ça va être super le fun, mais je me connais, dans ce genre de défi de longue haleine, le plus dur est de garder ça en tête de ses priorités tout au long de l'année que durera ce défi.  Je commence dans l'enthousiasme, mais c'est la durée qui sera difficile à tenir.  Pour avoir relevé plusieurs défis dans le même genre au cours des années, je sais que le noeud du problème est là.  Durer.  Alors, disons que je commence du bon pied.  Et que je vais tout faire pour tenir!  On verra les résultats dans un an.  Pour l'instant, je vise la centaine de points, ce qui serait un excellent score en soi.  Pour l'instant, mon fichier excel prévisionnel contient à peu près 200 points, mais j'y aie vidé ma PAL.  On verra ce qu'on aura le temps de lire!

@+! Mariane