lundi 26 mai 2014

Tranquille cette semaine...

Salut!

Juste un petit message pour vous prévenir que je risque d'être silencieuse cette semaine.  J'ai pas de critiques à mettre sur mon blog et j'ai été passablement occupée ces derniers temps, donc, je n'ai pas de billets à vous offrir.  On verra si j'ai le temps de me corriger d'ici la fin de la semaine, sinon, ben, on se revoit en juin! ;)

@+ Mariane

vendredi 23 mai 2014

Qui s'inspire de, qui s'inspire de...

Salut!

En niaisant sur Youtube (et oui, ça m'arrive!), je suis tombée sur un canal offrant toute une gamme de top 10 de films sur différents sujets: top 10 des meilleurs films de vampires, de loups-garous, comédies des années 1980, etc.  Certains sujets sont assez évidents, mais d'autres sont plus recherchés et au-delà des connaissances cinématographiques que cela m'apporte, j'aime bien regarder les idées soulevées par ces top 10.  Récemment, j'ai vu l'un deux parlant des films inspirés de contes.  Le numéro un était... La Matrice.  Ok, mon cerveau a fait trois tours en voyant ce film.  Parce que je ne m'y attendais pas.  La Matrice, inspiré d'un conte???  Pourtant, c'est vrai!  En y regardant de plus près, on voit clairement les allusions au bon vieux classique de Lewis Carroll, Alice au pays des merveilles.  Neo est comme Alice plongeant tout au fond du terrier du Lapin Blanc.  D'ailleurs, au début du film, on lui dit clairement de suivre le Lapin Blanc à un moment.

C'est comme Star Wars.  Inspiré d'un conte?  Non, évidemment, à première vue, on dirait que non...  Un homme en fer, un animal énorme et tout couvert de poils, une jeune fille naïve, un garçon cherchant le courage...  Le Magicien d'Oz ou l'univers bien connu de Georges Lucas?  L'un est inspiré de l'autre.  Je n'ai pas trouvé de traces de cette source d'inspiration sur Internet, mais je me rappelle que Carrie Fisher l'avait mentionné dans un supplément d'un DVD lors de la sortie des versions allongées.  Entre le Kansas et une galaxie lointaine, très très lointaine, il y a un pas et c'est justement ce qui fait la différence entre les oeuvres.  Un s'inspire de l'autre, qui s'inspire d'un autre et qui s'inspire d'un autre.  Inspiration ne veut pas dire copie.  Chacun y ajoute de sa compréhension du monde, de son expérience personnelle, de son vécu pour recréer une histoire.  Et chaque fois, l'histoire en ressortira différente.

Attention, les sources d'inspiration peuvent être autant fictionnelle que réelle.  Dans l'un des textes explicatifs entre les nouvelles de Chrono-Minets, Isaac Asimov explique qu'il s'est inspiré d'un livre racontant la chute de l'Empire romain pour sa série Fondation.  George Lucas s'est aussi plongé dans les histoires de démocratie tournant à la dictature pour créer son univers.  Jules César, Napoléon Bonaparte ou le tristement célèbre Adolf Hitler, ça vous dit quelque chose?  Hé oui!  On ne peut réécrire l'histoire, mais on peut la réinventer dans la fiction, encore et encore.  La raconter différemment peut-être pour essayer de tirer des leçons de celle-ci?  Ou non.  L'auteur Guy Gavriel Kay s'est fait une spécialité de réécrire l'histoire en y ajoutant ou non une touche de fantasy.  Ses récits racontent l'histoire, mais en changeant juste assez celle-ci pour que l'on comprenne à quoi il fait allusion.  Une autre façon de transformer l'Histoire en une autre histoire.

On peut remonter loin ainsi!  De nombreux auteurs contemporains affirment devoir beaucoup à Tolkien et à son cycle du Seigneur des anneaux.  Lui-même disait devoir beaucoup à William Morris, auteur anglais de la fin du XIXe siècle.  Celui-ci était très attiré par la calligraphie, il en avait même spécialement composée une pour réédité les poèmes de Chaucer.  Cela l'a rapproché des récits du Moyen-Âge.  Ceux-ci étaient fortement influencés par la littérature chrétienne, pratiquement devenue une mythologie au cours des siècles, elle-même fortement métissée de culture celtique, entre autre dans le cycle célèbre des aventures du roi Arthur.  Les origines de ces légendes remontent à la chute de l'Empire romain d'occident, aux alentours du Ve siècle.  Empire romain qui avait largement pillé la mythologie grecque qui l'avait précédé.  Cette même mythologie marchait dans les traces de l'Illiade et de l'Odyssée, célèbres poèmes, les premiers de la littérature occidentale du non moins célèbre Homère.  Celui-ci, si tant est qu'il a bel et bien existé, a mêlé réalité et fiction datant de plusieurs centaines d'années avant lui pour décrire une civilisation qui n'était déjà plus.  De toutes façons, ces récits ont été pendant des générations transmis de façon orale.  Comme de très nombreux autres avant l'invention de l'écriture.

Et ainsi, on peut remonter loin, loin dans le temps...  Jusqu'à, il y a très très longtemps, l'un de nos ancêtres, au coin du feu, invente un morceau de la réalité qui n'existait pas encore.  Une histoire.  Quelque chose qu'il avait vécu ou non, mais qu'il avait réinventé, recréé, par lui-même.  Le début de l'imaginaire, de la fiction et d'une autre façon de voir le monde.

@+ Mariane

jeudi 22 mai 2014

Légendes pédagogiques de Normand Baillargeon

Légendes pédagogiques  Normand Baillargeon  Collection Essai libre  Poète de brousse  271 pages


Résumé:
Brain gym, sociocontructivisme, nous n'utilisons que 10% de notre cerveau, Baby Einstein, etc.  Le monde de l'éducation est rempli d'idées plus ou moins farfelues sur le cerveau et la façon dont nous apprenons, sans compter les théories pédagogiques plus ou moins pseudo-scientifiques.  Normand Baillargeon fait le grand ménage dans ces idées pré-conçues sur l'éducation et décortique avec un esprit analytique hors-pair les méandres de ce qui est vrai, ce qui est pseudo-vrai et ce qui est faux dans le domaine, recherche scientifique à l'appui

Mon avis:
J'aurais aimé lire ce livre durant mes études...  Honnêtement, j'ai l'impression que j'en aie davantage appris sur l'éducation, l'enseignement et la pédagogie en 271 pages qu'en quatre ans de bac!  L'auteur prend, point par point, plusieurs mythes en éducation, des idées que personne ne semble vouloir remettre en cause, et explique savamment, patiemment, pourquoi ces idées sont fausses.  Il ne s'agit pas ici de descendre des idées, mais de démontrer que leurs prémisses sont fausses.  L'idée que les enfants se fassent des massages en classe par exemple, n'est pas en elle-même mauvaise, mais les données sur lesquels on se base pour prôner cette pratique sont tous sauf prouvés, d'où la facilité de tasser du revers de la main la pratique en même temps que la théorie.  Le bébé avec l'eau du bain.  La pédagogie est une science humaine comme les autres et il semble que dans la foulée des réformes pédagogiques et des changements de gouvernements, cela ce soit perdu.  D'où l'importance de fouiller dans la recherche et sur ce point, l'auteur ne lésine pas: chaque chapitre est rempli de notes de bas de pages, de liens internet et de renvoi à des ouvrages plus fouillés.  Il n'hésite pas non plus à avouer là où s'arrête ses connaissances, souci d'honnêteté qui m'a particulièrement plu.  Le chapitre sur la neuroéducation est particulièrement parlant sur ce point. Plonger dans ce livre, c'est aussi plonger dans la lignée des multiples penseurs de l'éducation, de ce qu'ils ont apporté à celle-ci et de combien.  Des penseurs que l'on oublie trop souvent.  Nombreux ont été ceux qui ont apporté leur pierre à l'acquisition de la connaissance en pédagogie et en éducation, mais on en entend pas toujours beaucoup parler, surtout dans les facultés d'éducation.  L'importance de cet essai est très importante, car il recentre le débat sur un fait essentiel: pour assurer le succès de la majorité des élèves, il faut plus de connaissances, de recherche et moins de pensée magique.  J'ai eu à plusieurs fois l'impression d'être à la limite de ma compréhension dans ce livre, mais j'ai adoré quand même.  C'est soutenu, c'est fouillé et c'est maîtrisé.  Ça fait du bien de lire ce genre de livre.

Ma note: 5/5

mercredi 21 mai 2014

Ma tante Germaine et la littérature

Salut!

Lors du dernier Congrès Boréal, les participants d'un panel (je ne vous dirais pas lequel, ceux qui y assistaient se reconnaîtront) ont assisté à une mini-prise de bec entre un auteur et un éditeur connu sur un sujet bien précis: la littérature populaire et les gens qui la consomment.  De là est issu le personnage de Matante Germaine mentionné dans le titre.  Celle-ci, selon les termes évoqués durant la table-ronde, consomme un certain genre de littérature et s'y limite, au désarroi de l'auteur connu.  Le personnage de Tante Germaine est évocateur de deux courants qui s'opposent dans le milieu littéraire: le côté populaire, commercial de la littérature et le côté artistique, recherché de celle-ci.  L'éditeur en présence opposait littérature populaire et littérature savante, un terme que j'ai aussitôt détesté.  Je préfère et de loin parler de littérature soutenue.  Pour moi, ce débat est un faux débat.  L'opposition entre les deux est stérile parce que la littérature a besoin des deux pour survivre.

Quand on est libraire, on apprend vite à reconnaître que les lecteurs aiment lire, point.  Peu importe ce qu'ils lisent.  Et le rôle d'un libraire est de savoir définir leurs besoins pour les guider vers les bons livres.  Bon, si matante Germaine aime un certain type de livres, dit populaire...  Ben, c'est pas à moi de lui dire qu'elle lit des mauvais livres!  D'ailleurs, sont-ils si mauvais que ça, les livres qu'elle lit?  On oppose littérature populaire et littérature soutenue (terme que je préfère) en disant que la première est moins bonne, moins ci, mois ça...  Sans se rendre compte que dans le fond, tout le monde en lit.  S'il y a effectivement une production bas de gamme destinée à remplir les tablettes à peu de frais, ce n'est pas le cas de la majorité des ouvrages dit populaires.  Se faire raconter une bonne histoire, ça compte!  Si la notoriété d'un auteur n'est pas un gage de qualité littéraire, le nombre de copies vendues n'est pas non plus un gage de médiocrité.  Ceci est une affaire de goût et aussi il faut le dire, d'expérience.

Les premiers livres que l'on lit, surtout quand on tombe dans la littérature pour «adultes» (la prolifération du Young adult semble vouloir enterrer cette catégorie) sont plus souvent qu'autrement de la littérature populaire.  Et souvenez-vous: c'était bon!  Le premier livre qu'on lit est nécessairement bon, on a rien pour comparer!  Certains lecteurs trouveront là leur bonheur et ne le lâcheront plus.  Mais la plupart, et je le dis d'expérience, la plupart iront voir ailleurs au bout d'un moment.  Parce qu'ils auront envie d'autre chose, tout simplement et cet autre chose, ils iront le trouver dans un autre genre de littérature.  Parce qu'après tout, entre la littérature populaire bas de gamme et la haute littérature hyper recherchée, il y a quand même cinquante nuances de gris (désolé, elle était trop facile!).  On entre par la porte de la littérature populaire et ensuite, on parcourt les rayonnages des divers niveaux littéraires, par petits pas, ponctués d'allers et de retours.

D'ailleurs, pour en revenir à ma première idée le débat entre littérature populaire et soutenue est à mon toujours aussi humble avis totalement stérile.  Croyez-vous sérieusement qu'un lecteur débutant voudra se débattre avec La montagne magique de Thomas Mann?  De quoi dégoûter quelqu'un!  Il faut y aller par étape et développer son goût, comme un sommelier.  Le meilleur des vins peut sembler de la piquette au palais non-initié d'un profane.  Idem avec la meilleure des littératures.  La littérature plus populaire multiplie les portes d'entrées.  Une fois le pied dedans, rare, sont les lecteurs qui cessent de lire.  Par contre, le nombre d'entre eux qui râlent contre le manque de temps pour lire monte en flèche...

Et quand à ceux qui disent que les ventes de livres populaires cannibalisent les ventes des autres titres, j'ajouterais qu'ils sont aussi là pour occuper le plancher et attirer l'attention sur le livre.  Sans succès populaire, pas de littérature plus pointue!  Parce qu'il faut quand même faire rouler la roue!  La littérature est en ce sens une locomotive, une force qui fait bouger la base, la négliger et la mépriser, c'est oublier son rôle de base dans la propagation de la littérature.  Occuper le terrain, amener les gens vers le livre, leur faire franchir le pas, réduire la distance instaurée par un certain élitisme autour du milieu du livre, tout ça n'est pas possible sans la littérature populaire!  Le terrain est ensuite largement occupée par d'autres types de littératures qui permettent à tous les lecteurs de trouver selon leur goût.  Ce ne seront pas tous les auteurs qui tireront leur épingle du jeu malheureusement, mais là, c'est un autre débat.

Enfin, tout ça pour dire que de la littérature pour matante Germaine, c'est aussi nécessaire que d'avoir d'autres types de littérature pour que tout le monde puisse avoir de quoi lire de bons livres à savourer!

@+ Mariane

mardi 20 mai 2014

Les contes d'outre-tombe de Jacques Lamontagne

Les contes d'outre-tombe  Scénario et dessins de Jacques Lamontagne*  Collection Rotor  Les 400 coups  78 pages


Résumé:
Trois hommes désœuvrés entrent dans une étrange salle de cinéma.  Ils y regardent une série de courts métrages, tenant à la fois du fantastique et de l'horreur, prétextes à une série de courts récits à vous glacez le sang.

Mon avis:
Ce livre est un recueil de courtes bandes-dessinées parues dans différents magazines, mais réunit ici en un tout cohérent.  D'ailleurs, chapeau, parce que justement, le livre se lit d'une traite et à aucun moment on n'a une impression de «collage».  Ceci dit, le fait que les histoires soient courtes (une, deux ou trois pages maximum) a sûrement du aider.  Je dois avouer que ces petites histoires sont à la bande dessinée ce qu'est la nouvelle en littérature: un condensé où chaque image compte.  Les histoires sont étonnants courtes, mais parfaitement complètes en elles-mêmes.  Ça en fait d'autant de petits diamants soigneusement taillés, car on n'enlèverait, ni n'ajouterai rien à ces histoires.  Tous les récits sont des récits fantastiques, dans la veine des contes d'Honoré Beaugrand (la plupart des récits pourraient se passer dans la Belle province) et des nouvelles de Guy de Maupassant.  Pourtant, aucune histoire à proprement parler ne peut être relié à une autre oeuvre littéraire.  Ce sont des histoires nouvelles et même si on reconnaît la source d'inspiration, on ne peut deviner les punchs.  Certains sont surprenants, d'autres prévisibles, mais dans tous les cas, je n'encourage aucun froussard à lire ces histoires avant d'aller dormir!  Les dessins sont dans un camaïeu de couleurs délavées, souvent à double-sens.  Même les rouges ont un petit quelque chose de plus à voir avec du sang qu'avec une couleur.  Les personnages sont expressifs, les cadrages sont vifs et permettent de saisir les nuances des histoires, même en très peu de cases.  Une BD à lire et à lire, excellente, vraiment!  Bref, un petit bijoux!

Ma note: 5/5

* Jacques Lamontagne a eu des collaborateurs pour certaines histoires, que ce soit au niveau des scénarios, des dessins ou des couleurs.  Dans tous les cas, c'est en harmonie avec le reste de la BD et sans la mention en début de livre, je ne l'aurais sûrement pas remarqué.

vendredi 16 mai 2014

On s'amuse: Kamasutra du titre

Salut!

Pour s'amuser ce mois-ci (et comme je suis un peu en manque d'idées pour des jeux), voici une petite image pour vous faire rigoler un peu!


Ah oui et en prévision de cette fin de semaine de trois jours, voici mon programme:


;)

@+ Mariane

jeudi 15 mai 2014

Le collier rouge de Jean-Christophe Rufin

Le collier rouge  Jean-Christophe Rufin  Collection blanche  Gallimard  154 pages


Résumé:
Un petit village français ployant sous la chaleur torride d'une fin d'été.  Un juge militaire et un prisonnier, qu'il est chargé de juger.  Un chien qui aboie sans cesse, on ne sait trop pourquoi.  Ça se passe quelques mois après la fin de la Première Guerre mondiale.  Avec les cicatrices qu'elle a laissé derrière elle, sur tous les êtres qu'elle a touché.

Mon avis:
C'est le genre de livre qui gagne à être lu d'une seule traite, d'un seul coup.  C'est un livre d'ambiance, où le lieu et l'atmosphère ont autant d'importance dans l'histoire que les personnages.  La chaleur entre autre, torride, qui rend les gens languissants, indolents.  On se glisse dans cette intrigue au rythme des dialogues.  On parle du passé, il est en train d'être jugé après tout, mais jamais la raison pour laquelle il est jugé ne sera nommée avant la fin.  On suit le fil de sa vie durant la guerre, cette guerre qu'il n'a pas voulu faire et qu'on l'a forcé à faire.  Avec le chien, qui l'a suivi partout, même s'il n'a jamais vraiment aimé cette bête.  Se mêle à l'histoire une femme, trop instruite pour être paysanne, mais qui travaille la terre, un enfant, des gens de passage qui se réfugient dans cette contrée reculée, loin de Paris où s'agite les socialistes, peut-être pour fuir, qui sait?  Au travers cette histoire, le chien, clé de l'énigme, qui aboie sans cesse sur la place près de la prison.  Soutenue d'une certaine façon par les habitants, qui détestent la prison, incarnation de ce qu'ils ont craint pendant toutes les années de la guerre: les militaires.  La fin est à la fois surprenante et pourtant, tellement compréhensible.  Un peu facile par contre, vu les capacités de romancier de Jean-Christophe Rufin.  Ce n'est pas sa meilleure oeuvre.  Cependant, il réussi toujours avec élégance ce tour de force de transmettre une émotion intense dans une phrase, au travers du reste du texte, mais d'une extraordinaire beauté.

Ma note: 4/5

mercredi 14 mai 2014

Lâchez-moi les chiffres!

Salut!

Notre époque est obnubilée par les chiffres.  À la moindre occasion, on nous sort chiffres et statistiques, petit signe de pourcentage pas loin pour bien montrer l'importance d'un problème.  Ou sa non-importance.  Comme si la vie se réduisait à des chiffres.

Prenez le récent débat sur le prix règlementé cet automne.  Les arguments des partisans de cette mesure avaient des chiffres pour appuyer leurs dires, mais leur argumentation était  de l'ordre qualitatif autant que quantitatif.  De l'autre côté, il y avait beaucoup d'arguments économiques...  Je suis affreusement partiale dans ce domaine, je n'ai aucun problème à l'avouer, mais j'avais juste le goût de dire, bordel, LÂCHEZ-MOI LES CHIFFRES!

Comme si l'importance et l'influence du livre se réduisait à ça!  Comme si le fait d'avoir une vie littéraire ou culturelle ou artistique riche pouvait se mesurer en chiffre.  Il y a des aspects de la vie qui ne peut se mesurer en chiffre.  C'est la passion que l'on y met qui est importante.  Et même, souvent, ce patrimoine est immatériel.  On peu évaluer le prix d'un manuscrit original d'un auteur du XVIe siècle, mais on n'aura jamais que le prix de l'objet, pas de l'apport de celui-ci à la culture humaine.  Une oeuvre de Descartes par exemple, est autant le fruit de la réflexion d'un homme que ce qu'elle a su créé dans son sillage.  La pensée de ce philosophe a influencé profondément la civilisation occidentale pendant des siècles et même encore aujourd'hui.  Est-il possible de chiffrer cette influence?

Entendons-nous, ce ne sont pas toutes les oeuvres qui peuvent prétendre à une telle valeur immatérielle.  Beaucoup peuvent plus facilement se mesurer à la valeur de l'objet qui les portent.  D'autres part, je suis pour le fait de payer pour des oeuvres.  Après tout, ce n'est pas aux artistes de tout donner.  Déjà que dans le cas des auteurs, la fraction du prix qu'ils touchent est mince.  Comme l'a déjà dit un représentant de la SODEC auquel j'avais parlé, si le tiroir-caisse ne sonne pas, il y a un problème.  Faire de l'art pour l'art n'est pas non plus une solution.  Mais tout réduire à l'aspect financier et chiffré, il me semble que c'est une erreur énorme.

Qui se souvient des sommes rapportées par telle ou telle pièce de théâtre de Molìère ou de Shakespeare?  Qui se soucie de savoir combien Orgueil et préjugés a rapporté à Jane Austen?  Ou combien ont coûté les peintures de la chapelle Sixtine?  La valeur de qu'ont coûté et rapporté ces oeuvres n'est qu'une petite part de leur valeur réelle.  Combien de milliers de copies du Petit Prince ont été vendue?  Ça on peut le calculer.  Combien de personnes ont été influencées par cette oeuvre?  Incalculable, mais on ne peut nier l'influence de cette oeuvre.



J'ai lu une phrase qui m'a beaucoup fait réfléchir dernièrement, dans l'excellente BD Les ignorants d'Étienne Davodeaux.  À la p. 129, un des personnages fait le commentaire suivant sur une maison d'édition:  «C'est une entreprise qui produit des livres.  C'est un truc étrange un livre.  C'est des idées, des sentiments.  C'est fragile et c'est compliqué.  Ça ne se fait pas comme des frigos et des bagnoles.»  Je dirais qu'il y a beaucoup de vérité dans cette phrase.  Toutefois, les meilleurs frigos et les meilleurs bagnoles, tout comme les meilleurs livres, sont ceux qui sont fait en mettant un peu plus que des sous dedans.  Ils sont fait de sueurs, d'erreurs, de créations, de moments de génie et de découragements.  Ils sont fait par des gens qui y mettent du leur, de leur passion, de ce qu'ils sont dans leurs productions.  Ils font de l'art en quelque sorte.  Les colonnes de chiffres n'en sont pas.

@+ Mariane

mardi 13 mai 2014

La Guerre de Troie n'aura pas lieue de Jean Giraudoux

La Guerre de Troie n'aura pas lieue  Jean Giraudoux  85 pages  Texte lu en numérique libre de droit*


Résumé:
Hector ne veut plus de la Guerre, Hélène ne sait plus trop si elle aime Pâris et des légistes semblent vouloir pousser à la guerre.  La Guerre de Troie aura-t-elle lieu ou non?

Commentaire:
Il faut avoir une certaine connaissance des personnages et du contexte dans lequel a lieu la pièce pour en comprendre toute la saveur.  Voir Hector demander résolument la paix, c'est faire faire une sacrée contorsion au personnage d'Homère!  Guerrier, Hector l'était, mais dans cette pièce, c'est la paix qu'il souhaite.  Tout comme Andromaque, sa femme et Hécube, sa mère.  Tandis que de l'autre côté, le roi Priam pousse pour la guerre, appuyé par un poète, Démékos, qui rêve de pouvoir à nouveau chanter les louanges de guerriers.  On voit même apparaître à un moment un juriste international interprétant le moindre des gestes des Grecs arrivant à Troie pour réclamer Hélène comme un geste de déshonneur.  Tout est bon pour déclencher la guerre!  Et Hélène...  Ouf!  Le modèle de la femme stupide, qui fait ce qu'on lui dit, aime griser les hommes autour d'elle et ne comprend pas les conséquences de ses actes.  Elle aimait bien Pâris, mais à un moment, s'en désintéresse.  Retourner en Grèce?  Peut-être, mais pourquoi au juste?  Et c'est pour cette femme que la guerre aura lieu...  Montrant qu'au fond, la guerre n'est jamais faite pour de bons motifs.  La pièce est truffée de réparties savoureuses, souvent en lien avec la personnalité historique des personnages.  Elles ont souvent un soupçon de double-sens qu'il faut connaître pour les apprécier, mais ils font quand même souvent mouche.  Ce qui est bien, c'est que le caractère des personnages de la légende troyenne est respecté, mais en même temps, modernisé.  La pièce a été écrite alors que menaçait le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale et on peut y voir un hommage à la paix, une volonté de montrer que la guerre ne se fera que pour des motifs stupides au fond.  Et que malgré tout, comme le dit si bien Cassandre, la Guerre de Troie aura lieue.  Mon seul regret est le peu de didascalies présents dans le texte que j'ai lu.  Ça empêche de «voir» la pièce.  Une belle lecture, je me demande vraiment ce que ça donnerait en live.

Ma note: 4/5

*Le texte en version numérique libre de droit que j'ai lu est disponible ici.

lundi 12 mai 2014

Science-fiction et sciences humaines

Salut!

À force de lire de la science-fiction, j'ai remarqué un détail: toutes ces histoires se passent dans des univers futuristes, voire lointains, des univers très loin de nous, de notre quotidien.  Néanmoins une constante reste: la science-fiction reste un laboratoire de comment l'humain pourrait réagir face à de nouvelles technologies, face à de nouvelles races, bref, à ce que nous réserve l'avenir.  Dans ce sens, la science-fiction fait bien moins de la science que des sciences humaines, particulièrement de la psychologie et de la sociologie.

Je l'ai particulièrement vu dans L'échelle de Darwin de Greg Bear.  Ce livre explorait les réactions publiques face à une mutation de la génétique humaine de grande ampleur.  Si l'aspect science était particulièrement bien développé (au point d'épater des copains en science de la santé), le livre s'attardait particulièrement à la réaction des gens face à cette mutation.  Comment réagissait-il?  Comment le gouvernement devait-il agir face à un tel bouleversement?  Comment éviter la panique?  Et pour chaque personne, chaque individu, quel était la bonne réaction à avoir?  Autant de question qui ont tout autant à avoir avec la politique, la psychologie et la sociologie qu'avec les sciences naturelles.

Je pourrais multiplier les exemples.  Derrière chaque roman de science-fiction se cache une question qui a une résonance pour l'être humain et non seulement pour la technologie.  La science-fiction consiste à inventer des réponses à des questions auquel on n'a pas encore fait face.  Cela peut se faire de manière spectaculaire, ou encore de manière très psychologique.  La littérature permettant d'entrer dans la psychée d'un personnage d'une façon unique, elle est sans doute l'art le plus à même de nous entraîner dans les questionnements d'une personne confrontée à une situation autrement inaccessible pour nous.

Si on pousse certains contextes, certains thèmes aux extrêmes, qu'arrive-t-il?  Si les dernières découvertes scientifiques, si les possibilités qu'elles ouvrent s'avèrent, qu'arrivera-t-il, comment réagirons-nous?  Comme individu, comme société?  Devons-nous nous rebeller, nous adapter?  Qu'est-ce que cela changera dans la façon dont nous nous voyons nous-même, dans la façon dont nous voyons l'autre?  Toutes des questions qu'adore la science-fiction.

Au contraire de la fantasy ou du fantastique qui présente souvent un héros en quête, donc un parcours bien plus lié à un individu qu'à une société, la science-fiction se prête plus facilement aux questionnements profonds.  Pas que les scènes d'actions intenses ne s'y prêtent pas, mais honnêtement, combien de fois avez-vous entendu parler de destinée dans un roman de SF?  Combien de roman sont basé sur une quête, comparé à l'écrasante majorité des romans de fantasy ou de fantastique?  On peut bien sûr rigoler, faire une SF totalement loufoque, de nombreux space opera n'ont rien de sérieux!  Reste que l'avenir pose de nombreuses questions et que la SF est une façon d'y répondre, d'anticiper l'avenir.

Je suis une fille de sciences humaines, j'ai étudié l'histoire et souvent, je lis de la SF en pensant aux méthodes que l'on m'a apprise pour analyser les événements historiques.  Je suis surprise de voir les résonances.  L'humain reste l'humain, peut importe les croyances, les époques... et les technologies qu'il utilise.

@+ Mariane

vendredi 9 mai 2014

Starters de Lissa Price

Starters  Lissa Price  Pocket junior  448 pages


Résumé:
Dans un avenir pas si lointain, tous les adultes ont été tué par une guerre bactériologique.  Ne reste que les «vieux» qu'une médecine ultra-performante permet de garder en vie pendant des décennies et à l'autre extrémité, des enfants, des adolescents, les Starters.  Soit ceux qui ont été vacciné contre les spores, vaccins disponibles en quantités limitées.  Quelques années plus tard, la majorité des Starters vivent dans la rue.  Ceux qui n'avaient pas la chance d'avoir des grands-parents pour prendre soin d'eux.  C'est le cas de Callie.  Elle veille sur son petit frère Tyler, après la mort de leurs parents.  Face à la maladie de son frère, nécessitant des soins coûteux, Callie accepte l'offre de la Banque des corps, un organisme offrant aux Enders de «louer» le corps d'un adolescent afin de profiter de nouveau des joies de la jeunesse.  Elle se doute bien des risques, mais pas à quel point ceux-ci sont graves, bien plus grands que sa propre personne.

Mon avis:
Vous avez déjà lu les premières pages d'un livre en ayant la persistante impression que vous l'avez déjà lu?  Que tout correspond à un schéma que vous connaissez déjà?  Ben, ce livre, c'est ça.  J'ai été prise à quelques moments par l'histoire de Callie, mais la plupart du temps, je regardais les ficelles grosses comme des cordes de bateaux dépasser du livre.  Des bons, des méchants, un incident qui vient foutre un magnifique plan en l'air, une conspiration, des ados qui se battent pour sauver leurs vies des méchants adultes...  Hunger Games?  Divergence?  Un roman dans la même lignée en  tout cas.  Mais sans la finesse de l'intrigue (déjà qu'il n'y en avait pas tant que ça dans les précédents cités).  Un roman honnête, mais du déjà vu.  Des personnages qui changent de discours au moment opportun, un méchant tellement méchant qu'il n'a ni nom, ni visage, des faux-semblants qui se déploient, un bien évident triangle amoureux, tout ça se mêle avec une bonne couche de mélo pour former un tout.  Même les émois évidents de l'adolescence m'ont semblé plaqué, improvisé sur le fond de l'histoire.  L'idée n'est pas mauvaise: une population entièrement séparée entre les vieux, qui vieillissent, mais restent vivants et les jeunes, qui sont réduits à la pauvreté car ils n'ont accès ni à l'emploi (pour protéger ceux des aînés), ni à la protection des parents (ils sont tous morts).  Évidemment, tous ces jeunes n'ayant pas l'âge de voter, ils n'ont pas de poids sur les lois...  Une telle coupure entre les générations, en si peu d'années?  Parce que la guerre date quand même de moins de trois ans avant...  Des grands-parents ayant des enfants adolescents alors qu'eux-mêmes ont largement dépassé les quatre-vingts ans et même plus?  Ok, on retarde aussi les lois de la biologie?  Non, ça ne marche pas, dès le départ.  Il y a un énorme fossé qu'on ne peut comprendre, qui n'est pas logique au point de vue de l'intrigue.  Le reste, que des adolescents «louent» leurs corps à des vieillards parce qu'ils n'ont aucune autre source de revenus, les «instituts» plus morbides les uns que les autres pour interner les mineurs, la méfiance innée de tous les Enders envers les jeunes, et ce, même si les vieux sont désormais presque aussi en forme qu'eux!  Marche pas dans ma tête.  L'idée est bonne, mais le résultat ne tient pas la route.

Ma note: 2.75/5

jeudi 8 mai 2014

Les maudites lectures obligatoires...

Salut tout le monde!

Bon ok, première des choses, je prierais tout le monde de rester calme.  Je sais que c'est un sujet qui fait bondir pas mal de monde! ;)

Alors, alors, alors...  Les livres obligatoires à lire.  On parle ici de livres scolaires.  De ceux que nos profs de français, de gré ou de force, nous ont obligé à lire lorsque nous étions au plus fort de l'époque de contestation de nos vies.  Un âge où la plupart d'entre nous usions encore nos pantalons et nos jupes sur les bancs d'école, certains d'entre nous pour la dernière fois de leur vie.  Ce n'est pas tout le monde qui va aller continuer d'occuper ses journées à étudier au cégep ou à l'université.  Nombre de québécois vont par la suite prendre le chemin du marché du travail et n'auront plus la chance (mettre un petit ton ironique ici) de pouvoir découvrir de nouvelles oeuvres.  D'où l'idée de leur faire lire quelques livres, pour que tout le monde ait un minimum de connaissances littéraires.  Reste la question essentielle: que faire lire?

Ouf...

Premier point, le livre idéal à faire lire n'existe pas.  Un livre aura plein de qualités pour une personne et pour les mêmes raisons sera bourré de défauts pour une autre.  Personne n'a les mêmes intérêts non plus.

Deuxième point, les profs ne peuvent pas nécessairement faire lire ce qu'ils veulent: acheter des livres pour 130 élèves chaque année, ça coûte cher!  Alors, ceux-ci doivent parfois composer avec des livres qu'ils n'aiment pas, voir qu'ils détestent.  Autre détail important: les élèves, selon la loi, ne peuvent pas acheter des livres dans les écoles publiques du Québec.  Des cahiers d'exercices, oui, mais des livres, non.  C'est l'école qui doit fournir les livres, selon le principe de la gratuité scolaire.  Et comme souvent, les budgets sont serrés...

Ceci étant dit: que doit-on faire lire à nos jeunes?

À cette question complexe, il ne peut y avoir de réponse simple comme celle de la fabrication de la Caramilk.  Plusieurs personnes se sont essayés à faire la liste de romans idéals à faire lire à notre jeunesse.  Évidemment, cette liste ne satisfait personne.  Des classiques?  Oui, mais plusieurs plaident que cela éloignent les jeunes de la littérature parce que ces romans sont plates.  Disons plutôt qu'ils ne correspondent pas à l'univers qu'ils connaissent!  Est-ce que cela en fait de moins bonnes oeuvres?  Est-ce que cela réduit leur puissance littéraire?  Artistique?  Leur apport à notre nous, collectif, celui issu de ce Québec que l'on enseigne aussi à l'école?  Question: quand en-dehors de leurs études les jeunes auront-ils l'occasion de se pencher sur Le Survenant ou Bonheur d'occasion?  Ce sont des classiques après tout...  Si on ne fait pas découvrir notre littérature à l'école, où les jeunes le feront-ils?

Mais oui, c'est vrai, il faut aussi donner le goût de lire aux jeunes.  Mission donnée aux profs depuis l'aube des temps.  Donner envie de lire, d'aller plus loin.  Pas facile, pas évident quand on prend quelque chose qui au départ est obligatoire, envie ou pas.  Justement, c'est le rôle du prof de donner envie de découvrir l'oeuvre! diront les puristes.  Mais il manque souvent à cela un truc essentiel: du temps...  Il faut du temps pour bien préparer ses cours, pour transmettre sa passion pour un livre.  Ce n'est pas tout le monde qui possède l'art de résumer, ni celui de donner envie de lire un livre.  On ne peut pas être bon en tout!  Et puis, peu importe quel livre on fera lire, peu importe le show que donnera le prof pour transmettre sa passion, reste que lire le livre est une obligation et que juste d'être obligé de faire quelque chose est un sacré éteignoir...

Devrait-on y renoncer?  Non, je ne crois pas.  Faire lire des trucs qui intéressent forcément les jeunes?  À mon humble avis, non plus, parce que au départ, c'est une mission impossible de trouver des ouvrages qui intéressent tous les jeunes.  Par contre, une idée proposée par Patrick Senécal me plaît: laisser les jeunes choisir.  Par exemple, entre Le Survenant, Bonheur d'occasion et Un homme et son péché.  Qu'ils aient la possibilité de mettre de côté ce que ne les tente vraiment pas.  Je sais que les ressources scolaires ne sont peut-être pas suffisantes, mais je crois que c'est la meilleure solution.  Se faire imposer un livre, c'est la meilleure façon de le détester.  Personne n'aime se faire imposer quelque chose.  Des livres encore moins.  Pour faire aimer la littérature, il faut ouvrir des portes, mais les défoncer n'est pas toujours obligatoire pour obtenir les mêmes résultats.

@+ Mariane

mercredi 7 mai 2014

Le guide du mauvais père de Guy Delisle

Le guide du mauvais père  Guy Delisle  Collection Shampoing  Delcourt  191 pages


Résumé:
Mauvais père Guy Delisle?  Sans doute pas, mais il est tellement facile de se laisser glisser sur la mauvaise pente et de faire tout ce qu'on nous dit de ne pas faire en tant que parents!

Mon avis:
Le sens de l'autodérision de Guy Delisle a toujours le don de faire mouche et ce livre ne fait pas exception.  Il se met lui-même en scène avec ses deux enfants, multipliant les choses à ne pas faire: oublier de mettre une pièce sous l'oreiller quand son fils perd sa première dent.  Critiquer les premiers dessins de sa fille comme si c'était le travail d'un professionnel.    Tout ça fait rire et sourire.  Le dessin est minimaliste, seul l'essentiel est dessiné.  Il y a peu de décors, seulement le nécessaire pour comprendre l'histoire.  Comme d'habitude, Guy Delisle se représente avec un visage à angles droits alors que ses enfants ont des tête plus arrondies, mais toujours dessinées en quelques traits, la marque de commerce de l'auteur.  Une petite BD très détente comparé aux autres titres de l'auteurs comme Chroniques de Jérusalem.  Une autre facette de son talent qui doit être apprécié en elle-même.  Après tout, Guy Delisle a plus d'une corde à son arc de bédéiste!

Ma note: 4/5

mardi 6 mai 2014

Avec quelques papillons dans l'estomac...

Salut!

Si quelqu'un n'était pas au courant, c'était le Congrès Boréal en fin de semaine.  C'est fou le nombre de gens qui ne connaissent pas ce super événement annuel!  Je ne ferais pas ici un autre billet racontant en détail ce superbe Congrès, toujours aussi fascinant (et épuisant!), mais je me contenterais de quelques anecdotes.

Première des choses, je me suis pointée à cet événement avec des papillons dans l'estomac.  C'était la première fois que je participais à des tables-rondes!  Nervosité au menu donc, mais pas trac.  Le résultat?  Vous risquez fort de m'y revoir!  Par contre, j'ai beaucoup mieux aimé ma première expérience que la seconde.  Nous étions beaucoup trop nombreux à la table sur la bande-dessinée et ça a nuit au rythme et aux échanges.  Bref, ça n'a pas été une table assez dynamique à mon goût d'hyper-active!  Par contre, je suis sortie gonflée à bloc de celle sur les librairies!

Deuxième des choses, j'étais quand même en nomination pour un prix!  Et oui, cet humble blog était nominé dans la catégorie fanéditions, aux côtés de ceux de Jean-Louis Trudel, Michèle Laframboise et Geneviève Blouin.  C'est celle-ci qui a remporté le prix.  J'en suis très heureuse pour elle... et un peu déçue pour moi-même!  Pas trop d'inquiétudes, j'ai demandé l'aide de Petite Puce pour augmenter mes chances à partir de l'an prochain...  Elle m'a assurée de son soutien.  Héhé!

Autre détail: j'ai eu une conscience à mes côtés toute la fin de semaine et je dois avouer que c'est drôlement pratique.  Une conscience, ça vous dit: «Mariane, faut y aller, tu as ton pannel dans 15 minutes!», «Mariane, enlève ton manteau avant de commencer à jaser avec tout le monde.», «Mariane, t'avais pas dit que tu t'en allais aux toilettes, ça fait 15 minutes que tu jases plantée là.», «Le prochain atelier a lieu dans la salle Lauzon, pas Jonquière Mariane!».  Bref, j'ai traîné une grande amie toute la fin de semaine qui m'a entourée de ses soins.  Pour ceux à qui je n'ai pas eu le plaisir de la présenter, elle s'appelle Hélène Dufresne et est étudiante en littérature.  Au fait, vous risquez de la revoir, elle a adoré sa fin de semaine!

Et quelques photos qu'en bonne photographe hors-norme, j'ai prise totalement en-dehors des cadres standards du genre d'images que l'on prend lors d'un Boréal.

Premièrement, j'ai remarqué les tentatives de l'Hôtel Delta pour nourrir l'imagination des auteurs boréaliens:

Oui, les côtés des ascenseurs étaient bien fermés par des tables à tréteaux sciés pour boucher le trou.  

Et les coins de murs dans la salle de bain des dames tenaient avec du mactac.  (Je n'ai pas vérifié celle des hommes, ces messieurs me confirmeront si l'hôtel a privilégier notre sécurité à la leur.)

Le carton indiquant mon nom ne comportait pas de fautes!!!!  Un petit miracle!  Merci à l'équipe des organisateurs!

Héhé, oui, vous avez bien vu, ceci est une toile de Valérie Bédard comportant une étrange ressemblance avec l'homonyme de ce blogue...  Elle trônera dorénavant sur l'un de mes murs.  Quel n'a pas été la surprise de Prospéryne quand elle l'a vu!


Pour le reste, j'en suis encore à me remettre de cette merveilleuse fin de semaine, mais ne vous inquiétz pas, à moins d'un autre concert de corneille à 5h demain matin, je devrais me remettre sur pattes très vite! ;)  Et un énorme merci à l'équipe des organisateurs de cette année. :)

@+ Mariane

jeudi 1 mai 2014

Eva et Ruda de Eva et Rudolph Roden

Eva et Ruda  Eva et Rudolph Roden  Les éditions du Passage  279 pages


Résumé:
L'histoire, à deux voix, d'Eva et Ruda Roden, survivants d'Auschwitz.

Mon avis:
Les récits racontant l'Holocauste se ressemble tous un peu.  Du journal d'Anne Frank à Primo Levi, ils montrent comment le parti nazi a réussi le miracle de désensibiliser la population face à une minorité, fut-elle aussi bien intégrée que la majeure partie des Juifs d'Europe de l'Ouest l'était à l'époque.  On suit Eva et Ruda, de la fin de leur adolescence à l'irruption de la guerre dans leur vie.  Tchèques, ils étaient nationalistes, croyaient en la démocratie, à la force de leur pays face à l'Allemagne.  Malheureusement, ils étaient aussi juifs.  Quand l'Allemagne a envahi leur pays, tout a changé.  Pas d'un coup, par petites touches.  Une nouvelle loi cette semaine, une nouvelle restriction deux semaines après...  On les voit passer en quelques mois de l'état d'humain à celui de non-humain.  Ce glissement se fait par petites doses, si bien que pour le commun des mortels, cela tombe dans la normalité et que le voisin devient d'abord un étranger, puis un ennemi.  Cependant, c'est surtout dans le récit de leur vie à Therezin, puis à Auschwitz que le livre devient intéressant.  Parce que dans les deux cas, ils montrent quelque chose que l'on ne pouvait pas imaginer: que malgré l'horreur, malgré la mort omniprésente, la vie existait et qu'elle pouvait même devenir quotidienne.  Que l'être humain s'habitue à tout, même à la vie dans de telles extrémités.  C'est à la fois la force et le côté dérangeant de ce récit.  On y parle de survivant.  De ceux qui n'ont pas été menés directement à la chambre à gaz, qui ont vécu dans les camps de travail.  De gens qui sont passé par cet enfer et qui en sont ressortis vivants.  C'est presque dérangeant quand on pense aux six millions de victimes des camps.  D'ailleurs, ils ne le cachent pas, ils se sont «organisés», mot gentil pour décrire le vol et l'achat de faveurs.  Jamais envers d'autres détenus, telle était la règle implicite de la survie dans les camps.  Le miracle est sans doute qu'ils aient tous les deux survécus, même séparés.  Et surtout qu'ils se soient retrouvés, après la guerre.  Eva a survécu à Bergen-Belsen, le même camp où est morte Anne Frank.  Elle a attrapé le typhus à l'arrivée des troupes britanniques.  Une chance, car elle a été soignée.  Tous les deux ont ensuite immigré à Montréal et ont refait leurs vies, loin de l'enfer des camps.  Dire que j'aurais pu les croiser dans la rue, sans rien savoir de leur histoire...

Ma note: 4.25/5