vendredi 28 février 2014

Le blogue au quotidien

Salut!

Nombreuses sont les personnes, qui découvrant mon blogue, me regardent avec les yeux écarquillés en me disant: «Tu postes à TOUS les jours!?!».  Ben, oui, mais uniquement les jours de la semaine!  La fin de semaine, je ne blogue pas, quoique je vienne régulièrement faire un tour ici.  Dans les premiers temps de mon blogue, je postais à tous les jours, mais je me suis bien vite rendue compte que c'était une histoire de fou.  J'ai arrêté.  Depuis un sacré bail maintenant, j'ai adopté la formule suivante: trois billets par semaine et deux critiques.  La plupart du temps, je m'y tiens.  Je ne fais des exceptions que si je ne trouve pas ce matin-là que j'ai quelque chose digne d'être publié de prêt.  Ça aussi, c'est une liberté que j'ai apprise à me laisser.

Bloguer au quotidien, c'est un défi.  C'est une discipline.  Que je m'impose volontairement.  Personne ne m'a dit un beau matin de bloguer.  C'est un choix personnel, mais qui s'ajoute à toutes mes autres activités quotidiennes.  Et oui, il en faut de la volonté pour arriver à publier du lundi au vendredi.  De la volonté, de la discipline, du temps, et beaucoup de suite dans les idées, mais sans jamais perdre de vue ce qui doit rester la raison de bloguer: y prendre plaisir.  J'avoue, j'ai eu des périodes plates, où je n'avais plus d'idées, ou encore pire, l'impression de répéter toujours la même rengaine (j'avoue que j'ai un peu peur de radoter...).  Dans l'ensemble, je suis très heureuse de bloguer, même si ça ajoute quelques contraintes à ma vie.

Que je sois toujours en train de bloguer même après tout ce temps m'étonne moi-même.  Je ne compte plus les vendredis soirs où j'étais occupée à pondre des billets ou des critiques.  Des questions existentielles à savoir si je devais aborder tel ou tel sujet et encore, comment l'aborder.  Ce n'est pas si difficile que ça en soit.  Je prends beaucoup de notes et je suis très observatrice.  Par contre, ça demande quand même une grande qualité: la constance.  Et ça, c'est un défi en soi.  C'est même loin d'être évident, mais si on veut réussir à garder un bon rythme de publication et une qualité continue sur le long terme.  Malgré que les billets que j'ai déjà posté et que je trouvais faible, je dois être la seule à l'avoir remarqué souvent.  On voit souvent plus facilement les petits défauts quand c'est nous qui faisons le travail.

Je suis souvent surprise de voir qui me lit.  Des gens de tous les horizons.  Du milieu du livre certes, mais aussi d'ailleurs.  En général, les commentaires que j'ai sur mon travail ici sont généralement positifs.  J'apprécie.  Je crois qu'il n'y a rien de pire pour un blogueur que de bloguer dans le vide! :P  Par contre, ça m'arrive de plus en plus souvent que les gens me parlent avec un oeil complice de mon billet de blogue du jour et souvent, je mets un moment à comprendre...  parce que je l'ai posté le matin et que bon, ensuite, j'ai fait plein d'autres choses et que j'ai oublié ça!  D'où quelques moments de confusions, mais quelque part, ça me fait quand même plaisir quelque part.  Parce que ça montre que quelqu'un a retenu l'une de mes élucubrations!

@+! Mariane

jeudi 27 février 2014

La Reine Margot d'Alexandre Dumas

La Reine Margot  Alexandre Dumas  Folio Classiques Gallimard  687 pages


Résumé:
18 août 1571.  À Paris, l'élite des deux factions en lutte dans cette France divisée par les guerres de religion est réunie pour célébrer l'alliance entre Henri, roi de Navarre et Marguerite de France, fille d'Henri II et soeur de Charles IX.  Alors que la paix semble enfin sur le royaume, l'attentat contre l'amiral Coligny, chef des protestants, provoquera le massacre de la Saint-Barthélémy.  C'est dans ce contexte politique brûlant qu'Henri et Marguerite vont devenir des alliés politiques, tandis que tous deux prennent des amants.  Le coeur brûlant de la jeune reine fondra pour un protestant: le Comte Lérac de la Mole.

Mon avis:
Quel truculence dans le verbe d'Alexandre Dumas!  On sent qu'il a fait beaucoup de théâtre, car souvent, les exclamations de ses personnages sonneraient tout aussi juste sur une scène, peut-être même plus que dans le cadre d'un roman.  On retrouve dans ce roman la verve de l'auteur des Trois Mousquetaires.  La verve, mais pas le ton joyeux, la légèreté.  Parce que placé dans le contexte tragique des massacres de la Saint-Bathélémy, l'atmosphère y est beaucoup plus sombre.  Nous ne sommes pas dans les joyeuses aventures d'aventuriers au service de leur royaux souverains.  Bien au contraire, les personnages risquent ici leurs vies à chaque instant.  Ils doivent rivaliser de logique, de sens de l'observation et de la nature humaine pour survivre au milieu des complots.  Particulièrement Henri de Navarre, qui dès le départ sait que sa vie est en danger sitôt que la reine-mère, Catherine de Médicis, est dans les parages.  Si le roman porte le nom de la Reine Margot, elle est loin d'être le personnage principal.  Personnage plutôt effacé, elle suit politiquement son mari et l'appuie du mieux qu'elle peut, partagée entre son amour pour La Mole et son affection platonique, mais réelle pour son mari.  Les personnages les plus marqués sont Henri de Navarre et Catherine de Médicis.  Superbe l'un et l'autre en adversaires redoutables.  Catherine, une femme, une mère, superstitieuse, dévote, désireuse plus que tout de préserver le trône de France pour ses enfants, ennemie jurée d'Henri dont elle a fait empoisonner la mère.  Obsédée par la chute de celui qui serait autrement l'héritier du trône de France.  Henri sera plusieurs fois sauvés par la chance, mais aussi par son instinct.  Par sa femme aussi parfois, qui l'appuiera tout au long.  Pourquoi?  Elle le fait parce que c'est son époux et que c'est son choix, sans doute aussi par volonté de résister à sa trop envahissante et omnipotente mère qui déplace les membres de sa famille comme autant de pièce d'échiquier.  Ils sont des pions politiques et non des êtres humains.  Henri quand à lui est un personnage toujours suspicieux.  Il laisse sa liberté à sa femme, mari complaisant, assez surprenant pour l'époque, mais prend pour sa part bonheur auprès d'autres dames!  Son sens de l'observation, sa capacité de dénouer les intrigues et de se sortir de toutes les situations sont soulignés à gros traits.  C'est vrai qu'Henri est un habile menteur, disant dans une même phrase une vérité et un mensonge de façon à embrouiller celui à qui il parle.  Il le fait avant tout pour sauver sa peau, mais le ferait-il moins s'il n'était pas menacé?  Dur à dire.  Les deux compagnons, La Mole et Coconnas, aussi différents au départ qu'inséparables ensuite, rappelle un peu l'amitié qui liait les célèbres mousquetaires.  D'ailleurs, on retrouve beaucoup de Porthos dans ce Coconnas grand amateur de bonne chère, de femmes et au caractère emporté.  Sans toutefois ce petit soupçon de bonne humeur qui donnait le ton.  Coconnas est certes drôle, mais sa drôlerie résonne dans le tragique et son obsession à rester jusqu'au bout avec son ami, même dans la mort a quelque chose, de trop entêté pour n'être que de l'amitié.  Même s'il dénonce le fanatisme des catholiques autant que des protestants, Coconnas leur ressemble sur ce point.  Un grand roman, écrit dans des teintes beaucoup plus sombre que d'autres romans de Dumas et prenant beaucoup de libertés avec la vérité historique.  C'est un bon roman, mais à prendre avec des pincettes sur ce point.  

Ma note: 4/5

mercredi 26 février 2014

Le foutu triangle amoureux...

Salut!

Il y a une constante dans plusieurs séries, surtout celles destinées aux ados, d'avoir des triangles amoureux.  Genre, la fille a le coeur partagé entre deux beaux garçons, plus bourrés de qualité l'un que l'autre et on passe trois tomes, voir plus, à se demander avec lequel elle va finir.  Vous aurez sans doute compris, les triangles amoureux, ce n'est pas ma tasse de thé!

Quelque part, j'ai le goût de leur lancer: «Ok, branchez-vous!».  Je sais que l'on peut se poser un million de questions en amour, mais de toujours reste assise entre deux chaises me semble une très mauvaise idée pour les héroïnes de roman.  Même chose pour leurs confrères masculins!

Pourquoi une telle multiplication?  J'y vois deux explications.  La première, c'est celle que j'ai entendu en parlant de la relation entre deux personnages dans une série télévisée.  Les scénaristes avaient inventé une histoire empêchant les deux amoureux de se toucher pour «ralentir» au maximum l'avancée de leur relation.  La clé est là: ralentir la relation.  On en reste éternellement aux débuts, aux premiers instants, à ce coeur qui palpite si fort, à ces sensations si nouvelles, mais en même temps, en préservant leur intensité.  On ne passe pas à l'autre étape, celle où l'on découvre que le prince charmant n'est pas si charmant que ça et où la banale vie de couple entre en compte.  L'amour y perd de son éclat!  On préfère laisser les amoureux sur un «Ils vivront heureux et auront autant d'enfants qu'ils en voudront!» que de continuer l'histoire plus loin.  La majorité des histoires d'amour se concentrent d'ailleurs sur ça: sur la rencontre, les premiers temps de la relation, la période passion quoi!  Celle où les amoureux pensent à ramasser leurs chaussettes sales et où les disputes se terminent sur l'oreiller!  Hésiter entre deux amoureux permet de ne pas engager une héroïne plus avant et on reste toujours dans les débuts de la relation.

La seconde raison est très banale: maintenir l'intérêt.  On VEUT savoir avec qui elle (ou il) va finir!  Combien de personnes ne se seraient pas tapé les quatre tomes de Fascination en sachant de façon certaine que Bella finit avec Edward?  Quoi, c'est vrai!  Ça maintient le thrill de ne pas savoir, de se demander, de voir qu'elle (qu'il) penche vers l'un, puis vers l'autre...  Une façon d'aiguiser les nerfs.  La raison aussi pour laquelle dans les romances, les amoureux passent leur temps à se disputer.  C'est fini, c'est pas fini, vont-ils se réconcilier?  Suspense.  Dans le domaine, Fifty shades of Yeurk, était excellent.  Dès que l'on croyait que les deux amoureux étaient finalement ensemble, dispute.  Réconciliation, dispute.  Répéter ainsi jusqu'à la conclusion.  Peut-être pas très romantique à dire comme ça, mais diablement efficace.

La question d'être pour ou contre les triangles amoureux ne se pose même pas.  Ils sont là, point.  Pour le meilleur et pour le pire!  C'est surtout les fabricants de t-shirt qui y gagnent: vous vous souvenez de Team Edward et Team Jacob?  Et bien, si vous aimez le moindrement les triangles amoureux, pensez que ce genre de t-shirt pourrait au final remplir rapidement votre garde-robe si vous êtes la moindrement fan de série de fantasy pour ados!

@+ Mariane

mardi 25 février 2014

Motel Galactic de Francis Desharnais et Pierre Bouchard

Motel Galactic  Scénario de Francis Desharnais  Dessins de Pierre Bouchard  Pow Pow  107 pages


Résumé:
Pierre Bouchard 2.1.1 parcours la galaxie dans son spatio-jet, à la recherche à la fois de petits boulots et aussi d'informations sur son 1.0, la première version du clone qu'il est.  Entre deux resto de patates frites, un clone d'Elvis garagiste et quelques autres personnages non-clonés, Pierre Bouchard 2.1.1 découvrira un secret caché sur ses origines... et sur son 1.0.

Mon avis:
Eune fois c't'un gars...  Sortez vos tuques et vos ceintures fléchés, ça sent le Québec à plein nez icitte!  Je n'avais jamais vu un tel concept de BD.  En fait, c'est plus proche du roman graphique que de la BD traditionnelle.  Un narrateur (le personnage principal) nous raconte l'histoire et les dessins sont entre les différents paragraphes.  Quelques phylactères pour faire parler les personnages, mais l'essentiel tient dans ces paragraphes.  D'ailleurs, même eux n'ont pas une facture régulière; au lieu de mettre du texte dans une quelconque typographie, il est évident que le texte a été écrit à la main.  On voit même que ça a été fait au crayon de plomb.  Quelques traces d'effaçages persistent, ce qui donne une atmosphère différente.  Comme si on lisait le journal intime illustré d'un quelconque habitant du futur.  Les dessins sont quand à eux à la hauteur du narrateur: un brin décalé, délicieusement ironique et drôle à souhait.  Le tout, servi sur un fond de Québec rétro-futuriste, très réussi.  On mêle le joual, une certaine idée du Québec un brin nostalgique et on mélange le tout avec des aventures galactiques.  Une idée du résultat?  Des restaurants de patates-frites au détour du prochain astéroïde et des quatre-roues spatio-jet...  Les différentes villes du Québec reconstruites au quatre coins de la galaxie et un clone de Régis Labeaume se débattant avec des problèmes de déneigement... sur une planète torride.  Quand on dit que les villes sont fidèles à leurs origines!  Au départ, je croyais que cette BD serait constituée d'une suite d'histoirettes sans liens, mais au final, il y a une logique dans cet album.  On le découvre plus tard et quand on voit les morceaux du casse-tête se mettre en place, on fait Ah!  Je l'avais pas vu venir!  L'album s'attarde aussi longuement sur le phénomènes des clones.  Dans cet univers, presque tout le monde en est un.  Le narrateur lui-même en est un.  Les auteurs ramènent plusieurs personnalités connues dans le décor: Elvis, Dr Doogie, Régis Labeaume...  Tous des clones évidemment, donc distinct de la personne originelle, mais ce décalage est charmant.  On voit ces copies essayer d'être à la hauteur de l'original... ou échouer lamentablement et se plaindre de leur sort.  Un coup de coeur que cette BD qui mélange allègrement science-fiction à la sauce space opera et ambiance typiquement québécoise.  Mais pourquoi je n'avais pas découvert ça avant!

Ma note: 5/5

P.S. Deux suites sont sorties, j'ai hâte de les lire!

lundi 24 février 2014

Le feu...

Salut!

À une époque, la majorité des gens étaient analphabètes.  Les paysans pour la plupart n'avaient qu'une vague idée de ce que pouvait être l'idée de lire.  Par contre, ils savaient ce qu'était un livre.  Pour une triste raison: c'est là que l'on cumulait leurs dettes.  Et pour quelqu'un qui ne sait pas lire, quel est la différence entre un livre et un autre?  Lors des soulèvements populaires, les bibliothèques ont souvent fait des frais de cette ignorance.  Comme ils ignoraient quel livre étaient celui rappelant leurs dettes, les paysans mettaient le feu à la bibliothèque.  D'innombrables ouvrages ont ainsi été perdus.  Sans parler des incendies ordinaires!  Le livre, fait de papier, brûle très bien, malheureusement.  L'histoire est remplie de feux dévorant du papier.

Au secondaire, je me rappelle très bien que devant l'interrogation d'une élève, ma professeur d'histoire avait répondu que les documents permettant de répondre à sa question avaient été brûlés durant la Révolution Française.
-Ben voyons! avait rétorqué l'élève avec une verve toute adolescente, me semble que tu regardes avant de brûler quelque chose!
-Les révolutionnaires mettaient carrément le feu aux maison tu sais.
Et vlan!  Le feu, destructeur, a ainsi perdu d'innombrables documents.  Beaucoup de généalogistes se heurtent à cet obstacle: les archives de telle église ou telle paroisse ont disparus dans un incendie.  Impossible de poursuivre les recherches au-delà de cette date.  De grands pans de l'histoire sont ainsi réduits à l'oubli plus ou moins complet.

Quand ce n'est pas à la connaissance, c'est à l'imaginaire que l'on s'attaque en brûlant des livres.  Malheureusement, cela a souvent été le cas de façon volontaire.  L'Inquisition espagnole l'a fait et a même donné le nom à cette pratique: l'autodafé.  Phénomène porté au maximum par la machine de propagande nazie qui a brûlé des montagnes de livres, d'auteurs juifs, communistes, ou tout simplement qui écrivait des oeuvres contraires à leur doctrine.  Les autodafés du 10 mai 1933 sont restés célèbres.  On possède encore des photographies de ces montagnes de livres enflammés derrière lequel se tiennent des SS faisant le salut hitlérien.  L'auteur Stefan Zweig, auteur autrichien de confession juive, fut durement éprouvé par la destruction physique de son oeuvre.  Comme bien d'autres.  Ce qui rend d'autant plus émouvante la scène de La voleuse de livres où la petite Liesel réussit à s'emparer d'un livre à demi-brûlé.  Lecture condamné par le régime parce qu'écrit par un auteur qui était né dans la mauvaise foi, mais qui pourtant, le remarquera la jeune fille, n'avait rien de condamnable en soi.

Le feu est une crainte récurrente de ceux qui aiment les livres.  Parce que de voir sa bibliothèque réduite en cendre est une crainte affreuse.  Je me rappelle les larmes d'un étudiant en littérature fouillant dans les cendres de sa bibliothèque dans un reportage sur un incendie.  Au-delà des histoires perdues, au-delà des livres qu'il ne retrouverait jamais, cet étudiant pleurait en quelque sorte ses amis.  Une bibliothèque, c'est une chaleur dans une pièce, c'est une présence.  La perdre dans les flammes, c'est perdre une partie de soi.  Cet homme avait perdu son foyer, mais c'est sur ses livres qu'il pleurait.  Amant de la littérature, il savait qu'une part de lui-même étaient dans ces cendres.

Le feu...  Il nous fascine, il nous enchante, nous réchauffe et nous protège depuis des temps immémoriaux.  Son pouvoir destructeur nous a toujours autant fasciné.  Quel dommage que les livres lui soient aussi sensibles.  On voudrait parfois qu'ils fussent en pierre pour ne pas être aussi facile à détruire.

@+ Mariane

P.S.  Pour ceux qui voudraient pousser le sujet, un excellent livre est disponible chez Folio: Livres en feu de Lucien Xavier Polastron.  Pas lu encore, mais dans ma LAL...

vendredi 21 février 2014

Lancement de livres

Salut!

Quelque part dans mon esprit tordu, j'ai toujours une image qui me vient quand on parle de lancements de livres: celle d'une magnifique catapulte dans lequel on installe le livre tout neuf et qu'avec les applaudissements de la foule, on projette dans l'univers!  Je sais pas pourquoi, mais lancement me fait toujours davantage penser à cette image qu'à une rencontre où l'on prend un verre de vin, qu'on discute avec des tas de gens et qu'on fait bien souvent honneur au buffet disponible sur place.  Que ce soit l'après-midi ou le soir d'ailleurs.  Ça, dans ma tête, c'est un 5 à 7, pas un lancement.  Je dois avoir une cervelle d'écrivain au fond...

Le principe, c'est qu'un lancement, c'est le moment où un auteur offre son livre à l'univers.  Où il le lance, certes au sens métaphorique, mais tout de même, c'est le point de départ du voyage dans le vaste monde.  Il existait déjà avant ce livre.  Dans la tête de l'auteur d'abord, dans son ordinateur ensuite (le plus souvent), après, quelque part dans la poste, entre les différentes maisons d'éditions auquel le texte est soumis.  Lentement, le livre, celui qu'on va lancer, va prendre forme.  Et finir par voler de ses propres ailes.

On organise un lancement en bonne partie pour faire parler du livre.  Pour permettre à l'auteur de recevoir les félicitations de tout le monde.  Remercier tous ceux qui ont eu la patience de le soutenir durant toute la phase de rédaction.  De dédicacer ses livres, de rencontrer ses futurs lecteurs.  Autant l'auteur peut être heureux cette journée-là, autant il peut être anxieux.  Car c'est ce jour-là que ce qui lui a trituré les méninges pendant des mois va enfin rencontrer les personnes pour lesquelles il était destiné: les lecteurs.  Vont-il aimer, vont-ils détester?  Quels seront les réactions.  Le livre passera-t-il loin au dessus de leurs têtes ou trouvera-t-il sa place dans leur coeur?  Le jour du lancement est le dernier du travail de l'auteur en tant qu'écrivain, mais c'est loin d'être le dernier en tant qu'auteur.  Là commence la tournée des salons du livre, les tentatives pour percer le marché, les entrevues, le guet sur Google pour voir les premiers commentaires...  et aussi le retour à la case départ.  Car quand un livre est lancé, pour l'écrivain, il est temps de commencer à en écrire un autre non?  Oh, pas tout de suite, mais ça viendra.

Le lancement, c'est une fin, un deuil, mais aussi un début, une naissance.  C'est un accouchement en quelque sorte.  Le livre naît.  Il est le bébé de l'auteur, mais aura sa vie propre.  La naissance peut être plus ou moins difficile, mais le lancement, c'est le party pour accueillir ce nouveau bébé et féliciter son parent.  On va parler du livre ce jour-là, mais on va aussi remercier parents et amis qui ont épaulé/aidé/supporté (voir enduré!) l'auteur, ses angoisses de création, ses manies et ses innombrables conversations sur les différentes étapes menant à la publication de son livre.  Des personnes qui ont donné un bon coup de pied au cul aux bons moments et aux autres qui ont prêté leur épaule pour pleurer à d'autres.  Des gens qui se connaissent vont pouvoir jaser et d'autres qui ne se connaissent pas faire connaissance.  Quelques curieux perdus viendront faire leur tour, si l'auteur est chanceux.  Elle vendra ses premières copies et les verra partir vers leur propre vie.  Moment infiniment agréable, mais aussi angoissant que la première journée d'école pour un parent.

Dans tous les cas, le lancement est un moment de fête.  Célébrons la naissance de ce livre, tout le reste viendra bien plus tard!

@+ Mariane

mercredi 19 février 2014

Allô?

-Allô?
-...
-Tite madame téléphoniste d'une compagnie-de-pain-que-j'achète-pour-me-faire-des-sandwichs?
-...
-Ok, faut pas dire tite-madame, mais c'est bien vous, je me suis pas trompée de pitons?  Tsé, c'est parce qu'il y en a tellement dans le menu!
-...
-Ah, parfait, j'appelais pour vous dire que je suis vraiment tannée.
-...
-Ben sur le dernier sac de pain que j'ai acheté, on faisait encore un tirage pour des billets du Canadiens.
-...
-Ben oui, encore!
-...
-Quoi?  Mais je suis tannée moi du Canadiens!  Même pas besoin d'aller voir les matchs, on sait tout ce qui s'est passé sur la glace en écoutant la radio le lendemain, même pas besoin de regarder la télé!
-...
-Le sport touche un vaste public!  Ben voyons, on est obligé!  On en parle tellement partout tout le temps que c'est obligé!  C'est un vaste public captif ça ma tite-madame!  Si on parlait autant de livres, ça serait tout autant du public captif!
-...
-Ah, oui, scuzé pour le tite-madame...
-...
-C'est vendeur!  Comment ça, c'est vendeur le hockey?  Il rentre juste 21 000 personnes* dans le Centre Bell et encore, pas tout le temps et vous voulez me faire croire que c'est vendeur???
-...
-Ben voyons Madame, y'a 120 000 personnes² qui rentrent chaque année au Salon du livre de Montréal, faites-moi pas croire que le Centre Bell serait plein à longueur de journée pour des matchs du Canadiens pendant 6 jours d'affilés!
-...
-Justement, vous devriez en mettre des passeports gratuits sur vos sacs de pain!  Il me semble que ça serait une excellente idée!
-...
-Ben voyons donc!  Le monde paye aussi pour rentrer là!
-...
-Moins cher je sais, mais bon une chance que c'est pas partout qu'il faut payer des fortunes pour aller voir quelque chose!  Surtout quand on est pas sûr qu'ils vont gagner!
-...
-Mais justement!  C'est ça qu'il faudrait que vous fassiez!  Au lieu de payer des fortunes pour pouvoir mettre le truc rouge-bleu-blanc du Canadiens sur vos sacs de pain, vous devriez offrir des billets ou mieux des passeports pour le Salon du livre!
-...
-Ça arrive rien qu'une fois par année?  Ben oui, que voulez-vous!  Mais y'a pas juste ça!  Des concours, vous pourriez en organiser en masse!
-...
-Avec quoi?  Mais vous vivez sur quel planète ma tite-ma...Madame!  Des Salons du livre, y'en a aux quatre coins du Québec durant toute l'année!³
-...
-Vous faites que des campagnes touchant tout le Québec?  Mais pensez-vous sincèrement que des gars de Sept-îles ou de Matane vont aller voir une gang de gars se disputer un ti-truc noir alors qu'ils peuvent le faire dans leur entrée de garage!
-...
-Quand bien même!  Y'a plein d'autres choses à faire!  Y'a le FIL!
-...
-Non, pas un fil, le FIL!  Le Festival international de littérature¼!
-...
-Ben voyons!  Des tas d'auteurs célèbrent y sont allés!  Ils y ont même dénoncé Stephen Harper et ses coupures½!
-...
-Vous suivez vraiment pas assez les nouvelles!  Ya aussi le Métropolis Bleu** au printemps, c'est aussi bien que le FIL!
-...
-Pas le truc en coton, le FIL!
-...
-Ouin, ben justement, le Metropolis bleu est multilingue, c'est encore mieux que le sport!
-...
-C'est juste à Montréal ça et le monde partiront pas de St-Glinglin pour y aller?  Mais voyons ma tite... Madame!  Y'a plein de choses ailleurs, tout le temps!
-...
-Ben à Québec, y'a le Festival Québec en toutes lettres à l'automne²²!
-...
-En région?  Ben, y'en a plein quand même!  Festival de poésie de Trois-Rivières¼¼, Correspondances d'Eastman½½, Salon du livre jeunesse de Longueuil***...
-...
-Comment ça c'est pas région Longueuil???
-...
-Mais justement, vous vendez tellement de pain, il doit y avoir quelques lecteurs parmi eux non?
-...
-Come on MA-dame, le livre est la PREMIÈRE industrie culturelle au Québec, on vend plus de livres que de CD²²²!
-...
-C'est pas tout le monde qui lit?  Et comment ils font pour savoir que vous faites tirez des billets pour le Canadiens sur vos sacs de pains sans ça???
-...
-Justement, arrêtez de mettre des pubs pour le Canayens!  Ça doit vous coûter une fortune en plus!
-...
-Ah oui, c'est vrai CanaDiens!
-...
-Mais si tout le monde en ferait des concours pour des événements sur les livres, tout le monde lirait plus et tout le monde serait content!
-...
-Ben oui, on peut lire en mangeant un sandwich!  Même chose que pour les hot-dogs que vous vendez au Centre Bell!
-...
-Vous allez transmettre mes commentaires à vos supérieurs, c'est bien ça, mais allez-vous le faire au moins?
-(   )
-Allô?  Tite-Madame???

***

*Ben oui, c'est la capacité du Centre Bell!  Le plus grand amphithéâtre de hockey du monde soit dit en passant!
² Ça varie évidemment d'année en année, mais c'est toujours pas mal autour de ce chiffre et relativement en croissance.  
³ Évidemment!  La littérature, ça se lit partout!
¼ Ceux qui connaissent pas, c'est par ici!
½ En 2010.  Ils se sont ensuite fait couper leurs subventions...  Un lien?  Pas selon le gouvernement en tout cas...
** Et on peut y faire des rencontres très intéressantes!
²² Entre autre bien sûr!  Mais c'est à ne pas manquer!
¼¼ Plus exactement le Festival international de la poésie
½½ Eastman?  Quelque part en Estrie...  Enfin, je pense.
*** Pour ceux qui ont lu toutes les notes jusqu'ici, vous devez avoir remarqué que je suis pas douée pour varier trucs pour indiquer les notes de bas de pages... Et pour le SLJL, c'est par ici!
²²²Ben oui et même plus que les arts de la scène et les disques combinés!

mardi 18 février 2014

Gatsby le magnifique de Francis Scott Fitzgerald

Gatsby le magnifique  Francis Scott Fitzegerald  149 pages Texte lu en version numérique libre de droits*



Résumé:
Pour fuir son Middle West natal, Nick Carraway est parti vivre à New York, la ville de tous les possibles.  Il s'installe dans une petite maison de banlieue à l'ombre d'une splendide propriété, où il remarque de somptueuses fêtes, données régulièrement.  Par contre, il n'est introduit à ce monde qu'au moment où le propriétaire, l'excentrique Gatsby, lui fait remettre une invitation.  Nick va pénétrer dans ce monde miroitant qu'est celui de Gatsby, sans se douter que cet intense déploiement n'est destiné qu'à attirer l'attention d'une seule personne.

Mon avis:
La plume de Fitzegerald est vraiment à découvrir.  Souple, élégante, elle a le don de raconter une histoire en nous la rendant vivante.  On sent l'atmosphère des fêtes données chez Gatsby, ce mélange de déchaînement joyeux et factice à la fois.  Dans ce monde, les apparences ont une grande importance, il faut avoir l'air heureux, même si au fond, on ne l'est pas.  L'ennui guette les riches qui ne cherchent alors qu'une bonne occasion de partir, de fuir.  Mais on ne quitte pas son monde aussi facilement que ça.  Le roman tourne autour de cette idée, portée par le cheminement de Gatsby, sorte d'éminence grise qui est partout, mais qu'on ne connaîtra jamais vraiment.  Autant parce qu'il entretient savamment le mystère autour de lui que parce qu'il parle peu de lui-même.  On connaîtra les grandes lignes de son histoire, mais pas ses pensées personnelles, sa personnalité réelle.  On croit beaucoup le connaître et au fond, on le connaît si peu.  Le fait que toute l'histoire soit racontée du point de vue de Nick est très intéressant, parce qu'il permet justement d'établir cette distance avec Gatsby qui donne son charme au roman.  Les autres personnages sont tous aussi riches de leurs non-dits.  Peu de confidences dans cette histoire.  L'auteur laissent les lecteurs tirer leurs propres conclusions sur les personnages.  Il n'est aimable avec aucun d'entre eux.  Tous sont sur la pente, cherchant un avenir meilleur et en même temps, regrettant leurs erreurs du passé.  Je comprends pourquoi ce livre est un classique.  C'est un savant mélange entre une langue délicieuse et une histoire finement racontée.  J'ai eu des doutes à un moment sur le fait que l'histoire dans la version epub que j'ai lu était incomplète, mais finalement, non, je ne pense pas que ce soit le cas.  En tout cas, une lecture que je ne regrette pas.

Ma note: 4.5/5

*Le fichier epub gratuit et libre de droits que j'ai lu est disponible en cliquant sur l'image.

lundi 17 février 2014

De la cuisine et de l'art

Salut!

Discutant avec une étudiante en littérature, je lui explique que je n'ai jamais voulu étudié dans le domaine pour ne pas littéralement tuer ma passion pour la lecture

-Tu sais, j'ai déjà lu qu'un type en étude littéraire voulait étudier la représentation de la neige dans la littérature québécoise.  C'est exactement le genre de détails qui ne m'intéresse absolument pas.

-Tu fais quoi dans le milieu du livre exactement? me demande-t-elle.  (Il faut dire qu'une amie commune m'avait introduite en disant que je travaillais dans le milieu littéraire.)

-J'ai été libraire pendant cinq ans et maintenant, je suis représentante en librairie.

-C'est quoi ça?

(Je vous coupe ici la longue explication que je dois servir à chaque fois.  Déjà que c'était pas tout le monde qui savait ce qu'était être librairie, croyez-moi, c'est encore pire en tant que rep!)

-Ah ok!, me lance-t-elle.

-J'aime vraiment ça, travailler avec les nouveautés, les libraires...

-Ah toi, tu es plus dans la cuisine que dans la littérature.

Ce commentaire m'a beaucoup surprise.  Je n'avais jamais vu ça ainsi.  Mais c'est vrai, je suis dans la cuisine du livre.

Ceci n'a rien de moins noble, croyez-moi!  Il en faut des qualités, des talents, du ressort pour être libraire (ou rep!).  Petite, mes parents ont toujours été impliqué dans quantité d'organismes.  Pour les louveteaux, les cadets, les discos à mon école primaire, les optimistes et j'en passe!  J'ai grandi dans les cuisines, en dehors du party.  Là où on fricote la bouffe, là où on travaille très fort et où pourtant, on s'amuse ferme.  Je peux vous le dire, le party n'est pas toujours sur le plancher...  Alors de me faire dire que je travaille dans la cuisine du livre, ce n'est pas une injure pour moi, au contraire.  C'est de montrer que je travaille avec les gens qui sont derrière les comptoirs et qui permettent au party de vivre.
Mais c'est vrai, je suis comme un poisson dans l'eau dans le milieu de la vente du livre.  Je m'y reconnais.  Je ne suis pas la seule.  Des dizaines de personnes partagent ma passion de par le Québec.  Celle de faire découvrir les livres, de partager le plaisir, d'être à l'affût de ce qui se fait, de faire le lien entre une personne et un livre, bref, tous ces petits détails qui distinguent la création de la cuisine du livre.

Même s'ils sont étroitement liés, les deux milieux sont distincts.  Le milieu de la création, que je connais moins (même si j'aimerais bien en être un jour), est un milieu en soi.  Les auteurs se connaissent, se soutiennent, s'épaulent, s'encouragent, traquent la création et ses moindres replis, connaissent ses angoisses et ses risques.  Le milieu de la librairie est sans doute plus terre-à-terre.  C'est un domaine où se frôle et se mêle création littéraire et commerce.  Les deux sont indissociables.  On vend de la littérature, mais vendre de la littérature, c'est avant tout vendre des livres.  Donc, commerce il y a.  Moi, c'est cette partie-là qui m'intéresse le plus.  Je ne veux pas vendre des ordinateurs, de la musique ou des fleurs, non, je veux vendre de la littérature, parce que j'y crois, parce que c'est ce qui me fait tripper le plus au monde.  Pour moi, parler de mise en marché, de placements, de promotion, c'est tout naturel: c'est mon univers et je m'y sens bien.  Certes, il y a des sous derrière ça, mais j'aime mieux ne pas y penser.  Je suis sans doute pas assez terre-à-terre pour ça! :P

Et oui, le milieu littéraire et le milieu de la librairie, ce n'est pas la même chose, même si c'est proche.  C'est comme pour les métiers de la scène, pendant que certains font le show, d'autres s'activent en coulisses pour le faire fonctionner.  Métiers sans doute pas aussi glorieux, mais nécessaires et dans lequel on peut parfaitement trouver son bonheur!

@+ Mariane

vendredi 14 février 2014

On s'amuse!: Qui fini avec qui?

Salut!

Comme vous le savez, les triangles amoureux pullulent dans les romans, particulièrement dans les séries pour ados.  Voici donc quelques amoureux heureux et déçus.  À vous de regrouper les couples qui finissent ensemble! Attention, certains noms n'ont pas leur amoureux, parce que comme moi, ils sont encore célibataires à la fin du livre! ;)

a)Anne Shirley
b)Harry Potter
c)Katniss Everdeen
d)Aragorn
e)Ron Weasley
f)Faramir
g)Bella Swan
h)Eragon
i)Gilbert Blythe
j)Hermione Granger
k)Arwen
l)Edward Cullen
m)Neville Londubat
n)Peeta Mellark
o)Éowyn
p)Arya
q)Ginny Weasley

Celui ou celle qui trouvera toutes les bonnes réponses aura droit à...  un bec sur les deux joues la prochaine fois que je les croise! ;)

@+ Mariane

P.S. SVP, ne pas tenir compte des dernières élucubrations de JK Rowling au sujet de ses personnages pour ce petit jeu! ;)

jeudi 13 février 2014

La guerre des rues et des maisons de Sophie Yanow

La guerre des rues et des maisons  Sophie Yanow  La Mauvaise Tête  64 pages


Résumé:
Loin d'être une histoire linéaire, ce livre est une réflexion sur l'urbanisme, sur l'architecture et sur la révolte.

Mon avis:
Un petit dessin crayonné, qu'on pourrait croire fait sur le coin de la table, mais qui cache un redoutable esprit critique.  Ne vous méprenez pas, derrière ce dessin d'apparence simple se cache un esprit remarquablement acéré.  Parce que cette BD est avant tout une réflexion sur la face cachée de nos villes: l'urbanisme.  La façon dont est pensé l'espace.  La liberté dont on y jouit, ou non.  La trame de fond est le Printemps Érable et ses suites.  Comment les manifestations se sont produites, quelles leçons on peut en tirer.  À cela s'ajoute des données plus larges, autant historiques que géographiques.  On touche à la façon dont est géré l'espace public.  Très intéressant.  J'ai rarement vu une BD aussi songé à ce niveau.  On ne sait pas trop si le personne principal est un homme ou une femme, sauf au moment où celui-ci s'exprime sur lui-même au féminin...  Le tout manque un peu de cohérence puisque pas grand chose ne relie les éléments entre eux, mais cela reste extrêmement intéressant puisqu'on a rarement vu de tels sujets abordés par l'angle de la BD.  De quoi se poser des questions sur l'urbanisme et l'architecture de nos villes, détail auquel on pense rarement et qui est pourtant si important.

Ma note: 4/5

mercredi 12 février 2014

Personnages littéraires et historiques

Salut!

Anne d'Autriche a été une grande reine de France.  Mère de Louis XIV, régente lors de sa minorité, elle reste malgré tout totalement éclipsée par le personnage qu'Alexandre Dumas créa d'après elle.  La vraie Anne d'Autriche n'a jamais eu d'aventure avec le Duc de Buckingham, ni n'était mariée avec le Cardinal Mazarin (du moins, pour autant que l'on sache!).  Elle n'avait sans doute pas nombre des qualités et des défauts qu'on lui prête maintenant parce que le personnage des Trois Mousquetaires et de Vingt ans après les avaient.  Cependant, l'image qu'il nous reste d'elle est profondément influencée par le portrait qu'Alexandre Dumas en a fait.  La précision historique n'était pas sa principale préoccupation, il faut le dire, quoique dans les grandes lignes, il a respecté les faits.  En quatrième de couverture de La Reine Margot, un commentaire de Paul Morand résume très bien cette idée: «Ce personnage viole l'Histoire, mais les enfants qu'ils lui fait sont presque immortels.»

C'est certain que les romans historiques sont plus puissants que le radotage d'un historien lorsqu'il s'agit de laisser une trace dans la psyché d'un lecteur.  Quand on raconte les faits et qu'on s'y tient strictement, beaucoup de détails qui font l'intérêt d'un roman prennent le bord.  Malheureusement, l'inverse est aussi vrai!  Dans un de mes cours au cégep, l'une de mes profs donnaient l'exemple d'un étudiant qui l'avait contredite sur un détail historique.  Vérification faite, l'étudiant se basait sur... Les Rois Maudits de Maurice Druon.  Pour combien de personnes cette version romancée d'une période troublée de l'Histoire de France est-elle la vérité ou du moins, la bonne, celle auquel ils se réfèrent?  Sans doute beaucoup.  Trop pour quelqu'un qui s'intéresse à l'histoire de façon le moindrement sérieuse.  Il faut le dire, beaucoup de romans sont basés sur cette façon de faire du roman historique, mêlant habilement faits réels, légendes ayant un bout de vérité et pure fiction.  Cela donne certes d'excellents romans, mais déforme affreusement les faits.

En Histoire, une chose que l'on apprend vite est que celle-ci fait une large part à l'interprétation.  On fera une lecture différente des événements selon que l'on pense qu'un tel a bien fait son travail de roi et que tel autre voit dans le même roi un dictateur ou un abruti fini.  Les romans historiques suivent cette ligne.  La romancière Shan Sa a bien montré comment on peut ainsi jouer des perspectives dans son roman Impératrice, réhabilitant Wu Zetian, la seule femme de l'histoire de Chine à avoir porté le titre d'Empereur en propre.  Elle l'a rédigé en prenant le point de vue de celle-ci, alors que dans l'Histoire officielle de la Chine, cette dirigeante a pendant longtemps été condamnée comme une dictatrice cruelle, autoritaire et aux appétits sexuels incommensurables.  On peut bien avoir les faits, mais reste que la façon d'en parler a toujours son importance.  D'où l'importance de coller à ce que l'on connaît et de ne pas tomber dans l'éloge ou la diffamation.  Trop facile.  Personne n'est parfait après tout!

Fort heureusement, de nos jours, les romans historiques semblent prendre une tendance de plus en plus proche de la façon de faire des historiens, sans pour autant nier leur rôle premier, qui est de divertir.  J'ai vu plus de notes de fin de livres dans les romans des dix dernières années qu'avant.  Les auteurs y mentionnent leurs sources, clarifient des détails, montrent que même s'ils ont brodé autour des personnages réels une trame romanesque, ils essaient de rester fidèle à ceux-ci.  Très loin de Dumas qui faisaient faire des contorsions aux personnalités historiques qu'il dépeignait pour qu'ils fonctionnent avec l'idée romanesque qu'il avait!  De voir des gens qui ont réellement existé dans des romans peut nous permettre de mieux les connaître, mais aussi leur époque.  Cela nous les rend vivants, presque comme des gens que l'on pourraient croiser dans la rue et non plus lointain, auréolés par les années qui nous séparent d'eux.  Le plus bel hommage qu'on peut leur rendre est sûrement de rendre justice à la personne qu'ils étaient, tant dans la vérité historique que dans la fiction qui nous permet de nous sentir si proches d'eux.

@+! Mariane

mardi 11 février 2014

Les cinq cents millions de la Bégum de Jules Verne

Les cinq cents millions de la Bégum  Jules Verne  164 pages  texte lu en numérique libre de droits*




Résumé:
Le Dr Sarrasin, spécialiste de l'hygiène, se retrouve de façon imprévue à la tête de l'immense fortune d'une Bégum indienne décédée.  Désireux de mettre cette fortune au service de la science, il décide de fonder une cité idéale, basée sur les dernières connaissances scientifiques.  Cependant, Herr Schultz, un allemand épris de la supériorité de l'Allemagne sur la France, lui conteste la moitié de son héritage et par la suite, n'aura qu'un but: détruire France-ville, la cité du Dr Sarrasin.

Mon avis:
Ce cher Jules Verne!  Il en fait toujours trop!  Non pas dans l'intrigue, parce que l'idée était bonne.  Au départ, une immense fortune, dont on a jamais retrouvé le dernier héritier, qui se retrouve dans les mains d'un homme généreux désirant le mieux pour l'humanité.  C'est tiré par les cheveux, mais c'est typiquement vernien!  Seulement, le problème est dans son personnage principal, Marcel Bruckmann.  Jules Verne, comme toujours avec ses héros, dresse le portrait d'un homme presque trop parfait.  Toujours héroïque, même face à la mort, même face au mal absolu, d'un moral qui jamais ne se laisse abattre, quelque soit les épreuves.  À un moment, trop, c'est trop.  Par contre, si on fait abstraction de ça, l'auteur a le talent de nous raconter une bonne histoire.  Superlatif exclus évidemment.  Je crois que c'est dans ce livre que l'on voit le mieux certaines de ses idées les plus profondes: le génie de la France, les innombrables avantages de la vie aux États-Unis, la jalousie des Allemands et aussi, son racisme.  Son commentaire sur l'éviction évidente de la «race jaune» de France-Ville, tout juste bonne à servir de coolies est autant un reflet de l'époque que celle de ses propres pensées.  Sa croyance en la justesse de la technologie aussi.  Tout autant que ses dérapages, Schultz en étant la parfaite incarnation.  Honnêtement, je crois que le mouvement Steampunk doit beaucoup à Jules Verne, un des premiers à imaginer un futur d'où l'électricité serait non absente, mais subjuguée à des technologies plus anciennes, voir aujourd'hui totalement disparue.  Sa passion pour les mathématiques est tout autant évidente.  C'est du Verne, il faut apprécier le style pour le goûter, mais personnellement, j'ai bien aimé.  Pas un de ses meilleurs, mais un bon cru tout de même.

Ma note: 3.75/5

* La version epub du texte que j'ai lu est disponible en cliquant sur la couverture du livre.

lundi 10 février 2014

Le lièvre, la tortue, le paresseux et l'huître

Salut!

La vitesse de lecture varie.  La mienne en tout cas.  Ça dépend des périodes, de la fatigue, des autres occupations, des livres que l'on lit, du courant de la vie quoi!  On peut comparer ça à un animal.

Le lecteur-lièvre est celui qui lit à toute vitesse.  Par ici, le livre est déjà fini!  Youppi, on passe à un autre qu'on va dévorer tout aussi vite!  Le lecteur-lièvre dévore les livres comme son homonyme à longues pattes dévore les carottes.  Vite, vite, vite!  C'est souvent le cas quand un livre nous accroche particulièrement, quand on a du mal à décrocher pour faire autre chose, quoi que ce soit.  On lit, on lit, on dévore les pages.  Un livre peut se lire en deux-trois jours et même moins.  Ça peut se compter en heures dans certaines occasions.  C'est un délice, ce n'est pas une course.  C'est juste que le pouvoir d'attraction du livre l'emporte sur toute autre activité.

Le lecteur-tortue est celui qui avance lentement, laborieusement dans un livre, mais à un rythme continu.  C'est le cas de celui qui se dit qu'il lirait tel livre en tant de temps en lisant tant de pages chaque jour.  C'est le genre de lecture des classiques interminables à lire.  Ou de ceux que l'on veut prendre le temps de lire pour en tirer toute l'essence.  On pourrait voir un livre de philosophie être lu de cette manière-là.  Le lecteur-tortue ne compte pas le nombre de pages, ni ne pense à battre un concours.  À chaque jour suffit son nombre de pages lues pourrait être sa devise.

Il y a aussi le lecteur-paresseux.  En disant paresseux, je parle de l'animal du même nom, celui qui passe la moitié de ses journées à dormir, suspendu à une branche.  C'est le lecteur qui lit quelques pages par-ci par-là, en dilettante.  Pas de concentration excessive, il mettra un temps fou à finir un livre, peut importe lequel c'est.  Classique des gens qui ne sont pas de grandes lecteurs.  Ou des gens trop occupés pour se concentrer vraiment sur un livre.  Le lecteur-paresseux s'arrêtera peut de temps assis pour lire un livre... ou s'endormira carrément dessus.  

Le lecteur-huître est celui qui se ferme complètement face à un livre.  Rien à faire!  Il ne veut pas, mais rien savoir de ce livre-là.  Souvent le livre est précis, c'est celui-là!  Il ne veut pas le lire, ou il l'a commencé et ne veut pas le finir.  Son attitude envers le livre est fermé, renfrognée.  Mine butée, bras croisée, ton tranchant, le lecteur-huître ne veut pas, niet!  Le lecteur-huître n'est pas fermé, il ne veut pas et s'entête c'est tout.  Parce, il finit par changer d'attitude.  Quoi qu'il en soit, dur à l'extérieur, c'est un grand tendre à l'intérieur et il peut finir par se laisser convaincre après tout.

Et vous, quel genre de lecteur du monde animal êtes-vous?

@+ Mariane

vendredi 7 février 2014

Le mer des possibilités

Salut!

L'autre jour, je lisais sur Facebook le commentaire d'une chroniqueuse littéraire se plaignant du phénomène de l'autoédition.  Comment suivre toutes les publications si tout le monde se met à s'éditer soi-même? disait-elle en substance.  Imaginez, le commentaire vient d'une chroniqueuse et critique branchée sur les milieux littéraires, active sur les réseaux sociaux et sans aucun doute constamment inondée de services de presse!  Imaginer alors monsieur et madame tout le monde peut faire pour s'y retrouver!

Rien qu'en langue française, il se publie pas loin de 70 000 titres en français et loin de ralentir le rythme des publications papier, le numérique ne fait que grossir les chiffres.  70 000 titres, allant du best-sellers vendu à 400 000 exemplaires à l'obscur essai pondu à compte d'auteur.  De l'album jeunesse au livre de recette.  De la biographie à la BD.  De la production amateur au livre professionnel.  Bien qu'incluant au passage une poignée de réédition, la plupart des livres sont des nouveautés.  Une mer, un véritable océan que dis-je!

Comment s'y retrouver?  Même si les médias présentaient plus de livres, ils ne pourraient jamais couvrir une telle marée.  Il y en a trop, tout simplement.  Le rythme des publications est tellement intense que peu de gens peuvent véritablement le couvrir.  Et comme la vie littéraire n'est que faiblement couverte dans les médias, on peut donc facilement passer à côté de perles simplement parce qu'elles n'ont pas droit à leur petite place au soleil.

D'où l'importance du libraire.  Le libraire est neutre: il a ses préférences, ses auteurs préférés, ses partis pris, mais il ne favorisera pas une maison d'édition ou un distributeur plus qu'un autre s'il n'aime pas ses livres.  Il voit presque TOUS les livres qui sont publiés.  Presque parce que rare sont les libraires qui prennent absolument tout.  Et tout parce qu'ils reçoivent sur leurs tablettes les livres provenant de tous les distributeurs du Québec.  Un joyeux melting-pot.  Pour l'avoir fait pendant des années, je sais parfaitement que la personne responsable des réceptions de livres est la plus chanceuse: elle voit tout, absolument tout.  C'est souvent long, parfois complexe, répétitif à la longue, mais on est la personne qui est au courant de toutes les dernières arrivées.  De toutes les nouveautés.  On ne retient pas tout, c'est évident, mais on voit tout, tout nous passe dans les mains.  Mine de rien, de prendre l'objet, d'être obligé de le scanné, d'y jeter un coup d'oeil savoir dans quel section le placer, lire la quatrième de couverture, ça donne beaucoup d'informations.  Plus que de consulter les catalogues d'un éditeur, parce que les livres sont tous sur un pied d'égalité: on les prend les uns après les autres, sortie attendue comme obscure, gros pavé comme minuscule plaquette.

Personne ne dit à un librairie quel livre il doit aimer.  C'est sûr, on entend ce qui se dit sur le livre dans les médias, on écoute Chrystine Brouillet et TLMEP, on se tient au courant de ce qui se jase à Radio-Canada et à Paul Arcand.  Par contre, si on décide que l'on veut parler à tout le monde du premier roman d'un nouvel auteur dans une petite maison d'édition, et bien, personne ne nous en empêche!  Et pourquoi lui plutôt qu'un autre?  Parce qu'on a eu la chance de faire sa rencontre.  C'est sans doute la plus grande merveille de la librairie.  Cette possibilité de promouvoir les livres que l'on aime vraiment et ce, peu importe d'où ils viennent.  De pêcher dans la mer des possibilités les huîtres qui contiennent les plus merveilleuses perles.  À aucun autre endroit on ne retrouve ce phénomène.  Qui n'est calculé par aucun algorithme, qui n'a aucun sous-entendus commercial autre que le prix indiqué à l'arrière du livre.  Perdre cette ouverture où quelqu'un se donne la peine de faire gratuitement ce boulot?  Personne d'autre ne le fait.  C'est une richesse à préserver.

@+ Mariane

jeudi 6 février 2014

Divergence de Veronica Roth

Divergence  Veronica Roth  Ada 451 pages


Résumé:
Beatrice vit dans une Chicago du futur, ville retranchée où la population est séparée en cinq factions, chacune représentante une valeur: altruiste, audacieux, fraternel, sincère et érudit.  Beatrice est une altruiste et à seize, elle est à la veille de passer le test qui la guidera dans le choix de la faction qu'elle conservera pour le reste de sa vie.  Sauf que le test n'est pas concluant sur elle.  Elle est une Divergente, qui ne peut être classée selon une valeur précise.  Un danger pour le système.  Dès lors, elle choisit de se cacher parmi les les Audacieux, les responsables de la protection de la cité.  Elle y rencontre Quatre, un Altruiste lui aussi passé chez les Audacieux.  Qui comprendra sa nature et tentera de la protéger, parce que dorénavant, Beatrice devenue Tris se sait en danger: les Divergents menacent le système sur lequel repose le fonctionnement de la cité.

Mon avis:
J'ai trouvé la prémisse de la séparation en factions un peu dure à avaler, mais bon, on est dans une fiction post-apocalyptique, alors c'est le genre où il faut accepter que les extrêmes puissent exister.  Le ton de l'histoire est très différent de beaucoup de romans pour ados que j'ai pu lire.  C'est plus mature, plus franc que d'ordinaire.  La base de l'action est la formation de Tris pour gagner sa place parmi les Audacieux.  Pour l'avoir fait moi-même, je considère que dix jours d'entraînements au combat physique où les blessures ne sont pas miraculeusement guéries (on est en science-fiction non?) n'est pas représentatif de la réalité.  Par contre, toutes les stratégies mentales qu'élabore notre jeune héroïne pour vaincre ses adversaires, parer aux difficultés, trouver les points faibles des autres et gagner des points au tableau est très bien rendue.  Tris se pose beaucoup de questions: est-elle au fond une Altruiste, est-elle à sa place chez les Audacieux?  Ce dilemme moral interne traverse tout le livre.  Typique de l'adolescence, mais porté à son paroxysme parce qu'elle doit garder cette différence cachée, sous peine de voir sa vie en danger.   Elle se sait divergente, inclassable par le système et souffre de ne pas trouver sa place.  En silence.  Tout ça avec en sourdine la lente montée de ses émotions pour Quatre.  Ce n'est pas une histoire d'amour où tout fout le camp en l'air et ou la personne aimée prend toute la place.  Non, tout se dévoile lentement, doucement.  Le sens du toucher est très important dans leur relation.  Ils s'effleurent les mains, presque amicalement, mais petit à petit, on sent que la notion du contact change.  Pas de coup de foudre, les deux amoureux commencent par se connaître, par se dévoiler lentement et même à la fin, il n'y a pas de grande déclaration, juste un amour qu'ils finissent par reconnaître.  Ce qui fait très différente des jeunes filles qui perdent la tête pour un garçon dans d'autres séries!  J'ai apprécié cette vision différente de l'amour où les hormones ne dansent pas le hoola-hop à la moindre vue du «gars» dans les parages!  Par contre, comme un contrepoint à cette pudeur dans les émotions, l'auteure décrit une agression sexuelle, mais dans des termes tellement vague que je n'ai pas été sûre que c'était vraiment ça sur le coup.  Il a fallu qu'un tiers personnage en parle que que j'en sois certaine.  Donc, bien, mais cette façon de faire a quand même ses désavantages.  Point à noter, j'ai vu énormément de coquilles dans le livre, des mots qui manquent dans une phrase, des personnages mal identifiés dans des répliques, des trucs du genre et honnêtement, ça dérangeait.  Je me pose aussi la question de la qualité de la traduction sur l'histoire, un petit quelque chose me disait que celle-ci n'était peut-être pas représentative du livre en version originale.  Beaucoup de bons points et un univers où les personnages ont une riche psychologie, ce qui fait vraiment du bien dans une série pour ados.

Ma note: 4.5/5

Et comme le film arrive, la bande-annonce!  Je dois avouer que je l'aime bien. :)


mercredi 5 février 2014

Premier degré et second degré

Salut!

Lors de la campagne de promotion du deuxième film de la série des Hunger Games, j'ai souvent entendu revenir dans les commentaires des deux acteurs principaux que le message du film était de se révolter.  Oui, mais contre quoi?  En lisant les livres, je comprenais que la dénonciation faite était celle de la société du spectacle qui nous fige devant nos écrans de télé à suivre les aventures d'autres personnes.  Et qui mène aussi à la banalisation de la violence, à accepter des situations contre lequel on devrait lutter.  Cependant, pour un ado de quinze ans, quel message sera retenu?  On lui dit de se révolter, mais contre quoi?  La révolte, c'est facile, mais encore faut-il savoir contre quoi on souhaite lutter.

Dans toute histoire, il y a un premier et un deuxième degré.  Il y a l'histoire, ce qu'elle raconte, et en filigrane, une autre histoire, souvent symbolique ou encore allégorique.  Ce second degré est souvent le plus intéressant.  C'est celui qui porte le message.  Cependant, il est n'est pas souvent évident, il faut avoir un minimum de recul pour le comprendre.  Pour un jeune de quinze ans, la révolte peut se résumer à casser des vitres sur la rue Sainte-Catherine.  La réflexion derrière, si nécessaire, n'est pas toujours présente.  Il y a une raison à casser des vitres, sans ça, c'est du vandalisme pur et simple.  Comme l'a déjà dit un de mes oncles, si tu es à la manif, il faut savoir pourquoi tu y es.

Est-ce que les adolescents comprennent la critique sociale derrière les dystopies?  Pas certaine dans tous les cas.  Loin de là.  Cela est-il si grave?  Autre question.  L'adolescence est l'âge où tout est remis en question, dans un immense melting-pot: la politique, la philosophie, l'essence de la vie et les règles édictées par l'école et les parents.  Un âge où on est pas encore adulte, mais déjà plus un enfant.  Un âge où la liberté est la plus grande que l'on connaîtra dans sa vie: les moyens, mais sans les responsabilités, les occasions, mais sans les contraintes sur le reste de notre vie.  Un immense chaudron dans lequel tout mijote et d'où sortira la personnalité de l'adulte, avec ses références propres.  Les dystopies poussent au maximum la logique de certains régimes totalitaires, montrent le monde sous un jour négatif, dans le but de faire réfléchir.  Les adolescents mordent sans aucun doute à l'action, au suspense, à la romance.  Le reste n'est pas compris immédiatement.  Cependant, reste dans l'esprit des traces, comme dans tout esprit jeune et malléable.  Et ces traces sont importantes.

Le premier degré, c'est l'histoire que l'on lit.  Le second, ce sont les conclusions auquel on arrive après y avoir réfléchi.  Personne n'a une opinion complètement neutre sur l'histoire de Katniss et de Peeta.  Parce que leur histoire est trop chargée émotivement pour rester complètement neutre.  Les jeunes y accrochent, s'y impliquent.  Y trouvent-ils forcément des résonances dans leur propre vie, dans leur propre monde?  Pas nécessairement.  C'est personnel à chacun.  Certains agiront, d'autres resteront au premier degré.  C'est ça la beauté de la littérature, elle sème des graines dont on ne sait jamais comment elles germeront.

Et pour les ados?  Je ne suis pas trop inquiète.  Ils ont bien le temps d'apprendre par eux-mêmes.  Peut-être même que les germes de la révolte leur apprendront à remettre en question leur univers comme le font leurs héros.

@+ Mariane

mardi 4 février 2014

Malphas: 2- Torture, luxure et lecture de Patrick Senécal

Malphas  tome 2  Torture, luxure et lecture  Patrick Senécal  Alire  379 pages  Texte lu en numérique


Résumé:
Les choses semblent s'être calmée dans le lointain cégep de Saint-Trauloin.  Un peu trop au goût de Sarkozy, qui souhaitait éclaircir le mystère de Malphas.  Malgré tout, la vie s'organise.  Un nouveau prof qui remplace Mahanaha (ou quelque chose approchant!) décide de fonder un club de lecture.  Rien de plus normal non?  Pas à Malphas, jamais à Malphas.  Et c'est sans compter sur une série d'étudiants qui ont été enlevés et violés depuis les débuts du cégep...  Une session normale à Malphas?  Ça n'existe pas!

Mon avis:
Décapant, hilarant, je ne sais pas trop quels mots employés pour parler de la délectation de lecture que sont les aventures de cet obsédé de Sarkozy!  Parce qu'il faut le dire, il a une langue truculente.  Et sa façon de détourner les expressions de la langue française, ou encore les remarques cyniques qu'il a le don de placer au détour d'une phrase!  La qualité d'écriture de Senécal est très élevée.  Il a une maîtrise accomplie de la langue française pour la détourner avec autant d'élégance.  C'est autant un régal de lecture qu'une bonne intrigue quoique je préfère le premier aspect au second.  On est toujours en plein mystère en ce qui concerne Malphas, quoique celui-ci laisse échapper quelques secrets.  Peu nombreux, mais réels.  Les relations entre les personnages changent aussi, entre autre, ceux de la belle Rachel Red avec Sarkozy dont tout le sang semble se retirer au même endroit lorsque vient le temps de parler avec la belle.  Terrifiante de réalisme, la scène dans la verrerie.  Terrifiante également la scène de sado-masochisme qui termine le livre.  Le maître de l'horreur de notre Belle Province y montre tout son talent.  Pour une rare fois, j'ai frissonné d'horreur en lisant ces passages, ce qui ne m'arrive pas souvent.  Une fois embarqué, on ne lâche plus le livre, désireux de savoir la suite et de trouver le prochain mot d'esprit de Sarkozy, homme au fond très ordinaire plongé dans une intrigue plus puissante que lui.  Il pourrait se permettre de rester en-dehors de tout ça, mais un besoin existentiel de réussir quelque chose dans sa vie le pousse en avant.  C'est le combat d'une personne normale contre la médiocrité.  Cela a pris la forme de découvrir le secret de Malphas pour Sarkozy.  À lire!

Ma note:4,25/5

Je remercie Alire pour ce service de presse numérique. :)

lundi 3 février 2014

Le secret rêve d'écrire...

Salut!

LA question, je me la suis faite poser au moins cinquante fois.

-Et toi, est-ce que tu écris?

Je me le suis fait demander dans toutes sortes d'occasions.  Par des amis, par des auteurs, même par des éditeurs parfois.  Après être restée bouchée les dix premières fois, j'ai appris une réponse qui correspond grosso modo à la vérité:

-J'aimerais, mais je manque de temps pour écrire.

En fait, c'est pas tant le temps que j'ai fini par comprendre en 2013.  C'est plutôt le temps de qualité, celui où je suis assez calme et assez alerte pour m'installer à mon ordi et pondre un texte convenable.  Parce que des fois, j'ai essayé de m'asseoir pour écrire et... rien.  J'étais sois trop fatiguée ou pas assez concentrée.  Je finissais par niaiser sur le web.  Pas facile.  D'autant plus que j'ai la fâcheuse tendance à connaître exactement le début, la première moitié et la fin des histoires que je veux raconter, mais pas la deuxième moitié.  Et que je bloque souvent là!

-Tu devrais vraiment écrire!

C'est ce que m'ont dit la plupart des gens auxquels j'ai fait lire quelques-unes de mes élucubrations.  Je ne me prends pas beaucoup au sérieux.  Je ne pense pas écrire un jour L'OEUVRE qui bouleversera le monde, mais j'aimerais quand même écrire mes petites histoires.  Celles qui me trottent dans la tête.  Je suis souvent trop ambitieuse.  Et je recommence tout le temps, sans me brancher sur un texte définitif.  Par contre, je dois avouer que j'ai écrit encore plus que d'habitude en 2013.  J'ai même tenté ma chance au Concours de l'Ermite.  Pas mal pour quelqu'une qui n'a encore rien de publié à son actif.

-T'as déjà soumis des textes?

Euh, oui...  Je suis presque gênée de le dire, même si je sais que je ne devrais pas.  J'ai pas encore soumis beaucoup de textes et encore moins un roman!  Rien d'accepté non plus.  Je vais sûrement faire des trous au plafond le jour où ce sera le cas!  On est pas encore là!

-Tu sais si tu veux écrire, il faut que tu t'assois et que tu le fasses.

Rien de plus simple à dire!  Je sais que c'est ce qu'il faut que je fasse!  Mais bon, au moment de le faire, arrive tout un tas de petites et grandes raisons pour ne pas le faire.  Je sais comment ça s'appelle: de la procrastination.  Pas besoin de le dire.  Souvent la procrastination se nourrit de peur et j'avoue, la perspective de voir mon nom sur une couverture de revue ou sur un livre me terrifie un peu.  Comme un beau rêve, mais un rêve qu'on garde loin de soi parce qu'on a peur de s'y brûler les ailes.

-Bon, on te lit quand?

En 2014 j'espère.  Il est grand temps que je me décide.

@+ Mariane